Rencontre avec Baruch Altman, LiveU, à l’orée de la vague 5G

« La 5G va permettre encore plus d’usages transverses entre marchés verticaux », estime le vice-président associé, en charge de la R&D chez LiveU. Lequel constructeur américain se prépare à l’arrivée de la nouvelle norme.
Baruch Altman, vice-président associé, en charge de la R&D chez LiveU. © DR

En associant un encodage HEVC et une connexion 5G embarquée, les unités LiveU seront, parmi d’autres, à même d’offrir au monde du sport de nouvelles capacités. Mais avant que la 5G devienne un moyen de transmission vidéo comme un autre, cela prendra du temps, comme l’explique, pour le constructeur américain, son vice-président associé, en charge de la recherche et du développement.

 

Mediakwest : Dans quelle mesure la 5G, typiquement pour le sport, marque-t-elle une rupture technologique avec les générations de normes mobiles précédentes ?

Baruch Altman : L’adoption de la 4G a été une grande opportunité de développement pour notre industrie. Et l’avènement de la 5G sera encore plus significatif, car la bande passante va augmenter de façon exponentielle, alors que la latence va grandement diminuer. Les bénéfices vont être ressentis sur plusieurs marchés verticaux – en vérité, la 5G va permettre encore plus d’usages transverses entre marchés verticaux – et le marché du sport va être l’un des principaux bénéficiaires de nos nouvelles capacités étendues.

Notre relation de travail continue avec l’UE a d’ailleurs été récemment élargie et nous avons renforcé notre collaboration avec les partenaires leaders en Europe, dans le cadre de projets financés par Horizon 2020, le plus gros programme de recherche et d’innovation de l’UE, dont l’objectif est de fournir à la communauté broadcast ainsi qu’à d’autres marchés verticaux un aperçu réaliste de la performance de la 5G en conditions réelles.

Mais pour que cela s’applique à l’ensemble des productions de sport, il faudra des réseaux 5G arrivés à maturité, et cela prendra du temps. Les mécanismes de la 5G, tels que les réseaux Non-Public-Networks (NPN), le contrôle de la qualité de service avec slices, une bande de fréquences plus élevée – jusqu’à 100 MHz en théorie, mais très peu d’opérateurs en auront autant –, l’edge computing mobile, etc., vont rendre possibles des retransmissions vidéo de haute qualité, y compris peut-être lorsque les exigences augmenteront avec la 8K ou les sports immersifs. Et de nouveaux cas d’usage vont certainement émerger. La participation de LiveU aux projets collaboratifs 5G-PPP, 5G-Solutions et 5G-Tours de l’UE nous permet, côté réseau, d’implémenter diverses technologies, depuis l’orchestration réseau/services jusqu’au slicing et l’edge computing.

Nous avons aussi fait des tests sur différentes bandes du spectre en dessous des 6 GHz et plus. Mais, encore une fois, cela prendra du temps, à cause des taux de déploiement, mais aussi des capacités révolutionnaires et du spectre de fréquences, qui généreront des courbes d’apprentissage aussi bien technique qu’économique pour les opérateurs mobiles. Et il faut également tenir compte des conditions économiques globales. Mais la vidéo est sans aucun doute l’un des moteurs les plus importants de la 5G et vice versa.

 

Toujours en matière de broadcast, pourra-t-on assurer une qualité constante avec de la 5G ?

B.A. : Je crois fermement que l’agrégation intelligente 5G de LiveU, associée à des déploiements 5G stabilisés, va encore améliorer la qualité de la vidéo, y compris dans des enceintes sportives surpeuplées ou dans des cas similaires. Car l’agrégation de données permet de garantir non seulement la bande passante, mais aussi la fiabilité et la résilience. La combinaison de notre technologie et des déploiements 5G arrivés à maturité nous permettra d’être très compétitifs, comparé aux solutions traditionnelles Satcom et fibre.

 

Par ailleurs, quelles limitations, sinon contraintes, l’implémentation de la 5G dite « commerciale » pourrait-elle rencontrer ?

B.A. : Les déploiements commerciaux de la 5G sont très divers. La 5G est un terme générique pour différentes versions de 3GPP (versions 15, 16, 17, 18 et 19), différentes fréquences New Radio (NR), dont la plupart n’avaient jamais été utilisées auparavant pour les communications cellulaires et qui sont aussi dépendantes de l’environnement réglementaire et des attributions de bandes, de l’architecture ainsi que des configurations mises en place.

La plupart démarrent en mode « Non-Stand-Alone 5G », ce qui veut dire en gros que l’on continue à utiliser le cœur de réseau 4G, notamment pour le contrôle et la gestion de la qualité de service. Les bandes de fréquences dans le haut du spectre connaissent des problèmes de propagation et de pénétration, raison pour laquelle les mâts d’antenne 5G ont une portée pratique moindre et subissent des effets de décomposition. D’où un besoin de déploiements plus denses afin de tenir les promesses de haute performance.

Dans un monde post-Covid-19, il faudra voir où et comment toutes ces courbes d’apprentissage réseau et ces ressources limitées finissent par converger pour constituer un service 5G cohérent.

 

Extrait de l’article paru dans Mediakwest #37, p. 142-148. Abonnez-vous à Mediakwest (5 numéros/an + 1 Hors série « Guide du tournage) pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.