Audio dans les cars-régie – Réflexions autour du son immersif

Souvent considéré comme l’évolution audio logique pour accompagner l’UHD, le son immersif dans les cars reste encore au stade expérimental en attendant que des standards de diffusion comme Mpeg-H audio 3D ou Dolby AC4 se mettent en place. En parallèle, le binaural suppose certes une écoute au casque, mais présente de ce fait un mode de consommation prisé par les jeunes générations et adapté à la diffusion Internet. Cette technologie fait donc son chemin, notamment en France où plusieurs acteurs, dont France Télévisions, contribuent au projet BiLi (Binaural Listening). *
2Ballon.jpg

 

« Au total, neuf structures travaillent ensemble sur différentes problématiques », résume François-Xavier Ballon qui intervient également comme musicien-metteur en ondes pour les six cars de France TV et se trouve, à ce titre, détaché pour participer aux expérimentations sur le son binaural dans le cadre du programme BiLi.

« À France Télévisions, nous essayons d’avancer, notamment sur la captation binaurale native ainsi que sur le binaural de synthèse grâce au Spat [suite logicielle dédiée au traitement de spatialisation en temps réel, NDLR] développé par l’Ircam, poursuit François-Xavier Ballon. Nous réfléchissons également sur les techniques de binauralisation fabriquée à la lecture, notamment via le moteur audio inclus dans HTML 5, ainsi que sur la manière d’aborder la multiplication des standards et des formats de diffusion. En effet, comment faire pour retransmettre en direct un opéra à la fois en AC3 5.1 pour les salles de cinéma, en 5.1 Dolby Digital pour les régies finales, en binaural pour les applications web, et en stéréo pour le reste ? Cela représente beaucoup de standards, d’où l’intérêt du concept de mixage orienté objet. Nous n’en sommes encore qu’au stade de la réflexion, mais on pourrait s’orienter sur une base 22.2 qui serait une matrice générique, un format pivot permettant ensuite d’attaquer des processeurs universels et capable de fabriquer une version pour chaque standard. »

Reste également à déterminer ce qu’apporte le binaural en terme d’expérience utilisateur. Pour Dominique Guyot, qui a pu en apprécier le rendu lors du dernier Roland Garros ** : « Le binaural amène un plaisir autre, des sensations nouvelles, une expérience plus ludique. On se sent plus spectateur que téléspectateur. »

François-Xavier Ballon, de son côté, revient sur ses dernières expériences de prise de son dans le cadre de captations musicales : « La prise de son binaurale native retransmet efficacement la sensation d’enveloppement, mais elle provoque une rupture par rapport à nos habitudes qui privilégient des rendus plus timbrés, obtenus avec des micros d’appoint mono placés en proximité. La situation se complique lorsque l’on marie les deux procédés. Comment placer les appoints mono et les traiter, sachant que les réverbérations traditionnelles ne fonctionnent pas. Sur ce point, il reste encore des solutions à trouver… ».

 

* Cet article est extrait de « L’audio dans les cars-régies » paru pour la première fois dans Mediakwest #16, pp. 36-39 et accessible ici. Abonnez-vous à Mediakwest pour lire dès leur parution nos articles dans leur totalité.