Le Groupe Ouest remue les méninges des aspirants auteurs et réalisateurs au bout du monde !

Nous avons fait la connaissance d’Antoine Le Bos aux débuts de l’aventure du Groupe Ouest il y a plus de dix ans maintenant : tout était alors à inventer. L’essai étant aujourd’hui une réussite, nous l’avons sollicité pour qu’il vous présente l’esprit, le concept, les recherches ainsi que le travail actuel et l’avenir du groupe. Avec sa générosité habituelle, il a préféré donner la parole à Charlotte Le Vallégant, aujourd’hui directrice associée à ses côtés.
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Mediakwest : Charlotte, peut-on réaliser un flashback jusqu’à la genèse du projet pour présenter le Groupe Ouest à nos lecteurs ?

Charlotte Le Vallégant : Le Groupe Ouest est une association reconnue d’intérêt général créée en 2006 sous l’impulsion d’Antoine Le Bos, son fondateur. Antoine, scénariste et réalisateur, vivait alors à Paris et s’isolait ici en Côte des Légendes dans les moments où il avait besoin de se concentrer sur son travail d’écriture. En France, le secteur du cinéma est une caricature de la centralisation ; aussi lorsque son projet a germé, c’est avec une vraie volonté qu’il a souhaité localiser cette initiative loin de la capitale.

On s’est tout de suite interrogés sur le moyen d’offrir un « milieu » propice au travail créatif des auteurs créant les histoires et les imaginaires de demain. Nous pensons que si tous les gens qui créent cet univers le créent depuis le même endroit, cela laisse peu de place à des imaginaires multiples venant d’ailleurs ; nous voulions générer une alternative à cette centralisation parfois sclérosante. L’endroit où on se retrouve, où on réfléchit, où on écrit influe sur nos pensées. C’est pour cela que nous sommes ici à Brignogan à 600 km de Paris, sur un endroit au nom prédestiné : la Côte des Légendes.

Situé sur un littoral naturel encore sauvage et peu construit, l’atmosphère est particulière avec des rochers, une superbe lumière et une météo ultra changeante, le lieu a été choisi pour provoquer les conditions de l’émergence d’une création cinématographique. Après le choix de son implantation locale, Antoine s’est associé avec des coéquipiers qui sont devenus les membres du conseil d’administration. Cette équipe n’est pas forcément constituée de gens du cinéma, mais de bénévoles qui ont cru en un projet ancré sur le territoire, un lieu de création cinématographique de longs-métrages en Finistère Nord.

 

M. : Quelle était la nature du projet de départ ?

C. L. V. : Au départ, en 2006-2007, c’était un projet extrêmement foisonnant avec beaucoup de vision, d’envie, de désir, de rêve ! C’est ce qui m’a personnellement touchée : il y avait une vraie utopie. Lorsque nous sommes allés chercher les premiers financements, les financeurs et partenaires publics nous ont dit : « Démarrez votre histoire, on vous aidera ensuite ». Pour nous, le travail du scénario s’est imposé, c’est une étape du travail cinématographique qui nécessite des moyens limités : réunir des gens et des neurones.

 

M. : Quelle est l’idée de départ ?

C. L. V. : C’est d’accompagner des auteurs à travailler sur leur scénario au sein d’un lieu propice à favoriser l’émergence d’une nouvelle génération de cinéastes, accompagnés par des scénaristes consultants expérimentés sachant optimiser la force d’une histoire pour le cinéma et créer un récit porteur de sens. C’est un lieu pensé pour les auteurs et le travail des auteurs, par des auteurs. Les endroits destinés à favoriser le travail des auteurs le sont habituellement à l’initiative d’institutions publiques qui ne connaissent pas le processus d’écriture et de création ; ici tout ce qui a été mis en place au départ est issu de l’expérience internationale de trois scénaristes : Antoine Le Bos, Marcel Beaulieu, scénariste québécois avec une quarantaine de longs-métrages à son actif dont Marquise et Farinelli, et Yann Apperry, scénariste et romancier, prix Goncourt des lycéens 2003.

 

M. : Au début du projet, Antoine avait l’envie d’explorer le domaine de la production ?

C. L. V. : Au début, le champ des possibles était très vaste, on a testé énormément de choses. Certaines étaient très différentes de ce que l’on fait actuellement. Mais pour pérenniser une activité, il est nécessaire de faire des choix et également d’aller là où tu t’éclates.

