Lumimakr dispose de nombreux réglages pour convertir l’image SDR /HDR. © DR
Issue du monde de la photographie, l’entreprise a su transformer son expertise du stacking d’images en un outil, fluide et précis, destiné aux créateurs, coloristes et producteurs. Compatible avec les principaux logiciels de montage, le plug-in promet de démocratiser la postproduction HDR grâce à une technologie intelligente, accessible et conforme aux standards professionnels.
De la photographie à la vidéo : un pivot stratégique
Née de la passion pour l’image et de l’expertise en traitement HDR, la jeune pousse LumiMakr a choisi de réorienter ses travaux de la photo vers la vidéo. « Nous avons constaté un essor beaucoup plus fort du HDR dans la vidéographie que dans la photographie », explique Marie-Line Grès, associée et directrice générale. Cette évolution découle d’une étude de marché révélant un besoin croissant dans le secteur du broadcast et de la création vidéo, où le HDR s’impose désormais comme une norme incontournable. « Le HDR photo, aujourd’hui, attire moins. En revanche, dans la vidéo, il s’agit d’un marché dynamique, avec des workflows professionnels en constante mutation », poursuit-elle.
Une technologie de stacking repensée pour le temps réel

À l’origine, la technologie développée par LumiMakr repose sur le stacking d’images, un procédé exigeant en ressources de calcul. « Nous devions parvenir à une solution suffisamment rapide pour s’intégrer dans les outils utilisés au quotidien », précise Marie-Line Grès. Sous la houlette d’Hamza Diouri, ingénieur en charge du développement, une version « light » a vu le jour. Celle-ci permet désormais un traitement quasi en temps réel, tout en conservant l’essence de la technologie : une conversion SDR vers HDR fluide, naturelle et sans artefacts.
« Nous avons optimisé le code pour que la plupart des machines puissent l’utiliser efficacement, même sur des projets 4K », souligne Hamza. La version « pro », encore en cours de finalisation, offrira des options de stacking avancées et davantage de réglages manuels, au prix d’un temps de traitement supérieur.
Une intégration fluide dans les workflows existants
LumiMakr a d’abord choisi de développer son plug-in pour DaVinci Resolve, avant de s’attaquer à Premiere Pro et After Effects, dont les versions sont actuellement en phase de test. Le choix s’explique par la stratégie pragmatique de la start-up : cibler les logiciels les plus utilisés dans le HDR professionnel. À terme, l’équipe envisage également une compatibilité avec Final Cut Pro, voire Baselight et Avid Media Composer. « Notre objectif, c’est de faciliter le travail des créateurs », souligne Marie-Line. « Le plug-in intervient avant la postproduction, pour optimiser les rushes à conditions lumineuses difficiles et simplifier le travail d’étalonnage. »

Des fonctionnalités automatiques mais précises
L’une des forces du plug-in réside dans son approche automatique et intelligente : le tone mapping, la gestion des gammes de luminance et la conversion HLG/PQ sont gérés sans intervention manuelle, à l’aide de presets optimisés. Cinq profils sont proposés pour s’adapter à différents types de tournages, qu’il s’agisse de contenus broadcast, corporate ou cinéma. L’ambition, à terme, est d’enrichir ces préréglages et de permettre un contrôle plus fin pour les coloristes exigeants.
Le cœur de LumiMakr réside dans un pipeline de traitement propriétaire, conçu pour préserver l’intégrité des images, tout en éliminant le bruit et les artefacts de compression typiques des vidéos SDR.
- Filtrage sélectif et empilement intelligent : le bruit est isolé avant l’expansion de la plage dynamique, garantissant des hautes lumières nettes et une restitution fidèle des détails dans les ombres.
- Tone mapping adaptatif : inspiré de l’expertise acquise avec Photomatix, pionnier de la photographie HDR, il offre aux créateurs un contrôle stylistique sur le rendu final.
- Compatibilité HDR universelle : la solution prend en charge les deux principaux standards HDR – PQ (Perceptual Quantizer) et HLG (Hybrid Log-Gamma) – en conformité avec la recommandation BT.2100.

Des innovations différenciantes
Contrairement aux approches classiques de tone mapping ou aux solutions IA de conversion SDR-vers-HDR, LumiMakr introduit deux innovations majeures :
- un traitement sensible au bruit, qui supprime les artefacts avant d’élargir la plage dynamique. Résultat : un rendu plus propre, même sur des vidéos compressées ou tournées en basse lumière ;
- une fusion probabiliste des images, guidée par une carte statistique identifiant les zones à risque d’artefacts. Cela garantit une stabilité visuelle, y compris sur des plans instables (caméra à main levée, mouvements rapides).
Fonctionnalités clés :
- Expansion de plage dynamique : récupération des détails dans les zones sombres et lumineuses.
- Réduction de bruit : filtrage sélectif avant conversion pour préserver la netteté.
- Sorties HDR : export en PQ et HLG.
- Sorties SDR tone-mappées : cinq préréglages intégrés, adaptés à différents styles visuels.
- Rendu stable en mouvement : algorithmes de fusion assurant l’absence d’artefacts sur des séquences dynamiques.

Un modèle économique clair et abordable
LumiMakr a opté pour une licence perpétuelle, disponible à partir de 75 euros TTC pour la version Lite. Les mises à jour mineures sont incluses, tandis que les évolutions majeures – vers la version pro, par exemple – donneront lieu à une réévaluation tarifaire (autour de 110-120 euros).
Les ventes s’effectuent directement sur le site de l’entreprise, mais aussi bientôt via des plates-formes partenaires comme AEScript et, à terme, la marketplace d’Adobe. Des discussions sont également engagées avec Artlist Motion Array pour élargir la distribution internationale.
Ouverture à l’international et nouvelles collaborations
Grâce à sa participation au Satis et à l’IBC, LumiMakr a tissé des liens prometteurs, notamment avec l’association UWA et des acteurs du marché chinois. Des discussions sont en cours pour une compatibilité avec le format HDR Vivid, très présent en Asie, et des partenariats autour du tone mapping et de la standardisation HDR. « Nous croyons beaucoup aux collaborations techniques au sein d’un écosystème global », conclut Marie-Line Grès. « Notre ambition, c’est de rendre le HDR accessible à tous les créateurs, sans sacrifier la qualité ni la fluidité du workflow. »
Article paru pour la première fois dans Mediakwest #64, p.122-124






