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Les multiples facettes du pupitre DaVinci Micro Color Panel

Le DaVinci Micro Color Panel (MCP) complète la gamme des trois surfaces de contrôle dédiées à l’étalonnage en s’adaptant à des publics différents et en inventant de nouveaux usages liés en partie par les possibilités permises par l’adjonction d’un iPad.
Le DaVinci Resolve Micro Color Panel peut se connnecter en Bluetooth ou USB-C. © Loïc Gagnant

 

Nous avons débuté l’exploration des nouveautés de la version 19 de DaVinci Resolve dans notre précédent numéro de Mediakwest (lire DaVinci Resolve 19, une version boostée à l’IA et au « live »). Cette dernière s’accompagne, comme de coutume, de nouveaux matériels.

Au premier abord et comparativement aux DaVinci Micro Panel et Mini Panel, la prise en main du DaVinci MCP surprend. Les choix de conception sont sensiblement différents. À l’instar de la surface de contrôle S1 de ProTools, Blackmagic a doté son panel d’une encoche d’accueil pour iPad. Ce sont les possibilités de ce tandem qui donnent à la surface sa grande versatilité d’utilisation. Tour à tour second écran, affichage des outils d’analyse de l’image ou retour vidéo pour la version Mac, PC ou Linux de DaVinci Resolve, l’iPad peut également être la station de travail grâce à l’app iOS DaVinci Resolve. Le tandem compose une station d’étalonnage ultra portable dopée par la puce Silicon M4 sortie sur l’iPad avant les stations de travail portables ou fixes.

 

Détail d’une des 3 boules de manipulation des couleurs du DaVinci Resolve Micro Color Panel © Loïc Gagnant

Déballage

La précédente surface DaVinci Micro Panel, disparue du site de Blackmagic design mais toujours disponible et en stock chez le fabricant, présente des dimensions logeables mais sensiblement plus grandes que celles du DaVinci Micro Color Panel. La largeur de la nouvelle surface passe de 43 à environ 37 cm, sa profondeur de 26 à 18 cm et sa hauteur de 75 à 48 mm. Le poids est divisé par 3, de 3,58 à 1,18 kg. Comme le Mini Panel, le Micro Panel est conçu en aluminium usiné. Le Micro et le Mini Panel se distinguent par la présence d’un panneau frontal doté de deux écrans, de nombreux boutons et de potentiomètres rotatifs sur le plus grand modèle qui rencontre un grand succès.

Plébiscité par les étalonneurs, le Mini Panel a une place de choix sur le bureau de nombreuses stations d’étalonnage pro, le Micro Panel plus abordable répondant aux besoins des utilisateurs plus occasionnels. Son poids peut cependant être un frein à son adoption par les utilisateurs les plus nomades. C’est certainement une des raisons de la cure d’amaigrissement fièrement affirmée par les concepteurs du Micro Color Panel. Bien que plus petites en taille, les boules de manipulation des couleurs et les cercles dédiés aux contrastes, ainsi que les différents « rotatifs » présentent un touché de qualité et une belle précision.

Notre Micro Color Panel était livré avec un câble USB-C de belle facture. À la première utilisation, il est nécessaire de recharger la batterie interne pour autoriser la connexion en Bluetooth à une station de travail. Le câble USB-C reste la méthode la plus simple et directe de connexion du panneau de contrôle à un ordinateur fixe ou portable en assurant également sa recharge. L’utilisation avec un iPad se fait uniquement par les airs en Bluetooth.

 

La plus petite station d’étalonnage pro portable avec un iPad, le DaVinci Resolve Micro Color Panel et l’app pour iPad. © Loïc Gagnant

Une gamme remaniée et un public élargi

Le DaVInci MCP représente une proposition différente, Blackmagic et son emblématique CEO Grant Petty souhaitant offrir un modèle plus abordable tout en étant doté de fonctionnalités présentes uniquement sur le grand modèle, DaVInci Advanced Panel. Nous allons détailler dans un prochain paragraphe les possibilités permises par l’adjonction d’un iPad.

Concernant la seule surface dont la taille est proche de celle du clavier d’un Macbook pro, le fonctionnement des touches a été optimisé par des doubles ou triples fonctions permises par les touches shift up et shift down héritées de l’Advanced Panel.

 

Le DaVinci Resolve Micro Color Panel au côté du DaVinci Resolve Speed Editor. © Loïc Gagnant

Manipulation

Les sphères et cercles centraux restent les outils principaux de la surface sur lesquels les mains des étalonneurs amateurs ou professionnels se retrouveront le plus souvent. Actionnées conjointement aux touches de modification, elles pilotent la géométrie de l’image, sa position, sa taille ou encore l’adoucissement des bords des formes (Windows ou patates) qui permettent de cibler les étalonnages dans une partie de l’image.

