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Prise en main du Cloud Store Mini

Le Cloud Store Mini est le second appareil de la nouvelle gamme de stockage partagé en réseau présenté à l’occasion de l’annonce par Grant Petty de la sortie de DaVinci Resolve 18. Le cloud et le travail collaboratif sont à l’honneur. Blackmagic nous a prêté un Cloud Store Mini, nous vous proposons de le découvrir.
La carte fille du Cloud Store Mini contient les quatre disques SSD NVMe M2. © Loïc Gagnant

 

Un site dédié cloud.blackmagicdesign.com permet, via un abonnement, de partager des projets hébergés au sein de bibliothèques de projets (project libraries). Pour que les différents utilisateurs travaillant depuis n’importe quel lieu de la planète aient accès aux mêmes médias, les équipes de Blackmagic ont opté pour une solution de synchronisation via Dropbox.

 

Présentation du Cloud Store Mini

Le premier appareil de la gamme est le Cloud Pod proposé à 385 euros. Dénué de mémoire interne, il propose de convertir vos disques USB-C en stockage réseau. À l’image du Cloud Store, dont le design reprend celui de l’eGpu proposé par la marque, le Cloud Store Mini prend place dans un boîtier à la forme familière utilisé notamment par certains Teranex Mini. À l’intérieur, on trouve des disques SSD M2, gages de hauts débits et de fiabilité car dénués de pièces tournantes comme les disques durs à plateaux.

Le Mini étant configuré en Raid 0, les disques fonctionnent en parallèle, assurant un débit supérieur mais ne proposant pas de sécurisation contre la perte de données en cas de défaillance d’un disque. Il faudra opter pour un modèle Cloud Store si on souhaite bénéficier d’une matrice Raid 5 qui permet grâce à un système de parité de reconstruire un disque hors d’usage.

 

Déballage

À l’ouverture de l’emballage du Cloud Store Mini, nous le trouvons fièrement protégé entre deux coques de polystyrène expansé, seul et dénué de tout accessoire. La préparation se limité à installer les quatre pieds souples et à trouver, ou acheter, un câble pour le connecter au secteur électrique. Une prise sécurisée est prévue pour l’ajout d’une alimentation en courant continu 12 volts. Elle permet une redondance en cas de panne de l’alimentation principale intégrée au boîtier. Elle peut éventuellement recueillir le courant d’une batterie pour une utilisation en mobilité.

 

Décapotage

Une fois neuf petites vis cruciformes ôtées, le cœur du Mini se dévoile. Quelques vis torx permettent de démonter la carte fille liée à la carte mère par une sorte d’entretoise PCI-E. Deux disques SSD NVMe M2 sont connectés de chaque côté de la carte et refroidis par de généreux refroidisseurs passifs en aluminium. Les disques M2 sont des cartes mémoires flash au standard ouvert, la construction du Cloud Store Mini pourra permettre le changement des disques lorsque des modèles de plus grandes capacités seront disponibles ou pour remplacer un disque défaillant.

Pour l’instant, Blackmagic ne propose pas d’options de mise à jour, et pour conserver la garantie et assurer le bon fonctionnement de l’appareil, Blackmagic requiert que ces interventions soient effectuées par un technicien informatique qualifié.

 

Les autres membres de la famille Cloud Store

Les Cloud Store, de capacité plus conséquente, reprennent les mêmes fonctionnalités que le Cloud Store Mini, mais bénéficient d’un regroupement des disques en grappes suivant une configuration Raid 5. Ils intègrent nativement quatre ports Ethernet 10G Base-T et deux ports 1G Base-T, permettant de mettre en œuvre directement une solution partagée entre quatre, voire six stations de travail, sans nécessiter de switch externe. Deux ports USB-C sont dédiés respectivement à la récupération et à l’archivage de médias depuis et vers des disques USB-C. Le Cloud Store existe en versions 20, 80 et 320 TB aux tarifs de 9 155 euros et 28 625 euros. La version 320 TB est disponible sur devis.

 

Connexion à Blackmagic Cloud via la page Internet. © DR

 

Connexion réseau

Le Mini possède trois prises réseaux, une USB-C pour une connexion aux ordinateurs qui en sont pourvus et deux RJ-45. La connectique 10G Base-T offre un débit digne de la rapidité du Mini. La prise 1G Base-T permet de connecter une station plus lente. On l’utilisera également pour associer une box Internet au Cloud Store Mini et assurer la synchronisation avec Dropbox essentielle au workflow pensé par Blackmagic.

