C’est une sélection forcément un peu particulière cette année puisque le Festival de Cannes n’aura pas lieu. La manifestation accompagnera tout de même tous les films sélectionnés en les labellisant et en construisant des partenariats avec d’autres festivals dans une optique solidaire… Une partie de la sélection des films du Festival de Cannes et du Festival international du film d’animation d’Annecy se retrouvera ainsi à l’affiche du Festival de Deauville qui aura lieu du 4 au 13 septembre 2020…
En attendant, voici tous les films sélectionnés commentés par les membres du comité de sélection du Festival de Cannes. L’organisation de cette sélection ne reprend pas les catégories qui la structurent lorsque le Festival de Cannes se déroule normalement, elle est divisée en plusieurs catégories :
– les réalisatrices et les réalisateurs « fidèles », qui ont déjà été accueilli(e)s en Sélection officielle,
– les nouvelles et les nouveaux venu(e)s, en Sélection officielle pour la première fois,
– les premiers films, dans la grande tradition de découverte qui est celle du Festival de Cannes,
– trois documentaires, cinéma présent depuis maintenant deux décennies en Sélection officielle,
– cinq comédies, genre trop rare à Cannes,
– quatre films d’animation : un français, un japonais, un danois et un américain.
LES FIDÈLES (ou déjà venus au moins une fois en Sélection officielle)
THE FRENCH DISPATCH de Wes Anderson (USA) – 1h43
Avec The French Dispatch, tourné à Angoulême avec une distribution très internationale (Frances McDormand, Léa Seydoux, Bill Murray, Mathieu Amalric, Benicio del Toro, etc.), Wes Anderson livre une œuvre d’artiste en une suite de miniatures extraordinaires dont l’assemblage en fait un objet totalement unique dans l’Histoire du cinéma. Avec ce film, qui traite aussi de la beauté du métier de journaliste, le réalisateur de The Grand Budapest Hotel poursuit une œuvre imprévisible et précieuse.
Production : INDIAN PAINTBRUSH PRODUCTIONS / AMERICAN EMPIRICAL PICTURES (Royaume-Uni/France/Allemagne) – Ventes : FOX SEARCHLIGHT PICTURES – Distribution France : THE WALT DISNEY COMPANY
ÉTÉ 85 de François Ozon (France) – 1h40
Une histoire d’amitié et d’amour ou l’inverse, entre deux garçons en marinières au milieu des années 80 dans une station balnéaire normande, histoire qui se révèlera sombre et passionnée. Ozon joue avec les genres pour livrer un film qui ressemble avant tout à un film d’Ozon, où la mise en scène règne en permanence, comme ses deux acteurs : Félix Lefebvre et Benjamin Voisin. Grand retour de Bananarama et The Cure dans la BO. Et sinon, ce sera le premier de la Sélection officielle à sortir en salles, le 15 juillet 2020.
Production : MANDARIN (France) – Ventes : PLAYTIME – Distribution France : DIAPHANA
ASA GA KURU (True Mothers) de Naomi Kawase (Japon) – 2h20
Le nouveau film de Naomi Kawase s’installe dans un récit complexe (une histoire d’adoption et de maternité) filmé avec une volonté de clarté, de limpidité, et avec beaucoup d’humilité. On retrouve le style impressionniste et sensoriel de la réalisatrice à travers ses plans d’inserts sur le vent et autres visions du paysage qui entourent ses personnages. Une inspiration humaniste au service d’une histoire poignante.
Production : KINO FILMS CO (Japon) – Ventes : PLAYTIME – Distribution France : HAUT ET COURT
LOVERS ROCK de Steve McQueen (Royaume-Uni) – 1h08
Un film de drague et de flirt qui prend la forme d’une longue transe, une lente combustion du désir en musique dans le Londres des années 60 qui représente à peu près tout ce qu’il ne faut pas faire en matière de gestes barrière et de distanciation sociale. Le film idéal pour sortir du confinement.
Production : TURBINE STUDIOS LIMITED (Royaume-Uni) – Ventes : TURBINE STUDIOS LIMITED
MANGROVE de Steve McQueen (Royaume-Uni) – 2h04
Deuxième apparition en Sélection officielle la même année pour Steve McQueen, découvert à Cannes avec Hunger (Caméra d’or 2008) et qui reviendra en compétition un jour. Mangrove raconte la lutte des habitants du quartier londonien de Notting Hill originaires de la Barbade harcelés pendant des années par la police locale. Un film de procès conté par la grâce d’acteurs extraordinaires et une caméra plongée au cœur d’une lumière savamment troublée qui fera écho aux questions raciales du monde contemporain.
Production : TURBINE STUDIOS LIMITED (Royaume-Uni) – Ventes : TURBINE STUDIOS LIMITED
DRUK (Another Round) de Thomas Vinterberg (Danemark) – 1h55
Druk (« Qui veut dire drunk, mais pas uniquement » dit le réalisateur) est l’histoire de la fascination des hommes de 50 ans pour l’alcool ou bien une histoire de l’angoisse de la cinquantaine qui leur fait préférer quelques verres de vin à une soirée en famille. Politiquement incorrect, et vraiment désespéré, dans tous les cas. On retrouve dans Druk la manière Vinterberg, son aisance à créer des ambiances collectives, l’atmosphère de voisinage et d’amitié, l’attention qu’il porte aux personnages déchirés. Avec un casting de choix : Mads Mikkelsen, Maria Bonnevie et Thomas Bo Larsen, entre autres.