Les sélecteurs de zones de couleurs HSL, utilisés seuls ou en complément des formes, sont également réglables à l’aide de la surface grâce au bouton cursor. Il autorise la sélection d’une plage de couleurs en déplaçant une croix sur l’écran, puis en actionnant le bien nommé bouton select. Bien placées sur ce petit clavier, les touches de navigation permettent de se déplacer en avant et en arrière, de clips en clips, d’images en images, d’images clés en images clés ou encore de nœud en nœud.

Certains étalonneurs peuvent être frustrés dans l’utilisation du Micro Panel de « première » génération par l’absence de certaines fonctions, dont la fameuse « add node » nécessaire pour scinder son étalonnage en différentes étapes. Avant l’arrivée du MCP, deux solutions étaient possibles : casser sa tirelire et opter pour le superbe DaVinci Mini Panel ou ajouter des surfaces de boutons tiers comme le streamdeck. Avec cette nouvelle surface les étalonneurs amateurs peuvent directement ajouter des nœuds, des formes et des images clés.

Comme sur les autres modèles, le bouton offset qui passe en vert lorsqu’il est activé, permet de travailler en contraste et en couleur l’image complète via la sphère et la roue de droite alors que les deux premières roues actionnent la balance des blancs et la teinte. Sur la gauche, une dizaine de boutons gèrent les mémoires, la copie et la désactivation des étalonnages. Les douze rotatifs du dessus de la surface reprennent les fonctions du Micro Panel avec la manipulation du contraste, du détail, de la saturation ciblée et de la teinte. Les trois boutons de « reset » dédiés aux différentes zones et donc aux différentes sphères et roues sont affinables grâce aux touches shift up et down pour cibler les modifications sur le contraste, la couleur ou les deux ensemble.

 

Un iPad, surtout avec la qualité de l’écran Oled double face de l’iPad Pro M4, peut être configuré en retour vidéo © Loïc Gagnant

Que permet l’iPad ?

Aux réponses à cette question correspondent autant de configurations. Utilisée conjointement avec une station de travail Macintosh, la fonctionnalité sidebar des Mac permet d’étendre leur affichage. Pour l’autoriser, il suffit d’être connecté en wi-fi et en Bluetooth et d’être lié au même compte utilisateur Apple. Bien sûr, un iPad ne remplacera pas un moniteur d’étalonnage dans une salle de référence, mais leurs écrans proposent une belle image.

Nous avions la chance pour notre test de disposer du nouvel iPad équipé de la puce M4 et d’une double dalle Oled. Pour certains amateurs ou pour certains marchés, la qualité de l’iPad répond parfaitement aux attentes des clients. Pour afficher une image complète en configuration retour vidéo, les utilisateurs disposant de la version studio pourront activer la fonction Video Clean Feed. L’autre possibilité étant le remote monitoring accessible via l’app dédiée. Idéalement l’iPad devrait être étalonné, mais l’outil de réglages systèmes de l’iPad propose un réglage « référence » configurant son écran selon la norme choisie, en limitant notamment la luminosité.

Toujours en configuration d’affichage étendu, l’iPad accueillera volontiers les outils d’analyse de l’image : oscilloscopes, parades, vecteurscopes et autres histogrammes. DaVinci Resolve peut également être configuré en affichage double écran pour étendre l’interface graphique sur l’iPad, et y afficher les oscilloscopes et des mémoires par exemple.

 

Station d’étalonnage ultra portable

Dans ce dernier cas de figure, la puissance de traitement n’est plus logée dans une station de travail fixée ou un ordinateur portable mais dans l’iPad lui-même. Boosté par la dernière puce M4, l’iPad impressionne par sa puissance et sa fluidité à manipuler les médias vidéo complexes. Il vous faudra quand même vérifier la compatibilité de vos rushes avec la version iOS de DaVinci en version standard ou studio.

Les conséquentes capacités de stockage de l’iPad et la possibilité d’y connecter des disques durs externes, idéalement en SSD, facilitent cette utilisation. Cette configuration peut être exploitée en toute autonomie ou en complément d’une station fixe lors des déplacements de l’équipe de postproduction ou sur les plateaux de tournage. Les projets débutés sur DaVinci en version iOS sont compatibles avec les stations de travail fixes. Dans DaVinci, les projets sont regroupés dans des bibliothèques et le Blackmagic Cloud permet de les héberger en ligne pour faciliter l’alternance de travail entre l’iPad et une station de travail. Il est également possible de collaborer à plusieurs sur un même projet.

 

Imaginez votre configuration !

L’association de l’iPad et de la surface DaVinci Micro Color Panel ouvre de nombreuses perspectives que vous pourrez personnaliser. Il est par exemple possible d’utiliser une app de simulation de boutons de commande déclenchant des macros telles qu’Action Pad. En configuration double écrans, les étalonneurs férus des courbes de retouches trouveront une belle interface pour manipuler leur outil favori au doigt ou au stylet en décrochant la fenêtre dédiée de Davinci et en la déportant sur l’iPad.

 

Article paru pour la première fois dans Mediakwest #58, p. 64-66