 

M. : Vous vous êtes donc recentrés sur le scénario ?

C. L. V. : Absolument ! ce qui nous intéresse très fort au fond. Pour nous la production et le travail autour des nouvelles technologies est intéressant s’il est porté par un récit générateur de sens. Ce qui nous passionne, c’est d’être un repaire de gens qui ont envie de créer des histoires qui puissent servir aux êtres humains. On est heureux de voir évoluer des films comme Les Innocentes, sorti d’ici après que deux jeunes femmes de 23 et 25 ans nous aient sollicités pour les accompagner. Là où nous sommes forts, c’est dans l’accompagnement des auteurs et des cinéastes pour les aider à donner corps à leurs histoires.

Les collectivités nous ont fortement soutenus grâce à notre ancrage local et à notre implication, mais on a tout de suite souhaité associer des entreprises bretonnes à cette aventure en décloisonnant le monde artistique du monde économique, avec l’idée de créer une « mêlée de rugby » à l’échelle régionale pour générer un nouveau vecteur de développement, le cinéma de long-métrage ou les séries écrites depuis la Bretagne. On a également tout de suite pensé notre activité à l’échelle internationale parce qu’en 2006 et jusqu’à il y a peu de temps, l’État était très peu présent dans le financement de cette aventure, le CNC s’est impliqué il y a trois ans seulement. On souhaitait également retrouver une dynamique que l’on trouve à l’international.

 

M. : Y a-t-il des projets comme le Groupe Ouest à l’international ?

C. L. V. : Il existe des expériences de workshops autour du travail de l’écriture, mais on est le seul lieu de ce type en Europe. À l’international, je n’en connais pas non plus d’autres avec cette dynamique. Nous nous sommes très vite positionnés dans une logique de collaboration dans l’Europe des régions et c’est dans ce sens que nous avons entamé dès 2009 un partenariat entre le Finistère et la Cornouaille britannique : c’est un des points fondamentaux du projet.

Le Cross Channel Film Lab était un projet cofinancé par l’Europe avec pour but de réfléchir à l’intégration des nouvelles technologies dont la 3D relief dès la conception du récit. Nous avons depuis été partenaires d’une quinzaine de projets. En 2007, la première sélection annuelle a été lancée ; elle est aujourd’hui devenue la Rolls de l’accompagnement de cinéastes en phase d’écriture pour le monde francophone.

Cette année, nous avons reçu 234 projets pour huit places. En 2007, nous avions reçu 40 projets pour six places. C’est le programme historique du Groupe Ouest d’où sont sortis les films Divines et Les Innocentes. C’est un programme d’accompagnement et de suivi de développement de projets de film de cinéastes sur neuf mois, d’avril à décembre.

Pendant cette période, les auteurs participent à quatre sessions collectives de travail où ils sont accompagnés par deux consultants. Entre ces sessions, ils doivent avancer sur l’écriture de leurs histoires. Nous aimons décloisonner et mêler les expériences, nous souhaitons donc ouvrir plus largement la sélection à des gens issus du secteur du théâtre et des arts visuels notamment.

Année après année, le nombre de candidats n’a cessé de croître. Frustrés de ne pas pouvoir accompagner plus de gens, en 2012 nous avons monté notre deuxième structure : un organisme de formation, Le Groupe Ouest Développement. Nous y mettons au point des workshops avec le même soin humain et la même approche que pour la sélection annuelle, avec un processus électif différent.

La sélection annuelle dispose de huit places. Les auteurs payent leur transport jusqu’ici, tout est ensuite pris en charge par nos partenaires. Ne pouvant pas démultiplier ce type de projet, nous avons créé la structure de formation avec un fonctionnement différent : on se base sur le parcours des auteurs et leurs besoins, plus que sur la nature de leurs projets. Nous avons la réputation de créer des groupes humains forts et cohérents et de générer des interactions fortes : c’est primordial pour nous.

