Audiovisuel : « pôle » position

Créé il y a une vingtaine d’années en France, la notion de Pôle Image a fait florès. Mais que doit-on « voir » derrière ce statut ? Quels sont leurs devoirs et obligations ? L’éclairage s’impose.
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Lorsque le terme de pôle image apparaît, il englobe une ou des initiatives locales, régionales pour agglomérer des structures (centre de formation, sociétés, etc.) et repenser les stratégies d’apprentissage et de promotion de l’image, qu’elle s’entende fixe ou animée. Depuis, bon nombre ont été créés. Parfois sans réelle colonne vertébrale. Depuis, le CNC a mis en place un cadre strict définissant les devoirs et obligations de ces pôles « nouvelle génération ». N’est pas (plus) pôle qui veut.

 

La terminologie du CNC

Si l’on se réfère à la charte de missions de ce qu’il convient désormais d’appeler les « pôles régionaux » éditée par le CNC, « le lancement des pôles régionaux relève d’une politique de renforcement des logiques de coordination et de mise en cohérence des actions de sensibilisation et d’éducation artistique au cinéma et à l’audiovisuel en région ». En 1999, cinq pôles ont été créés à titre expérimental et il en existait 12 en 2002. Aujourd’hui, on en dénombre 14 sous l’appellation pôles régionaux d’éducation artistique et de formation au cinéma et à l’audiovisuel, selon la terminologie du CNC.

Leurs actions s’articulent autour de trois axes majeurs que sont : l’animation du réseau régional (associations d’exploitants, de producteurs, etc.), un centre de ressources (mise à disposition d’un ensemble de documentation sur les ressources en matière d’éducation à l’image, cinéma, audiovisuel et multimédia) et enfin la formation.

 

N’est pas pôle qui veut

Afin d’encadrer proprement ces structures, les missions des pôles régionaux sont confiées à des structures existantes, voire à titre exceptionnel, à un regroupement de plusieurs structures. Au sein de ces structures, la mission spécifique « pôle » sera clairement identifiée en termes budgétaires et organisationnels. « Le choix de la structure ainsi que les modalités de ce choix relèvent d’une décision conjointe de l’État (DRAC – CNC) et de la Région, et, le cas échéant, des autres partenaires financiers de cette politique ». Et ensuite ? Vogue la galère ? Forcément non : un contrat d’objectifs pluriannuel est conclu pour 3 ans avec les partenaires et la structure missionnée. En outre, un comité de pilotage régional se composant des partenaires (DRAC, Région, autres collectivités, autres services de l’État) soutient financièrement le pôle.

Il est intéressant de noter qu’en 2003, « l’objectif (était) à terme la création d’un pôle par région et éventuellement de deux dans certaines régions ». Or, en 2011, seuls 13 étaient homologués.

 

Le club des 13

À y regarder de plus près, toutes les régions ne sont pas concernées (c’est évident) mais certaines, emblématiques comme l’Ile-de-France, ne font même pas partie de la liste.

Le premier pôle (par ordre alphabétique) est celui de la région Alsace, avec Vidéo Les Beaux Jours – Maison de l’Image. Situé à Strasbourg, cet organisme existe depuis 1989 et abrite un nombre de partenaires très important parmi lesquels l’Agence Culturelle d’Alsace, Arte, l’Ina ou encore Iconoval. Et c’est bel et bien ce dernier qui fait office de pôle Image de la région : il s’agit, dixit ses fondateurs, d’un « réseau d’entreprises, de chercheurs et de centres de formation spécialisés dans le domaine de l’image ». L’image s’entend ici au sens non seulement audiovisuel mais aussi multimédia, imagerie scientifique et industrielle, réseaux, etc. Cela représente 540 entreprises, 20 équipes de recherche et 30 formations universitaires.

Avec ECLA (pour Écrit Cinéma Livre Audiovisuel), l’Aquitaine dispose de son pôle, sous forme d’agence culturelle du Conseil régional, dont l’activité se déploie sur huit missions principales : accompagnement de la filière professionnelle cinéma, action culturelle cinéma, développement de la lecture, économie du livre et de la musique, éducation aux images, lecture publique, patrimoine écrit-graphique-iconographique, soutien au cinéma et audiovisuel, vie littéraire, ainsi que « les missions transversales » (rencontres professionnelles et actions de communication).

