Des disques durs SSD déchargeurs de médias

Quoi de plus important que la mise en sécurité de vos médias, photos, vidéos ou sons ? Sur le terrain, il est souvent délicat, voire impossible de braver les éléments et d’installer un ordinateur portable pour décharger sereinement ses cartes mémoires ou transférer le contenu d’un disque dur. C’est un besoin auquel Western Digital et LaCie ont répondu en proposant depuis quelques années des solutions autonomes de sauvegarde des médias. Les deux modèles que nous testons aujourd’hui sont équipés de disques durs SSD rapides, d’une batterie et d’un lecteur de cartes SD, mais ils proposent également des caractéristiques et fonctionnalités sensiblement différentes.

Aujourd’hui premier fabricant mondial de disques durs, fondée en 1970, l’entreprise WESTERN DIGITAL CORPORATION a proposé ses premiers disques en 1988. Les Raptor et Velociraptor sont deux célébrités : des disques durs grand public tournant à 10 000 tours par minute. Western Digital est devenu un groupe multimarques en ayant pris soin de diversifier son offre de stockage avec l’acquisition de SanDisk pour les mémoires flash, Upthere pour le stockage cloud et G-Technology, une marque dédiée aux professionnels des médias.

Concernant la sauvegarde sur le terrain, WD n’en est pas à son coup d’essai. La marque aime proposer des solutions adaptées aux vidéastes et photographes. Le WD Wireless SSD est l’évolution du modèle à disque HDD My Passport Wireless Pro lancé en 2016. Ce dernier est formaté pour être compatible Mac et PC, alors que les versions SSD sont nativement formatées au format Windows NTFS. Elles peuvent cependant être utilisées sur Mac grâce à un pilote livré avec le produit ou être formatées dans un standard directement compatible Apple (exFAT ou HFS+).

 

Le Western Digital Wireless SSD

Disponibles sous quatre capacités (250, 500 Go, 1 et 2 To), les disques durs sont pourvus d’un entourage amovible amortissant les chocs. Les prix s’échelonnent de 259,99 à 879,99 €. Si on se réfère au prix/Go, les modèles de faible capacité sont moins avantageux. De 1€/Go pour le modèle 250 Go, ils passent respectivement à 70, 56 et 44 centimes d’euros pour les modèles plus conséquents.

L’adoption de disques SSD impacte sensiblement le tarif au bénéfice d’une solidité et d’une fiabilité accrue pour une vitesse trois à quatre fois supérieure. Nous avons mesuré sous différentes conditions, sur Mac et PC, des vitesses moyennes de 380 Mbits/s en lecture et en écriture, fidèles à l’annonce de la vitesse maximum de 390 Mbits/s indiquée par la marque. Les commandes restent sobres : un bouton pour la mise en route et un second pour initier les quatre leds informant sur l’état de la batterie et commander le transfert des cartes SD. La troisième fonction de ce bouton est le paramétrage initial du wi-fi (WPS – wi-fi Protected Setup).

 

Dans la boîte

Le disque est livré avec un câble USB 3.0 type A vers micro B qui sert également à la recharge du disque grâce à l’adaptateur d’alimentation USB. Pour les possesseurs de MacBook Pro et de nombreux ordinateurs PC récents équipés en USB-C, il sera nécessaire d’investir dans un adaptateur. La pleine charge de la batterie LI-ION de 6 700 mAh permet une journée entière de fonctionnement (jusqu’à dix heures). Cette batterie autorise le chargement de smartphones ou d’autres appareils externes, avec une puissance pouvant atteindre 1,5 A !

Paramétrer le My Passport Wireless SSD est un vrai plaisir. Au déballage on est invité à renseigner les coordonnées wi-fi (connexion selon la norme 802.11ac à 2,4 ou 5 GHz) pour associer le disque à un téléphone Android ou à un iPhone équipé de l’application dédiée. On peut également utiliser un ordinateur via un explorateur web. Collé sur le dessus du My Passport, un autocollant indique les coordonnés wi-fi d’usine du disque. Si possible, la connexion 5 GHz propose un meilleur débit.

Les dimensions sont assez imposantes (135 x 135 x 30 mm) pour un poids de 461 grammes (359 sans la protection). Le disque n’est pas « certifié » résistant aux intempéries et à la poussière, mais son entourage, tout en lui donnant un look pro, le protège efficacement des chutes, même en cours d’utilisation (avantage du SSD) et sécurise les boutons.

