Que mettre dans son sac pour partir en voyage ?

Les chanceux qui partiront en vacances en cette fin d'année n'iront pas forcément bien loin, mais le dépaysement sera là. Et le désir d’immortaliser ces sensations plus que jamais présent... Quel matériel choisir pour se sentir léger mais rapporter de belles images ?
On choisit une caméra légère et compacte qui tienne dans un petit sac pour pouvoir nous accompagner partout. © Aurélie Gonin

L’envie d’évasion se fait de plus en plus fort… Qu’il s’agisse de randonner sur les sentiers du Beaufortain, siroter des verres d’ouzo sur une terrasse de Mykonos ou nager avec les tortues de Gili Trawangan, on a envie d’engranger des images de ces instants si précieux. Dans de tels cas, notre caméra ne nous quitte pas mais l’on souhaite aussi se sentir libre et léger et il ne faudrait pas qu’elle vienne nous alourdir.

Que l’on parte en backpacker avec tout notre chargement sur le dos ou avec une valise à roulettes trainée d’un coffre de voiture à une chambre d’hôtel,  on essaie de limiter la charge de nos bagages. Quel que soit le type de virée que nous envisageons, qu’il s’agisse de gravir les volcans d’Indonésie ou les collines de Rome, nous savons que nous aurons le matériel de prise de vue toute la journée sur nous, et que même si le plaisir de capter un moment insolite sera sans cesse renouvelé, cela peut néanmoins s’avérer fatigant.

Certains seront tentés de se contenter de leur téléphone pour facilement filmer une scène et la partager, mais d’autres seront frustrés par le mini capteur, le grand angle et l’ergonomie. Ils préféreront s’encombrer d’un vrai appareil de prise de vues, voire de plusieurs s’ils sont complémentaires. Il sera donc essentiel de bien choisir que mettre dans son sac cet été.

Pour ce qui est du choix de la caméra, je privilégie en voyage un modèle petit et léger car, comme nous l’avons déjà évoqué, nous allons l’avoir autour du cou toute la journée pour ne rater aucun moment, et il serait dommage de le laisser dans sa chambre par lassitude d’avoir un objet lourd et encombrant avec soi et de se retrouver à filmer une belle ambiance de nuit dans une ruelle de Lisbonne avec son téléphone. L’image d’un Lumix S1R par exemple est magnifique, mais bien qu’il soit loin d’être le plus lourd des appareils aurons-nous envie de le transporter partout du matin au soir ? Je crains que non et qu’il faille donc faire un compromis entre qualité d’image et compacité. Certes il est un peu frustrant de se dire que les vidéos que l’on va faire de notre aventure personnelle auront un rendu un peu moins bon que celles que l’on fait pour nos clients toute l’année, mais la possibilité de capter tous les instants qui éveillent en nous des émotions fortes, et ils sont nombreux en voyage, compense à mon avis largement ce désagrément.

Ça tombe bien, la gamme d’appareils hybrides particulièrement optimisés pour la vidéo est aujourd’hui très vaste et chacun devrait pouvoir y trouver son bonheur. Certains sont de taille très réduite, et c’est dans cette catégorie que j’aurais tendance à faire ma sélection. Je pense notamment au Nikon Z50, Canon EOS M6, Fuji X-T200, Sony alpha 6600, Lumix DC-GX880 ou au fameux Sigma FP. Associés à un objectif standard de type 24-70 mm ou 24-120 mm on obtient un ensemble avec un excellent compromis taille/qualité.

Une focale de 24 mm est à mon avis le minimum pour ne pas être frustré devant le paysage qui s’étale devant la colline surplombant Ko Phi Phi ou le bar helipad d’une tour de Kuala Lumpur. En se limitant à un court téléobjectif de 70 ou 120 mm, on gagne un poids et un volume considérables que l’on va apprécier sur la durée. C’est sûr qu’avec une telle focale on ne pourra pas faire de cliché mémorable de la danse d’un oiseau de paradis, mais on se rattrapera sur les macaques à crête, nettement moins timides. On se forcera ainsi à s’approcher d’un groupe d’hommes et entamer la conversation avec eux avant de les filmer plutôt que de tenter de les prendre à la dérobée à distance, avec la double satisfaction d’obtenir une image plus vraie et d’avoir vécu un moment sympathique.

