Pour cette magnifique réalisation, Guillaume Vincent a été secondé par le directeur de la photographie Lionel Jan Kerguistel, un nom, dans le domaine du documentaire animalier. Manning Tillman, stéréographe de Cameron Pace Group, et spécialiste des innovations 3D, a rendu optimales les conditions de tournage. Au final, le scénario, porté par l’excellence des équipes techniques, rend cette co-production brillante ! Les ours se révèlent et le réalisateur nous place avec subtilité en immersion totale…
“J’ai déjà tourné en Sibérie et, je suis tombé amoureux de cette région avec cette nature particulière, à la fois très dure et brutale. Il y a d’ailleurs une beauté dans cette brutalité propre à cette région, et à la Russie. Et je crois, que si l’on n’en tombe pas amoureux, on n’y retourne jamais ! C’est vrai que le sujet des ours, était un formidable prétexte pour y revenir. D’ailleurs, ma volonté de réalisateur était de faire un film sur les ours à l’état purement sauvage…” Guillaume Vincent, réalisateur, co-scénariste et co-producteur de Terre des Ours.
Vous êtes un amoureux de la nature, ce n’est pas votre premier film dans ce domaine ?
J’ai deux passions : la nature et le cinéma. Et pour la nature, je dirais, celle sauvage ou brute avec l’idée de s’y retrouver et, de s’y faire accepter de façon respectueuse. C’est en tous cas ce que le film a essayé de faire…
Quel est le budget du film dont vous êtes le réalisateur et le producteur ?
Nous sommes quatre producteurs sur ce film, à travers la société ” Les Films en Vrac” et le budget est de l’ordre d’un peu moins de 6 millions d’euros.
La préparation au tournage a été longue ?
Oui, assez longue, au niveau technique. Pendant plusieurs mois, il a fallu tester tout le matériel et, son ergonomie. Les équipes techniques ont redoublé d’astuces pour nous permettre de tourner un film dans des conditions totalement exceptionnelles, et, faire de l’ours sauvage, le personnage principal d’un film qui engendre des situations de tournage inédites !
L’ours est un animal ambivalent, à la fois doux et brutal. Je voulais notamment traiter dans ce film (à travers le caractère de cet animal) ce moment où, dans l’existence, l’homme n’est plus un enfant et, pas encore un adulte. Il nous est apparu, lorsque nous avons discuté avec mon co-scénariste, Yves Paccalet, que le Kamtchatka était la région idéale pour concrétiser notre projet.
Cette région est constituée de grands territoires où les ours sont protégés et, ils ne craignent pas les hommes…Nous avions, donc, une chance de les approcher et en nombre, comme nulle part ailleurs. Il nous est arrivé de voir jusqu’à 60 ours, rassemblés autour d’un lac ; c’est la plus grande concentration d’ours dans le monde enregistrée, à ce jour, je crois, et, nous avons eu la chance, de filmer tous ces moments…
Vous avez rencontré des difficultés pour approcher les ours ?
Là où des scientifiques sont présents, au minima, non ; la présence de l’homme n’est pas vécue comme une intrusion, pour eux. C’est vrai que nous avons fait un tournage au bord de la mer où là, les ours nous fuyaient en permanence ! C’était très difficile, je n’arrivais pas à obtenir l’image que je voulais. Et, pour 3 ou 4 plans, il a fallu passer une semaine à essayer d’avoir un ours sur la plage face à la mer, comme je souhaitais.
Nous avons dû, aussi, nous adapter à une météo très erratique et versatile, changeante d’heure en heure. Et, cela mettait mes nerfs à rude épreuve, d’ailleurs ; toute l’équipe partait dans une optique mais avec l’idée d’imprévus possibles, il a fallu de la patience…Il nous est, quand même, arrivé de passer une semaine dans la pluie ou sous la boue ! Heureusement, cela était contrebalancé par des facilités dans certains cas, que l’on n’attendait pas. C’était très inégal, comme tournage, en fait.