Production : ZENTROPA (Danemark/Suède/Pays-Bas) – Ventes : TRUSTNORDISK – Distribution France : HAUT ET COURT
ADN (DNA) de Maïwenn (Algérie / France) – 1h30
Après Polisse, prix du jury en 2011, et Mon Roi, prix d’interprétation féminine pour Emmanuelle Bercot en 2015, Maïwenn est de retour en Sélection Officielle. Cette fois-ci, elle évoque non sans humour l’héritage pesant de ses parents et ses racines algériennes, à travers la perte de son grand-père adoré, qui déclenche chez elle un besoin de se rapprocher de l’Algérie. Un maelstrom de tendresse et de violence dans lequel elle joue son propre rôle, Fanny Ardant celui de sa mère, Marine Vacth celui de sa sœur et Louis Garrel celui de son meilleur ami.
Production : WHY NOT PRODUCTIONS (France) – Ventes : WILD BUNCH INTERNATIONAL
LAST WORDS de Jonathan Nossiter (USA) – 2h06
Avec Last Words, c’est le cinéma comme début et fin du monde, et comme principe d’éternité quand on y invite Harold Lloyd, Toto, Anna Magnani et Louis Lumière. Jonathan Nossiter, venu en compétition avec Mondovino et réalisateur de Signs and Wonder, dont il aurait pu reprendre le titre, ignorait que son film suivrait l’actualité du monde et sa survie, le cinéma et sa survie, avec une telle vérité en ces temps d’interrogation sur l’avenir du monde. Adapté d’un récit de Santiago Amigorena, avec une distribution de choix : Nick Nolte, Charlotte Rampling, Alba Rohrwacher et Stellan Skarsgård et Kalipha Touray, réfugié gambien de 19 ans, qui joue « l’ultime être humain sur terre ».
Production : STEMAL (Italie/France) – Ventes : THE PARTY FILMS – Distribution France : JOUR2FÊTE
HEAVEN: TO THE LAND OF HAPPINESS de IM Sang-Soo (Corée du Sud) – 1h40
Im Sang-soo ne craint pas le mauvais goût et en joue avec volupté. Ce Buddy movie dans lequel les acteurs, dont le vétéran (cannois, star de Old Boy) Min-sik Choi, enchantent un scénario qui multiplie les péripéties, est un film de divertissement qu’Im Sang Soo inscrit dans une certaine tradition bouffonne. Et quand il s’agit de montrer un pays qu’il juge trop matérialiste et trop souvent vidé de son âme, il retrouve avec aisance son ironie pince-sans-rire.
Production : HIVE MEDIA CORP (Corée du Sud) – Ventes : FINECUT
EL OLVIDO QUE SEREMOS (Forgotten we’ll be) de Fernando Trueba (Espagne) – 2h16
Un film historique tourné en Colombie par l’espagnol Fernando Trueba qui gagna l’Oscar du meilleur film étranger avec Belle époque en 1994, adapté du chef d’œuvre d’Héctor Abad Faciolince, « L’oubli que nous serons » (Editorial Planeta, en France Gallimard). On y voit le présent traité en noir et blanc et le passé en couleurs. Le film raconte le paradis perdu de l’enfance et l’enfer d’un pays qui sombre dans la violence et brise les familles. Le regard d’un enfant sur son père adoré et adorant est servi par la grande performance de Javier Cámara, autorité médicale, autorité paternelle. « El Olvido que seremos » (« L’oubli que nous serons ») est tiré d’un sonnet de Jose Luis Borges.
Production : CARACOL TELEVISION (Colombie) – Ventes : FILM FACTORY ENTERTAINMENT
PENINSULA de YEON Sang-Ho (Corée du Sud) – 1h54
Sang-Ho Yeon cultive l’art de tisser des liens bouleversants entre personnages alors qu’ils luttent contre des zombies ! Après la sensation Dernier train pour Busan, voici le nouveau film très inventif et rythmé du cinéaste sud coréen fou de cinéma de genre, qui, avec Peninsula, fait se rencontrer à sa manière le cinéma de John Carpenter et les morts-vivants sud coréens.
Production : REDPETER FILMS (Corée du Sud) – Ventes : CONTENTS PANDA – Distribution France : ARP SELECTION
IN THE DUSK (Au crépuscule) de Sharunas BARTAS (Lituanie) – 2h06
Un très jeune homme dans un village de Lituanie, à la fin de la seconde guerre mondiale, se retrouve confronté à la mainmise de l’URSS sur son pays. Comment résister à l’oppression ? Le cinéaste lituanien Sharunas Bartas aborde ce sujet historique et s’intéresse à l’âme d’une nation et à celle du peuple. Il questionne la façon dont un adolescent peut se construire au cœur d’un conflit majeur, il dit les traces profondes que laisse l’ingérence d’un peuple sur un autre peuple. Film de menace réalisé avec une sûreté cruelle, Au crépuscule est une œuvre miroir extrêmement contemporaine, avec notre monde actuel.
