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Un doublage plus précis et plus rapide ? C’est le défi lancé par Dolby Atmos.

Pour prouver l’efficacité du système de doublage Dolby Atmos, un test a été organisé. Une course contre la montre pour doubler le court-métrage « One-Minute Time Machine ». Voici le récit de ce challenge audacieux...
Le court-métrage « One-Minute Time Machine » a été doublé avec Dolby Atmos © DR

Le doublage rend accessible les plus grands films et séries au-delà des frontières. Et en Dolby Atmos, cet art prend une toute nouvelle dimension. Chaque version plonge le spectateur dans une expérience immersive, plus fidèle à la vision des créateurs. Pourtant, malgré un rendu de qualité, le processus est parfois jugé trop onéreux ou chronophage. Heureusement, de nouveaux workflows ont fait leur apparition et le doublage en Dolby Atmos est désormais plus accessible, rapide et moins coûteux.

La bonne nouvelle, c’est que si vous doublez déjà des films et séries en 5.1 pour d’autres pays, la migration vers Dolby Atmos se fait rapidement et simplement. Trop beau pour être vrai ? L’équipe Dolby a organisé un test pour prouver l’efficacité de son produit. Découvrez cette success story…

 

 

Une expérience pour démontrer l’efficacité de Dolby Atmos

Pour le prouver, Dolby et l’Entertainment Globalization Association (EGA), un forum réunissant les acteurs œuvrant pour l’universalisation des contenus créatifs, ont fait appel aux talents du Formosa Group, et plus spécifiquement de son mixeur en chef Tim Hoogenakker, qu’ils ont rencontré dans son studio de Santa Monica. L’expérience visait à comparer les différents workflows et les délais nécessaires pour accomplir chaque étape du processus de doublage en postproduction.

Tim détient sans aucun doute le record du plus grand nombre de mixages en Dolby Atmos pour le divertissement à domicile. À son actif, une ribambelle de blockbusters produits par les géants Sony Pictures et Lionsgate. C’est également lui qui a remixé en Dolby Atmos les huit saisons de la série phare Game of Thrones.

Les règles du jeu sont simples. Tim se verrait remettre le mix stéréo d’un court- métrage et tous les stems Pro Tools nécessaires. L’EGA se chargerait d’obtenir les stems de dialogues 5 canaux en français, allemand et italien. À Tim de créer, à partir de ces outils, un mix 5.1 et un mix Dolby Atmos pour chacune de ces langues. Le but ? Comparer les deux processus, et démontrer toute la simplicité et la rapidité du doublage en Dolby Atmos. Il ne restait plus qu’à choisir le film star de l’expérience.

 

 

« One-Minute Time Machine », le film au coeur de l’expérience

Le film choisi est One-Minute Time Machine, un court-métrage qui ajoute au cliché des comédies romantiques un élément assez inattendu : une machine à voyager dans le temps. Il relate la rencontre d’un homme et d’une femme sur un banc, dans un parc. La simplicité de la mise en scène (deux protagonistes, un seul décor) et de ses effets sonores en fait le candidat idéal pour ce défi.

Tim Hoogenakker © DR

« À la base, ce court-métrage n’a pas été pensé pour le Dolby Atmos. Il était donc intéressant de voir comment nous pouvions lui apporter cette nouvelle dimension », se réjouit Tim. Pour commencer, il a utilisé les stems du mix stéréo original pour créer un mix Dolby Atmos de la version anglaise. « Comme il s’agissait de stems stéréos, notre marge de manœuvre dans la manipulation du mix s’est avérée plutôt faible, mais dans ce cas précis, l’exercice a été concluant. »

Tim a ensuite spatialisé la musique, les ambiances et les sons « in » avant de nettoyer les voix. Puis il s’est servi de la version Dolby Atmos pour obtenir un mix au format 5.1. Ces deux mix – Dolby Atmos et 5.1 – serviraient de point de départ pour le reste de l’exercice. L’étape suivante consistait à produire un mix M&E « fully-filled ». En effet, lorsque vous supprimez les dialogues originaux d’une piste DME, les musiques et les effets sonores (bruits secs, frottements, mouvements audibles, etc.) superposés à la voix des acteurs et captés pendant le tournage disparaissent également. Tous ces sons doivent donc être réintégrés au mix pour produire une VI exploitable.

