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Entretien avec Aline Sinquin, fondatrice et coloriste principale de Five One Color

Née en France, Alice Sinquin voulait à l’origine devenir directrice photo, mais son premier contact avec l’étalonnage l’a véritablement séduite. Son énergie créative et sa passion se ressentent dans tout son travail. Elle dirige aujourd’hui son propre studio d’étalonnage au cœur de SoHo, à New York.*
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Mediakwest : Comment avez-vous commencé sur le marché de l’étalonnage ?

Aline Sinquin : J’ai commencé en tant qu’assistante chez Duran Paris. Je travaillais en 35 mm sur un télécinéma URSA Diamond… c’était il y a assez longtemps ! Le studio Duran était très actif, et nous avons donc pu acquérir un autre télécinéma, un C-Reality, et j’ai alors commencé à faire l’étalonnage de projets en parallèle de mon travail d’assistante. C’était une période vraiment effervescente pour ce secteur à Paris, et nous devions tenir des délais très serrés. Le travail me plaisait énormément.

 

MK : Vous avez été coloriste dans plusieurs grandes villes. Avez-vous remarqué des différences d’un pays à l’autre dans les manières de travailler ?

S. : J’ai principalement travaillé à Paris, à Londres et à New York. Ces expériences m’ont appris que les méthodes de travail sont très différentes d’une culture à l’autre. En France, nous sommes plutôt des « artisans » : les séances d’étalonnage sont souvent très longues, et nous peaufinons les moindres détails. Les Français ont le goût de la discussion, et les échanges avec le réalisateur et le directeur photo peuvent être interminables ! Étant critiques par nature, nous travaillons avec beaucoup de passion… ce qui explique pourquoi cela peut nous prendre longtemps.

Mon arrivée à Londres a été un véritable choc culturel, mais un choc positif. Je n’avais jamais imaginé que des pays aussi proches puissent être aussi différents. En deux ans à Londres, j’ai beaucoup appris. La créativité des coloristes et leurs connaissances techniques étaient impressionnantes. Les clients appréciaient les couleurs plus vives et les visuels plus marquants, ce qui ne se faisait pas trop à Paris. Il m’a donc fallu m’adapter à cette nouvelle manière d’étalonner, et repousser encore plus loin les limites de ma créativité et de mes connaissances techniques.

Je vis maintenant à New York, où c’est encore différent. Là où les coloristes européens travaillent avant tout avec les réalisateurs et les directeurs photo, à New York nous avons affaire aux monteurs et aux agences. L’étalonnage n’est souvent qu’une étape dans la chaîne de fabrication d’un film ou d’une œuvre artistique ; cela dépend du client. On rencontre de tout dans le « melting pot » new-yorkais. J’ai également la chance d’avoir pu travailler au Japon, en Allemagne, en Espagne et en Inde, ce qui n’a fait que renforcer l’idée selon laquelle la couleur est une réalité profondément culturelle, perçue de nombreuses différentes manières.

 

MK : Au cours de ces dix dernières années, vous avez monté un impressionnant portfolio dans la publicité et le cinéma. Qu’est-ce qui vous a attiré vers ces projets ?

A. S. : Ceux avec qui j’ai eu le privilège de travailler au cours de ma carrière avaient souvent une personnalité et un talent incroyables, et c’est cela qui m’attire vers un projet. Je suis très heureuse qu’ils continuent de faire appel à moi !

 

MK : Five One Color est le premier studio féminin d’étalonnage new-yorkais à utiliser Baselight. Comment l’ouverture de ce nouveau studio s’est-elle passée ? 
Quels services offrez-vous ?

S. : J’ai eu la chance de travailler dans des structures prestigieuses à travers le monde, toutes hautement spécialisées dans l’étalonnage, et ces expériences m’ont apporté une solide connaissance et une large perspective de ce qu’est l’étalonnage et de ce que j’ai à offrir à mes clients, ainsi qu’à d’autres coloristes. Le moment était venu pour moi de lancer mon propre studio, me permettant de donner corps à ces acquis et de trouver une patte propre en tant que coloriste indépendante. Notre secteur est dominé par les hommes à New York. Cela me fait plaisir d’apporter un peu de changement.

