Sorti il y a cinq ans, le premier modèle de la série des Video Assist rendait déjà de précieux services aux caméramen. Ils y trouvaient, réunis dans un même boîtier, un enregistreur et un moniteur remplaçant avantageusement celui de leurs caméras ou de leurs HDSLR. Video Assist, c’est aujourd’hui une gamme complète composée de quatre moniteurs enregistreurs, deux modèles 5 pouces et deux 7 pouces. Les versions HDR ont pris quelques millimètres en profondeur, certainement dus au refroidissement de l’écran.
Jeu des sept différences
Le boîtier des Video Assist est en aluminium usiné, assurant légèreté et robustesse. De face, la grande sobriété des moniteurs se distingue uniquement par les mentions HDR 12GSDI et un nouvel usinage pour le haut-parleur. Sur la gauche on trouve les mêmes connectiques SDI, HDMI et Mini XLR et sur la droite on remarque la nouvelle prise d’alimentation sécurisée. Au jeu des sept différences, on remarque un nouveau tally très utile sur le dessus des modèles HDR, et en bas la prise mini USB est remplacée par une prise USB-C. Le petit accessoire qui permettait de stabiliser le moniteur sur une table a disparu. L’arrière diffère par le type de batteries utilisées.
Alimentation
Les Video Assist originels sont équipés de deux emplacements pour batteries Li-ion type LP-E6 d’origine Canon. Pour faire face aux besoins accrus de puissance avec l’utilisation d’un écran haute luminosité, Blackmagic a choisi d’équiper ses nouveaux modèles de supports pour batteries Sony série L, très répandus et disponibles sous plusieurs capacités. La batterie la moins chargée est utilisée jusqu’à épuisement avant de basculer sur la seconde pour un fonctionnement en continu. Une alimentation externe 12 volts est livrée avec l’enregistreur.
Ce qui rentre et ce qui sort
Du SDI pour les plus professionnels au HDMI, vous pouvez connecter la majorité des caméras du marché. En SDI, les débits acceptés par le modèle Video Assist originel 7 pouces vont de 270 Mbits/s pour la SD (définition standard) jusqu’à 6 Gbits/s (6G SDI) permettant l’enregistrement jusqu’à la HD 1080p60 et l’ultra HD 2160p30. Les Video Assist travaillent en 10 bits 4:2:2 YUV (Rec. 601 et Rec. 709). L’enregistrement est possible suivant les différentes versions du codec Apple ProRes (du proxy au 422HQ) ou en DNxHD (45 à 220X) encapsulé en Quicktime ou MXF. Les modèles 12G SDI HDR (12 Gbits/s) y ajoutent les formats 4K DCI jusqu’à 25 i/s et l’espace colorimétrique Rec. 2020. Ces deux modèles supportent également l’enregistrement au format Raw, et le HDR aux normes HDR10 et HLG avec les métadonnées statiques PQ et HLG traitées selon la norme ST-2084.
Enregistreur et écran HDR
La détection automatique des signaux HDR est notifiée à droite du timecode. Les métadonnées sont enregistrées dans les fichiers Quicktime et transmises via les prises de sortie. On peut ainsi profiter des écrans grand public HDR. L’écran intégré permet de visionner les images Rec. 2020 et affiche la globalité de l’espace colorimétrique DCI-P3. Son impressionnante luminosité de 2 500 nits autorise l’utilisation du moniteur sous un soleil « tapant » !
Blackmagick Raw
Parallèlement aux formats Apple ProRes et DNxHD, le nouveau Blackmagic Raw offre un workflow haut de gamme aux possesseurs des caméras compatibles : Canon EOS C300 Mark II et Panasonic EVA-1. Le signal transite via les connectiques SDI. Les avantages du Raw en vidéo sont nombreux, le signal issu du capteur est enregistré avec un certain taux de compression ; les réglages opérés lors de la prise de vues sont enregistrés sous forme de métadonnées. On peut ainsi modifier après tournage la sensibilité (ISO), la balance des blancs, le gamma ou le gamut des fichiers. Leurs poids sont habituellement élevés, mais le BRaw propose des taux de compression allant jusqu’à 12:1. Pour alléger la postproduction, une partie des traitements, dont la débayerisation, est prise en charge par la caméra. Les fichiers sont également optimisés pour le traitement via les CPU et GPU des ordinateurs : Blackmagic facilite le Raw !