 

M. : Le centre de formation est-il structuré de manière traditionnelle ?

C. L. V. : Complètement ! Notre offre et les renseignements sont accessibles sur Internet. Le mot « formation » en France a mauvaise presse, là où le mot anglais équivalent, « training », n’a pas cette connotation scolaire et trop théorisante. Nous avons donc porté une grande attention à la manière avec laquelle nous préparons et présentons notre projet : ce ne sont pas uniquement des classes de formation « à la chaîne », mais un projet porteur de sens.

 

M. : Comment cela se matérialise-t-il ?

C. L. V. : Nous mettons en place un certain nombre de sessions par an ; cette année nous avons accompagné un peu moins de 200 auteurs.

 

M. : Toutes les sessions se passent ici à Brignogan ?

C. L. V. : Dans le cadre de nos collaborations internationales, nous décentralisons des workshops à l’étranger avec des scénaristes consultants qui travaillent avec nous régulièrement. Ce sont des partenaires qui nous sollicitent, des membres de l’équipe se rendent sur place pour lancer le workshop. Une fois la session lancée, des débriefs quotidiens sont organisés. Nous sommes concepteurs des workshops ; c’est vraiment un savoir-faire pensé et conçu en Finistère et délocalisé à l’étranger, par exemple récemment en Macédoine et en Lituanie.

Depuis quatre ans, nous proposons également une plate-forme européenne de coaching de projets inscrits dans une logique de budget limité ; le projet LIM (less is more) cofinancé par Europe Créative Médias est né à notre initiative avec des partenaires en Roumanie, en Flandre, en Pologne et en région Bretagne. Il s’agit d’un programme de suivi de développement sur huit mois – de mars à octobre – pour des cinéastes du monde entier. Cette année nous avons organisé trois workshops collectifs, en Pologne, en Roumanie et dans le Finistère. Les séances présentielles sont complétées d’un suivi à distance.

Les seize lauréats du dernier projet sont de quinze nationalités différentes : les déraciner participe également au projet. C’est assez incroyable de réunir quinze nationalités, quinze cultures, quinze manières de raconter des histoires différentes et de voir comment on peut contribuer à ce que ces jeunes auteurs, avec toutes leurs singularités, leurs spécificités, trouvent une manière de raconter leurs histoires pour toucher d’autres gens. Pour LIM aujourd’hui, il y a seize places avec 350 candidatures de 65 pays différents chaque année.

 

M. : Comment vous êtes-vous fait connaître ?

C. L. V. : C’est une bonne question ! Par les réseaux sociaux, le web et les différents relais de médias et grâce à nos partenaires partout en Europe, qui sollicitent des talents de leurs propres pays : dès la première année, nous avions 300 candidatures, on a un peu halluciné. Le travail de LIM touche nos partenaires internationaux qui ont une politique forte d’accompagnement des cinéastes déjà établis dans leurs pays, mais qui sont moins équipés pour favoriser l’émergence de nouveaux talents. C’est vraiment un endroit propice à cela, comme pour la sélection annuelle nous accueillons des projets du premier au troisième film.

 

M. : Pouvez-vous nous préciser ce qui attend les auteurs au cours des workshops ou de la sélection annuelle ?

C. L. V. : Nous sommes un peu comme des chercheurs d’or en fait ! À l’arrivée des auteurs, on détecte un potentiel, une pépite à l’intérieur d’une boule de boue. Ensuite, on enlève la boue, on les aide à chercher où sont leurs forces, l’endroit où ils peuvent « pousser ». Jamais nous ne nous substituons à eux et essayons d’écrire leurs scénarios. On respecte le processus d’écriture et d’accouchement que l’on connaît bien, il nous est donc impossible d’imposer un principe de résultat ; cela dépend de l’état de maturité de l’auteur face à lui-même et face à son projet ; cela dépend aussi du temps qu’il est prêt à investir. Notre travail consiste à les aider à explorer leur matière, à en sortir des lignes de force et à faire des choix pour consolider la colonne vertébrale qui guidera le spectateur d’un début vers une fin !

 

M. : En regardant dans le rétroviseur, que se passe-t-il généralement à la fin ?

C. L. V. : À ce moment, une étape difficile se présente à eux, la recherche des partenaires de collaboration et de production. On les renforce pour cela. Avant d’écrire leur premier film, ils n’ont pas de producteurs et il leur faut également manger. Plutôt que de les rémunérer, on les soutient dans cette démarche.