Dans beaucoup de pays, le selfie est devenu une pratique encore plus frénétique qu’en Europe, et bien que n’en étant pas fan moi-même je m’y prête systématiquement car il a l’avantage d’instaurer une relation réciproque entre la personne qui souhaite partager la rencontre avec un voyageur et nous qui voulons tirer le portrait d’un autochtone : chacun fait son image de/avec l’autre et tout le monde en est satisfait.

Il est d’ailleurs fort probable qu’en tournant avec une petite caméra de ce type nos plans gagnent en spontanéité – car elle intimidera moins nos sujets qu’un gros modèle – et en dynamisme. On se surprendra à la basculer en mode automatique le temps d’une de ces scènes de vie avec des locaux, pour saisir des instants d’échange chaleureux en se focalisant sur l’humain plus que sur un réglage d’exposition, avec un résultat souvent étonnant, même pour le point. Pourrait-on alors aller encore plus loin en se contentant d’un compact expert ?

J’avoue que les modèles que j’ai eus en main m’ont souvent comblée pour les photos, mais un peu laissée sur ma faim pour les vidéos, surtout à cause de l’ergonomie qui rend compliqué de tourner en manuel, pour des résultats en auto moins fiables que sur les hybrides. Alors pour la vie quotidienne oui, mais pour un voyage à l’autre bout du monde ce serait sans doute risquer d’être souvent frustré. Une Osmo Pocket me paraîtrait être un choix plus judicieux pour faire des suivis fluides de nos escapades, si l’on n’a pas l’intention de faire en plus des photos.

Dans ses réflexions peut-être faut-il aussi se poser la question du coût de l’appareil et opter pour un modèle pas trop cher pour ne pas stresser à l’idée de le laisser dans un sac sur le sable pendant qu’on plonge dans la mer et profiter pleinement de toutes les opportunités sans se rajouter de contrainte de ce type. Dans bon nombre de voyages le matériel est soumis à un traitement bien moins soigneux qu’un tournage en studio, il peut être mouillé pendant un déplacement en zodiac, ou recevoir du sable sur une plage. Il vaut donc mieux qu’il soit robuste et tropicalisé, comme le Lumix DC-G90, pour ne pas être endommagé par la première averse. C’est aussi un des intérêts de n’avoir qu’un zoom polyvalent, car en évitant de changer d’optique régulièrement on limite les risques de saletés sur le capteur. Et bien sûr il faudra prendre le temps de faire un rapide nettoyage quotidien pour évacuer le maximum de poussière et dessaler les appareils sous-marins.

 

Pour résumer, la gamme d’appareils faisant de parfaits compagnons de voyage est vaste, mais il faut bien penser à ces différents critères pour faire le choix le plus judicieux et correspondant le mieux à notre type de périple ainsi qu’à nos envies.

Pour tout voyage à dimension aquatique il serait dommage de devoir se priver du plaisir d’immortaliser la rencontre fantastique avec un nudibranche ou une raie manta. Il existe des caissons qui permettent d’immerger les appareils, mais essentiellement pour les reflex. Une autre solution, sans alourdir trop son sac, est d’embarquer une deuxième caméra étanche, capable de nous accompagner dans nos sorties au milieu des coraux du Yucatan. Les action cams résistent à l’eau, mais ont des grand-angles peu adaptés à la faune sous-marine qui paraît très éloignée. Mieux vaut opter pour un petit compact conçu pour supporter de longues immersions comme le Ricoh WG-70, le Nikon Coolpix W300, l’Olympus Tough TG6 ou le Fuji XP140. Ceux-ci étant en outre quasi-indestructibles (shockproof et dustproof) ils peuvent faire de parfaites caméras à mettre dans les mains d’un enfant si vous en avez.

Attention toutefois au rinçage quotidien : j’ai grillé des écrans de compacts étanches pendant des séjours en Papouasie où l’eau douce était réservée à la consommation, car j’ai eu beau plonger les appareils en fin de journée dans les bacs d’eau saumâtre réservés à la toilette, la permanence du sel sur les matériaux a fini par les attaquer.