 

Stockage en réseau local

La conception du Mini, la latence et le débit permettent d’exploiter l’outil en stockage partagé. En l’intégrant au cœur d’un réseau local, avec un switch adapté (idéalement en 10 G), une dizaine d’utilisateurs peuvent travailler simultanément sur les mêmes médias. Il faudra juste s’assurer de la sécurisation de ces derniers, la synchronisation entre plusieurs stockages ou dans le cloud pouvant assurer cette fonction. Une fois configuré, le Cloud Store Mini est accessible sur le réseau local à tous les membres de ce réseau. Il n’est pas possible de définir de comptes utilisateurs et de mots de passe, ni de préparer des partitions ou des espaces dédiés à certains utilisateurs. Ces outils et leurs logiciels sont récents, Blackmagic proposera peut-être via des mises à jour des évolutions dans ce sens.

 

Réglages du Cloud Store avec le logiciel dédié. © DR

cloud.blackmagic.com

L’exploitation du Cloud Store Mini dans l’écosystème DaVinci pour travailler en collaboratif à distance implique la création d’une bibliothèque de projets cloud. L’opération est très simple. On accède au site Blackmagic Cloud par l’intermédiaire d’un explorateur ou directement depuis l’interface du logiciel DaVinci Resolve 18. Une bibliothèque coûte 5 euros par mois et peut héberger de nombreux projets. L’utilisateur peut activer ou désactiver à volonté une bibliothèque.

 

Création des projets DaVinci Resolve partagé

Le ou les projets DaVinci que l’on souhaite partager sont créés depuis DaVinci Resolve. Il suffit de s’assurer que l’on travaille bien au sein de la bibliothèque de projets préalablement achetée sur le Blackmagic Cloud. Le projet doit être validé pour une collaboration multi-utilisateur. L’espace Project Server du site cloud.blackmagicdesign.com permet d’ajouter les utilisateurs.

 

Dropbox

Pour s’assurer que les différents membres de l’équipe travaillent sur les mêmes médias, Blackmagic s’appuie sur les fonctionnalités de Dropbox. Une fois ajoutés à la bibliothèque de projets, les membres de l’équipe peuvent collaborer au projet, mais il leur faut également bien sûr accéder aux médias. Le créateur du projet administre l’accès aux précieux rushes à partir de son interface Dropbox. Si un autre utilisateur de l’équipe travaille également avec un Cloud Store Mini ou un Cloud Store « moins mini », il dirigera ce partage vers son stockage. Il peut également orienter la synchronisation de Dropbox vers ses propres disques.

 

Sécurité

Le fonctionnement en Raid 0 du Cloud Store Mini n’assure pas la sécurité des médias qui y sont stockés. Si plusieurs personnes collaborent sur le projet à partir des médias natifs, la présence des médias sur plusieurs disques permet une sécurisation distribuée et efficace, ne serait-ce que par la séparation géographique des stockages. La synchronisation au sein de Dropbox assure un autre niveau de sécurisation, les médias étant ainsi répliqués dans le cloud.

 

Création du projet partagé dans la bibliothèque cloud via l’interface du logiciel DaVinci. © DR

Logiciel Cloud Store

Disponible pour Mac ou PC, cette application simplifie la configuration du stockage partagé. Après avoir connecté le Mini au réseau, ce dernier est découvert automatiquement par le logiciel. L’adresse IP du Mini est en effet nativement configurée en DHCP. Si une mise à jour est nécessaire, le Mini et la station de travail doivent être connectés en USB-C. C’est également indispensable pour autoriser l’accès aux paramètrages de la synchronisation Dropbox. On renseigne alors les identifiants Dropbox, avant d’être dirigé sur l’interface de la plate-forme de synchronisation pour y créer un espace dédié et accepter que le Cloud Store Mini interagisse avec lui.

 

Mapping de chemin

Cette nouvelle fonctionnalité introduite avec DaVinci Resolve 18 va simplifier le travail collaboratif sur des stations qui devront accéder aux mêmes médias synchronisés en local dans des emplacements par nature différents. En définissant le chemin vers les médias sur chaque station de travail, on s’assure que les projets resteront « online » lorsque de nouveaux rushes seront progressivement ajoutés.

