Les Cinéastes de l’ARP ont invité tous les acteurs les acteurs de la filière cinéma au Touquet-Paris-Plage pour réfléchir et échanger, pendant trois jours, du 6 au 8 novembre, au sujet des enjeux qui leur apparaissent les plus brûlants pour la filière cinématographique.
Scénaristes, réalisateurs, producteurs, institutions… se sont ainsi interrogés sur les outils politiques essentiels qui permettent de défendre leurs valeurs et la réussite sans cesse renouvelée du cinéma français et européen : l’exception culturelle, la chronologie des médias, le géoblocage, la directive SMA, la réglementation de l’IA…
Le cinéma, outil politique
Les cinéastes, notamment au travers la voix de leurs président et vice présidente, Pierre Jolivet et Nathalie Marchak, ont rappelé combien la culture est un enjeu politique qui concerne plus que jamais tous les citoyens… « Face à la montée des populismes, des tensions de tout ordre, la culture est essentielle, constitutive d’un être éclairé et responsable. Le politique doit continuer à parler culture… À nous de remettre le cinéma et la culture au centre du village », ont-ils souligné.
Cette année a été particulièrement marquée de nouvelles prises de parole structurantes pour dénoncer les violences de tout type dans la filière… « Cet électrochoc est l’occasion de réfléchir aux pratiques en profondeur, dans un travail commun et de devenir source d’inspiration pour toute la société. Permettons à la création de se faire le plus librement possible et avec les objectifs les plus élevés, mais sans que cela ne soit jamais générateur de violence. Protégeons les œuvres, fruit de travaux collectifs, pour améliorer les relations entre tous grâce à des règles accessibles et claires » ont aussi mentionné la vice-présidente et le président de l’ARP au cours des débats.
À l’occasion de ces Rencontres, la Société Civile des Auteurs Réalisateurs Producteurs (ARP) a par ailleurs rappelé l’importance de la diversité du cinéma et de l’audiovisuel face aux superproductions extra-européennes.
Cette diversité de même qu’une certaine indépendance permettent à l’Europe et à la France de se démarquer avec des œuvres fortes et authentiques…
“Préserver et redéfinir cette indépendance dans toute sa puissance est donc essentiel, tout comme assurer la pérennité budgétaire du service audiovisuel public, véritable moteur de la diversité. L’histoire du cinéma français montre que l’audace, l’innovation, et même une certaine insolence, sont les clés pour révéler les talents et créer les succès” … Forte de ce constat, l’ARP demande une vigilance augmentée face la montée en puissance des grands groupes. « Si nous nous réjouissons de leur succès et de leur ambition industrielle, nous devons toujours veiller à ce que l’ADN de notre création française reste très majoritairement indépendant et diversifié, témoignant ainsi de la bonne santé de notre démocratie. C’est pourquoi nous invitons les pouvoirs publics et le CNC à inventer dès aujourd’hui les solutions qui protègeront et favoriseront les « véritables » indépendants, définition qui se doit d’être repensée afin de répondre intelligemment à la montée de ces grands groupes, mais aussi à face à la potentielle posture américaine suite aux dernières élections. »
Le cinéma, enjeu culturel stratégique
Ces rencontres ne pouvaient faire l’impasse sur l’innovation de rupture que représente l’intelligence artificielle. « Tous les acteurs de la culture et du cinéma sont d’accord pour dire que l’IA est un outil révolutionnaire qui peut être utile à la création. A condition qu’il demeure un outil au service de l’humain, réglementé par l’humain et asservi au respect des lois humaines.
“Aujourd’hui, l’IA pille nos œuvres en toute impunité. Travaillons ensemble pour réguler au plus vite cet outil. Cela implique : une totale transparence (via un template le plus exhaustif possible et la conservation obligatoire de preuves), une rémunération équitable des créateurs et de tous les ayants droits, et un encadrement éthique de cette technologie dans notre secteur », ont mentionné les membres de l’ARP avant d’appeler les acteurs de la culture et acteurs de la tech européenne à mettre en place les instruments nécessaire pour guider le monde vers un chemin éthique de l’utilisation de l’IA.
Une ambition culturelle augmentée pour l’Europe
Enfin, lors de ces 34èmes Rencontres de l’ARP, de nombreux participants ont exprimé leur souhait que l’UE intègre le cinéma et l’audiovisuel dans une Commission Culture qui s’engagerait dans une politique culturelle ambitieuse, axée sur la création, avec les objectifs culturels et démocratiques qui font la richesse de l’Europe.
« Cette souveraineté culturelle doit s’affirmer dans tous les débats et textes européens, qu’il s’agisse du géoblocage, de l’IA Act, des directives SMA et Droit d’Auteur, ou du plan MEDIA », ont souligné les cinéastes de l’ARP avant de rappeler : ” Nous veillerons à défendre l’Exception Culturelle, née à l’ARP et adoptée par l’UE en 1994. Si les institutions européennes négligent leur engagement envers la diversité culturelle, nous répondrons avec force, aux côtés des citoyens. L’Europe, respectée pour sa culture riche et féconde, ne doit jamais perdre de vue cet atout unique. “
Fiers de défendre une politique culturelle ambitieuse, dont les réussites sont indéniables, tant sur le plan économique qu’en termes de rayonnement pour la France, les cinéastes de l’ARP ont de nouveau cloturé ces journées en invitant professionnels et pouvoirs publics à s’unir pour préserver un écosystème culturel fort, au service des citoyens, de la création… et de la démocratie !