Production : STUDIJA KINEMA/KINOELEKTRON (Lituanie/France/République Tchèque/Serbie/Portugal/Lettonie) – Ventes : LUXBOX – Distribution France : SHELLAC FILMS
DES HOMMES (Home Front) de Lucas BELVAUX (Belgique) – 1h40
Déjà onze longs métrages pour Lucas Belvaux, qui adapte le roman éponyme de Laurent Mauvignier. L’histoire d’anciens combattants de la guerre d’Algérie qui voient leur passé revenir quarante ans après. Situé dans un petit village où tout le monde se connaît, le film évoque cette chape de plomb et de silence qui s’est abattue sur la France après la « guerre sans nom », dans une narration en flash-backs guidée par la mémoire de Gérard Depardieu, Catherine Frot et Jean-Pierre Darroussin.
Production : SYNECDOCHE (France/Belgique) – Ventes : THE PARTY FILM SALES – Distribution France : AD VITAM
THE REAL THING de Kôji Fukada (Japon) – 3h48
Sans doute le meilleur film de Fukada, venu au Certain Regard avec Harmonium et l’une des œuvres les plus émouvantes de l’année. Quatre heures remplies d’amour obsessionnel contrarié, de destin qui s’acharne, de grande fragilité émotionnelle, d’excellents acteurs (le réservoir japonais semble inépuisable) et un cinéaste inspiré par ce qu’il raconte. Cannes est le témoin d’une nouvelle génération japonaise qui, de Hamaguchi à Fukada, s’impose à la hauteur des grands K contemporains : Kore-eda, Kurosawa (Kiyoshi) et Kawase. L’un des films les plus longs de la Sélection qui en compte très peu cette année.
Production : NAGOYA TV (Japon) – Ventes : NAGOYA TV
LES NOUVELLES ET NOUVEAUX VENU(E)S
PASSION SIMPLE de Danielle Arbid – (Liban) – 1h36
Adaptation brûlante du best-seller de l’écrivaine française Annie Ernaux par la cinéaste libanaise Danielle Arbid, qui raconte l’addiction physique entre un diplomate russe mystérieux et une mère de famille qui se perd dans l’attente de cet homme avec qui elle n’a aucun point commun. Avec Laetitia Dosch, la Jeune Femme de Leonor Serraille qui avait obtenu la caméra d’or en 2017, et Sergueï Polounine, danseur-star du Royal ballet.
Production : LES FILMS PELLÉAS (France/Belgique) – Ventes : PYRAMIDE INTERNATIONAL – Distribution France : PYRAMIDE DISTRIBUTION
A GOOD MAN de Marie Castille Mention-Schaar (France) – 1h47
Une histoire d’amour qui se joue du genre… Elle et lui, lui et elle, elle et elle… L’important c’est d’aimer. Marie Castille Mention-Schaar, pour la première fois en Sélection officielle, regarde avec acuité le monde d’aujourd’hui et ne craint pas de mettre une histoire extra-ordinaire sur l’écran. Un film où le romanesque raconte la vie réelle et dont le sujet fera grand débat. Avec Noémie Merlant et Soko.
Production : WILLOW FILMS (France) – Ventes : PYRAMIDE INTERNATIONAL – Distribution France : PYRAMIDE DISTRIBUTION
LES CHOSES QU’ON DIT, LES CHOSES QU’ON FAIT de Emmanuel Mouret (France) – 2h
Des histoires d’amour et des histoires de hasard, le temps de vivre et le temps d’aimer, des cœurs qui battent et des yeux qui pleurent… Emmanuel Mouret continue d’explorer la carte du tendre qu’il rebat avec plaisir et gourmandise. Avec des actrices et acteurs en état de grâce : Vincent Macaigne, Camélia Jordana, Niels Schneider, Emilie Dequenne, Jenna Thiam, Guillaume Gouix.
Production : MOBY DICK FILMS (France) – Ventes : ELLE DRIVER – Distribution France : PYRAMIDE DISTRIBUTION
SOUAD de Ayten Amin (Égypte) 1h30
Caméra fluide et proche des visages pour ce portrait émouvant de jeunes égyptiennes. Ayten Amin tisse un monde précieux, qui mêle traditions locales et espérances universelles. Les jeunes filles rêvent, elles veulent séduire, être aimées, se maquiller, s’éveiller. Dans Alexandrie la belle, le son est celui de la vie, des bruits de la ville et des silences de l’héroïne. Après Yomeddine, de A.B. Shawky ou les films de Mohamed Diab, une nouvelle preuve de la vitalité du jeune cinéma égyptien.
Production : VIVID REELS (Égypte/Tunisie)
LIMBO de Ben Sharrock (Royaume-Uni) – 1h53
Limbo s’attache au destin de réfugiés en attente d’asile sur une ile écossaise. Tristesse et mélancolie mais une œuvre souvent très drôle dans un style brillant qui fait songer à Roy Andersson, Aki Kaurismäki, ou Rüben Östlund. Le deuxième film du réalisateur et scénariste britannique Ben Sharrock.