Quand avez-vous eu vous cette idée de film ?
Il y a environ quatre ans. Le temps pour monter la production a duré un an. Après il a fallu deux ans et demi entre le démarrage du film jusqu’à son montage, donc sa finition.
Combien de semaines de tournage, ont été nécessaires …
En tout, 27 semaines si l’on compte tous les tournages et, ceux en parallèle : un tournage sous-marin assez long et, un autre avec une équipe aérienne en ballon.
Qu’est ce qui vous a poussé dans cette aventure, en 3D ?
Il y avait dans le projet une envie à la fois de proximité avec les animaux et, de respect. Il s’agissait d’être en immersion avec les ours ; cette idée a été amenée naturellement, par Orange Studio. Et, nous avons été emballés, dès le premier soir, de tournage ! Par rapport, à un projet 2D, cela a doublé le budget. La justification de la 3D est parfaitement cohérente par rapport à cette volonté de proximité. En 3D, on est que sur des courtes ou moyennes focales et, il n’y a pas de tricherie sur la distance. Et, pas de longues focales ! Quand le spectateur a l’impression d’être à 2 mètres d’un ours, nous l’étions aussi, et cela se ressent…
Les détails de la nature, filmés en 3D, permettent l’immersion totale. Il ne s’agit pas d’un film de spectacle ; nous avons recherché le naturel et, aussi dans le montage, les sons et la narration. La manière de filmer est très douce, elle se veut de rendre intacte la vie de cette espèce avec ses codes et ses lois. Le relief rajoute un côté vérité !
C’est vous qui avez contacté la société pour réaliser la 3D ?
Non, ce sont les collaborateurs de Cameron Pace Group. Ils ont eu connaissance du projet et, ils nous ont appelés pour nous rencontrer. D’ailleurs, nous sommes allés les voir à Los Angeles pour en parler. Ils ont été totalement séduits. Et nous avons démarré ce projet avec beaucoup d’enthousiasme…
Combien de personnes sur le tournage ?
Il y a eu plusieurs sessions de tournages, selon les saisons. Il y en a eu une au printemps ; nous étions dans la Vallée des Geysers, c’est un lieu très fragile, magnifique. L’équipe de 10 personnes était en autarcie totale. Il y a eu la session d’hiver et celle d’été : nous étions plus nombreux, jusqu’à 25 personnes…
Les moyens techniques, pour la captation ont été les mêmes pendant tout le tournage ?
Oui, nous avons utilisé toujours les mêmes caméras, définies à l’avance par le directeur photo. Les équipes aériennes et sous-marines étaient tenues à une charte visuelle. Nous avons notamment utilisé l’EPIC : la nouvelle caméra de RED, pour sa qualité de l’image et son ergonomie.
Vous avez une idée du nombre d’heures de rushs disponibles ?
Très peu pour un film animalier. En tout, nous avons tourné 60 heures de rushs. Il y a eu une parcimonie et une rigueur dans notre tournage, cela nous a permis d’être très économes. Nous laissions tout de même venir les animaux à nous afin de suivre l’idée de naturel, souhaitée. Nous avons utilisé pour le format d’image du 2.39.
La post production vous a semblé décisive ?
Elle est celle d’un film animalier classique, avec des étapes en plus du fait de la 3D. Elle a été réalisée chez Digimage. Le montage des images a duré 5 mois, et, la même durée pour le son. Le travail consacré au relief s’est étalé sur un mois. Deux mois de finitions pour l’étalonnage couleur ont été nécessaires. Par rapport à un montage en 2D, on tâtonne un peu, le temps que tout soit synchronisé…Nous avions des doutes, certes. Mais, je dois dire que nous sommes très très satisfaits du résultat…
Avez-vous d’autres projets, en relief pour l’avenir ?
Oui, nous montons un projet The Giants, sur les géants, notamment ceux des mers…