FX6, elle a tout d’une grande…

La nouvelle Sony ILME-FX6V est une caméra de synthèse. Elle associe des fonctions de deux mondes, celui des DSLR et celui des caméras vidéo orientées cinématographie.
La PXW-FX6, une caméra polyvalente qui s’adresse aux indépendants, producteurs, mais aussi loueurs qui veulent une caméra à l’aise pour de l’interview, fiction, corporate, docu… © DR

Cette caméra plein format hybride, située entre un Alpha 7S III et une PXW-FX9, n’est toutefois pas juste un mélange des deux modèles de la famille Sony, mais une caméra à part plutôt bien placée en termes de prix et qui séduira par sa polyvalence d’usage. Cette nouvelle venue dans la gamme Cinema Line viendra remplacer les modèles FS5 et FS7.

Cinema Line ne veut pas dire non plus que la caméra se prédestine au marché cinéma. La Venice ou la PXW-FX9 seront plus adaptées. Il s’agit d’un terme à la fois marketing et technique qui permet de rendre disponibles certaines fonctions.

Ce qui surprend quand on déballe la caméra, c’est sa légèreté. Le corps ne pèse que 890 g. Il est résistant à la poussière et à l’humidité. Une fois débarrassée de ses accessoires, la caméra ressemble à un cube. Elle possède un ensemble de pas-de-vis pour fixer les accessoires, adapter un stabilisateur, un drone ou une machinerie lui permettant de se mettre en position vertical.

La caméra est équipée d’un capteur (de 10,2 Megapixels) 4K Full Frame Exmor R et dispose d’une double sensibilité. Elle est de 800 ISO en mode standard et 12 800 ISO en mode basse lumière. La dynamique est de 15+ stop (pour S-log 3 de Sony).

La caméra s’adapte aisément aux utilisateurs grâce aux fonctions automatiques, aux préréglages ou aux menus qui sont disponibles en deux modes. En appuyant une fois sur le bouton « menu », vous accédez à un menu simplifié. Vous pouvez vous déplacer dans le menu grâce à la molette présente devant, via le joystick ou l’écran tactile. En appuyant deux fois sur le menu, vous passez sur un mode « expert » plus classique avec son visuel en arborescence.

La caméra dispose de nombreux boutons assignables. Ces boutons sont sur le côté, au-dessus sur la poignée de transport et sur le côté droit sur la poignée. Cette dernière peut s’orienter différemment et vous donne accès à plusieurs fonctions dont le gris neutre. Un ajout qui simplifie grandement la vie des opérateurs durant le tournage, alors que jusqu’à présent il fallait bouger la molette présente sur le côté gauche de la caméra à l’aveuglette.

 

Pour tous les usages

Selon les projets, vous pouvez choisir de travailler avec une dynamique standard, ce qui autorise des workflows rapides tels que S-Cinetone, standard, REC 709 ou de travailler en HDR, qui offrira plus de créativité et une dynamique élevée (Dual ISO 800 / 12800 – S-Log3 / S-Gamut 3 – S-Log3 / S-Gamut 3 Cine).

Le mode S-Cinetone sera utilisé pour un rendu des carnations avec une plus grande douceur. La caméra reprend la chimie numérique développée pour la Venice. Cela pourra être intéressant pour des interviews par exemple, du documentaire ou de la fiction.

En utilisant les modes S-log 3 vous disposez d’une plus large palette pour une reproduction des tonalités plus riche et plus de flexibilité en postproduction. Ces réglages seront optimisés pour les contenus haut de gamme car ils utilisent le maximum de dynamique du capteur pour révéler toute son essence lors de l’étalonnage.

Il est possible d’utiliser les Luts Sony (S709) pour le viseur ou pour des moniteurs externes, mais aussi de créer ses propres Luts avec l’outil Catalyst Browse/Prepare ou avec des éditeurs de montage tierce puis de les importer dans la caméra.

 

Des automatismes avancés

La FX6 reprend la technologie autofocus propre à ses DSLR, dont le mode Fast Hybrid AF. L’autofocus suit les sujets en déplacement rapide et est compatible avec plus de cinquante objectifs en monture E native. L’analyse se fait sur 627 points dans le plan focal de l’image couvrant 89 % de celle-ci. Cet autofocus a été repensé entièrement pour l’image animée.

Souvent la fonction AF a été décriée par les professionnels qui ne la prétendaient valable que pour le grand public. Aujourd’hui les situations de mise au point complexes sont de plus en plus fréquentes, que ce soit le fait d’avoir des équipes réduites sans assistant caméra, de placer la caméra sur de la machinerie comme un gimball ou bien de faire des plans rapprochés avec des ralentis. D’où la nécessité d’avoir un autofocus efficace et rapide.

Outre les fonctions de base, le Fast Hybride AF dispose de la fonction Real Time Eye AF qui fait la mise au point sur l’œil en temps réel. S’il est possible de sélectionner une zone de mise au point via l’écran tactile, le tracking n’est pas envisageable via cet écran. En résumé, vous ne pouvez pas faire un suivi de mise au point en déplaçant votre doigt sur l’écran tactile. Il est possible également de mémoriser un visage, que l’autofocus le suive automatiquement pour l’avoir toujours net même dans un environnement d’objets ou au milieu d’autres visages.