Vu leur toute petite taille, on n’hésitera pas non plus à mettre dans ses bagages une action cam, avec une perche, bandeau ou harnais, car on sera ravis de l’embarquer avec nous pour un plongeon dans les calanques, une sortie en kayak sur le lac Powell ou la via ferrata du Roc du Vent. On pourra choisir un modèle classique ou 360, comme l’Insta360, une Ricoh Theta ou la GoPro Max. Gare au traitement des fichiers, mais les images seront pour sûr originales et immersives. Avoir une seconde caméra permet aussi d’en dédier une à l’enregistrement d’un timelapse pendant qu’on continue à tourner avec l’autre.

Difficile aussi de résister à l’envie de prendre en plus un drone, pour peu que la législation du pays permette son utilisation… Le Mavic Mini est si petit et abordable qu’il est dur de ne pas vouloir le rajouter à son sac. C’est presque impossible de filmer un îlot si ce n’est depuis les airs, car au sol on ne voit qu’un mince ruban de sable sur fond de ciel et de mer, alors que vu du haut on prend sa dimension et on admire les coraux qui l’entourent.

 

Je sais, le sac gagne petit à petit en volume et en poids. On va alors essayer de limiter au maximum les accessoires, en prenant seulement un chiffon de nettoyage, un filtre polarisant qui réduira les reflets sur l’eau, mais qu’on ne gardera pas constamment sur l’objectif pour ne pas perdre les deux diaphragmes de luminosité qui pourraient venir à manquer en intérieur ou de nuit. En dehors des plans au bord de l’eau on gardera donc notre filtre UV habituel pour protéger la lentille. Et on prendra aussi un Mini Gorilla qui servira à immobiliser l’appareil le temps d’un timelapse.

 

Notre matériel devra être alimenté bien sûr. Les batteries sont de plus en plus performantes, mais il faudra malgré tout les recharger régulièrement. Il est judicieux de prévoir une petite station de recharge, à savoir une multiprise compacte pour alimentation secteur ou USB, avec l’adaptateur au standard du pays et tous les câbles des différents équipements. Dans certains lieux, l’accès à l’électricité n’est pas garanti, donc il peut être prudent de s’équiper d’un panneau photovoltaïque suffisant pour la puissance de nos appareils.

Se pose aussi la question du stockage de nos images : allons-nous multiplier les cartes, emmener un disque dur autonome comme le WD MyPassport Wireless SSD ou carrément un ordinateur portable pour pouvoir sécuriser nos médias, les visionner et commencer à les trier et à en partager certains ? La réponse dépend bien sûr du type de voyage que vous allez entreprendre et de sa durée, mais ce qui est certain c’est qu’il ne faut absolument pas prendre le risque de perdre ses rushes. Il faut donc envisager la solution la plus fiable et la mieux adaptée pour leur sauvegarde.

 

Un dernier accessoire qui me paraît indispensable, c’est un sac étanche assez vaste pour contenir tout cet équipement audiovisuel, du type de ceux utilisés par les kayakistes. Un sac de ce type est léger et pas cher, donc il serait dommage de s’en priver, au risque de le regretter pendant un épisode de mousson ou un déplacement sur une mer agitée pour rejoindre une île. On peut aussi y ranger nos passeports et cartes bancaires pour poursuivre notre périple en toute sérénité.

 

On le voit, il n’est pas facile de voyager léger quand on souhaite ramener des images d’un périple. J’avoue que me déplaçant toute l’année avec plus que mon propre poids de bagages à chaque mission je suis tentée de limiter au maximum mes affaires quand il s’agit d’un déplacement personnel, mais malgré tout je me retrouve systématiquement à rajouter un petit sac à dos dédié à l’image en plus de celui contenant mes quelques affaires. Il vaut quand même mieux prendre une action cam qu’une fiole d’après-shampooing ! Même si on dit que les plus belles images sont toujours celles qu’on ne fait pas, il serait réellement frustrant pour des passionnés comme nous de ne pas pouvoir immortaliser ces moments intenses. Il faut donc bien choisir quel matériel embarquer avec soi.

Et on le sait déjà, après le printemps que nous avons vécu, à combler notre enfermement en se repassant les souvenirs de nos précédents voyages, nous aurons d’autant plus envie de saisir les instants de liberté de cet été-là. Alors faisons les meilleures images de ces instants si précieux auxquels nous tenons tant.

 

Article paru pour la première fois dans Moovee #4, p.48/52. Abonnez-vous à Moovee (6 numéros/an) pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.