Montage en Balade © DRIl existe pléthore de nouvelles solutions de montage simples et accessibles sur le marché… Le smartphone est devenu une caméra « in the pocket » à portée de tout le monde. Maintenant, le smartphone devient aussi station de montage et fait place à de nouveaux acteurs…
Fini les touches colorées sur les claviers dans les salles de montage, fini les transferts et les exports à n’en plus finir… Place à Adobe Rush, LumaFusion, CT Pro, Kinemaster… Ces nouvelles applications sur mobiles destinées à une jeune génération ou à des professionnels s’inscrivent dans une société de flux où des outils pratiques et rapides manquaient. Les utilisateurs sont à la recherche de mobilité, de liberté, d’immédiateté et de créativité !
Avec ces applications, le montage se démocratise et s’ouvre à des débutants ou à des créateurs de contenus vidéo destinés aux réseaux sociaux. Focus sur trois d’entre elles qui répondent chacune à leur propre philosophie…
Adobe Rush, l’application linéaire
Adobe Rush, lancé il y a tout juste un an, fait partie de la suite Adobe Creative Cloud. Il s’adresse essentiellement à la jeune génération qui cherche à s’initier au montage. Adobe, éditeur de logiciels créatifs, est un groupe aux finalités globales et mondiales. La définition de la créativité chez Adobe est de tenter de répondre le plus possible aux besoins des utilisateurs et d’essayer d’automatiser les tâches les plus rébarbatives ou dites de « gestion » pour réellement laisser place à la liberté créative et avoir le temps de penser à des enjeux de scénarisation et de mise en scène…
L’automatisation passe par la linéarité. Ainsi, Adobe Rush est accessible sur toutes les plates-formes, écrans et supports. Il peut s’utiliser depuis un iPhone ou certains téléphones sous Android, depuis une tablette ou un ordinateur portable avec strictement les mêmes fonctionnalités. Cette « ubiquité », comme le rappelle Fred Rolland, spécialiste vidéo chez Adobe, permet cette liberté et autonomie de choix si précieuse pour la création.
La simplicité d’utilisation d’Adobe Rush passe aussi par une dose d’intelligence artificielle qui va, par exemple, pouvoir redimensionner un contenu pour une diffusion sur tous médias ou plates-formes aux spécificités techniques propres. Par exemple, Instagram demande du carré, Facebook du 16/9, etc.
Pour Francesco Facchini, réalisateur, cadreur, monteur, journaliste, blogueur du site The Mobile Side et adepte de ces nouvelles manières de produire du contenu vidéo, Adobe Rush « permet de travailler rapidement dans le cloud et de créer du résultat adapté aux réseaux sociaux, YouTube, vlogging [blog en vidéo, ndlr] ou travel vlogging [blog de voyage en vidéo, ndlr]. »
Adobe Rush offre également la possibilité d’habiller et de brander une image grâce à une librairie disponible dans After Effects. Cette option répond à un besoin de personnalisation et de différenciation des contenus face à un flux d’images continu.
Une version gratuite est téléchargeable et limitée à trois exports, mais permettra une première expérience de montage… Pour les étudiants, l’abonnement à toute la plate-forme Creative Cloud est de 5 € par mois. Sinon pour accéder uniquement à Premiere Rush, il vous en coûtera 20 € par mois avec 100 Go d’espace de stockage. Enfin, la version complète avec toutes les applications Adobe Creative Cloud dont Premiere Pro, le logiciel de montage pour experts ou professionnels est à environ 50 € par mois.
LumaFusion, l’application de contrôle
LumaFusion de LumaTouch est une application de qualité utilisée par 350 000 personnes et créée par d’anciens de chez Pinnacle Studio. À la différence d’Adobe Rush, elle est moins linéaire. Il est nécessaire d’avoir une autre application pour d’abord filmer, comme Filmic Pro, puis de transvaser sur LumaFusion pour l’étape du montage. Chacune de ces applications possède une intégration pour aller de l’une à l’autre. Elles permettent un contrôle plus abouti sur toutes les étapes et caractéristiques de l’image.
La partie montage comprend six pistes vidéo et six pistes audio. Le logiciel propose plusieurs options classiques de transitions, de keyframes, d’outils pour de la voix-off ou de filtres pour le son. Le logiciel reconnaît les LUT pour la colorimétrie.
