Pourtant la société, née d’un essaimage de France Télécom en 2002, a démarré son activité avec le dessein de développer un réseau Mpeg 2 à l’attention des télévisions. Nicolas Dussert, vice-président des ventes Smartjog Europe, revient sur le parcours de sa société, il en profite pour dresser un état des lieux de la dématérialisation de la distribution des films dans les salles de cinéma françaises…
« Les premiers clients en demande de dématérialisation furent des studios américains qui cherchaient des solutions souples et économiques pour livrer des publicités aux chaines de télévision. Chemin faisant, l’intérêt s’est propagé à la post production audio cinéma : les laboratoires ont, en effet, été les premiers à percevoir l’intérêt de la dématérialisation pour le doublage. La livraison de bande annonces non compressées a ensuite représenté une étape importante dans l’adoption de la dématérialisation par les cinémas. En 2006, les studios américains ont souhaité se lancer et gérer la distribution des copies d’exploitation de long-métrages. Nous avons opéré nos premiers tests de livraison de contenus 100 % dématérialisés dans le cadre du projet européen ISA, avec les partenaires Eclair, Doremi et CN Films. Notre déploiement commercial s’est amorcé avec le réseau indépendant CGR, à qui nous livrions en premier lieu des films annonces », se souvient Nicolas Dussert.
Aujourd’hui Smartjog déploie son service de livraison dématérialisée de long-métrages en direction de 1 115 cinémas connectés. Ces cinémas reçoivent 5 à 6 long-métrages par semaine mais également des films annonces et les clips publicitaires de la régie Mediavision ou de Canal + régie. « Nous déployons nos services sur le Benelux, la France, le Portugal, l’Espagne, l’Allemagne, l’Autriche. On peut souligner que le marché français est primo adoptant. Nous envoyons une moyenne de 25 long-métrages par mois sur le territoire français, soit environ 300 films par an. Dans la mesure où le nombre de sortie nationales s’élève à 450 films par an, le ratio de films distribués via les réseaux dématérialisés avoisine les 60 %, ce qui est conséquent. Nous sommes d’ailleurs en avance sur le marché américain », constate Nicolas Dussert.
Les avantages de la dématérialisation sont pluriels. Le premier d’entre eux est bien entendu d’ordre économique : le stockage des films sur disque dur étant supprimé, l’achat du support est évité, de même que les frais d’acheminement et les frais de retour. « Le coût de transport d’un disque dur est estimé entre 60 et 80 euros, nous facturons l’acheminement électronique à partir de 50 euros l’unité, selon l’ampleur de la distribution ». L’avantage est également logistique : le chargement peut être automatisé et évite une gestion de retour de la copie. Le gain de temps est aussi conséquent : pour charger le film dans le serveur, 2 à 3 fois le temps réel est nécessaire pour le chargement d’un DCP sur disque dur tandis qu’un ingest dématérialisé nécessite 45 minutes en moyenne.
« Notre actualité 2012 a été relativement dense », souligne Nicolas Dussert, qui poursuit : « nous avons notamment mis en service un deuxième transpander sur l’Europe afin de soulager le flux de distribution vers la France, le Benelux et assurer une distribution vers de nouveaux territoires. Nous avons également signé un accord pour assurer la livraison électronique des laboratoires Deluxe, Digimage et Technicolor dans le circuit des salles de cinéma européennes. À l’heure actuelle, nos prestations intéressent autant les distributeurs que les laboratoires et nous nous adressons aux professionnels de la post production TV, Cinéma et des univers du CDN. »
Dans l’avenir, le trafic de données augmentera de manière exponentielle… « En 2012, nous avons déjà vécu une montée en charge du réseau, au final nous gérons l’envoi de 20 à 30 000 DCP par mois et chaque cinéma reçoit 20 long-métrages, 40 bandes annonces et une centaine de publicités ». Face à cette situation et sachant que la migration vers le 100 % numérique ne s’est pas encore totalement opérée, Smartjog devra optimiser davantage encore sa façon de distribuer les contenus (100 % des films publicitaires du réseau couvert par Smartjog sont livrés en dématérialisé mais seulement 60 % des long-métrages). « Notre stratégie de distribution repose sur une ventilation de l’envoi des contenus via le satellite, l’ADSL et la fibre. Nous choisissons notre vecteur de transmission en fonction de l’importance de la distribution du fichier, sachant que pour une sortie en masse, à savoir plus de 100 cinémas, nous optons pour le satellite. En dessous de 100 points de livraison, mieux vaut rester sur internet », souligne Nicolas Dussert.
Aujourd’hui, les effectifs de Smartjog regroupent 70 personnes réparties entre Paris et Los Angeles et la société couvre 1 100 cinémas sur les 3 000 salles du parc français.
Pour en apprendre davantage sur les problématiques et les enjeux de la distribution numérique vers les salles de cinéma, rendez-vous sur Ìdiff, le salon des professionnels de l’audiovisuel qui se déroule les 22 et 23 janvier au Palais des Congrès de Paris…
Mercredi 23 Janvier, de 12h00 à 13h00, la conférence « Logistique de distribution numérique vers les salles de cinéma », avec Frédéric Rochette (Globecast), Fabrice Testa (Dsat), Christophe Lacroix (Ymagis) et Nicolas Dussert (Smartjog) vous propose de faire le point sur le sujet…
Cette conférence sera suivie d’un cocktail sponsorisé par Globecast.
Pour plus d’informations : www.idiff.org