Autre détail à prendre en compte : le M&E et les dialogues sont généralement restitués sur l’enceinte centrale. La reconstitution des effets sonores se limite donc majoritairement à ce canal.

Tim s’est donc affairé à isoler et reconstituer les sons effacés lors de la suppression des voix en se concentrant sur le canal central. « Pour le mixage du M&E VO, je n’ai observé pratiquement aucune différence entre le processus de mixage en Dolby Atmos et 5.1. J’ai créé les deux mix séparément, et le temps qu’il m’a fallu pour créer chaque mix était équivalent dans les deux cas », explique Tim.

« Je me suis ensuite servi des mix M&E VO en Dolby Atmos et en 5.1 pour créer mes VI. Dans les deux formats, les coefficients downmix étaient similaires à ceux utilisés pour les mix VO. Nous n’avons eu aucun mal à créer un M&E pour chaque langue à partir des mix VO, d’autant plus que nous étions focalisés sur le canal central, qui servirait à restituer les dialogues en français, allemand et italien. Mais il était important de reconstituer et de replacer correctement tous ces effets sonores pour assurer une synchronisation parfaite lors de la prochaine étape : l’ajout des nouvelles voix. »

 

 

Place au doublage…

L’heure était venue pour Tim de créer les mix de doublage, d’abord en Dolby Atmos puis en 5.1. Les trois stems de dialogues 5 canaux ont pu être intégrés sans problème aux canaux correspondants des M&E Dolby Atmos et 5.1, et il aura fallu à Tim la même durée pour mixer les voix dans le M&E de chaque format. Pour un film plus complexe truffé d’effets de spatialisation (reverbs, delays, etc …), le mixage 3D Dolby Atmos nécessiterait un peu plus de temps, mais dans l’ensemble, les processus restent relativement identiques. Autre avantage relevé par Tim : la première VI créée peut être utilisée comme modèle, avec tous ses paramètres de spatialisation des dialogues, pour accélérer les doublages Dolby Atmos dans les autres langues.

 

 

L’étape ultime : le print mastering

Dernière étape de notre expérience : le printmastering. Dans les deux formats, Dolby Atmos et 5.1, le processus s’effectuait en temps réel et en une seule passe. Le principe était simple : il s’agissait de rejouer le court-métrage du début à la fin tout en exportant simultanément les deux versions finales vers la session d’enregistrement Pro Tools.

Tim Hoogenakker dans son studio de doublage © DR

Sans oublier, dans le même temps, de jeter un œil au mix Dolby Atmos et d’ajuster le mix 5.1 si nécessaire. « Ici, la plus grande différence résidait dans le temps nécessaire pour réécouter les exports et s’assurer que tout était OK », souligne Tim. « C’est pour ça qu’il est très important de tout bien préparer en amont. »

Le doublage en Dolby Atmos améliore également la flexibilité des processus en aval. « Nous pouvons, grâce à cette technologie, créer un format plus intense, plus immersif et conserver toute son intégrité downmix après downmix, jusqu’en mono, si nécessaire », note le mixeur en chef.

 

 

Le verdict de l’expérience

« De nos jours, les processus de mixage créatif se valent en termes de délais », explique Tim. « Certes, ce court-métrage offrait une identité sonore relativement simple. Mais même sans cela, les processus de base – reconstituer le M&E, recréer l’ambiance entourant les dialogues, et mixer les différentes versions – restent quasiment identiques, que ce soit en 5.1 ou en Dolby Atmos. Lorsque je travaille sur un film ou une série, le mix Dolby Atmos emporte souvent l’adhésion des équipes créatives. Il est donc naturel que les versions doublées en Dolby Atmos reflètent leur vision aussi fidèlement que dans la VO », ajoute-t-il.

Car le son, au même titre que le jeu des acteurs, la cinématographie et un script bien ficelé, peut être un puissant vecteur d’émotions. Pour Tim, faire l’impasse sur cette nouvelle technologie lors du doublage d’une œuvre, c’est risquer de perdre l’intention émotionnelle de son auteur. « Nous passons tellement de temps à imaginer, grâce à Dolby Atmos, des récits sonores dans lesquels les spectateurs peuvent se plonger. Le fait de savoir que les autres versions ne retranscriront pas toute l’ampleur de notre travail est un vrai crève-cœur. Tous les spectateurs méritent de vivre cette expérience, quel que soit leur pays. ».