Autres fonctionnalités : il est possible de changer la vitesse de mise au point pour passer d’une profondeur d’image à une autre (rapide ou lent). La mise au point rapide sera intéressante pour les scènes d’actions comme le sport. L’autofocus peut être « verrouillé » sur un sujet (le point reste en permanence) ou au contraire être responsive afin de passer d’un sujet à une autre rapidement. L’autofocus fonctionne même en 4K à 120 i/s.

Le point fort des caméras Sony est le filtre gris neutre électronique variable ajustable de 1/4 à 1/128 de manière transparente. Il est contrôlable manuellement ou automatiquement. Pour rappel, en utilisant le filtre gris neutre, vous faites baisser la lumière dans la caméra sans avoir besoin de fermer le diaphragme et donc sans influencer le rendu sur la profondeur de champ. Nous avons testé le gris neutre en mode auto en passant de l’ombre à la lumière et il s’en sort très bien sans pompage et temps de latence. Il ne crée pas non plus de distorsion dans la colorimétrie de l’image.

 

Une connectivité riche

La connectivité est somme toute très complète. La caméra possède une sortie 12G SDI et HDMI 2.0. La sortie SDI permet d’enregistrer en Raw 4K 60p, 16 bits sur un Atomos qui a annoncé la compatibilité et le support de la nouvelle caméra. Sinon, la FX6 dispose d’un port USB-C pour le transfert de données, d’une entrée et sortie timecode, d’une prise Lanc, de deux entrées XLR et du Digital MI Shoe permettant de connecter des microphones Sony ainsi qu’un mini projecteur Led. La caméra est également compatible wi-fi 2.4 / 5 GHz. En termes audio, la FX6 supporte quatre canaux 24 bits.

La FX6 possède deux ports pour des cartes UHS-II/UHS-I SDXC et CFexpress Type A. Par contre, il n’y a pas de support de carte XQD. L’enregistrement interne se fait en XAVC-I (Intra) 422 10 bits. La caméra est capable d’enregistrer en ralenti sur ses cartes à 120 i/s en QFHD et 240 i/s en HD ce qui est assez unique. La FX9 ne permet pas cela dans sa version actuelle.

L’écran du viseur fait 3,5 pouces (1280 x 720 p). Sur le côté du moniteur, il y a des accès directs pour certaines fonctions, comme Zebra, Peaking, et un bouton assignable. Il est possible d’avoir accès aux fonctions Waveform, Histogram et Vectorscope.

 

Le jeu des différences

Certaines personnes peuvent se poser la question d’investir dans un Alpha 7S III ou une camera PXW FX6. Évidemment, il y a des points communs, que ce soit au niveau des fonctionnalités, du capteur, du poids (le boîtier Alpha pèse 700 g et la FX-6 pèse 890 g). C’est seulement une question d’usage. L’accès aux fonctions est plus aisé sur la caméra et sera à mon sens plus polyvalente.

D’autres peuvent se poser des questions entre la FX9 et la FX6. Là aussi il y a des points communs. Toutefois, la PXW FX9 repose sur un capteur 6K et se prête peut-être plus pour du multicaméra. D’ailleurs lors d’une prochaine mise à jour, il est prévu que toutes les télécommandes soient compatibles avec la FX9. Cette dernière permet également d’utiliser des optiques 2/3 de pouces via un adaptateur.

L’avantage revient à la FX6 pour la gestion du ralenti, la FX9 étant limité à ce jour à 180 i/s. La FX9 accepte des cartes XQD (récupération de données). Les deux caméras peuvent travailler en S35 et matcher les images. La FX6 peut aussi être associée à un Alpha 7S III, celui-ci devenant une caméra B roll. Les fonctions de streaming sont limitées sur la FX6 car elle ne supporte pas le protocole QOS de la FX9. La FX6 peut par contre faire du transfert de fichier.

La FX6 n’a pas de stabilisation du capteur comme sur un Alpha (l’Alpha 7S III est stabilisé sur les cinq axes) mais il y a la possibilité de stabiliser en postproduction avec les applications Catalyst Browser et Catalyst Prepare.

 

En conclusion

La PXW-FX6 est une caméra polyvalente et compacte qui bénéficie de nombreuses fonctionnalités originales héritées des appareils photos Alpha et de caméras comme la PXW-FX9. Elle séduira les indépendants, les producteurs et les cadreurs à la recherche d’une caméra couvrant de nombreux champs d’application. Elle est capable de travailler en mode manuel ou automatique pour ceux qui ne veulent pas rentrer dans les menus ou qui travaillent en équipe réduite.

 

 

Prix public : 6 600 euros TTC

 

Article paru pour la première fois dans Mediakwest #39, p. 14-16. Abonnez-vous à Mediakwest (5 numéros/an + 1 Hors série « Guide du tournage) pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.