Portrait : Guillaume de Menthon, Président de Capa Développement

Depuis plus de 20 ans, le groupe CAPA (Chabalier & Associates Press Agency) s'est imposé comme l'une des principales entreprises de production audiovisuelle en Europe. Le groupe NEWEN, dirigé par Fabrice Larue, en est devenu l'actionnaire majoritaire en 2010. Dans la foulée, Guillaume de Menthon est devenu président de Capa Développement en 2011. Passionné, ce manager impulse et dirige avec exigence ! Au niveau du groupe, il veille à conserver l'ADN de cette entreprise...
920e74ddc49b56e1eedc29b60cb99fb2.jpg

« Cela est très étonnant, car adolescent, je rêvais de devenir producteur de cinéma. Un projet resté enfoui ou peut-être pas suffisamment fort pour dicter mes choix. Mais des rencontres et les circonstances de la vie m’ont conduit indirectement vers mes aspirations premières ! Je ne me considère pas comme un producteur de cinéma mais plutôt comme un manager. Aujourd’hui, je collabore (entre autres) sur des grosses productions de fiction avec Claude Chelli. Quelque part, les hasards de l’existence m’ont permis de renouer avec mes premiers amours, si je peux dire… » Guillaume de Menthon

Marie Cornet-Ashby : Peut-on revenir sur votre parcours ?
Guillaume de Menthon : Je suis diplômé de l’EMLyon Business School. J’ai travaillé, au départ, chez Deloitte : un parcours classique de Consultant financier. J’ai dirigé ensuite, pendant cinq ans, une société de services : Multilignes Conseil. En 2004, Fabrice Larue m’a recruté comme manager pour le groupe Presse Informatique : une collaboration étroite de quatre années, jusqu’à la vente de ce dernier. De 2008 à 2010, j’ai dirigé goFLUENT. En 2010, j’ai retrouvé Fabrice Larue au sein de NEWEN…

 

CAPA, une société très réputée pour ses partis pris…

Par ses productions ambitieuses, c’est vrai ! CAPA, c’est surtout à l’origine une émission mythique « 24 heures » et des développements autour de son métier de base : des reportages et des documentaires avec des sujets forts et engagés ! Ensuite, CAPA ce sont des diversifications avec CAPA Drama (fictions), CAPA Entreprises (institutionnel) ; depuis peu, CAPA Pictures a rejoint le pôle Corporate.

 

Vous intervenez sur le choix des productions en interne ?
Je donne mon sentiment, propose des projets. Aujourd’hui, je dirige CAPA Développement, la société qui structure l’ensemble des labels : CAPA Presse avec Pascal Manoukian, CAPA Drama avec Claude Chelli, CAPA Entreprises avec Jacques Morel et CAPA Pictures avec Antoine Reyre. Je travaille avec ces Directeurs, véritables garants du savoir-faire de leurs métiers ! Je dois m’intéresser à tout, bien sûr, et donner des « INPUT » (NDLR : dynamiser les équipes et favoriser les développements de projets).

 

Y a-t-il des synergies entre les divisions ?
Oui, entre CAPA Pictures et CAPA Corporate, elles sont évidentes et naturelles. Entre CAPA Presse et l’institutionnel, cela arrive : nous avons développé, par exemple, un nouveau programme dans ce sens, qui s’appelle « Colossal » pour la chaîne Planète. Entre CAPA Presse et CAPA Drama, les passerelles sont plus rares. Des sujets très forts de l’actualité peuvent, de temps en temps, inspirer les producteurs de séries.

 

Avez-vous l’impression d’avoir véritablement orienté certaines directions stratégiques ?
Ma responsabilité en tant que manager est humaine. Le modèle social de CAPA est unique : l’équipe regroupe plus de 100 journalistes et rédacteurs en chefs en CDI. L’ouverture sur des métiers nouveaux est un axe de développement, dans ma stratégie. À titre d’exemple, CAPA Pictures représente un réseau de 120 photographes qui couvrent les images dans plus de 100 pays à travers le monde. La filiale CAPA Pictures a été créée il y a deux ans maintenant, à partir d’une rencontre avec Antoine Reyre. CAPA invente, prend des risques, se positionne sur le présent et le futur avec des convictions : maintenir la qualité à son plus haut niveau !