 

Les transferts

Pour transférer le contenu d’une carte SD, il suffit d’appuyer sur le bouton dédié. Parmi les fonctionnalités logicielles, il est possible de valider la copie automatique des médias dès insertion de la carte dans le lecteur. Pour éviter les doublons et les multi-copies de nombreux fichiers à l’insertion de cartes qui ne seraient pas vidées, le logiciel permet de programmer une copie des seuls nouveaux fichiers ajoutés à la carte (après qu’une première copie ait été effectuée). Attention de ne pas enlever votre carte SD de son emplacement avant la fin des transferts en cours, au risque de la corrompre !

Vous pouvez suivre l’évolution de la copie du contenu d’une carte SD avec les quatre leds également utiles pour monitorer la charge de la batterie. Les leds s’illuminent les unes après les autres. Lorsqu’elles sont toutes les quatre simultanément allumées et stabilisées, votre transfert est terminé. Nous avons mesuré des débits un peu inférieurs à 50 Mbits/s (65 Mbits/s maximum selon le constructeur).

 

Prise USB 2.0 On-The-Go

Pour décharger des cartes autres que les SD/SDHC et SDXC, vous pouvez connecter un lecteur via la prise USB 2.0 OTG (On-The-Go), avec un débit limité par les caractéristiques de cette norme (35 Mbits/s). Les transferts depuis un disque dur connecté sur cette entrée seront également ralentis.

 

My cloud app

Vous pouvez suivre plus fidèlement les transferts à l’aide de l’app iPhone ou Android My Cloud app. Une fois ceux-ci terminés, l’application permet le visionnage sans fil des fichiers (photos Raw incluses). Vous pouvez associer des services « cloud » dans l’app My Cloud App (Google Drive, Dropbox) et copier des fichiers entre ces derniers et le disque. Pour lire ou récupérer les fichiers sur un ordinateur, vous pouvez ici aussi passer par le réseau wi-fi, ces derniers seront accessibles en partage de fichier SMB. Si vous souhaitez profiter du débit du SSD la connexion USB 3.0 est indispensable.

 

Transfert de photos en wi-fi/FTP

Parmi les pléthoriques fonctions du Wireless SSD, l’une d’entre elles est accessible à un nombre restreint de photographes. Leurs appareils doivent être équipés de fonctionnalités wi-fi et également du support FTP intégré (c’est le cas du Canon 5D Mark IV) ou d’un accessoire externe comme le WFT-E8A de Canon. Les photos sont automatiquement sauvegardées sur le disque sans affecter le buffer de la caméra, en Jpeg et en Raw.

 

Lecture de médias et streamer intégré

Un player intégré lit directement les fichiers musicaux ou vidéos copiés sur votre disque, notamment les vidéos transférées depuis les caméras ou smartphones à l’issue des tournages. Il est possible de streamer directement depuis le disque des médias jusqu’en 4K. Le serveur Twonky présent d’usine sur le disque permet « d’alimenter » les lecteurs DLNA. En chargeant les médias sauvés dans les dossiers dédiés du disque elles sont donc lisibles sur de nombreuses Smart TV, ou via l’application VLC. On peut également opter pour la célèbre application Plex Media Server et son interface type Netflix sur smartphone, tablette, PC ou Mac.

 

Transfert automatique des médias dès le tournage avec Filmic Pro

Tout est dit dans le titre, et c’est peut-être une fonctionnalité des plus novatrices pour les vidéastes adeptes de l’application de tournage « pro » pour smartphones. Dès la fin d’une prise de vue, le transfert est initié en wi-fi entre le smartphone et le disque dur. Dans l’application, une icône en forme de nuage est associée aux plans ainsi mis à l’abri. Ils peuvent alors être supprimés de la bibliothèque de médias de l’application.

Selon l’importance de vos rushes, il peut être sage de les sécuriser sur un second disque au préalable, et surtout de vérifier leur intégrité depuis l’app My Cloud de WD. Le transfert automatique peut être désactivé, il est alors possible de consulter les clips tournés via l’interface de Filmic et de choisir les plans à transférer. LumaFusion, l’application de montage de LumaTouch bénéficie elle aussi d’un lien avec le MyPassport Wireless SSD, permettant de monter directement à partir des médias stockés sur le disque.

 

LACIE

LaCie (pour la compagnie ou la société) c’est la belle histoire d’une entreprise française qui rachète une société américaine pour se développer !

