Jean Chaoui met la réalité virtuelle au service de la chirurgie

Les applications de la réalité augmentée continuent d’investir le domaine de la médecine. Retour avec Jean Chaoui sur les opportunités que celle-ci offre à la chirurgie grâce notamment à la représentation de l’anatomie en 3D.
Les applications de la réalité augmentée continuent d’investir le domaine de la médecine. Retour avec Jean Chaoui sur les opportunités que celle-ci offre à la chirurgie grâce notamment à la représentation de l’anatomie en 3D.

 

 

Un innovateur ? Oui ! Passionné de mathématique et de médecine, Jean a fondé Imascap dans le but de proposer une nouvelle approche de la chirurgie à travers l’anatomie 3D. Lauréat du dernier prix MIT TR 35, ce Syrien d’origine est arrivé en France en 2007 après son diplôme d’ingénieur biomédical obtenu à l’université de Damas. “Je suis venu en France pour poursuivre mes études en master et puis en doctorat à Telecom Bretagne à Brest dans le domaine de la chirurgie assistée par ordinateur”. En 2009, cet auteur de dix brevets, fonde Imascap qui développe des solutions de chirurgie augmentée. Cette société se regroupe autour d'”une équipe d’ingénieurs et de chirurgiens-concepteurs”.

 

 

L’idée disruptive ? Le concept développé consiste en un système de chirurgie augmentée qui permet de virtualiser l’opération, de simuler les différentes étapes d’une opération avant l’opération. Le produit? “Nous proposons un produit de développement des systèmes qui guide le chirurgien pendant l’opération afin de rendre ses gestes plus précis et surtout de l’aider pour poser des implants ou des prothèses dans le domaine de la chirurgie orthopédique”. Ce système est composé d’un logiciel entièrement automatique qui permet aux chirurgiens de planifier en 3D et en préopératoire son opération de pose de prothèses. Il s’agit d’une modélisation virtuelle permettant une simulation qui aidera ensuite pour un choix optimal de la taille, de la position et de l’orientation de la prothèse. Le logiciel génère également d’une manière entièrement automatique des guides sur mesure qui seront imprimés grâce à la technologie 3D et qui se marient avec l’os. Définir une orientation unique pour le fraisage orthopédique pour préparer l’os à poser la prothèse est rendu possible désormais. “Cela permet ainsi d’atteindre une meilleure précision pour le geste chirurgical, de l’ordre d’un millimètre”.

 

 

Pourquoi s’y intéresser? “Pendant l’opération le chirurgien a un champ de vision très limité, il ne peut pas voir toute la structure opérée”. Conscient de cette faille, le jeune PDG a voulu démontrer l’intérêt de la planification préopératoire et la fabrication d’outils de guides sur-mesure. Aujourd’hui, la société développe des solutions pour le domaine de la chirurgie orthopédique. En effet, en Europe près d’une personne sur cinq souffre de troubles musculo-squelettiques. “La pose de prothèse s’avère être une opération très délicate” et ces solutions pourraient représenter un atout de taille. De plus, l’objectif de cette initiative est également de réduire les coûts élevés de cette opération, tout en offrant une chirurgie personnalisée.

 

 

Pourquoi ça nous impacte ? “L’outil que nous développons permet de virtualiser l’opération, de simuler les différentes étapes avant l’opération. Cela représente beaucoup de bénéfices pour les patients grâce à une chirurgie personnalisée mais aussi beaucoup de précision pour le chirurgien”. Pendant l’opération, les instruments imprimés en 3D permettent de réaliser les objectifs définis pendant la planification. “Nous mettons dans la main du chirurgien une solution entièrement automatique qui le libère de toute tâche technique pour traiter les images scanner, l’anatomie 3D et même pour concevoir les instruments sur-mesure”. Enfin, cet outil permet aux chirurgiens de réduire le taux des chirurgies de reprise ou le taux d’échec de l’arthroplastie de l’épaule qui est une chirurgie très complexe.

 

 

Et à l’avenir ? Aujourd’hui, les travaux de développement ont abouti à un dispositif médical certifié CE, et plus de 50 cas cliniques ont été réalisés avec succès. « Nous avons obtenu le certificat pour l’Australie, nous attendons celui pour les Etats-unis ». Le produit entre désormais en phase de test clinique sur plusieurs centres dans le monde entier « et nous visons une commercialisation à partir de septembre prochain ». Et pour finir, Jean nous confie qu’il est envisageable d’imaginer une utilisation de cet outil pour la formation des apprentis chirurgiens.

 

Un article de Kenza ADEÏDA –  source Atelier BNP Paribas : cliquer ici