Le Moulin d’Andé vient de fêter ses 50 ans !


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Le Moulin d’Andé est un monument historique du 12ème siècle, implanté en Normandie. Lorsque Suzanne Lipinska s’y installe en 1957, elle décide de lui donner une vocation culturelle, en l’ouvrant à quelques amis artistes et intellectuels qui y trouvent un lieu propice à un travail personnel et créatif. En 1962, elle crée l’Association Culturelle du Moulin d’Andé. Son objectif, qui n’a pas changé depuis 50 ans, est le suivant : offrir un espace de travail aux artistes, intellectuels et créateurs et devenir un foyer d’animation et de manifestations culturelles pour la région.

Le Moulin d’Andé devient rapidement une référence, pour les cinéastes de la Nouvelle Vague par exemple, et en 1998, l’endroit est choisi pour implanter un centre permanent dédié aux écritures cinématographiques : le Céci. En lien avec François Barat, délégué général du GREC* (Groupe de Recherches et d’Essais Cinématographiques), son programme n’a cessé de s’affiner depuis 14 ans, pour répondre aux besoins des auteurs accueillis en résidence : scénaristes, réalisateurs, compositeurs de musique pour l’image, critiques, essayistes…
*Site du GREC :www.grec-info.com

Le CÉCI : Centre des Écritures Cinématographiques 

Le Céci est un lieu permanent de réflexion sur les écritures de cinéma. « Nous privilégions les trois axes d’écritures suivants : écriture scénaristique, écriture musicale pour l’image, écriture critique d’ouvrages de réflexion autour du cinéma » explique Fabienne Aguado, sa directrice. « Outre des actions de formation, l’accueil de groupes de réflexion et l’organisation de rencontres professionnelles, notre objectif est de favoriser la liberté d’expression des cinéastes et de défendre leur diversité, grâce à un dispositif d’aide à l’écriture, ouvert à tous les formats, genres et durées de création. Ainsi, nous proposons des séjours de travail en résidence pour les auteurs, qui ont à la fois besoin d’un espace-temps et d’un encadrement pédagogique stimulant ».

Un dispositif sélectif

À travers deux sessions de sélection, au printemps et en automne, le Céci attribue, chaque année, vingt résidences d’écriture, d’une durée maximale de deux mois, à des auteurs francophones. « C’est l’occasion de prendre du recul, en dehors de la vie quotidienne » précise Fabienne Aguado. « Chaque résident est suivi par un parrain ou une marraine, auteur, réalisateur ou scénariste, appartenant à notre réseau ». À chaque commission, le Céci reçoit environ cent demandes de résidences. Au maximum dix projets sont sélectionnés par session. « Pour choisir un projet, nous devons sentir un auteur, peu importe son parcours, sa nationalité, le sujet ou le lieu. Nous aimons les projets ambitieux, exigeants et qui peuvent s’avérer difficiles à monter. Dans notre dernière sélection, nous avons deux films d’animation, un film politique, un documentaire militant sur l’écologie ou encore un court-métrage… Les auteurs ont plus ou moins d’expérience, c’est un mélange ».

Un accompagnement et un lieu d’échange

Sur place, le Céci offre le gîte, le couvert, l’accompagnement en écriture et l’ouverture à son réseau. Toutefois, il ne prend pas en charge les déplacements. L’auteur sélectionné a un an pour bénéficier de son crédit de jours et dispose de maximum 60 jours de réécriture. Il peut être accompagné d’un co-auteur, d’un comédien ou d’un producteur. « Le plus de ces résidences ? Avoir la liberté de choisir ses dates et être accompagné. De plus, il y aura des croisements et des échanges, car il y a toujours d’autres artistes au Moulin qui est un lieu de diffusion musicale ». Enfin, le Céci édite chaque année un carnet de projets* qui est diffusé à Cannes pour aider les auteurs à trouver des producteurs. « Nous faisons émerger de nouveaux talents, c’est une pépinière où les cinéastes ont un regard sur le monde. La force du Céci, c’est sa diversité ! » conclut Fabienne Aguado, très impliquée dans ses résidences et dans le devenir de ses résidents.