Production : CARAVAN CINEMA LTD (Royaume-Uni) – Ventes : PROTAGONIST PICTURES
ROUGE (Red Soil) de Farid Bentoumi (France) – 1h26
Deuxième film aussi pour Farid Bentoumi après la comédie Good Luck Algeria. Il prend comme sujet un scandale sanitaire sur les rejets de déchets toxiques d’une usine chimique, les fameuses « boues rouges ». Dans le rôle de l’infirmière du travail lançeuse d’alerte, Zita Hanrot forme un duo fille/père très puissant avec un Sami Bouajila qui campe un syndicaliste plus sincère que nature, préférant le cancer au chômage. Avec aussi Céline Sallette, qui vient de réaliser son premier court métrage pour l’ADAMI, en journaliste engagée.
Production : LES FILMS VELVET (France) – Ventes : WTFILMS – Distribution France : AD VITAM
SWEAT de Magnus Von Horn (Pologne) – 1h40
Deuxième film du suédois Magnus von Horn après Le Lendemain, vu à la Quinzaine des Réalisateurs en 2015, et portrait tout en sueur d’une influenceuse polonaise coach de fitness. Un film très contemporain sur l’ultra moderne solitude à l’ère des réseaux sociaux.
Production : LAVA FILMS (Pologne/Suède) – Ventes : NEW EUROPE FILM SALES
TEDDY de Ludovic et Zoran Boukherma (France) – 1h28
Les frères Boukherma dont on avait beaucoup aimé le premier long métrage, Willy 1e, sélectionné à l’ACID en 2016, reviennent avec un film de loup-garou transposé dans leur univers à la fois naturaliste et très stylisé. Dans le rôle-titre, on retrouve le jeune Anthony Bajon qui, avec Niels Schneider et Vincent Macaigne, est l’un des comédiens qu’on a le plus vu dans les films proposés cette année. C’est aussi le retour en Sélection officielle de Jokers Films, le distributeur de la Palme d’or 2019, Parasite.
Production : BAXTER FILMS (France) – Ventes : WTFILMS – Distribution France : THE JOKERS FILMS
FEBRUARY (Février) de Kamen Kalev (Bulgarie) – 2h05
Pour son nouveau film, le bulgare Kamen Kalev dresse le portrait d’un être humain, de l’enfance à l’âge adulte. Le cinéaste choisit pour cela de s’éloigner du spectaculaire et de la vie moderne, pour filmer avec une assurance sidérante la vie extérieure éternelle, celle d’un paysage de campagne, ou d’une vie maritime qui ne réclament aucune parole. Une œuvre comme une exploration.
Production : KORO FILMS (Bulgarie) – Distribution France : UFO DISTRIBUTION
AMMONITE de Francis Lee (Royaume-Uni) – 2h
Histoire d’amour et de science britannique qui se déroule au milieu du 19ème siècle avec Kate Winslet et Saoirse Ronan. Le film joue de la solitude et du temps, de l’art du contraste, qui tire des objets les plus inertes, froids et anciens que sont les fossiles, une passion entre deux femmes dont Mary Anning (Kate Winslet), paléontologue anglaise qui révolutionna sa discipline par son obstination. Un film romanesque, au sujet audacieux, au projet de cinéma courageux.
Production : SEE-SAW FILMS (Royaume-Uni) – Ventes : CROSS CITY FILMS – Distribution France : PYRAMIDE DISTRIBUTION
UN MÉDECIN DE NUIT de Elie Wajeman (France) – 1h40
Troisième film d’Elie Wajeman, qui emmène le spectateur passer une nuit sur le siège arrière d’un médecin sillonnant Paris pour soigner les drogués en manque comme les solitaires en pleine crise d’angoisse. Vincent Macaigne joue ce « Saint des toxicos » dont le parcours halluciné rappelle le Harvey Keitel du Bad Lieutenant de Abel Ferrara.
Production : PARTIZAN FILMS (France) – Ventes : BE FOR FILMS – Distribution France : DIAPHANA DISTRIBUTION
ENFANT TERRIBLE de Oskar Roehler (Allemagne) – 2h14
Biopic personnel sur la vie intense et brève de Rainer Werner Fassbinder, Enfant terrible est un film-exploit. Oscar Roelher, qui a toujours été inspiré par les personnages hors normes, explore ainsi la personnalité incontrôlable de Fassbinder, génial, excessif, cruel, tendre, passionné. Il livre une œuvre aux partis pris visuels tranchés et aux choix de récit savamment calculés, à l’aide de ces scènes de théâtre que Fassbinder aimait tant. Demeure la sensation de plonger au cœur d’une vie et d’une âme qui tourmentait tous ceux qui l’approchaient, le sentiment qu’il était temps de retourner vers un génie en état permanent de création.
Production : BAVARIA FILMPRODUKTION (Allemagne) – Ventes : PICTURE TREE INTERNATIONAL
NADIA, BUTTERFLY de Pascal Plante (Canada) – 1h46
Deuxième film pour Pascal Plante, ancien nageur de haut niveau, qui embarque sa caméra aux côtés d’une championne de natation en descente post-compétition. Un film mélancolique qui s’intéresse au jour d’après, à ce que deviennent les athlètes une fois le maillot raccroché. Le rôle principal est tenu par une nageuse québécoise médaillée de bronze à Rio, Katerine Savard, qui porte le film sur ses épaules dans tous les sens du terme.
