Paris 2024 – Panasonic est dans les starting-blocks

Depuis Barcelone 1992, Panasonic est le fournisseur officiel de l’équipement audiovisuel professionnel pour les Jeux Olympiques. Chez le fabricant japonais, des équipes dédiées travaillent en continu chaque année sur la préparation des jeux à venir. Focus sur ces projets d’installations et les technologies utilisées pour Paris 2024.
Depuis 1992, Panasonic est le fournisseur officiel de l’équipement audiovisuel professionnel pour les JO. © DR

Panasonic est partenaire mondial des Jeux Olympiques depuis 1987, puis des Jeux Paralympiques depuis 2014. Il est aujourd’hui encore « Top Partner » du CIO (Comité International Olympique). À ce titre, il est le seul fournisseur de l’ensemble des produits professionnels audiovisuel broadcast et CCTV, mais aussi des produits grand public. Cela regroupe aussi bien les caméras de studio, les mélangeurs vidéo, les vidéoprojecteurs ou les caméras de sécurité, que les sèche-cheveux ou les fours micro-ondes pour réchauffer les repas des athlètes, en passant par les milliers de téléviseurs et barres de son qui équipent le village olympique et les sites olympiques.

L’implication de Panasonic ne se résume pas à la fourniture de matériel mais à une gestion de projet continue. Cette tâche est confiée à John Ryder, chef de projet Panasonic Olympic. Depuis 2008, son travail à temps plein est consacré aux JO et va consister à étudier chaque site, spécifier le choix du matériel audiovisuel et diriger son installation, en étroite collaboration avec le CIO et OBS (Olympic Broadcasting Services est l’organisation responsable de la production du contenu pour tous les diffuseurs).

L’équipe de John Ryder se compose d’environ 300 personnes : des équipes de Panasonic, avec notamment des ingénieurs et techniciens japonais pour le support, mais aussi tous les partenaires technologiques. Après le succès des JO de Tokyo, pas de répit, le projet Paris 2024 devient la nouvelle cible.

 

Près de 40 ans de partenariat JO/Panasonic © DR

 

Une organisation à grande échelle

Le centre névralgique pour la diffusion audiovisuelle des JO est l’IBC (International Broadcast Centre), c’est une installation temporaire recréée de toute pièce à chaque Jeux Olympiques. Pour Paris 2024, l’IBC sera situé dans le parc d’exposition du Bourget. Non loin de là, à Dugny, se trouve le Village des Médias qui offrira les meilleures conditions de travail possible aux 15 000 professionnels attendus : OBS, diffuseurs, journalistes et équipes techniques. Le Palais des Congrès de la porte Maillot accueillera le MPC (Media Press Centre) pour accueillir les 25 000 journalistes qui couvriront les jeux.

« La mise en œuvre de l’IBC est 100 % Panasonic et gérée directement par les équipes japonaises. Nous y avons installé plusieurs centaines d’écrans. L’IBC est aussi le lieu où se trouve le centre de service également piloté par Panasonic Japon dont une dizaine de personnes seront actives sur place pendant toute la durée des jeux. Concernant le service, nous avons des unités de backup pour chaque produit et nous procédons par échange de produits instantanés », précise André Métérian, directeur de la business unit Professional Video Systems EMEA chez Panasonic.

L’autre projet d’envergure, ce sont les installations audiovisuelles consacrées à la « présentation des sports », surtout pour les sites éphémères où tout est à construire. Des films seront diffusés avant les épreuves pour présenter aux spectateurs chacune des quarante-quatre disciplines, le déroulement de l’épreuve, les règles…

« Ce pre-show est assez unique dans une compétition sportive. Pour mettre en œuvre ces shows, certaines fédérations font des demandes, le CIO fait des demandes, nous Panasonic, faisons des propositions puis nous fournissons ce qui est validé. Sur les sites comme les stades de Ligue 1 ou Roland-Garros qui sont déjà équipés, nous vérifions quels sont les équipements locaux que nous pouvons réutiliser, mais sur les sites éphémères, nous partons de zéro. Au vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines où se dérouleront les épreuves de vélo sur piste et de BMX, un dispositif impressionnant de vidéoprojection permettra d’afficher sur la totalité de la piste. En général, des écrans Led sont utilisés pour les films et les projecteurs pour la scénographie », annonce John Ryder.

En parallèle de la captation pour la diffusion TV, sur chaque site, seront également déployées des caméras destinées à filmer le public ou des athlètes, et éventuellement faire des interviews pour un contenu qui sera destiné aux écrans du site exclusivement.

 

Les caméras PTZ outdoor AW-HR140 de Panasonic captent les épreuves de tir à l’arc aux derniers JO de Tokyo. © DR

 

Des JO sous le signe du développement durable

La première diffusion en HD des JO a eu lieu en 2008 aux JO d’été de Pékin. La première production en UHD a eu lieu pour les JO d’hiver en 2022 encore à Pékin. Va-t-on assister à des JO en 8K ? Pas encore.

« Le choix de Paris 2024 a été de faire des jeux écoresponsables et économiques et donc de ne pas nécessairement se lancer dans des exploits industriels. Les productions seront en Full HD et UHD, l’idée de rentrer dans une logique plus écoresponsable. Le maître mot pour ces JO est “sustainability” synonyme de développement durable », précise André Métérian.

