Dossier: Les encodeurs de streaming mono flux

L’encodeur de streaming est le premier maillon pour diffuser en vidéo sur internet. Au croisement de plusieurs technologies, une multitude de produits sont proposés par des constructeurs fort divers. Cet article est le premier d’un panorama que nous débutons avec des modèles d’entrée de gamme mono flux, simples à configurer et à utiliser.
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Comme de nombreux produits technologiques, les encodeurs de streaming se répartissent en plusieurs gammes avec des performances et des fonctionnalités plus ou moins évoluées. En entrée de gamme, on trouve des modèles mono flux dont le paramétrage reste à la portée d’un technicien vidéo généraliste. Les options au niveau de l’encodeur restent plus limitées mais offrent des performances suffisantes. Ces produits serviront, par exemple, à un déport de caméra (attention au temps de latence), à la diffusion dans un bâtiment de la sortie d’une régie vidéo, ou encore au renvoi d’un événement filmé vers des loges ou un hall d’accueil, ou au transport d’un live vers un système d’affichage dynamique. Si le raccordement à Internet du site offre un débit en upload suffisant (l’ADSL est trop souvent limité) on pourra envisager ce type d’outils pour renvoyer une diffusion vidéo vers un lieu extérieur à travers le monde.

 

Tous les encodeurs décrits ci-après fournissent un signal vidéo compressé en H.264 avec des résolutions allant jusqu’à 1920 x 1080 pixels. Le choix d’une telle résolution conduit à des débits assez conséquents et il faudra souvent limiter ses ambitions avec des valeurs plus faibles correspondant aux performances des terminaux. C’est d’ailleurs pourquoi la diffusion en streaming, si elle adresse à un large public, exige de multiplier les flux. L’utilisation d’encodeurs mono flux reste donc cantonnée à des opérations modestes avec un nombre limité de points de diffusion, à moins de repasser par un serveur de conversion de flux ou une plateforme ouverte qui démultiplie les streams.

 

Des encodeurs portatifs et mobiles

Teradek est un constructeur spécialisé dans les outils de transmission légers pour accompagner les tournages. Pour le streaming, il propose l’encodeur Vidiu, doté d’une entrée HDMI dans un mini-boîtier avec une batterie interne, assez limitée en autonomie, hélas. Côté réseau, il est équipé d’un port Ethernet 10/100 Mb/s, d’une interface Wifi Mimo bi-bande et d’un port USB pour accueillir une clé 3G/4G. Un écran OLED de 4 lignes sert à sa configuration, mais une application iOS ou Android facilite son exploitation et sert d’écran de retour. L’un des avantages du Vidiu réside dans les profils d’encodage prédéfinis pour Livestream, Ustream et YouTube. Il suffit d’entrer son identifiant et son mot de passe et l’émission démarre quelques secondes après. On peut néanmoins le configurer pour assurer un streaming vers d’autres plateformes mais limitées au protocole RTMP de Flash.

 

Teradek complète son offre avec la gamme Cube, conçue pour le déport H.F. live d’une caméra. Ses nombreuses fonctions et protocoles permettent de l’utiliser également comme encodeurs de streaming. Ils sont déclinés en de nombreuses versions selon leur entrée vidéo, composite, HDMI ou SDI, la présence ou non d’une interface wifi, et une fonction d’enregistrement. Pour des usages de direct, leur latence est réduite et, par rapport au Vidiu, ils offrent une gamme plus large de protocoles : RTP, RTSP, RTP over HTTP. Ils sont aussi proposés en version rackable sous la référence Slice.

 

Le Minicaster est un autre encodeur de streaming portatif vendu par la société allemande éponyme. Il reprend des caractéristiques très proches de celles du Vidiu ou du Cube de Teradek avec un boîtier de taille réduite et des accessoires de fixation sur caméra. Figurent au catalogue deux versions : SDI et SDI Loop avec une sortie en sonde pour du monitoring et une meilleure gestion des images entrelacées et du débit. Une version rackable est également proposée sous la dénomination StreamMachine. Bien qu’il offre une palette de réglages assez large, le constructeur privilégie dans sa communication l’association de son encodeur avec le CDN allemand TV1.EU.