Production : NEMESIS FILMS (Canada) – Ventes : WAZABI FILMS
HERE WE ARE de Nir Bergman (Israël) – 1h34
Aharon, la cinquantaine vaillante, est avant tout un père, le père d’Uri, adolescent autiste. Père et fils se comprennent parce qu’ils s’aiment, mais jusqu’où le père peut-il aller s’il aime réellement son fils ? Nir Bergman pose sa caméra à hauteur d’hommes pour suivre un duo magique et livrer un mélo poignant dont la référence est Le Kid de Chaplin.
Production : SPIRO FILMS (Israël) – Ventes : MK2 FILMS
UN FILM À SKETCHES
SEPTET: THE STORY OF HONG KONG de Ann Hui, Johnnie TO, Tsui Hark, Sammo Hung, Yuen Woo-Ping, Ringo Lam et Patrick Tam Kar-ming – 1h53
Comme chacun sait, Hong Kong traverse depuis quelques temps une période particulière, difficile et violente de son existence. Et Johnnie To a demandé à six cinéastes hong-kongais (Ringo Lam, Tsui Hark, Yuen Woo-ping, Sammo Hung, Patrick Tam Kar-ming et Ann Hui) de raconter comme lui une histoire où ils partagent à la fois chacun un souvenir d’enfance et leur vision de Hong Kong. Et, évidemment, en se penchant sur le passé de ces cinéastes, on se projette sur le futur incertain de Hong- Kong. C’était l’année ou jamais pour montrer ce film à sketches.
Production : MILKYWAY IMAGE (Hong Kong) – Ventes : MEDIA ASIA DISTRIBUTION
LES PREMIERS FILMS
FALLING de Viggo Mortensen (USA) – 1h52
Premier film de l’acteur Viggo Mortensen et plongée intense dans la psyché familiale. Le passé se mêle sans cesse au présent, la figure d’un père terrible et furieux, au visage incrédule et déterminé d’un fils qui encaisse. Mortensen mène là une histoire de cinéma universelle, empreinte de sensations intimes. Gorgée de nature et d’Amérique profonde, Falling est une œuvre forte, comme souvent les films d’acteurs, de surcroit très personnelle pour le poète et photographe qu’est aussi Viggo Mortensen. Avec David Cronenberg (ils avaient fait A History of Violence ensemble ainsi que Les Promesses de l’ombre et A Dangerous Method) en guest-star.
Production : PERCIVAL PICTURES (Canada/Royaume-Uni/Danemark) – Ventes : HANWAY FILMS – Distribution France : METROPOLITAN FILMEXPORT
PLEASURE de Ninja Thyberg (Suède) – 1h45
Premier film de Ninja Thyberg, une réalisatrice suédoise dont le court-métrage également intitulé Pleasure avait été présenté à la Semaine de la critique en 2013. A travers le portrait percutant d’une jeune suédoise déterminée à devenir une star du porno aux États-Unis, c’est l’occasion d’avoir un point de vue féminin sur un milieu machiste dont on découvre les coulisses.
Production : PLATTFORM PRODUKTION (Suède/Pays-Bas/France) – Ventes : VERSATILE
SLALOM de Charlène Favier (France) – 1h32
Un film d’emprise évoquant ce moment où tout peut déraper entre un entraineur/pygmalion et sa protégée, jeune espoir du ski alpin. Un premier film tourné aux Arcs dans la Savoie natale de sa réalisatrice autodidacte qui filme superbement la montagne. Avec Noée Abita, révélée dans Ava de Léa Mysius, dans le rôle de la sportive et Jérémie Renier dans le rôle du coach.
Production : MILLE ET UNE PRODUCTIONS (France) – Ventes : THE PARTY FILM SALES – Distribution France : JOUR2FÊTE
CASA DE ANTIGUIDADES (Memory House) de Joao Paulo Miranda Maria (Brésil) – 1h27
Cristovam, solitaire et travailleur dans un Brésil rural géré par une ancienne colonie autrichienne, vit sa vie en parallèle. Être d’acceptation, dont les ancêtres ont toujours été de cette terre-là, c’est sans stupéfaction qu’il découvre un lieu abandonné dont les objets portent en eux la mémoire magique de son pays. Casa de antiguidades est de ces films réconciliateurs qui explose les limites en exposant paradoxalement les inégalités sociales brésiliennes. Le fantastique côtoie la réalité la plus triviale, le passé reprend ses droits au cœur du présent. Joao Paulo Miranda Maria construit une œuvre riche de tous les Brésils dont la matrice commune est une lumière et un paysage admirablement captés.
Production : MANEKI FILMS (Brésil)
BROKEN KEYS (Fausse note) de Jimmy Keyrouz (Liban) – 1h30
Œuvre de dénonciation, ici de l’islamisme radical à l’époque de Daech, Broken Keys vaut par son classicisme et sa façon d’articuler les petites histoires avec la grande. La musique (de Gabriel Yared) joue en contrepoint des horreurs du monde dans ce premier film du libanais Jimmy Keyrouz empreint d’humanité.