Pour aller dans ce sens, les principales innovations technologiques qui seront déployées et que nous allons détailler dans la suite de l’article sont l’exploitation des plates-formes IT/IP Kairos de manière massive permettant de mutualiser des ressources pour plusieurs sites, l’exploitation du VOB permettant aussi des économies importantes, et le nouveau service à distance RMS de Panasonic. L’utilisation de l’infrastructure ST2110 fournie par Orange permettant l’exploitation de l’IP de l’ensemble.

 

Le VOB : Virtualized Outside Broadcast Van

En 2022 pour les Jeux Olympiques d’hiver de Pékin, OBS, Intel (partenaire officiel) et NEP, avaient conduit la Proof of Concept d’un VOB. Il s’agit d’un car-régie dans lequel le hardware propriétaire des constructeurs est remplacé par des logiciels tournant sur du matériel IT standard COTS (Commercial off the shelf). Ce VOB vient d’être utilisé pour les Jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ) à Gangwon en février 2024. Pour Paris 2024, OBS déploiera le VOB sur trois sites, dont Roland-Garros où onze des courts seront produits à 100 % en VOB. OBS a travaillé avec NEP et Panasonic pour porter le logiciel sur des serveurs COTS dans le cadre du workflow de diffusion.

Le VOB représente une transition importante dans le monde de la production avec de nombreux avantages. Grâce à la VoIP et notamment au ST 2110, cette transformation permet le travail à distance, le cloud base, et donc la réduction de coût. Le VOB permet à une seule équipe de produire plusieurs événements sur des sites différents sans envoyer de personnes ou de matériel sur place (empreinte carbone réduite). Les PC peuvent être utilisés à autre chose lorsqu’il n’y a pas d’événement. Des nouveaux codecs ou fonctions peuvent être ajoutés par simple mise à jour software. Aussi la redondance est facilitée car tous les produits COTS sont les mêmes. L’architecture est homogène et ouverte.

 

Installation des vidéoprojecteurs Panasonic lors des précédents jeux de Tokyo 2021. © DR

Utilisation massive du Kairos

Le plate-forme Kairos de Panasonic qui a été testée pour la première fois sur les JO de Tokyo sera utilisée de manière massive sur Paris 2024. Vingt-six Kairos seront déployés, avec la possibilité de piloter plusieurs sites avec un seul Kairos, notamment les affichages sur les écrans géants Led. Par exemple, sur la place de la Concorde, quatre sites distincts seront installés pour les épreuves de basket, breakdance, skateboard et BMX Freestyle. Une seule plate-forme Kairos sera nécessaire pour piloter l’ensemble de ces sites permettant ainsi de réduire les coût d’installation.

 

Nouveau service à distance

Le RMS de Panasonic (Remotly Managed Service) est une nouvelle offre de Panasonic présentée à l’ISE 2024 et qui sera exploitée pour la première fois pendant les JO de Paris. Ce service de Panasonic permet de monitorer des gros systèmes de multi-projection via le cloud. Des opérateurs distants peuvent surveiller l’état des machines, prévenir les pannes, recorriger les images à distance, par exemple résoudre des problèmes de désalignement causés par d’éventuelles vibrations sur le site. Le centre RMS est basé au Japon, mais pour les JO de Paris, le service sera piloté depuis Cardiff au Pays de Galles, avec la possibilité d’envoyer des techniciens sur place.

 

Des équipements par centaine

Les niveaux d’exigence et d’enjeu que représentent les Jeux Olympiques constituent sans aucun doute une excellente Proof of Concept pour les nouveaux produits de Panasonic. C’est notamment le cas pour les plates-formes Kairos déployées à grande échelle pour couvrir vingt-six sites olympiques. Cinq autres sites seront couverts par des mélangeurs traditionnels.

Côté vidéoprojecteur, Panasonic réalise le plus gros déploiement de projecteurs jamais réalisé sur les sites olympiques avec pas moins de 130 projecteurs laser de forte luminosité (supérieure à 20 000 lm). Parmi les produits utilisés se trouve le PT-RQ25K qui est actuellement le plus petit et le plus léger projecteur DLP Laser 16 000 lm du monde, soit 40 % plus petit que son prédécesseur. En réduisant la taille et le poids c’est aussi les coûts de transports, de stockage et d’installation qui sont réduits et donc une empreinte carbone moindre.

Panasonic fournira également 500 écrans professionnels destinés à la présentation des sports et aux salles de presse. Pour la partie captation pas moins de 150 unités de tournage seront fournies parmi lesquelles des caméras de studio, caméras de reportage. Mais aussi des caméras PTZ pour équiper vingt-neuf salles de presse. Enfin pour vingt-quatre sites olympiques seront sonorisés par du matériel Ramsa, une autre marque de Panasonic, avec notamment des Line Array outdoor.

Les retombées pour Panasonic sont importantes : « Nous montrons au monde entier que les solutions Panasonic sont fiables et que peu de fabricants dans le monde peuvent faire ce que nous faisons pour les Jeux Olympiques », conclut André Méterian.

 

Article extrait de notre dossier « Les coulisses de Paris 2024 » paru pour la première fois dans Mediakwest #57, p. 50-71