Electronique d2, société fondée en 1989 par Pierre Fournier et Philippe Spruch, commercialisait des disques durs assemblés dans des boîtiers externes SCSI, au départ essentiellement pour les ordinateurs Apple. De l’autre côté de l’Atlantique, c’est en 1987 à Tigard dans l’Oregon que Joel Kamerman a cofondé LaCie. Le fabricant spécialiste du stockage informatique Quantum l’a racheté via sa filiale Plus Développement en décembre 1990.

Joel Kamerman a dirigé l’entreprise jusqu’en 1995 lors de son acquisition par Electronique d2. Les deux sociétés proposaient des produits de stockage externe et portaient un même soin particulier au design de leurs produits, n’hésitant pas pour cela à faire appel aux talents de designers de renom : Philippe Starck, Neil Poulton, Ora-ïto, et l’agence Porsche Design. En mai 2012, la loi des grands regroupements et des multinationales n’épargna pas LaCie qui est achetée par Seagate.

 

Le LaCie Rugged Boss SSD

Comme nous le suggérions en introduction de cet article, les deux produits testés dans ces colonnes partagent des bases communes, mais présentent des philosophies d’utilisation différentes. Avec ce disque dessiné par Neil Poulton, LaCie cible les fonctionnalités essentielles recherchées par les utilisateurs sur le terrain : la sécurisation des médias sans ordinateur, une alimentation autonome et un pilotage par smartphone pour explorer et visualiser le contenu du disque. Et c’est tout !

 

Héritage

Il faut admettre que l’ADN de ce disque est bon : sa maman est l’iconique solution de transport de médias, Rugged, sortie en 2005 et son papa est le plus récent DJI Copilote, premier disque déchargeur de médias sur le terrain. Celui-ci enferme un disque dur à la taille plus conséquente de 2 To, un modèle plus traditionnel à plateau. Le design originel du Rugged fut notamment inspiré d’après Neil Poulton du « Spectrum Poursuit Vehicle », un tank d’une série TV anglaise des années 60, Captain Scarlet and the Mysterons.

La matière rebondissante participe à la protection du disque. Sa célèbre couleur orange a été choisie pour souligner le lien de parenté avec les ballons de basket… rebondissants. À l’occasion de l’IBC 2019, LaCie a annoncé trois nouveaux modèles Rugged équipés de disques à mémoire flash : les Rugged SSD, Rugged SSD Pro et le Rugged Boss SSD, objet de ce test, commercialisé au prix indicatif de 539,99 €.

 

Livraison

Si vous ne trouvez pas dans la panoplie de câbles livrés avec le Rugged Boss celui qui lui ouvrira les portes de votre smartphone, c’est certainement que ce dernier est trop vieux ! Il est temps pour lui de prendre sa retraite (pour un usage multimédia bien sûr, gardez-le pour téléphoner). Jugez plutôt : câble USB-C (USB 3.1, 10 Gbits/s), câble USB-C à USB-A (compatible USB 3.0), câbles Lightning, micro-USB et USB-C pour les appareils mobiles. Ils sont complétés d’une alimentation externe et d’un adaptateur de carte microSD.

Accessible derrière un cache usiné dans la fameuse matière orange, quatre prises entourent un lecteur de cartes SD. À gauche, une prise d’alimentation permet le rechargement de la batterie, les longues utilisations, ou la sauvegarde de la charge pendant l’utilisation. Suivent un port USB de type A, un port USB-C, le lecteur de cartes SD et finalement la prise pour les câbles de branchement des smartphones. Le disque pèse 505 grammes et mesure 36 mm d’épaisseur pour 110 mm de large et 136 mm de haut. La batterie interne d’une capacité de 2 550 mAh permet un fonctionnement autonome du disque et pourra recharger un smartphone en cas de besoin.

Le disque utilisé est un modèle Barracuda SSD TLC 3D Sata. Il autorise un débit confortable que l’on a mesuré à une moyenne de 410 Mbits/s en lecture et 420 Mbits/s , très proches du débit maximum annoncé par LaCie de 430 Mbits/sec. De son côté le Rugged SSD Pro annonce, grâce à son disque NVMe, un débit impressionnant de 2,8 Gbits/sec. Le Rugged Boss SSD Pro résiste aux chutes jusqu’à une hauteur de 1 m 20. Même si, contrairement au Rugged SSD et SSD Pro, le Boss n’est pas certifié ip67, son entourage orange et ses caches le protègent efficacement.