Le principal intérêt de cette application est sa capacité de puissance impressionnante ! Pour du montage en 4K par exemple, avec un simple iPad, nous pouvons tout à fait monter en temps réel. Pascal Despeaux, photographe, formateur pour web entrepreneurs et ambassadeur LumaFusion réagit : « Le fait de pouvoir monter sur des machines à 300/450 euros, c’est tout juste exceptionnel. »
Il explique ce qui simplifie le rapport au montage avec cette application pour des gens qui n’ont pas d’expérience en montage : « Par rapport aux outils de montage traditionnels, on ne choisit pas au départ la définition. Le produit à la sortie va s’adapter. Si vous filmez avec une définition 4K, vous ferez des agrandissements que vous sortirez en HD ; la HD étant quatre fois plus petite, pas besoin de recréer des pixels, il va s’adapter. »
Le projet pour LumaFusion maintenant, c’est de pouvoir stabiliser les plans et sortir le projet sur Final Cut, Adobe Premiere et dans un second temps sur Resolve. LumaFusion est vendu 21,99 € une seule fois et uniquement sous iOS. Les mises à jour sont gratuites et il n’y a pas d’abonnement. Rapport qualité/prix optimal.
CT Pro, l’application métier
CT Pro, anciennement City Producer, reste l’application spécialisée métier et orientée journalisme. Forcément, puisque c’est une équipe de journalistes et de développeurs au sein de la chaîne de télévision locale MATELE qui l’a développée. Bertrand Samimi, rédacteur en chef et directeur technique de la chaîne de télévision locale viàMATELE et également chef de projet CT Pro, explique qu’aucune application sur le marché ne correspondait à leurs besoins professionnels sur le terrain. Et comme dit le dicton… on n’est jamais mieux servi que par soi-même !
Il y a cinq ans, au sein de la chaîne, l’équipe a pointé deux inconvénients majeurs dans son travail au quotidien : le poids des caméras, des accessoires en déplacement pour un reportage ou une interview et la barrière que pouvait représenter tout ce matériel imposant face aux personnes filmées… Le smartphone en tant qu’objet caméra est apparu comme une solution permettant une plus grande proximité dans la relation.
Forte d’un passé professionnel de techniciens assez divers, l’équipe a développé pendant trois ans son propre outil en interne pouvant répondre à 25 images/seconde et à la norme Rec 709 pour une diffusion éventuelle en télévision. La solution est maintenant distribuée chez TRM en France !
Francesco Facchini dit de CT Pro qu’elle est « l’évolution mobile d’un système pour le journalisme TV ». Il s’agit vraiment d’un outil intuitif conçu pour les journalistes sur le terrain. En effet, il s’agit d’une seule interface qui peut communiquer avec la newsroom ou se mettre en communication avec la salle de régie. Nous sommes directement connectés au cloud, il n’y a pas d’import à réaliser. L’application donne la possibilité d’ajouter des éléments graphiques sur ses images comme de la musique, un générique ou le logo de la chaîne. Pour terminer, le playout Engine permet de lire des médias.
Pour résumer, CT Pro, c’est un peu la belle histoire… Première entreprise de mojo (mobile journalisme) dans le monde, Bertrand Samimi rappelle avec force et conviction qu’il est « faisable d’avoir des rêves, de les faire aboutir et d’être un acteur du développement mondial dans ce grand marché qui est celui du tournage au mobile ! ». CT Pro est disponible pour 149 €/an uniquement sous environnement iOS.
Comme le souligne Bertrand Samimi, si Apple nomme son dernier iPhone : iPhone 11 Pro, ce n’est pas un hasard ! Le smartphone est amené à devenir le sac à main des créatifs et des vidéastes ! Adobe parie également sur ses nouveaux usages avec smartphone puisqu’il vient de lancer Photoshop sur mobile pour customiser ses photos et Adobe Aero qui permet de créer de la réalité augmentée sur son smartphone ! Nul doute que d’autres marques vont suivre et démocratiser de nouveaux outils…
Enfin, Fred Rolland parle de « conversation Creative Cloud » en évoquant tout ce qui a trait à la création vidéo comme la colorimétrie, le mixage ou la création d’effets spéciaux dans After Effects. Francesco Facchini, lui, dit ceci : « La création de contenu mobile est une langue différente. »
À vous maintenant de tester et de trouver votre propre langage… et surtout, soyez libres, mobiles et créatifs !
Article paru pour la première fois dans Moovee #2, p.16/18. Abonnez-vous à Moovee (4 numéros/an) pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.
