L’Équipe HD succède donc à l’Équipe TV, la chaîne payante du groupe Amaury, diffusée sur le câble et le satellite depuis 1998. Côté programmes, la chaîne va proposer une offre de contenus enrichis avec des séances de rattrapage (catch-up TV), des émissions en VoD et des programmes interactifs autour de jeux, par exemple. Pour François Morinière, directeur général du Groupe L’Équipe, il s’agit d’ « un moyen de jeter une passerelle avec le nouveau réseau social maison Équipe United, qui rassemble virtuellement une communauté de fans de foot et leur permet de s’échanger des avis ou de tweeter pendant les matchs ». Le groupe Amaury s’est engagé, devant le CSA, à investir 30 millions d’euros par an, dont 19 millions dans la grille des programmes. L’ambition est de s’adresser désormais à tous les publics, au-delà des sports et disciplines jusqu’alors prisés par la chaîne payante. Côté technique, il a fallu rivaliser d’ingéniosité…
1998/2012 : on recommence tout… en 3 mois
Cela fera donc 14 ans que L’Équipe TV existe et, ainsi que l’avoue prosaïquement Philippe Espinet, le directeur des opérations, « elle a peu évolué pour des raisons économiques. Lorsque le projet de chaîne HD a émergé, il a semblé évident que peu de choses pouvaient encore coller au cahier des charges ».
C’est donc, en quelque sorte, une tabula rasa à laquelle a été confronté celui qui est en charge de la fabrication du studio, du choix des équipements et des productions internes et externes. « Naturellement, les choix ont été arrêtés en collaboration avec les équipes actuelles ».
3 mois, c’est le temps qu’il a fallu à Philippe Espinet et ses équipes pour imaginer, développer et mettre en place l’infrastructure qui sera à l’antenne le 12 décembre prochain.
Changer de chaîne, changer de lieu
Première décision, la réunion des rédactions – magazine et télévision – en un seul et même lieu, à Boulogne, au siège de L’Équipe. « Tous les grands sportifs sont venus, viennent ou viendront au magazine », explique Philippe Espinet, « et nous avons estimé qu’il serait peu constructif de se passer d’une telle manne d’interviews ; l’unité de lieu va nous permettre de profiter de ce contenu éditorial ».
L’offre plateaux est constituée de deux studios : le premier, physique, d’une superficie de 122 m2 et le second, virtuel, de 40 m2.
Le studio Lumière : avec vue sur Paris
Le premier, d’une superficie de 122 m2, est « 100% vitré », avec un axe sur la Tour Eiffel et Montmartre. Baptisé « Lumière », il est équipé de 9 caméras : 6 caméras Sony BRC-H900 full HD au sol, 2 pour les travelling latéraux et une dernière dite « lift » pour donner une perspective ascendante/descendante. « Pour piloter l’ensemble, nous avons développé un système en interne qui nous permet de jouer entre chaque, soit via un joystick soit via des positions préprogrammées. Nous avons également ajouté une fonction Vision pour pallier le manque d’interface de ces caméras », rappelle le directeur des opérations.
À cela s’ajoute un mélangeur vidéo Snell Kahuna 360, « qui est efficace, simple d’utilisation avec une belle qualité d’image et pas mal de possibilités d’affichage ». La console audio est une Studer Vista 5 qui permet les duplex simultanés pour les soirées événement où les équipes sont sur plusieurs sites. Pour l’ingénieur du son, la Studer est très simple à gérer mais quand il y a plusieurs sources sur le plateau par exemple. « La nouvelle fonction de gestion des micros nous permet de suivre automatiquement les différents speakers pour une vraie dimension interactive sans le côté ‘cathédrale’ auquel on est parfois confronté ».
Pour être complet, L’Équipe HD s’est équipé d’un réseau d’ordre ClearCom relié à la console par un bus NADI. Quant au système informatique de gestion de l’ingest, du montage, du conducteur et de la diffusion, le choix s’est porté sur un système Dalet, « une solution totalement intégrée qui nous a évité l’étape de l’interopérabilité souvent fastidieuse à effectuer ».
Le studio virtuel : s’échapper du réel
Le second studio de L’Équipe HD est donc virtuel, équipé de 3 caméras avec un moteur graphique Hybrid MC. «L’idée est de pouvoir s’échapper du réel pour les tranches de news notamment », explique Philippe Espinet.
Et à propos de s’échapper, les JRI envoyés pour des reportages classiques seront équipés de Panasonic P2. «Lorsque nous couvrirons des sports extrêmes ou dans des conditions particulières, les journalistes utiliseront également des Panasonic type épaule avec des objectifs spécifiques ».
Programmes 3D ?
Si le canal TNT ne permet pas la diffusion de contenus en 3D, la chaîne est cependant en mesure d’en produire facilement : « c’est quelque chose que nous avons forcément anticipé mais ce sera une question d’opportunité. Pourquoi ne pas envoyer les deux images droite et gauche en side by side et proposer aux téléspectateurs équipés de TV 3D de visionner leur programme en relief, ou de l’enregistrer. Il faut néanmoins garder à l’esprit que notre audience se fera avant tout sur du programme classique. Et c’est là que nous portons nos efforts ».
Esprit… d’Équipe HD
Philippe Espinet ne cache pas son impatience d’être au 12/12/12 pour le lancement de la chaîne : « il y a une équipe formidable qui a travaillé avant mon arrivée puis avec moi dans un climat très stimulant. Il faut dire que lorsque vous avez une ressource TNT, vous vous devez de ne pas la gâcher. Tout le monde est prêt à se lancer dans l’aventure ».
Difficile d’obtenir le budget technique de L’Équipe HD ; tout ce qu’on pourra savoir, c’est que « pour réaliser une chaîne TNT full HD avec un studio réel, un autre virtuel et leurs caméras, 100 postes de production, un réseau full HD… nous avons fait preuve d’ingéniosité, avec pas mal de développement interne ».
Un peu une façon de parler… esprit d’équipe.