L’AFCA au cœur de l’animation : entre traditions, innovations et enjeux de filière

Isabelle Vanini, déléguée générale de l'Association Française du Cinéma d'Animation, revient les orientations du Festival national du film d'animation de Rennes et les priorités de son association.
Isabelle Vanini, déléguée Général de l'aFCA © Nathalie Klimberg

Isabelle Vanini, déléguée générale de l’Association Française du Cinéma d’Animation (AFCA), œuvre depuis 30 ans à la reconnaissance et à la valorisation du cinéma d’animation. Au coeur de l’organisation du Festival national du film d’animation de Rennes, elle partage son regard sur les dynamiques actuelles du secteur, les nouvelles orientations du festival et les priorités de l’AFCA.

 

 

Un rendez-vous européen incontournable pour le parcours Pro Stop Motion

Chaque année, le Parcours Stop Motion se démarque comme un temps fort du festival aux côté des parcours production, technique et diffusion/exploitation. Conçu en partenariat avec Films en Bretagne, ce parcours est construit à partir des propositions de l’écosystème professionnel, notamment rennais. « Le Parcours Pro Stop Motion, c’est le parcours phare, celui qui pousse les murs », explique Isabelle Vanini. Ce volet, de plus en plus européen, accueille des invités étrangers : cette année, Kristina Dufkova, productrice slovaque, du film frano tchèque LA VIE, EN GROS est notamment venu présenter le projet en détail.

L’édition 2025 innove aussi en explorant les usages de l’intelligence artificielle dans la stop motion, un sujet inattendu dans ce domaine artistique…

 

 

Un focus sur l’enregistrement des voix et la musique

Chaque édition s’articule autour d’un fil rouge. Cette année, l’AFCA s’est penchée sur les évolutions de l’enregistrement des voix dans l’animation, en s’inspirant notamment par de la démarche de production initiée sur le film Linda veut du poulet. « On enregistre désormais hors studios, dans les lieux de l’action, pour donner aux voix une tonalité plus documentaire, plus inattendue », note la déléguée générale.

« La musique occupe également une place importante dans l’oeuvre, et la venue de Robe, musicien du très attendu In Waves, qui viendra détailler son approche entre cinéma réel et animation suscite aussi beaucoup d’intérêt. », poursuit-elle.

 

Un festival vitrine de la production annuelle

Fidèle à son déroulé, le Festival revient sur les longs métrages d’animation sortis dans l’année, accompagnés parfois de leurs réalisateurs, mais aussi le plus souvent d’autres corps de métiers, apportant ainsi d’autres perspectives, d’autres regards sur les œuvres…

« En général, peu de gens ont vu les dix longs métrages français sortis dans l’année », rappelle Isabelle Vanini, soulignant que ce travail de (re)mise en lumière n’est pas inutile.

La compétition de courts métrages, quant à elle, mélange films professionnels et étudiant inédits, classés de façon thématique et adaptée aux âges.

 

Une attention accrue aux problématiques sectorielles

Le festival est aussi un espace de réflexion pour la profession. Les tables rondes abordent des enjeux cruciaux : financement des courts métrages, coproductions internationales, crise des grands studios d’animation… « Je ne me voyais pas organiser un festival sans parler de la crise actuelle », confie la déléguée générale. Une table ronde a ainsi réuni des acteurs clés pour penser ensemble les solutions et le futur du secteur.

La journée dédiée aux pitches – présentation de projets en développement – est devenue un rendez-vous incontournable, rassemblant producteurs et créateurs très en attente de retrouver ce creuset relationnel.

 

L’AFCA : deux piliers majeurs pour animer la filière

Outre ce festival d’avril, l’AFCA organise en octobre la Fête du cinéma d’animation, mobilisant salles de cinéma et lieux de médiation partout en France. C’est aussi lors de cet événement qu’est décerné le Prix Émile Reynaud.

Au-delà des événements, l’AFCA propose des actions profondeur : centre de ressources, organisme de formation, elle accompagne également la programmation de films d’animation adultes auxquel elle s’efforce de donner une meilleure exposition grâce au label « L’AFCA s’anime ».

 

Une ambition : démocratiser l’accès au cinéma d’animation

Pour Isabelle Vanini, le véritable cheval de bataille est clair : « Que le public aille voir un film d’animation sans se demander si c’est un film d’animation ou un film en image réelle. L’important, c’est la mise en scène, la dimension artistique. » Elle rappelle avec passion combien le cinéma d’animation est « d’une créativité incroyable ».

 

Une dynamique collective tournée vers l’avenir

A l’occasion de l’entretien, elle nous révèle que l’AFCA prépare pour octobre les Assises du cinéma d’animation : une journée de travail collective qui se déroulera en Ile de France pour réfléchir aux modèles de production, aux spécificités de l’animation par rapport à l’image réelle, au financement, à la diffusion et à la meilleure manière d’accompagner les films jusqu’à leur public.

« Nous voulons mettre le cinéma d’animation dans la lumière, en dialogue avec l’ensemble du secteur audiovisuel », conclut Isabelle Vanini.