L’ACCES publie une étude inédite sur les chaînes thématiques en France

À l'occasion de ses 25 ans, l’ACCES a demandé à NPA Conseil et Dataxis de réaliser une étude sur le marché des chaînes payantes en France, son contexte et ses évolutions. La conclusion de cette étude entrouvrent des perspectives plutôt encourageante pour tous les acteurs de ce marché...
Eric Brion, directeur Général de l’ACCES fait la synthèse des leviers de croissance des chaînes et services payants en France - © Nathalie Klumberg

L’étude rappelle d’abord l’importance des chaînes payantes dans le paysage audiovisuel français avec ses 22 millions d’abonnés (l’offre  Triple Play favorise cette prospérité à un tel point que Dataxis prévoit même près de 3 millions d’abonnés supplémentaires en 2026) . L’étude souligne aussi la place structurante de ces chaînes payantes dans l’industrie et le tissu économique de cette filière. Avec un chiffre d’affaires de 1,2 milliards d’euros en 2021 (soit 15% de l’audiovisuel français), 83 millions d’euros investis dans la production cinématographique et audiovisuelle, 4537 CDI, 1920 intermittents -, les 114 chaînes thématiques ont pris une importance grandissante dans l’industrie télévisuelle de notre pays.

Cependant, depuis 10 ans, ces chaînes ont dû s’adapter dans un contexte marqué par une concurrence effrénée et de nouveaux usages avec notamment un chiffre d’affaires publicitaire qui s’est érodé de 300 millions en 10 ans !  Ces chaînes sont néanmoins devenues des marques fortes, notamment auprès de leurs publics cibles ou plus globalement, avant de dépasser leur univers d’origine pour se positionner sur de nouveaux sujets (diversification) et adopter les nouveaux moyens de consommation (comme le replay). L’arrivée des plateformes internationales, la premiumisation des offres chez les opérateurs, le développement de l’IPTV, la légère baisse des audiences, l’arrivée des méta distributeurs et une baisse des recettes ont contribué à rendre le secteur ultra-concurrentiel.

Les éditeurs français thématiques disent désormais trouver de nouveaux relais de croissance et l’étude a identifié 5 éléments structurants qui permettent d’éclairer positivement leur avenir…

 

1. LE DEVELOPPEMENT CONTINU DE L’INITIALISATION : d’ici à 2026, 2,9 millions de foyers supplémentaires seront abonnés à des offres de télévision payante alors que la France est déjà le pays où leur pénétration est la plus forte. Cette progression permettra à la couverture des éditeurs de se développer au moment même où Médiamétrie annonce le lancement d’une nouvelle mesure d’audience (dite hybride) qui permettra plus de finesse analytique.

2. LA SECONDE VOIE CORRESPOND A L’ESSOR DE L’OTT (Over The Top) qui va donner l’opportunité aux chaînes de s’auto-distribuer plus facilement, notamment via des applications dédiées et d’accéder ainsi directement à leurs propres abonnés… Trace, Mezzo, SECOM ont ainsi déjà franchi le pas et l’OTT va leur permettre aux d’élargir leur empreinte géographique et de toucher plus de clients en affinant la programmation en fonction des territoires.

 

Philippe Bailly , directeur de NPA Conseil présente le résultat de cette étude inédite © Nathalie Klimberg

 

3. LA TROISIEME VOIE EST CELLE DE L’EXPORT

Comme tout bien culturel, les chaînes thématiques françaises, après s’être développées sur leur marché domestique, se sont peu à peu exportées. Tout d’abord via les distributeurs français présents à l’étranger (notamment le groupe CANAL+), via des opérateurs étrangers (satellite, câble, FAI) mais aussi grâce à la maîtrise technique de l’OTT qui va de plus en plus permettre à un éditeur de sélectionner son offre selon les pays en fonction de ses droits et de lancer des contenus multilingues. Cependant, il est important que les obligations qui portent sur les éditeurs payants puissent être assouplies pour faciliter leur export.

 

4. LA 5G : VERITABLE ENABLER POUR LA TV PAYANTE

en s’appuyant sur les exemples américains et coréens, les 2 pays les plus avancés dans ce domaine, l’étude montre que la 5G va largement amplifier le développement de l’OTT, faciliter l’auto-distribution, permettre d’enrichir les contenus sportifs, de spectacle vivant, d’e-sport et de gaming, domaines dans lesquels les éditeurs français sont très présents. Enfin, la 5G peut aussi être le vecteur d’évolution des contenus avec de nouveaux formats qui s’appuient sur les développements aujourd’hui matures  de la réalité virtuelle, de la réalité mixte et de la réalité augmentée.

 

5. AVOD, CHAÎNES FAST, MESURE HYBRIDE

De nouvelles ressources se profilent pour les éditeurs payants avec l’émergence de nouveaux modèles (Advertising VOD) via de nouvelles plateformes et de formats innovants (Free Ad Supported Streaming TV), conjugués à la mesure hybride, qui devrait arriver sur le marché français sous l’impulsion de MEDIAMETRIE en 2023.  Les perspectives de nouvelles recettes sont imminentes si l’on en croit les résultats sur le marché américain.

 

 « Dans une décennie marquée par l’arrivée des plateformes internationales, les éditeurs de chaînes thématiques, ont su s’adapter et consolider leur place sur le marché français malgré un contexte de concurrence agressive. Les prochaînes années restent donc porteuses de perspectives liées au développement de la 5G, de l’OTT, de l’export, au dynamisme de l’IPTV et aux nouveaux formats de services. Nous allons donc favoriser les échanges et la réflexion de nos membres sur tout ces points.

Dans ce contexte, il reste primordial que les pouvoirs publics allègent les contraintes qui pèsent sur les éditeurs afin qu’ils puissent lutter à armes égales avec les plateformes et contribuer au rayonnement de la culture française à l’international. », souligne Eric Brion, directeur Général de l’ACCES en guise de conclusion.