 

Avez-vous d’autres développements qui vous tiennent à cœur au sein de votre groupe ?
Oui, en juin dernier, un nouveau label, Studio CAPA, a été créé avec Benoit Masocco pour la mise en œuvre de programmes de divertissement mais nous ne ferons pas des divertissements façon Loft… Il ne s’agit pas de dénaturer l’essence du groupe !

 

Vous positionnez-vous sur des achats de concepts ou de contenus ?
Nous ne nous interdisons pas de regarder des formats autres que ceux que CAPA développe, notamment à travers la cellule Recherche et Développement de NEWEN. Cependant cela ne représente pas le cœur de métier de CAPA, qui produit avant tout ses contenus propres.

 

Comment CAPA intègre le secteur web dans son offre ?
Nous avons une offre numérique transversale. Internet est présent dans chacun de nos métiers à travers des compléments de contenus. Nous développons également une activité internet « Pure player » en produisant des programmes uniques ; la question du financement, dans ce secteur, reste très complexe.

 

CAPA pourrait devenir un diffuseur ?
C’est une réflexion constante ; nous le sommes déjà sur le net via notre chaîne Youtube « Rendez-vous à Paris ».

 

La multiplicité des supports représente une opportunité ou des difficultés pour les producteurs ?
Cela complexifie les choses, encore plus, indéniablement. J’y vois des avantages mais aussi des contraintes. Le web n’a pas encore un schéma économique viable. Il ne permet pas la création de contenus propres. Néanmoins, internet offre une plus grande circulation des œuvres après leur première diffusion à la télévision et peut créer le buzz avant un programme. Je ne crois pas à la cannibalisation de la télévision par le web. Je pense qu’il faut utiliser avec intelligence la multiplicité des supports et non la craindre

 

CAPA peut s’associer à des producteurs, dans le cadre de coproductions ?
Oui, pour le projet Versailles dont nous sommes coproducteurs avec la société de production Zodiak. Mais cela reste exceptionnel.

 

Quel regard portez-vous sur le secteur de la production et son évolution ?
Ce secteur est compliqué car les modes de financement se raréfient. S’il est subventionné par des mécanismes d’État, les aides octroyées baissent. Parallèlement, le marché publicitaire a évolué : il est en croissance depuis 2005 mais nous sommes passés de 6 chaînes à 25 !

 

Comment vous positionnez-vous par rapport au système des droits d’auteur ? Vous êtes pour le copyright ?
J’irais plus facilement vers le copyright. Mais il faut toujours trouver un équilibre juste ; chaque système a des avantages et des inconvénients. Je pense qu’il faut traiter cet aspect de répartition des droits au cas par cas ; cela me semble plus approprié.

 

Le cinéma pour CAPA ?
CAPA Cinéma existe, mais est en sommeil pour l’instant.

 

CAPA a des limites ?
Oui, nous devons faire des choix dans nos investissements entre le développement à l’international, les nouvelles activités, les co-productions internationales. Nous proposons nos contenus dans plus de 30 pays dans le monde via NEWEN Distribution. CAPA Drama a une réputation internationale indéniable suite à l’Amy Award reçu en 2012 pour Braquo 2.

 

Qu’est-ce qui dirige vos projets : la passion ou la perspective de leur impact lors de leur diffusion ?
C’est une question essentielle pour notre groupe, ces deux notions ne sont pas antinomiques. Nous produisons à 95 % des projets dont le financement est assuré par un accord du diffuseur ou d’une entreprise et, quelquefois, avec des soutiens comme des subventions ou des aides propres à notre industrie. Le monde de la production a changé depuis les années 80…

 

Vous collaborez avec certains diffuseurs de façon privilégiée ?
Oui, Canal + et le service public. Nous développons aussi des projets avec M6 et TF1.

 

Quels sont les magazines que vous aimez chez CAPA ?
J’aime la cohérence des productions de CAPA, elles satisfont ma curiosité de téléspectateur comme avec L’effet Papillon sur Canal + ou, la série 21 Jours sur France 2.

 

CAPA et le futur ?
Poursuivre, déjà, notre développement avec la promesse de ne pas dénaturer cette belle maison !