Production : EZEKIEL (Liban)
IBRAHIM de Samir Guesmi (France) – 1h20
Premier film de l’acteur Samir Guesmi sur une relation père-fils, sans schématisme ni clichés. Guesmi a toujours été très bon acteur, il est accompagné du remarquable Abdelrani Bendaher, à la fois timide et obstiné, victime d’un engrenage qu’il n’a pas déclenché, ne cherchant que le bonheur pour un père de plus en plus empêtré. Un film sur le monde d’aujourd’hui, de petits moyens et de grandes espérances.
Production : WHY NOT PRODUCTIONS (France) – Ventes : WILD BUNCH INTERNATIONAL
BEGINNING (Au commencement) de Dea Kulumbegashvili (Géorgie) – 2h
Premier film géorgien ou la vision d’une jeune cinéaste sur la société pétrifiée de son pays. Dea Kulumbegashvili construit son récit comme une chasse, une traque entre proie hypnotisée et prédateur accompli. Dans cette histoire de jeune épouse, témoin de Jéhovah, harcelée par un jeune flic local, tout se joue par des décors statiques et une volonté de survivre. Des débuts impressionnants.
Production : FIRST PICTURE / O.F.A (Géorgie) – Ventes : WILD BUNCH INTERNATIONAL
GAGARINE de Fanny Liatard et Jérémy Trouilh (France) – 1h35
Premier film coréalisé par Fanny Liatard et Jérémy Trouilh dont les courts métrages ont été remarqués à Clermont Ferrand. L’histoire d’un ado au prénom prédestiné, Youri, qui a grandi dans la cité Gagarine et en a fait en quelque sorte son vaisseau spatial. C’est un film de résistance puisque son héros se refuse à voir cette barre de briques rouges à la mixité réussie, être démolie. Pour la première fois à l’écran on découvrira Alséni Bathily aux côtés de notre Papicha Lyna Khoudri qui a fait les belles heures du Certain Regard l’année dernière dans le film de Mounia Meddour, César du meilleur premier film en 2020.
Production : HAUT ET COURT (France) – Ventes : TOTEM FILMS – Distribution France : HAUT ET COURT
16 PRINTEMPS de Suzanne Lindon (France) – 1h13
Suzanne Lindon, 20 ans, évoque ses 16 ans et prend l’enfant de la balle au bond pour un film qui regarde une femme éclore dans l’amour d’un homme plus âgé qu’elle. Suzanne raconte, filme, joue et danse ce moment intime et fragile qui brasse autant de désir que de peur. Un premier film prometteur, avec Arnaud Valois révélé à Cannes dans 120 battements par minute.
Production : AVENUE B PRODUCTIONS (France) – Ventes : LUXBOX – Distribution France : PANAME DISTRIBUTION
VAURIEN de Peter Dourountzis (France) – 1h35
Un thriller social qui montre que les tueurs en série peuvent être des gens charmants et même avoir le sourire de Pierre Deladonchamps. Premier film impressionnant et première fois que l’on revoit Ophélie Bau après Mektoub My Love d’Abdellatif Kechiche. Peter Dourountzis a travaillé dix ans au SAMU social de Paris et sait décrire le quotidien erratique d’un vagabond et une France rarement montrée à l’écran.
Production : 10:15 PRODUCTIONS (France) – Ventes : KINOLOGY – Distribution France : REZO FILMS
GARÇON CHIFFON de Nicolas Maury (France) – 1h48
Premier film, coécrit avec Sophie Fillières, de Nicolas Maury, acteur popularisé par la série Dix pour Cent et qu’on avait pu voir à Cannes dans Un Couteau dans le cœur de Yann Gonzalez. Il avoue qu’il s’est donné « le rôle de sa vie » en incarnant un comédien qui, à force d’être maladivement jaloux, va perdre l’homme qu’il aime. Un film plein d’autodérision avec Nathalie Baye dans le rôle de sa mère.
Production : CG CINEMA (France) – Ventes : LES FILMS DU LOSANGE – Distribution France : LES FILMS DU LOSANGE
SI LE VENT TOMBE (Should the Wind Fall) de Nora Martirosyan (Arménie) – 1h40 – En coprésentation avec l’ACID
Premier film étonnant d’une réalisatrice arménienne passée par l’Atelier de la Cinefondation en 2014, qui arrive à créer une tension permanente à partir de presque rien. Une sorte de Désert des tartares minimaliste, avec le toujours parfaitement stoïque Grégoire Colin dans le rôle d’un ingénieur chargé de trancher sur la réouverture de l’aéroport du Haut Karabakh, République autoproclamée du Caucase. Une inspiration visuelle permanente et un voyage hors du temps.
Production : SISTER PRODUCTIONS (Arménie/France/Belgique) – Ventes : INDIE SALES – Distribution France : ROUGE DISTRIBUTION
JOHN AND THE HOLE de Pascual Sisto (Espagne) – 1h38
Un pitch détonnant (et donc pas révélé ici) pour ce thriller/ « coming of age movie » plein de bonnes influences (d’Haneke à Gus Van Sant), premier film d’un artiste espagnol vivant à New York qui s’est spécialisé dans la représentation de réalités alternatives. Et c’est avec Nicolás Giacobone, scénariste argentin fidèle d’Iñárritu, qu’il a écrit le film.