*Le carnet de projets 2012 du Céci est téléchargeable à ce lien : www.moulinande.com/carnet

Le devenir des projets
En 14 ans, le Céci a soutenu environ 400 projets, de films d’auteurs débutants ou plus connus. Aujourd’hui, la moitié ont été réalisés. Parmi les plus récents :

– le long-métrage Jimmy Rivière de Teddy Lussi-Modeste, nominé aux Césars 2012 :
www.unifrance.org
www.allocine.fr

– le documentaire Cet homme-là est un mille-feuille de Patricia Mortagne, diffusé sur Arte :
www.arte.tv
www.facebook.com/pages/Cet-homme-là-est-un-mille-feuilles

– le long-métrage NOOR de Çağla Zencirci et Guillaume Giovanetti, en résidence au Céci en 2006 pour leur premier long-métrage, sélectionné à l’ACID de Cannes 2012 et au festival international du film de Dieppe en septembre 2012 :
www.lacid.org
www.festivaldufilmdedieppe.com

Pour tout renseignement supplémentaire sur le Céci : www.moulinande.com
Prochaine session : deadline 15 octobre 2012
Les dossiers sont disponibles du 5 septembre au 10 octobre 2012.


NOOR : en résidence en 2006, en festivals et sur les écrans en 2012 

Lorsque Çağla Zencirci et Guillaume Giovanetti décident de tenter une résidence d’écriture au Moulin d’Andé-Céci en 2005, ils ont déjà réalisé deux courts-métrages, dont un en Italie et un documentaire en Iran. Ils ont désormais un projet de long-métrage au Pakistan, mais ils ont du mal à le structurer : « On recherchait un cadre pour écrire le scénario, car même si nos précédents films avaient plutôt bien marché à l’étranger, on n’avait pas de formation en cinéma, ni vraiment de réseau professionnel. On a donc envoyé notre candidature au Céci le 31 octobre 2005, avec un traitement de 15 pages, un synopsis, une scène dialoguée et notre filmographie » se souvient Guillaume. « On a eu beaucoup de chance ! C’est la première fois qu’on tentait cette résidence et on a été sélectionné ! ».

Les deux auteurs bénéficient donc de 60 jours de résidence, soit 30 jours chacun. Ils décident de venir au Moulin dès janvier 2006. « Ça faisait six mois qu’on était sur ce projet, on avait envie d’avancer. On a choisi de découper notre séjour en 3×10 jours, pour prendre du recul entre chaque phase d’écriture ». Çağla et Guillaume sont suivis par un parrain, le scénariste-réalisateur Salvatore Lista, qu’ils rencontrent à cinq reprises, au Moulin ou à Paris, pour faire un point sur l’avancement du scénario. « Notre tuteur avait une très belle envie sur le projet. Nous avons beaucoup échangé et son aide a été très précieuse ».

Une fois la résidence terminée, les auteurs, quel que soit l’état d’avancement du projet, bénéficient du réseau du Céci : « Fabienne Aguado a à cœur de faire une transition entre le Moulin et l’après-écriture. En fonction du projet, elle cible des producteurs, favorise les contacts et les rendez-vous. C’est une réelle opportunité pour toucher le monde de la production, tisser un réseau professionnel et trouver des partenaires financiers » constate Guillaume.

Après plusieurs rencontres avec des producteurs, NOOR entre finalement en co-production franco-pakistanaise en 2007. Le film, difficile à monter, réussit toutefois à se faire grâce à des partenaires privés. En 2012, c’est la consécration à Cannes et une belle réussite pour ses jeunes auteurs : « On s’est attaqué à la montagne du long-métrage, ce n’était pas évident. Cette expérience au Moulin d’Andé-Céci a été décisive. Elle nous a motivés et a confirmé notre envie de continuer à faire des films. Dans ce milieu, il faut 1/3 de talent, 1/3 de persévérance, 1/3 de chance… Il faut relever le défi ! Aujourd’hui, NOOR tourne dans plusieurs festivals en France, en Finlande, en Suède, en Grèce… ».

Soutenus par le Céci, Çağla Zencirci et Guillaume Giovanetti postulent fin 2008 à la résidence d’écriture de la Villa Kujoyama*, à Kyoto, au Japon, pour leur second projet de long-métrage. À nouveau sélectionnés, ils y séjournent 6 mois en 2010. Pour cette rentrée 2012, tous deux sont actuellement au Japon et préparent leur tournage qui devrait débuter à l’automne.

*Villa Kujoyama : www.diplomatie.gouv.fr/fr/enjeux-internationaux

NOOR sera projeté à Paris au Nouveau Latina le 29 septembre 2012, en présence des réalisateurs, suivi d’un concert du musicien du film.
Pour tout renseignement :www.lacid.org/reprises-de-la-programmation-acid