 

M. : J’imagine que vous êtes connus des structures de production. Y a-t-il des producteurs qui s’engagent à accompagner les auteurs sortant de vos sessions ?

C. L. V. : Nous mettons régulièrement en place des évènements, par exemple pour LIM, un festival en Roumanie pour présenter des projets et favoriser les rencontres avec les auteurs. Nous cherchons un nouveau lieu pour 2020. Nous souhaitons rapprocher les scénaristes et les producteurs ; et aujourd’hui les sociétés de production regardent de près les projets issus de nos sélections. Pendant trois ans (de 2015 à 2018), nous avons créé les talents de la sélection, avec la fondation GAN. Nous sommes allés chercher des projets issus des différentes régions de France et une sélection de dix projets a été présentée à 150 professionnels, dont plus de la moitié de producteurs à l’occasion d’un événement au mois de mars.

 

M. : Peux-tu nous indiquer des noms de projets célèbres sortis de chez vous ?

C. L. V. : Quand Divines obtient la Caméra d’Or à Cannes, pour nous c’est juste dingue ! Elle était ici en 2013. Le film d’animation Adama a été écrit ici en 2009 et Les Innocentes en 2011. De très beaux films sortent de Groupe Ouest, mais étant positionné en tant que « pépinière » cela met du temps. Nous sommes à l’étape de recherche et développement, il y a donc des réussites et des abandons. Dans le domaine de la création si tu n’autorises pas cela, tu ne fais plus rien ! Nous faisons des paris, les auteurs également : ils viennent ici avec un embryon de film. C’est une étape compliquée lorsqu’on n’est pas dans les réseaux habituels, qu’on ne fait pas partie des familles de cinéma.

Nous accompagnons ceux qui portent des projets forts, qu’ils soient sortis de grandes écoles ou non. Les consultants avec lesquels nous travaillons partagent notre état d’esprit ; plusieurs d’entre eux sont passés ici et deviennent scénaristes consultants. On a décelé dans la dynamique collective leur extrême générosité et leur capacité à accompagner d’autres auteurs.

 

M. : Quelles sont les qualités nécessaires pour réussir à encadrer des auteurs sur leurs projets ?

C. L. V. : C’est principalement l’expérience en tant que scénariste et éventuellement réalisateur ; c’est également une maîtrise de ce qui fait l’histoire, de l’écrit pour l’image cinématographique. Il est également question de sensibilité à la transmission et de savoir formuler les explications. Parce qu’un réalisateur, et dans une moindre mesure un scénariste, est nécessairement quelqu’un d’ultra centré sur sa propre préoccupation et son film. Pour avoir la capacité à encadrer un collectif d’auteurs et les aider à accoucher de leurs œuvres, un certain altruisme est nécessaire.

 

M. : Nous avions évoqué avec Antoine, au début de l’aventure du Groupe Ouest, le projet de créer des chambres dans les locaux ? Le projet est-il toujours d’actualité ?

C. L. V. : En fait, pour nous l’intégration locale du projet est primordiale et nous souhaitons conserver le lien fort avec la population locale. Les 22 personnes que nous accueillons se restaurent et dorment à proximité. Nous louons des maisons et faisons travailler des traiteurs pour chacune de nos sessions. Chaque soir, par groupe, une maison accueille le dîner du soir après une petite balade sur la plage pour s’aérer les neurones, c’est un ingrédient fort du projet. Nous tenions à ce que les auteurs puissent changer d’espace après les sessions de travail. Nous avons créé un environnement pour prendre soin du contenu des projets, et également de l’expérience humaine entre les êtres.

 

M : Tu nous a parlé de trois structures, et en a décrit deux. Peux-tu nous préciser ce qu’est la troisième ?

C. L. V. : Elle a été créée en 2014 et s’appelle le Breizh Film Fund. C’est un fonds privé de dotation créé suite à une étude cofinancée par la Région et le Crédit agricole du Finistère, pour soutenir le cinéma indépendant. Le Crédit agricole a injecté un million d’euros pour trois années d’exercices, ce qui nous a permis de financer de nombreux beaux films, dont Bitter Flowers, sorti très récemment, produit par la société rennaise Mille et Une Films.