Production : MUTRESSA MOVIES (Etats-Unis)
STRIDING INTO THE WIND (Courir au gré du vent) de WEI Shujun (Chine) – 2h36
Deux jeunes hommes totalement survoltés et un 4×4 en Chine. Ce pourrait être le point de départ de ce premier film d’un jeune cinéaste surdoué. Mais derrière cette formule rapide se cache une odyssée libre comme l’air, inventive, inattendue, et qui ajoute une manière inédite de penser le cinéma chinois. Une œuvre qui ne ressemble à aucune autre, comme souvent dans le cinéma qui vient d’une Chine dont le cinéma compte plus que jamais.
Production : ALIBABA PICTURES (Chine)
THE DEATH OF CINEMA AND MY FATHER TOO (La Mort du cinéma et de mon père aussi) de Dani Rosenberg (Israël) – 1h40
Premier film israélien. Un jeune cinéaste filme l’agonie de son père, lui-même cinéaste. Tout est une question de proximité et de distance, pour capter un dernier geste, ne pas rater une parole. Un film merveilleusement intime, à la lisière du documentaire et de l’auto-fiction.
Production : PARDES FILMS (Israël) – Ventes : FILMS BOUTIQUE
3 DOCUMENTAIRES
EN ROUTE POUR LE MILLIARD (Downstream to Kinshasa) de Dieudo Hamadi (Rép. Démocratique du Congo) – 1h30
Documentaire du congolais Dieudo Hamadi qui continue son travail de cinéaste-témoin. Dans The Billion Road, il met une fois encore sa caméra dans la rue et suit un groupe d’hommes dans sa lutte pour obtenir réparation de la part de l’état défaillant. Avec minutie et un souci de rendre tout vibrant, le film offre le privilège au spectateur d’accompagner ses héros de la vie réelle. Un magnifique geste de cinéma.
Production : LES FILMS DE L’OEIL SAUVAGE (Rép. Démocratique du Congo/Belgique/France) – Ventes : ANDANA FILMS
THE TRUFFLE HUNTERS de Michael Dweck et Gregory Kershaw (USA) – 1h24
Un documentaire qui part sur les traces de la truffe blanche d’Alba, en Italie, prisée des grands chefs et des glaneurs qui la revendent à prix d’or. Sans voix off, The Truffle Hunters raconte une tradition ancestrale confrontée au business contemporain, l’amour entre des octogénaires et des chiens au flair parfois incertain, pour une recherche obstinée et insensée, un voyage au cœur des forêts du Piémont. Présenté à Sundance et produit par Luca Guadagnino.
Production : GO GIGI GO PRODUCTIONS LLC (Italie/Etats-Unis/Grèce) – Distribution France : SONY PICTURES RELEASING
9 JOURS À RAQQA de Xavier de Lauzanne (France) – 1h30
Documentaire sur une femme formidable, Leïla Mustapha, 30 ans, la nouveau maire Kurde de Raqqa, en Syrie, ingénieure en génie civil chargée de la reconstruction de l’ancienne capitale de Daech, et qui doit réconcilier la population et faire vivre la démocratie. L’enquête de Marine de Tilly et la caméra de Xavier de Lauzanne font aussi de 9 jours à Raqqa un document rare sur la Syrie et un film intrinsèquement « féministe »… Leïla Mustapha est l’héroïne humble et farouche d’un quotidien extraordinaire.
Production : ALOEST FILMS (France)
5 COMÉDIES
ANTOINETTE DANS LES CÉVENNES de Caroline Vignal (France) – 1h35
Une randonnée sur les traces de Stevenson : c’est celle de Laure Calamy qui marche avec son âne, et le parcours est loin d’être balisé. Sur le thème « l’important n’est pas l’arrivée mais le chemin », Caroline Vignal, dont c’est seulement le deuxième long en presque 20 ans, a réalisé une comédie anti-chagrins d’amour, à mi-chemin entre le western cévenol et le conte contemporain.
Production : CHAPKA FILMS / LA FILMERIE (France) – Ventes : PLAYTIME – Distribution France : DIAPHANA DISTRIBUTION
LES DEUX ALFRED de Bruno Podalydès (France) – 1h30
Nouveau film de Bruno Podalydès, qui n’a jusque-là jamais figuré en Sélection officielle, et pur plaisir de voir les deux frères, Bruno et Denis, jouer ensemble – ils ne font souvent que se croiser. Les Deux Alfred est une comédie enlevée et émouvante sur des personnages dépassés par le monde moderne et les nouvelles technologies, qui vont se serrer les coudes pour s’en sortir. Dans le rôle de la redoutable femme d’affaire qui cache bien son jeu, Sandrine Kiberlain est extra. Et une scène de « coming out parental » fait déjà légende dans le comité de sélection.
Production : WHY NOT PRODUCTIONS (France) – Distribution France : UGC DISTRIBUTION
UN TRIOMPHE (The big hit) de Emmanuel Courcol (France) – 1h40
Un comédien déchu (Kad Merad) débarque dans une maison d’arrêt pour enseigner le théâtre à des prisonniers. Les intentions de l’un ne sont pas celles des autres mais il est là pour monter la pièce de Beckett En attendant Godot et il se battra. La vie carcérale, la présence de l’art, l’existence du dehors, l’évasion par les mots, Emmanuel Courcol livre un véritable film de prison dans un mélange très réussi de jeunes comédiens et de vétérans de la Comédie Française (Marina Hands, Laurent Stocker) pour les adouber. Produit par Robert Guédiguian.
