Alors qu’en avril 2017, le célèbre alpiniste Ueli Steck mourait en préparant l’ascension sans oxygène de l’Everest et du mont Lhotse, le réalisateur et photographe alpin, Jonathan Griffith accompagné du sherpa Tenji, tous deux proches amis d’Ueli Steck, se sont mis en tête de terminer son projet.
Pendant trois ans, Jonathan Griffith a filmé Tenji et d’autres alpinistes chevronnés dans leurs courses folles vers les sommets. Les différents épisodes de ce documentaire permettent aux spectateurs de se retrouver au cœur d’une avalanche dans l’Himalaya, de franchir une crevasse, de regarder dans les profondeurs de la terre, de survivre à une chute pendant une ascension, de camper sous les étoiles et enfin d’admirer la vue sur le « toit du monde ».
Jonathan Griffith a travaillé avec Matthew DeJohn pour monter et étalonner les images puis avec Keith Kolod, spécialiste de l’assemblage de projets en réalité virtuelle, et enfin avec Brendan Hogan pour la bande-son.
« Matt et Keith m’ont conseillé sur la façon de filmer pour la réalité virtuelle. Ils m’ont mis en garde sur les mouvements de la caméra qui impacteraient l’assemblage des images, sur la position du nadir et du zénith dans le cadre et sur les problèmes que l’on rencontre si l’on est trop près les uns des autres. Tout le monde s’est démené pour que ce projet se concrétise ! », souligne Jonathan Griffith.
Une postproduction efficace
« En général, les projets de réalité virtuelle nécessitent l’intervention de plusieurs personnes, mais grâce à DaVinci Resolve, Keith et moi avons pu tout gérer », mentionne Matthew DeJohn. « DaVinci Resolve est un outil idéal pour réaliser des projets en réalité virtuelle. Le fait que tous les outils dont j’avais besoin soient sur une seule et même application a permis d’aller vite et à moindre coût. Comme nous pouvions tout faire sur ce logiciel, nous n’avions pas besoin de convertir ou de charger les fichiers dans un autre logiciel. Nous avons gagné un temps fou ! ».
En outre, le monteur a utilisé DaVinci Resolve Studio pour monter les images en 2K x 2K et les relier aux sources 8K x 8K, puis pour régler la timeline en 8K x 8K pour l’étalonnage et l’exportation. Il a utilisé les outils de la page Fairlight pour faire des ajustements précis, gérer les enregistrements des voix off qui comportaient des couches audio, mais aussi les fichiers sources, tels que la narration mono, la musique stéréo et de l’audio Ambisonic à quatre canaux.
« Pour l’étalonnage, j’ai utilisé Resolve afin de reproduire aussi fidèlement que possible les couleurs originales et ainsi garder une cohérence entre les prises. »
« La réalité virtuelle vous force à rester au plus près de la réalité. Une saturation excessive ou un étalonnage un peu trop poussé aurait ruiné l’effet recherché », continue-t-il. « J’ai commencé l’étalonnage au même moment que le bout à bout. De cette façon, quand est venu le temps de finaliser le montage, il m’a suffi de faire quelques petites retouches çà et là. »
Fusion, clé de voute de l’expérience VR
Fusion Studio a servi à réaliser la mise en correspondance stéréoscopique, les animations graphiques, la suppression des objets dans les scènes, les raccords par rapport au nadir, la stabilisation, ainsi que la correction du traitement stéréoscopique de l’assemblage initial et le changement d’orientation des images à 360 degrés. Enfin, le logiciel a permis de visualiser les images dans un casque de réalité virtuelle et ainsi vérifier les profondeurs de champ. L’assemblage plus poussé des images a été réalisé par Keith Kolod sur Fusion Studio.
Matthew DeJohn explique : « Chaque prise de ce projet comportait des VFX, je me suis donc beaucoup appuyé sur Fusion. C’est un logiciel de très grande qualité, rapide et abordable. Le temps d’exportation est très rapide et les fichiers s’intègrent sans problème dans les autres étapes de postproduction. »
Les images hors norme capturées et la proximité des alpinistes avec la caméra ont mis à rude épreuve les compétences de Keith Kolod. Il a en effet dû reconstruire certaines parties des images. En outre, il a dû ralentir le traitement stéréoscopique des images des pôles pour que le visionnage soit aussi agréable que possible. Il a également corrigé les problèmes d’alignement des images stéréoscopiques, de distance entre le premier plan et l’arrière-plan et de mouvements excessifs de la caméra.
« J’ai dû corriger beaucoup de mauvais alignements verticaux qui engendraient des problèmes pendant le visionnage. En réalité virtuelle, même si la caméra est légèrement décalée, on le voit immédiatement », commente Keith Kolod. « Une grande quantité d’images a été capturée par des caméras montées sur trépieds. Et malgré ce qu’on pourrait penser, ces images ne sont pas parfaitement fixes. Un léger coup de vent ou tout autre mouvement est particulièrement visible en réalité virtuelle. J’ai donc appliqué la fonction de stabilisation de Fusion sur beaucoup de scènes. »
« L’assemblage de projets en réalité virtuelle haut de gamme doit absolument être réalisé à la main par quelqu’un qui sait ce qu’il fait. La raison pour laquelle ce projet fonctionne si bien, c’est que chaque étape de la production a été réalisée par un pro », conclut-il.
Article paru pour la première fois dans Moovee #5, p.54/56. Abonnez-vous à Moovee (6 numéros/an) pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.