 

Blackmagic Proxy Generator en fonctionnement. © DR

Proxy generator

Une autre nouvelle application proposée à l’installation de DaVinci Resolve 18 facilite le travail à distance. Que ce soit par souci de maîtrise de leur emplacement de stockage, ou pour des raisons de débits limités, les utilisateurs peuvent travailler sur des médias proxys, plutôt que sur des fichiers originaux. Le proxy generator fonctionne sur le principe des watchs folders (dossiers scrutés). Il transcode automatiquement les médias natifs placés dans les dossiers préalablement paramétrés, en fichiers allégés. Il est alors possible de synchroniser uniquement les proxys sur l’ensemble des postes de travail ou pour certains utilisateurs.

 

Le collaboratif existait avant Blackmagic Cloud

DaVinci Resolve propose des outils collaboratifs depuis longtemps. Jusqu’à la version 17, cette fonction était possible uniquement au sein d’un réseau local. Pour l’étendre au-delà d’un même lieu, il fallait mettre en œuvre une infrastructure sensiblement plus complexe via un VPN. Les projets de DaVinci sont hébergés dans des bases de données. Elles ont été renommées bibliothèques de projets (Project Libraries) depuis DaVinci 18. Les bibliothèques de projets locales sont prévues pour travailler en standalone (seul sur sa station de travail). Les bibliothèques de projets réseau sont en fait des bases de données PostgreSQL. C’est la technologie utilisée par DaVinci pour permettre une collaboration en local.

Avant la pandémie de Covid, le travail collaboratif était accessible uniquement aux versions studios. Une mise à jour de la version 17 a permis d’étendre le fonctionnement aux versions gratuites du logiciel. La version 18 apporte le travail collaboratif à distance via le cloud.

 

Création et gestion des projets et des bibliothèques de projets dans le project server de Blackmagic Cloud. © DR

Expérience collaborative

On retrouve avec les bibliothèques cloud les mêmes méthodes de travail et les mêmes outils que dans le mode collaboratif en réseau local. Nous avons également été impressionnés par la réactivité des projets hébergés sur le Blackmagic Cloud. L’expérience est véritablement fluide. Lorsqu’une équipe travaille en mode collaboratif, elle bénéficie d’un chat intégré au logiciel. Comme dans d’autres outils de postproduction célèbres pour leurs fonctionnalités en réseau, les droits et priorités d’accès aux éléments sont gérés par le « bin locking » ou le blocage de chûtier si on doit traduire le terme en français. Un monteur préparera une séquence en sélectionnant le chûtier qui la contient, il interdit ainsi aux autres utilisateurs de modifier son contenu.

Deux personnes ne peuvent pas travailler sur la même séquence simultanément. Si un monteur le souhaite, il peut dupliquer une séquence d’un chûtier bloqué pour en préparer une variante. Il peut par exemple vouloir monter la bande annonce d’un documentaire en cours de finalisation. Si deux monteurs travaillent sur deux versions différentes en partant d’une même séquence initiale et s’ils modifient chacun des parties différentes, une troisième version peut être obtenue à partir de l’outil de comparaison visuelle de la timeline. Une élégante interface permet de sélectionner pour cela les modifications à conserver ou à refuser.

 

Chaque bibliothèque de projet coûte 5 dollars par mois. © DR

Différents métiers collaborent dans un même outil de postproduction

Une des plus grandes forces de DaVinci Resolve, c’est de proposer une suite d’outils adaptés aux différentes étapes de la postproduction audiovisuelle : le montage, le motion design et les effets spéciaux, l’étalonnage et le mixage. Cela permet de s’affranchir des traditionnelles et parfois tortueuses étapes de conformation. La collaboration s’étend donc au-delà du montage avec le clip locking.

Un étalonneur peut travailler sur le même montage que le monteur. Lorsqu’il travaille sur un clip, celui-ci est bloqué c’est-à-dire que les étalonnages en cours ne sont pas visibles par le monteur. Dès que l’étalonneur aborde le clip suivant, le monteur peut admirer son travail !

Il est plus délicat de mixer un projet qui ne serait pas suffisamment proche de son état final. Cependant si des modifications doivent être effectuées sur une séquence de montage après qu’un mixage ait déjà été réalisé, le mixeur aura le plaisir de retrouver l’ensemble de son travail sur les parties du montage non impactées. Il lui restera juste à se consacrer sur les nouvelles parties montées et à lisser l’ensemble.

 

Article paru pour la première fois dans Mediakwest #48 p. 80-83