Production : AGAT FILMS & CIE (France) – Ventes : MK2 FILMS – Distribution France : MEMENTO FILMS DISTRIBUTION
L’ORIGINE DU MONDE de Laurent Lafitte (France) – 1er film
Évidemment, L’Origine du monde est un tableau, peint par Gustave Courbet en 1966. Puis c’est devenu une pièce de théâtre de Sébastien Thiéry. Maintenant, c’est le premier film de Laurent Lafitte, acteur, auteur et désormais réalisateur, tout en s’installant aussi devant la caméra. L’histoire d’un homme sans cœur, au sens propre du terme, mais apparemment vivant. On n’en dit pas plus pour ne pas déflorer ce spectacle grinçant et joyeux, drôle et déroutant. Les comédiens (Vincent Macaigne, Karin Viard, Nicole Garcia) s’amusent, spécialement la parfaite Hélène Vincent, et ce ne sont pas les seuls.
Production : TRESOR FILMS (France) – Ventes : STUDIO CANAL – Distribution France : STUDIO CANAL
LE DISCOURS de Laurent Tirard (France) – 1h27
Nouvelle comédie de Laurent Tirard adaptée du roman de Fabrice Caro, sur un trentenaire plaqué qui attend un sms de réconciliation pendant un diner de famille qui n’en finit pas. Laurent Tirard a eu l’excellente idée de confier le premier rôle à Benjamin Lavernhe (de la Comédie Française) qui sait jouer les semi-abrutis comme personne. Un film tendre et enlevé, très écrit et très filmé, qui affirme qu’il n’est jamais trop tard pour se dire les choses, avec aussi Sara Giraudeau, également dans Médecin de nuit d’Elie Wajeman.
Production : LES FILMS SUR MESURE (France) – Ventes : CHARADES – Distribution France : LE PACTE
4 FILMS D’ANIMATION
AYA TO MAJO (Earwig and the Witch) de Gorô Miyazaki (Japon) – 1h22
Gorô Miyazaki livre un film d’animation digitale et non en trait manga habituel. Une différence avec le cinéma de son père, le grand Hayao Miyazaki, qui a participé à l’élaboration de cet opus, lequel signe le grand retour des studios Ghibli sur le grand écran alors qu’ils triomphent désormais partout sur les plateformes. Dans cette œuvre extrêmement originale, on retrouve les influences narratives des contes pour enfants avec leurs personnages inquiétants, ses petites héroïnes déterminées et leurs pouvoirs magiques. À noter que le film ne se passe pas au Japon mais parle tout de même la langue d’Ozu.
Production : NHK / NHK ENTERPRISES / STUDIO GHIBLI (Japon) – Ventes : WILD BUNCH INTERNATIONAL
FLEE de Jonas Poher Rasmussen (Danemark) – 1h30
Ce film hybride se sert de la force d’images d’archives historiques, rehaussées par l’animation et son incarnation de l’imaginaire, pour traiter un sujet relativement inédit au cinéma : la fuite d’une famille afghane à travers la Russie pour atteindre l’Europe. Une épopée miniature bouleversante.
Production : FINAL CUT FOR REAL (Danemark/France/Suède/Norvège) – Ventes : CINEPHIL
JOSEP de Aurel (France) – 1h20 – 1er film
Sujet fort et forme rare dans l’animation avec l’utilisation des jump-cut, alternance d’images fixes et animées, mélange entre dessin de presse, traits de bande dessinée et peintures : le premier film du dessinateur Aurel, sur un scénario du compagnon de route de Robert Guédiguian, Jean-Louis Milesi, évoque avec conviction et poésie une histoire oubliée de l’Histoire, celle la Retirada, l’exode vers la France des réfugiés de la guerre civile espagnole en 1939. Le pouvoir du trait pour témoigner et réenchanter le monde : le premier film d’Aurel est ambitieux.
Production : LES FILMS D’ICI (France) – Ventes : THE PARTY FILM SALES – Distribution France : SOPHIE DULAC DISTRIBUTION
SOUL de Pete Docter (USA) – 1h30
Le film aurait pu figurer parmi les « fidèles » : les liens entre le Festival de Cannes, le Studio Pixar et Pete Docter ne datent en effet pas d’hier. Ensemble à l’ouverture avec Là-haut en 2009, nous nous sommes retrouvés pour la présentation de Vice-Versa en 2015. Depuis, Pete Docteur est devenu le patron du studio mais il ne perd pas la main : c’est en réalisateur qu’il revient en Sélection officielle avec Soul, l’histoire d’un prof de musique qui se réincarne, enfin, pas vraiment, mais bon, on ne raconte rien. Premier Pixar qui se passe à New York. Au scénario, Pete Docter, Mike Jones et Kemp Powers (aussi co-réalisateur), à la partition, Trent Reznor et Atticus Ross.
Production : PIXAR ANIMATION STUDIOS (Etats-Unis) – Distribution France : THE WALT DISNEY COMPANY