Cinéma d’Animation : quels défis relever pour un avenir durable et ambitieux ?

Porteuses d'énergies positives, les premières Assises du Cinéma d’Animation ont mis en lumière les failles et les forces d'une industrie plus que jamais déterminée à rayonner à l'international.
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Organisée par l’AFCAAnimFrance et le SPI, avec le soutien du Forum des Images, de la PROCIREP et de TransPerfect Média, les premières Assises du Cinéma d’Animation se sont déroulées le 1er octobre au Forum des Images. Elles ont réuni plus de 400 professionnel·les du secteur désireux d’aborder les enjeux structurels et économiques du long métrage d’animation dans un contexte de profonde mutation du marché.

 

Une filière stratégique mais fragilisée

En ouverture, Claude Farge, directeur du Forum des Images, a rappelé la place “centrale” de l’animation dans le nouveau projet du lieu. Olivier Henrard, président du CNC, a ensuite réaffirmé le soutien déterminant de l’État à la filière. Il a aussi annoncé une mesure forte : « À partir du 1er janvier 2026, le plafond de l’aide aux cinémas du monde (ACM) passera de 2,5 à 4 millions d’euros pour les coproductions en animation », ce qui pourrait permettre à deux fois plus de films d’être aidés.

Il a également évoqué le projet de révision du décret SMAD, qui devrait renforcer les investissements des plateformes dans la production d’animation.

Cécile Lacoue, de la direction des études du CNC, a par ailleurs livré un état des lieux chiffré d’un secteur dynamique mais confronté à une fragilisation des financements…

 

Financement, visibilité et diffusion : trois urgences

Quatre tables rondes et une étude de cas ont permis de croiser les regards d’auteurs, de producteurs, de diffuseurs et d’exploitants. Tous ces temps d’échange ont souligné la nécessité de repenser les modèles économiques de l’animation…

« La production d’un film d’animation coûte 2,5 fois plus cher qu’un film en prises de vues réelles, mais dispose de 2,6 fois moins de financements et bénéficient d’un soutien public équivalent », a rappelé Samuel Kaminka, président d’AnimFrance, appelant à des accords interprofessionnels qui fassent une place plus grande à l’animation, à l’image de celui signé avec Disney. En effet, sans fléchage clair en direction de la filière, l’obligation cinéma des plateformes ne bénéficie pas suffisamment à l’animation.

Pour Nicolas Devaux, président de l’AFCA, la bataille se joue aussi sur le terrain de la visibilité : « La consommation de programmes d’animation explose partout dans le monde mais le public s’est dispersé dans une offre pléthorique. Comment redevenir visibles ? Comment reconnecter nos œuvres avec leurs spectateurs ? »… Vaste question !

 Sébastien Onomo, vice-président du collège animation du SPI, a aussi pointé une problématique de financement majeure : « 63% des budgets prévisionnels en cinéma d’animation connaissent des dépassements et surtout, les producteurs en sont devenus les deuxièmes financeurs par leurs apports en fonds propres voire les premiers si l’on retranche les MG (minimum garanti) ».

Toutes les interventions convergeaient donc vers un constat unanime : la filière française est une référence mondiale mais elle est fragilisée pour des raisons multifactorielles…

 

Quatre axes d’action pour rebâtir une dynamique durable

Au terme de cette journée, les trois organisations ont donc formulé plusieurs pistes de travail collectives pour renforcer la compétitivité du cinéma d’animation français :

  1. Investir davantage dès le développement et la production, en incitant les diffuseurs et plateformes à s’engager plus tôt dans les projets.
  2. Renforcer l’accompagnement du développement, phase critique souvent sous-financée.
  3. Poursuivre le dialogue avec le CNC pour une meilleure prise en compte des spécificités de l’animation dans les dispositifs publics.
  4. Améliorer l’exposition et la diffusion des œuvres auprès des publics français et internationaux.

« Nous disposons de tous les atouts : des écoles de rang mondial, des studios performants, des auteurs passionnés et un public fidèle. Tous les ingrédients sont là », a conclu Samuel Kaminka, soulignant la nécessité de transformer ces atouts en avantages compétitifs durables.

 

Vers une dynamique pérenne : 2026, Année de l’Animation ?

Les organisateurs espèrent que ces Assises marquent le début d’un rendez-vous annuel structurant pour la filière. « Nous souhaitons que 2026 soit proclamée Année de l’Animation, afin que des solutions concrètes émergent pour l’ensemble du secteur, cinéma comme audiovisuel », a déclaré Sébastien Onomo en clôture.

Cette première édition a posé les bases d’un dialogue renouvelé entre les acteurs publics et privés. L’enjeu : garantir à la France, puissance mondiale de l’animation, un avenir durable, solidaire et ambitieux.