Dématérialisation des contenus à la TV : les clés de la réussite !

Mercredi 17 octobre s'est tenue dans les locaux de FranceTV une journée de rencontres et de conférences portant sur le thème de la dématérialisation des flux de travail à la télévision.
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C’est la commission technique de la FICAM et le groupe de réflexion Dig-It qui avaient choisi de mettre ce sujet au centre des débats pour une assemblée de professionnels référents dans le domaine de la TV, mais aussi autour de la TV, notamment avec le cinéma numérique et le web. Sans que le mot ne soit jamais prononcé lors des nombreuses présentations et échanges avec l’auditoire présent, c’est autour de la notion de multimédia, traduisant les effets concrets de la convergence numérique des industries audiovisuelles (AV) et informatiques (IT), que les débats se sont concentrés. L’objectif de cette journée était double : d’une part, faire évoluer le niveau de connaissance global de la filière des industries techniques, et de l’autre, porter la réflexion sur l’évolution des compétences et des métiers.
La matinée était consacrée au temps de la compréhension de cette dématérialisation, avec un programme chargé de 11 présentations diverses et études de cas pédagogiques.

L’après-midi, deux tables rondes rassemblant un éventail de représentants du secteur étaient organisées pour partager les retours d’expériences et dresser de possibles bilans sur la base des résultats constatés. C’est Marc Bourhis, délégué adjoint de la FICAM chargé des technologies et de l’édition, qui a ouvert le bal des exposés montrant la place occupée par le fichier au cœur des usages et de la gestion des contenus dématérialisés. On a pu entendre le témoignage d’un opérationnel du Dcinéma, en la personne de Matthieu Straub, expliquant son activité de Data-Manager et sa préoccupation de la sécurisation des données sur les tournages en cinéma numérique. Puis Cédric Lejeune (Workfowers) a présenté plusieurs solutions innovantes permettant d’optimiser tout au long de la chaine de production Dcinéma les processus d’indexation de contenus et de traitement de la couleur.

La question récurrente de la standardisation d’un format de fichier pivot a été traitée par Matthieu Parmentier (FranceTV dir. innovation & développement), avant qu’Albert Sellem (CANAL+ dir. des opérations) fasse un résumé de la phase de modernisation des infrastructures techniques entreprises par la direction technique de son groupe. Avec en ligne de mire la rationalisation des moyens techniques et la mutualisation des médias de ses chaines, c’était l’occasion d’évoquer les modalités de livraison et de contrôle de la qualité (QC) des programmes dématérialisés. Le dossier de la pérennisation de l’archivage a été ouvert par Fernando Moreira (Quotium Tech.) ; après avoir évoqué le délaissement des disques optiques et le retour inattendu de la bande magnétique comme support linéaire de l’archivage, il a mis en évidence l’intérêt stratégique des outils d’évaluation de qualité et des supports de type LTO.

En matière d’ingénierie et de maintenance des processus médias, c’est la voix de François Abbe (Mesclado) qui, après une introduction circonstanciée, a porté un message d’expert avec un rappel sur les changements fondamentaux caractérisant les infrastructures dématérialisées par rapport aux systèmes audiovisuels précédents (… pas si lointains dans le temps), avant de mettre en évidence l’impérieuse nécessité de développer des interfaces ouvertes et évolutives entre les « briques communicantes » d’un système IT reposant sur une architecture orientée services ; dans un marché des médias de plus en plus concurrentiel, la flexibilité des outils, l’évolutivité des systèmes sont des conditions indispensables à la mise en application de workflows agiles , une expression qui synthétise les préoccupations actuelles des concepteurs de media process. Nos homologues belges ne sont pas en reste sur le sujet de la conduite du changement lié à la dématérialisation et à la mutualisation des médias entre radio, TV et web, comme en a témoigné le chef de projet de la RTBF Benoit Balon-Perin.
Pour ARTE, Denis Grison (dir.Tech) et Chadi Romanos (réd. chef pôle web) étaient venus démontrer la réactivité de leurs infrastructures délocalisées et les perspectives ouvertes par une approche transmédia, complétant le programme phare de la chaine par des contenus multimédias sur le site web, comme la TV de rattrapage et sites éditoriaux thématiques immersifs.

Du côté des prestataires, Eclair présentait son projet de recherche & développement FIVIPATNUM avec l’étude de cas d’une chaine de production dématérialisée dédiée à la fiction, présentée par Frantz Delbecque (Eclair Group nouvelles technos). Pour tous ceux qui s’interrogent sur l’avenir de la connectivité et du transfert à très haut débit au service des entreprises médias, Pascal Buron (président délégué FICAM) a fait état des réflexions et des échanges initiés entre son institution et les acteurs référents dans le domaine des opérateurs de réseaux professionnels en France ; avec l’esquisse d’un maillage et d’un hub numérique professionnel national à très haut débit, capable de fédérer fournisseurs de contenus, post-producteurs et diffuseurs, on a pu entrevoir de nouvelles perspectives pour simplifier et accélérer les échanges de médias dématérialisés.
Cet inventaire témoigne à lui seul de l’étendue des thèmes abordés, qui sont en prise directe avec l’actualité du moment en télévision comme dans les autres industries d’images numériques ; la richesse de leur traitement lors de cette matinée devrait donner naturellement matière à des articles plus détaillés à venir dans nos colonnes. Elle a aussi été une opportunité d’échanges enrichissants, traduite par la satisfaction d’une assemblée cordiale et décontractée.

L’après-midi, une première table ronde était consacrée aux bilans et perspective des infrastructures de nouveaux services, avec à la clef, la recherche de nouveaux modèles économiques. Avec le représentant technique de l’opérateur de l’AEF France24/RFI, on a pu entendre les avis enthousiastes de 2 prestataires délivrant en mode fichier des spots de publicité TV, et le fournisseur de capacité d’échange en ligne Smart-Jog. On s’est ensuite préoccupé plus précisément de la place que doivent prendre les hommes au sein de ces processus dématérialisés ; pilotée par Pascal Souclier (IIFA), la seconde table ronde, portant sur l’évolution des métiers et la place de la formation, réunissait un large panel de diffuseurs, prestataires techniques, centre de formation, organismes professionnels paritaires. Des points de vue complémentaires qui mettent en évidence l’émergence de nouveaux métiers, et la nécessité d’un accompagnement global pour la refondation déterminante des processus médias pour les diffuseurs et les producteurs de contenus en France.

Avec la capacité de synthèse qu’on lui connaît, c’est Henri Verdier (président du pôle de compétitivité Cap Digital, auteur de l’ouvrage « L’âge de la multitude ») qui s’est acquitté du rôle de Grand Témoin de cette journée prolifique : en suggérant la nécessaire «auto-cannibalisation» à laquelle les entreprises historiques des industries de communication doivent être capables de se livrer pour prendre la voie de la néo-industrialisation numérique. En évoquant le concept de sur-traitance, illustré par le modèle de plateformes de commerce électronique internationales, ouvertes sur des écosystèmes économiques inattendus. Des assertions remarquées parmi l’éventail des perspectives révélées par la marche de cette révolution numérique qui ne cesse de remettre en cause les organisations et les métiers de la télévision depuis maintenant plus de deux décennies.