 

Région fortement et historiquement impliquée dans le soutien au court-métrage, c’est tout naturellement que l’association Sauve qui peut le court-métrage, située à Clermont-Ferrand et initiatrice du festival international bien connu, a été promue pôle régional Auvergne autour de trois missions phares : animation du réseau (entre les différentes entités du pôle), formation et mise à disposition de ressources.

 

Centre Images est un Établissement public de coopération culturelle (EPCC) pour la région Centre. Son organisation repose sur cinq axes que sont le patrimoine, la diffusion, l’exploitation, l’éducation et la création. Il convient de noter que, tout comme en Aquitaine, la fusion de l’agence du Livre et Centre Images au sein d’une seule et même entité est effective depuis le 2 janvier 2012 sous l’appellation Agence régionale du Centre pour le livre, l’image et la culture numérique.

 

La Franche-Comté a partagé l’activité de son pôle régional entre deux associations que sont la MJC Centre Image du Pays de Montbéliard et l’IRIMM. La situation en région semble complexe car l’IRIMM, qui faisait office également de commission régionale du film, s’est vu retirée du réseau de Film France. Les missions de ce pôle à deux têtes sont celles établies par le CNC stricto sensu.

 

Compte tenu des « spécificités de la région Languedoc-Roussillon », la DRAC a souhaité que le pôle régional s’articule autour de quatre structures, ce qui, ainsi qu’indiqué précédemment, ne se fait qu’à titre exceptionnel. Ainsi on trouve Languedoc-Roussillon Cinéma qui assure la coordination du pôle, Kawenga Territoires Numériques (structure régionale d’expérimentation arts et cultures numériques) tout deux basés à Montpellier.

 

La région Provence-Alpes-Côte d’Azur abrite également plusieurs structures : L’ECLAT à Nice, le cinéma l’Alhambra à Marseille et l’institut de l’image à Aix-en-Provence pour un maillage optimal.

Autres régions disposant d’un pôle régional : Limousin, Basse-Normandie, Haute-Normandie, Picardie, Poitou-Charentes, Rhône-Alpes.

 

Quid des « pôles Image » ?

Que doit-on penser alors des pôles image, tels qu’on peut les retrouver en Alsace, Rhône-Alpes ou Poitou-Charentes, alors qu’existent déjà des pôles régionaux ? Qu’il s’agisse d’Iconoval, Imaginove ou Magelis (pour les plus connus), il s’agit d’initiatives antérieures (pour le dernier d’entre eux) ou postérieures à la charte du CNC. Cela n’enlève en rien leur capacité à fédérer un tissu professionnel, associatif et public pour des missions plus spécifiques que celles dévolues aux pôles régionaux. Au contraire, ces structures ont souvent une plus grande souplesse et se focalisent davantage sur la dimension économique.

Si l’on ne devait prendre qu’un exemple, celui de Magelis est remarquable. Sous ce nom, se cache un Syndicat mixte du pôle image dont les initiateurs sont la région, le département de la Charente, la commune d’Angoulême et la communauté d’agglomération. Là où ça se complique, à la lecture des statuts en date du 24 avril 2005, c’est lorsqu’on aborde l’objet de ce syndicat mixte : « l’étude, l’aménagement, l’équipement, la gestion, l’animation, la promotion économique, le développement économique liés à l’image, le développement de formations spécifiques dans le domaine de l’image et la communication du Pôle Image, sur l’agglomération d’Angoulême ».

Bref, tous les attributs d’un… pôle régional selon le CNC, à l’exception de l’éducation à l’image pour les lycées. À Angoulême, on préfère parler de programme de développement économique (…) favorisant l’implantation et l’accompagnement des entreprises et des créateurs. Comment se passe alors la cohabitation ? Selon la communication de Magelis, les deux pôles travaillent main dans la main, en partant du principe, plutôt positif, que le soutien commun aux œuvres permet une meilleure faisabilité.

 

Entre pôles régionaux et pôles Image, point de conflit donc. Bien au contraire, les deux initiatives vont souvent de pair et sont sources d’efficacité pour ce qui concerne le développement économique. Les missions supplémentaires confiées aux premiers sont relatives à des missions de service public et participent d’une décentralisation des pouvoirs de l’État. Parfois, il s’agit même d’un seul et même organisme aux appellations différentes.