Assises du Cinéma d’Animation tracent le futur de la filière

La première édition des Assises du Cinéma d’Animation s’est déroulée début octobre 2025 au Forum des Images, une journée attendue par une filière confrontée à des défis majeurs à relever pour envisager un avenir durable et ambitieux...
Comment produire et financer un film d'animation, l'une des tables rondes des assises du cinéma d'animation© Nathalie Klimberg

 

Organisée par L’AFCA, AnimFrance et le Syndicat de la production indépendante (SPI), avec le soutien du Forum des Images, de la PROCIREP et de TransPerfect Média, les premières assises du cinéma d’animation a rassemblé plus de 400 professionnel·les de la filière française.

 

Cette journée de rencontres conçue comme un appel à de futures discussions au sein de la filière, visait à aborder les enjeux particuliers du long métrage d’animation dans le contexte actuel. 

A l’occasion de l’ouverture de ces assises, Claude Farge, directeur du Forum des images,  a rappelé la place “centrale” de l’animation dans le nouveau projet du Forum;

Olivier Henrard, directeur général délégué du CNC, a ensuite pris la parole pour rappeler l’importance du soutien du CNC à l’animation et en particulier au cinéma d’animation. À cette occasion, il a annoncé que le 1er janvier 2026, le plafond de l’aide aux cinémas du monde (ACM) sera relevé de 2,5 millions d’euros à 4 millions d’euros pour les coproductions en animation permettant potentiellement à deux fois plus de films d’être aidés. Il a par ailleurs rappelé l’engagement pris par la ministre de la Culture visant à renforcer les investissements des plateformes en faveur de l’animation à travers le projet de révision du décret SMAD, actuellement soumis à la validation de la Commission européenne. 

 

Claude Farge et, dans le fond, Olivier Henrad © Les Assises du Cinéma d’Animation

 

Cécile Lacoue, Directrice des études, des statistiques et de la prospective au CNC, a également présenté les chiffres clefs du cinéma d’animation, qui ont permis de souligner le paradoxe du genre : un dynamisme incroyable mais également une fragilisation de ses financements. 

Cette journée, ponctuée de quatre tables rondes et une étude de cas, a permis d’évoquer, grâce à la participation essentielle des auteurs, réalisateurs, producteurs, distributeurs, diffuseurs, exploitants, autorités publiques et collectivités locales, ces difficultés de financement du long métrage d’animation, et en particulier pendant sa phase de développement. Ces échanges riches ont traité des enjeux spécifiques de la distribution de ces oeuvres, et des problématiques qui se posent en matière de diffusion. 

 

 

Les organisations à l’origine de ces assises ont avancé des pistes de travail collectives 

La production d’un film d’animation coûte 2,5 fois plus cher que celle d’un film en prise de vues réelles. Pourtant, ceux-ci sont 2,6 fois moins financés et les deux disposent d’un soutien public équivalent.” , a souligné Samuel Kaminka, président d’AnimFrance qui  appelle à une action conjointe des acteurs des secteurs privé et public.

Il suggère notamment des accords interprofessionnels qui font une place à l’animation, et en particulier au cinéma d’animation : “L’accord interprofessionnel que nos organisations ont signé avec Disney doit absolument faire des petits et servir a minima de matrice, c’est-à-dire permettre de manière systématique de consacrer une part de l’obligation cinéma des plateformes vers le cinéma d’animation. Il aimerait que les pouvoirs publics jouent le rôle de “correcteurs de marché”, rôle qu’ils remplissent déjà pour le secteur audiovisuel, afin de “créer un écosystème favorisant la croissance, le dynamisme des entreprises et la diversité des oeuvres. 

Nicolas Devaux, président de l’AFCA, a quant à lui mis l’accent sur la nécessité d’engager une réflexion sur la capacité du secteur à gérer le glissement des habitudes de visionnage du public. “Nous consommons de plus en plus d’animation partout dans le monde, mais les habitudes du public ont beaucoup bougé et se sont diluées dans une offre pléthorique. De là, comment être à nouveau visibles ? Comment faire accéder le public à la qualité de nos productions et nos regards sur le monde ? Comment conquérir ou re-conquérir un public dispersé ?” 

Enfin, Sébastien Onomo, vice-président du collège animation, reste marqué par un chiffre évoqué en table ronde. “63% des budgets prévisionnels en cinéma d’animation connaissent des dépassements et surtout, les producteurs en sont devenus les deuxièmes financeurs par leurs apports en fonds propres voir les premiers si l’on retranche les MG (minimum garanti)”. 

Tous ces acteurs ont rappelé que malgré ses faiblesses la filière bénéficie d’atouts majeurs “des écoles de rang mondial, des auteurs et autrices passionnés, des studios performants et un public fidèle. Tous les ingrédients sont là !”

 

© Les Assises du Cinéma d’Animation

 

Face à cet état de fait, quatre propositions concrètes ont émergées de ces Assises…

  • Un investissement accru des diffuseurs et éditeurs de services à l’étape de la production, et dès l’étape du développement, comme évoqué par le producteur Nicolas Schmerkin dans la journée
  • Un renforcement de l’accompagnement du développement
  • La poursuite du dialogue établi avec le CNC pour une meilleure prise en compte des spécificités du marché de l’animation
  • Une exposition plus optimale des oeuvres auprès des différents publics 

 

Nous espérons que ces assises marqueront le début d’une dynamique pérenne et qu’elles deviendront année après année, un rendez-vous incontournable, un lieu où on analyse, débat et construit l’avenir du cinéma d’animation. À ce titre, nous souhaitons que 2026 soit l’Année de l’animation afin que des solutions concrètes émergent pour l’ensemble du secteur cinéma comme audiovisuel… 

 

Les échanges de cette journée sont disponibles sur la chaîne Youtube de l’AFCA