Five One Color offre techniquement les mêmes services de pointe que les plus grands studios new-yorkais, et je suis d’ailleurs très fière d’être le quatrième studio de postproduction de la ville à utiliser un système Baselight, entièrement en 4K et avec un moniteur HDR Sony BVM-X300. L’étalonnage est un processus très spécial pour mes clients, et nous prenons le temps de bien les accueillir, de comprendre leurs besoins et d’échanger autant que nécessaire ! Nous travaillons également à distance, avec Los Angeles et Paris. Pour cela nous utilisons un boîtier ANT-3200 AS HD de la société Antrica qui permet d’encoder en Full HD 1080p en Full Duplex sur IP.

 

MK : Pourquoi avez-vous préféré Baselight à ses produits concurrents ? Vos clients ont-ils eu une influence sur votre décision d’achat ?

A. S. : Les clients à New York sont nombreux à estimer que Baselight est plus performant que n’importe quel autre système d’étalonnage, et qu’il est capable de prendre en charge des projets complexes. Je crois avoir testé tous les systèmes d’étalonnage du marché, et c’est Baselight qui est pour moi le plus facile à utiliser. Je l’ai adopté il y a plus de sept ans. Il est idéal pour les coloristes, et FilmLight, qui l’a créé, est très réactive et l’améliore constamment. L’interface de contrôle est pensée de manière à permettre de longues séances de travail, en accordant la priorité au confort des coloristes.

 

MK : Vous avez dernièrement étalonné des projets en réalité virtuelle. Quelle a été votre expérience de la création du look de ces projets en stéréoscopie avec Baselight ?

A. S. : Baselight offre un excellent workflow stéréoscopique, qui représente une boîte à outils précieuse pour la réalité virtuelle. Certains clients ignorent que Baselight est capable de corriger la géométrie et les couleurs pour les deux yeux à la fois, d’un seul clic. Je suis passionnée par les nouvelles technologies, et la réalité virtuelle est l’une des plus intéressantes de ces dernières années. Elle nous oblige à revoir notre compréhension des couleurs et à adapter nos méthodes de travail pour l’étalonnage. Dans le cas de l’étalonnage en stéréoscopie, nous étalonnons sur un œil et ensuite Baselight recopie sur l’autre œil. La prochaine version 5 de Baselight aura une visualisation 360.

 

MK : Comment parvenez-vous à suivre l’évolution du secteur, des nouvelles technologies, des workflows, etc. ?

A. S. : Les processus de création de films, de clips, de spots publicitaires, etc. sont devenus beaucoup plus rapides, surtout à New York. En tant que coloriste, on peut toujours trouver une LUT permettant un étalonnage rapide. La mondialisation a frappé l’étalonnage aussi bien que tous les autres secteurs, et certains groupes ou entreprises adoptent un look uniforme au détriment de la création individuelle.  J’ai dû m’adapter pour travailler plus rapidement tout en adoptant les nouvelles technologies, mais sans sacrifier ma créativité et mon originalité. Bien sûr, je pourrais produire des looks uniformes, mais je ne préfère pas : c’est même pour cette raison que j’ai lancé mon propre studio !

 

MK : Quel est l’aspect de Baselight que vous préférez ? Comment Baselight aide-t-il votre processus créatif ?

A. S. : J’aime vraiment tout ce que Baselight a à offrir, notamment le keyer 3D que j’utilise comme une véritable palette. Mais là où Baselight se démarque, c’est par ses différents outils de gestion du contraste, qui peuvent être combinés pour créer des textures variées. Je n’ai vu cette possibilité sur aucun autre système. En permettant d’ajouter des couches très rapidement, sans aberrations vidéo. Lorsque vous êtes plongé dans une intense séance d’étalonnage, Baselight peut suivre vos pensées sans vous ralentir par ses aspects techniques.

 

MK : Quel conseil donneriez-vous à un(e) futur(e) coloriste ?

A. S. : Je lui conseillerais simplement de se démarquer en assumant un style propre.

 

MK : Qui vous inspire ?

A. S. : Je garde toujours un œil sur les coloristes londoniens, que je trouve très talentueux. De plus, j’essaie toujours de repérer les nouveaux directeurs photo : je reste attachée au format 35 mm et cherche à conserver ce look dans mon travail.

 

MK : Quels sont vos prochains projets ?


A. S. : Un nouveau système Baselight, et de nouveaux projets d’étalonnage. C’est un métier formidable !

 

* Article paru pour la première fois dans Mediakwest #21, p.50-51. Abonnez-vous à Mediakwest (5 nos/an + 1 Hors série « Guide du tournage) pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur totalité.