Cet été, Depardieu a fait son « Tour de France »

Produit par Anne-Dominique Toussaint (Les Films des Tournelles), le long métrage Tour de France, réalisé par Rachid Djaïdani, suit les traces du peintre Joseph Vernet, de port en port. Il a bénéficié du soutien unique de Poitou-Charentes Cinéma.
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Août 2015 sur le Vieux Port de La Rochelle, en Charente-Maritime : une petite équipe de tournage s’active autour de Gérard Depardieu, acteur principal du nouveau long métrage de Rachid Djaïdani, auteur de Rengaine, son premier film autoproduit et présenté à la Quinzaine des Réalisateurs en 2012.

De port en port avec Vernet

Pour rappel (ou information), Joseph Vernet est un peintre du XVIIIe siècle, spécialisé dans les peintures dites marines. En 1752, le roi Louis XV lui a commandé une vingtaine de tableaux des ports de France, mais l’artiste n’en réalisera que quinze. Tour de France met en scène un jeune rappeur parisien contraint de se mettre au vert et qui se cache en officiant comme chauffeur… de Gérard Depardieu. Ce dernier incarne un ancien artisan maçon désireux de suivre le parcours pictural de Vernet et de recréer à l’identique les tableaux de la commande royale. Ayant vu son permis suspendu, il se retrouve contraint de faire équipe avec ce jeune chanteur. De ce choc de deux mondes, de deux cultures, vont forcément naître des sentiments contrastés.

Le tournage, itinérant par nature sur six semaines, a démarré du côté de Lens pour se poursuivre dans de nombreux décors portuaires : Dieppe, La Rochelle, Rochefort, Bordeaux, Bayonne, Sète puis Marseille. De façon surprenante, ce film à petit budget – aux alentours de 3 millions d’euros – mais à fort potentiel au regard du casting, n’a pas obtenu le soutien des territoires qu’il parcourt. Sauf en Poitou-Charentes…

Une semaine en Charente-Maritime

De fait, Tour de France est passé par deux ports du département et a obtenu un soutien de la part de Poitou-Charentes Cinéma à hauteur de 60 000 euros. « Lorsque vous avez un sujet pareil, avec un casting de cette envergure, il était évident, pour la Région, d’apporter une aide financière », résume Pascal Pérennès, directeur de Poitou-Charentes Cinéma. « Nous avons sollicité toutes les régions dans lesquelles notre tournage nous menait », rappelle Anne-Dominique Toussaint, coproductrice avec Cité Films, A.O.C. Films (basé aux studios Riviera de Nice), Canal+ et Mars Film. « Malheureusement, les régions Paca et Aquitaine exigent un minimum de trois semaines de tournage pour octroyer leurs fonds de soutien et ont refusé notre dossier. Très intelligemment, le Poitou-Charentes a vu l’intérêt d’apporter une aide financière, en plus de l’aide logistique, sur le film ».

Il faut dire que l’exposition est forte, du Vieux Port de la Rochelle à la Corderie Royale de Rochefort, sous le feu de l’actualité depuis le départ de l’Hermione, sans oublier le passage de l’estuaire de la Gironde en bateau entre Royan en Charente-Maritime et Verdon-sur-Mer.

Une équipe souple, un tournage flexible

Sur Rengaine, Rachid Djaïdani avait poussé au paroxysme l’autoproduction : neuf ans de tournage, seul avec une caméra, etc. Pour Tour de France, le scénariste et metteur en scène a bénéficié d’un confort largement supérieur. Pour autant, on est loin des équipes pléthoriques : « Nous avons un noyau dur de techniciens et ensuite nous avons procédé à des embauches en local lorsque cela s’est avéré nécessaire. Nous nous sommes donc retrouvés, pour finir, avec une équipe d’environ trente personnes », explique Didier Carrel, le régisseur général.

« Pour ce type de films, on se doit d’être souples et réactifs. Le matériel, en provenance de TSF, s’appuie essentiellement sur deux caméras RED Epic, équipées de stabilisateurs MOVI de FreeFly, car 9/10 des plans sont tournés caméra à l’épaule ».