Ce projet complète les ingrédients que nous souhaitons mettre à disposition pour contribuer à l’émergence d’une cinématographie de long-métrage en Bretagne, afin que ce fonds régional privé complète le fonds public de la région Bretagne pour générer auprès des productions un effet de levier de financement. On a également contribué à financer des coproductions entre la Bretagne et des pays du monde entier. Le Breizh Film Fund a eu lieu de 2014 à 2017.

 

M. : Peux-tu nous parler de votre partenariat avec Arte ?

C. L. V. : Arte nous a sollicités pour proposer à des auteurs qu’ils ont repérés, avec lesquels ils ont une convention d’écriture, ou des auteurs de leur vivier de talents, d’intégrer une de nos sessions de travail. Cela leur permet de développer des projets – essentiellement des séries – d’une manière nouvelle et originale. Notre travail consiste à brasser et à analyser les idées, à traquer celles qui semblent bonnes, mais finalement ne tiendront pas longtemps avant de partir en écriture. Nous voulons éviter aux auteurs de trimer au milieu d’un projet afin de trouver des ressorts scénaristiques alors que le départ est trop faible, peut-être un peu mou. Avec eux, nous avons mis en place un travail d’écriture dédié à la série pour passer d’un travail de tri, de choix, de multiplication des idées vers la première étape d’un concept.

 

M. : En arrivant chez vous, nous passons devant le lycée Saint-François Notre-Dame au sein duquel se trouve, en plein milieu de la Bretagne, un BTS audiovisuel. Vous avez participé à ce projet, peux-tu nous préciser comment ?

C. L. V. : Pour que ce BTS en alternance puisse être mis en place, il fallait qu’il soit en lien avec des partenaires professionnels. À cette époque, Thierry Lavarec était le directeur du lycée St-François Notre-Dame et c’est lui qui a piloté la création du BTS qui n’existait pas en Bretagne jusqu’alors. La première option proposée au lycée était le montage. Nous avons tenu à nous associer à cette aventure pour donner une suite aux options cinéma et audiovisuel dans les lycées qui depuis 35 ans font éclore des talents bretons, des tout petits poucets qu’on laisse sortir de Bretagne pour leurs formations post bac. C’est une question de dynamisme du territoire.

Tous les deux ans, nous accueillons au sein du Groupe Ouest un nouvel apprenti du BTS. On organise également certaines années des sessions de travail pour les étudiants dans nos locaux sur la question de la construction du récit et pour l’option montage sur la nouvelle écriture que représente cette phase du travail, ainsi que la question de la dramaturgie au montage.

 

M. : Nous arrivons à la fin de cet entretien, où tu nous as présenté la richesse de vos propositions. J’imagine que vous avez de nouvelles expériences bouillonnantes en développement ?

C. L. V. : Je tenais à conclure en évoquant un projet initié en 2019, le storyTANK : un think-tank associant des scénaristes et des chercheurs dans des champs adjacents : sciences cognitives, mathématiques, phénoménologie pour interroger le processus créatif et se questionner sur la « réception » du récit par le spectateur et sur la physiologie du récit. On connaît la force du récit : il génère des groupes humains et nous permet aujourd’hui de vivre en société. Il nous semblait important de nous interroger sur l’anthropologie du récit dans notre monde contemporain et de faire croiser des gens qui en général n’en ont jamais l’occasion : comment repense-t-on une forme de paradigme européen sur la question du récit avec les spécificités et les pluralités de ce continent ?

C’est un peu la cellule R&D du groupe inclus dans un projet européen sur trois ans avec la participation du CNC. Nous réfléchissons à une captation audiovisuelle destinée aux réseaux sociaux avec l’équipe fondatrice de la chaîne YouTube, « les parasites », pour proposer une restitution des rendez-vous professionnels et éventuellement une publication. On souhaite travailler sur une recherche véritablement appliquée qui puisse servir à des jeunes auteurs. Aujourd’hui l’Europe a laissé cette théorisation du récit en jachère alors que le fondement du récit et des histoires est très européen.

 

Article paru pour la première fois dans Mediakwest #34, p.28/31. Abonnez-vous à Mediakwest (5 numéros/an + 1 Hors-Série « Guide du tournage ») pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.