 

Des modèles fixes pour régie

Avec l’encodeur Datavideo NVS-20, on aborde la gamme des encodeurs statiques de table. Avec un boîtier de la taille habituelle d’un convertisseur vidéo, il offre des entrées vidéo composite, HDMI et HD-SDI. Les sources de signaux audio sont soit celles embeddées en HDMI ou SDI ou fournies via des entrées analogiques sur connecteurs cinch ou XLR. Contrairement à des modèles portatifs, il ne dispose que d’un port réseau Ethernet filaire. En face avant, un bouton permet de démarrer le streaming et/ou l’enregistrement vidéo qui est stocké sur une clé USB. Les paramètres d’enregistrement vidéo (format et débit) sont identiques à ceux du streaming. Avec ses entrées multiples et ses divers protocoles, l’encodeur NVS-20 permet de couvrir de nombreuses situations. En revanche les menus de configuration accessibles via une interface Web sont plus limités.

 

L’encodeur Matrox Monarch HD est également un modèle de table pour un usage en régie. L’entrée vidéo se limite au HDMI (résolutions HD uniquement) doublée d’une entrée audio sur mini-jack stéréo. Le Monarch HD dispose de deux encodeurs, un pour l’émission en streaming et un second pour l’enregistrement vidéo sur deux clés USB ou une carte SD. Cela permet de choisir des paramètres différents pour le streaming, avec un débit limité pour le réseau, et de privilégier la qualité pour l’enregistrement local. Attention, il y a des règles de combinaison à respecter selon les formats vidéo. En l’absence d’écran de configuration, son paramétrage se fait via un navigateur Web. Mais deux boutons-poussoirs sont disponibles en face avant pour démarrer ou arrêter séparément l’émission et l’enregistrement. Matrox propose une API pour intégrer le pilotage du Monarch dans des applications spécifiques et a prévu le pilotage de son encodeur via les automates Crestron. Voir le test complet du Matrox Monarch HD dans le Mediakwest #9.

 

L’encodeur de streaming SME 100 d’Extron est le seul modèle de notre panorama qui possède aussi des entrées VGA et DVI-D pour des images informatiques. En réalité, l’appareil regroupe dans son boîtier à la fois un encodeur de streaming mais aussi un scaler vidéo du type USP. Ce qui élargit la gamme de sources d’images mais au prix d’une complication des menus et de l’interface de contrôle. On y retrouve les paramètres habituels de configuration et un module de visualisation du flux vidéo avec une extension du navigateur. Les entrées audio stéréo sont démultipliées pour correspondre à chaque type de connectique image (BNC, VGA ou DVI compatible HDMI). Avec ses deux lignes, l’afficheur LCD est beaucoup trop limité et il faut passer par un navigateur Web d’usage plus confortable. Il dispose d’une interface RS-232 pour assurer un pilotage via un automate afin de contrôler ses principales fonctions ou rappeler des configurations mémorisées. Malgré de nombreux paramètres d’encodage, l’encodeur SME 100 souffre de l’absence du protocole RTMP d’Abode qui est utilisé sur de nombreuses plateformes ouvertes de diffusion en streaming (Ustream, Livestream, YouTube ou Dailymotion).

L’encodeur Extron SME 100 a longtemps été proposé en deux versions, l’une avec des résolutions en sortie streamée limitée à la SD et l’autre montant jusqu’à des résolutions HD. La première a été retirée du catalogue et ne subsiste que la version HD.

 

Il existe également de nombreux encodeurs de streaming chez les constructeurs de caméras de vidéo surveillance (Axis, Marshall, Truen…) ou de systèmes de distribution TV sur IP (Exterity, Ipso TV, Appear TV…). Malgré des performances ou des paramétrages similaires aux produits décrits ci-dessus, leur forme de boîtier et leur connectique rendent leur utilisation moins confortable dans le cadre d’une production ou dans une régie.