Supports d’enregistrements
Les prises USB Type-C permettent la connexion de disques Flash SSD pour les formats hauts débits et le Blackmagic Raw. Tous les modèles disposent d’emplacements pour cartes SD SDHC UHS-I et SDXC UHS-I et II. Les cartes doivent être choisies selon leurs débits. Un débit minimum de 110 Mbits/s est nécessaire pour l’enregistrement en ProRes HQ 2160p30 et 224 Mbits/s en ProRes HQ 2160p60.
Prise en main et utilisation
Les utilisateurs des caméras Blackmagic seront en terrain conquis ! On retrouve sur les Video Assist HDR le même logiciel Blackmagic OS présent sur les Pocket Cinema Camera et Ursa Mini Pro. On y règle aisément tous les paramètres d’enregistrements, le choix du codec, l’affichage, et les caractéristiques audio. La lecture des médias utilise une élégante mini-timeline : des gestes sur l’écran permettent d’explorer les différents plans ou de les visualiser image par image. Le modèle 5 pouces HDR propose une résolution 1920 x 1080. La résolution verticale du modèle 7 pouces gagne quelques pixels (1920 x 1200), permettant d’afficher les informations techniques sans rogner sur la visibilité de l’image. En « configuration enregistrement » on retrouve une navigation aisée via une petite gymnastique digitale : un balayage vers le haut ou le bas permet d’afficher ou de masquer les paramètres. Un accéléromètre permet l’orientation automatique de l’écran selon son utilisation. Les réglages disponibles dans les menus sont également aisément accessibles sur l’écran de prise de vues en sélectionnant les icônes ou titres correspondants.
Aides à la prise de vue
Le moniteur du Video Assist 12G SDI HDR intègre des fonctions dédiées à accompagner l’opérateur de prises de vues dans ses choix d’exposition, de balance colorimétrique et de mise au point. Trois outils servent à l’exposition : le zebra réglable, l’oscilloscope de profil et la fonction « fausses couleurs » qui colorise l’image en fonction des niveaux de luminosité. Plusieurs outils sont dédiés à la mise au point. Le peaking exagère les contours des objets. On pourra lui préférer la superposition de lignes colorées sur les zones de forts contrastes. Deux outils sont dédiés aux utilisateurs « cinéma ». Lorsqu’un mode « log » est appliqué au signal vidéo dans la caméra, l’image peut apparaître trop « laiteuse » et ainsi délicate à exploiter pour les réglages de caméras. L’application d’une LUT directement dans le moniteur permet d’afficher une image interprétée en vidéo (Rec. 709) ou en extended video (Rec. 709 avec compression des hautes lumières). Vous pouvez compléter les six LUT dédiées aux caméras Blackmagic grâce au logiciel Blackmagic Video Assist Setup. Il est même possible de visionner correctement les images captées avec des objectifs anamorphiques.
Des oscilloscopes haut de gamme
Les outils d’analyse de l’image ouvrent une utilisation plus large au Video Assist. On dispose de quatre « scopes » pour vérifier la conformité broadcast d’un signal dans un appareil autonome et portable. Un étalonneur peut vérifier la sortie du signal de sa station à moindre coût et zoomer sur l’affichage des outils. Il manque juste la « Skin Tone Line » : traditionnelle ligne utile à la vérification de la teinte des peaux humaines. Les oscilloscopes basculent automatiquement en mode HDR à la détection d’un signal correspondant. Plusieurs configurations sont possibles : scopes indépendants, superposés à l’image, ou en image dans l’image.
Le son à l’honneur
Le son peut être « embedded » aux signaux SDI ou HDMI (de deux à huit canaux) ou enregistré via les deux prises mini XLR. Les entrées sont totalement réglables : ajustement fin des niveaux, alimentation fantôme, sélection micro/ligne. Nous avions déjà apprécié le soin apporté au traitement du son des récentes caméras de Blackmagic, que l’on retrouve sur ces modèles. Les niveaux de bruit sont extrêmement faibles ; la qualité et la fidélité d’enregistrement sont excellentes pour des appareils dans cette gamme de budget. La fréquence d’échantillonnage peut être réglée jusqu’à 192 kHz et la quantification en 16 ou 24 bits.
Conclusion
Les nouveautés du Video Assist 12G SDI HDR renforcent l’intérêt d’un outil déjà extrêmement complet et facile d’utilisation. L’adoption d’un logiciel commun aux caméras de la marque permet une cohérence bienvenue pour les utilisateurs.
Article paru pour la première fois dans Mediakwest #37, p. 30-32. Abonnez-vous à Mediakwest (5 numéros/an + 1 Hors série « Guide du tournage) pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.