 

Avoir son Boss comme assistant

Cet acronyme, nom de l’application pour smartphone et tablette (iOs ou Android) signifie « Back up On Set Solution » (solution de sauvegarde sur le terrain). Le disque se connecte par câble au smartphone. Un appui sur l’unique bouton de commande (LaCie le nomme bouton d’action) du disque initie le lien avec le téléphone.

L’application LaCie Boss permet de paramétrer les différentes options de sauvegarde et de copie des médias depuis les différents supports (les cartes SD et micro SD, les disques connectés au port USB et le contenu du portable lui-même) vers le disque, de gérer le contenu du disque et de consulter les fichiers. Côté paramétrage, il est possible de valider une vérification des copies et de choisir une copie incrémentale en cas d’insertion d’une carte dont le contenu initial aurait déjà été copié au préalable.

Cette dernière fonction déjà présente sur la solution de Western Digital permet de sauvegarder de l’espace de stockage qui serait inutilement occupé par des fichiers en double. On garde également une organisation plus « propre » du contenu copié sur le disque.

 

Vérification de copie digne d’un DIT

Les DIT, Digital Imaging Technician, sont des professionnels hautement qualifiés dont un des rôles est la vérification et la sécurisation de la copie des rushes sur les tournages (on set). Des constructeurs et des éditeurs de logiciels ont spécialisé une gamme d’outils pour les accompagner et faciliter leur travail.

Il faut également être conscient que la copie de données informatiques depuis un support de stockage vers un disque dur n’est nativement pas assurée. À l’issue des copies, les données peuvent sembler équivalentes entre le support et le disque destinataire, en nommage et en poids, tout en étant en fait légèrement ou fortement corrompues.

C’est pour cela qu’il est demandé aux DIT de vérifier les copies, et de livrer des fichiers « log » attestant de cette vérification par des logiciels dédiés. Ces logiciels adoptent des algorithmes divers. Le plus utilisé sur de nombreux logiciels est le célèbre MD5. L’éditeur Pomfort dans son outil silverstack propose différentes versions de l’algorithme xxHash. Aussi sûr que le MD5, cet algorithme est très rapide pour les débits supérieurs à 350 Mbits/s (et légèrement inférieur à MD5 pour des vitesses inférieures à 300 Mbits/s).

Je remercie David Ashkinazy, chef produit chez LaCie, qui nous a renseignés sur le choix de la marque en termes de vérification. LaCie utilise pour son Rugged Boss l’algorithme open source xxHash64, et permet même la génération d’un fichier log avec le bouton « afficher les journaux de sauvegarde » accessible dans le menu Copies SD/USB de l’app LaCie Boss.

 

En plus du smartphone, connexion aux iPad et ordinateurs

En plus de disques durs externes, le port USB de type A autorise la connexion de nombreux autres dispositifs de stockage, drones, appareils photos, mais également iPhone, iPad ou téléphones Android. La fonction de copie simple initie alors le transfert de l’intégralité du contenu des tablettes ou smartphones. L’application LaCie BOSS sera alors d’une grande aide pour choisir les fichiers à copier.

Le port USB 3.1 Gen 1 au format USB Type-C permet de connecter le disque à un ordinateur Mac ou PC. Afin d’éviter d’interrompre les éventuelles copies en cours, le disque doit être préalablement éteint. C’est l’ordinateur qui pilote les copies. Le disque fait office de concentrateur, l’ordinateur pouvant accéder aux cartes et périphériques de stockages connectés (attention de bien éjecter les cartes ou périphériques de stockage avant le disque).

 

Écran de contrôle

Atout fort de ce disque, le discret écran LCD du Rugged Boss SSD transparaît au travers de sa surface. Il indique des informations essentielles, la mise en marche, le lancement des copies, la charge de la batterie, l’avancement des copies et la capacité restante du disque.

 

CONCLUSION

 Ces deux disques nous prouvent aujourd’hui qu’ils peuvent être bien plus que des solutions de stockage externe à exploiter avec un ordinateur. L’étendue des fonctionnalités du disque Western Digital Wireless SSD est impressionnante, notamment son intégration avec les apps Filmic Pro et LumaFusion. Le disque LaCie se concentre sur des fonctionnalités de sauvegarde solides et sécurisées, une connexion directe par câble aux smartphones et un afficheur efficace intégré au LaCie Rugged Boss SSD.

Deux offres différentes et élégantes : demandez-en plus à vos disques ! Avec l’adoption du SSD dans ces modèles, vous pouvez récupérer vos médias ou rushes 4K plus rapidement sur vos stations de travail, voire travailler directement depuis le disque en cas d’urgence !