Le Prix FIAF 2019 décerné au cultissime Jean-Luc Godard

La FIAF, Fédération internationale des archives du film, le plus vaste et important réseau international de cinémathèques et d'archives du film au monde, a remis son Prix FIAF 2019 au légendaire cinéaste franco-suisse Jean-Luc Godard lors d'une cérémonie spéciale à Lausanne, en Suisse, le 11 avril 2019, en sa présence. La cérémonie s'est déroulée au Casino de Montbenon, siège de la Cinémathèque suisse, où la communauté internationale de la préservation de films s'est réunie cette semaine à l'occasion du 75e Congrès annuel de la FIAF. Jean-Luc Godard a tenu a dédier le prix à la mémoire d’Iris Barry (1895-1969), qui fut la première directrice du département cinéma du Museum of Modern Art à New York (fondé en 1935), et l’une des fondatrices de la FIAF.
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Depuis 2001, date à laquelle le premier Prix FIAF fut décerné à Martin Scorsese pour son travail pionnier en faveur de la préservation des films, la FIAF a décerné son prix annuel pour distinguer une personnalité du monde du cinéma extérieure au milieu des archives, dont l’expérience et l’engagement personnel en faveur du cinéma correspondent aux missions de la FIAF. Parmi les précédents lauréats du Prix FIAF, on pourra citer Ingmar Bergman (2003), Mike Leigh (2005), Hou Hsiao-hsien (2006), Peter Bogdanovich (2007), Agnès Varda (2013), Jean-Pierre et Luc Dardenne (2016) et Christopher Nolan (2017). L’année dernière, le Prix FIAF a été décerné au cinéaste thaïlandais Apichatpong Weerasethakul à la Thai Film Archive à Bangkok. Le lauréat du Prix FIAF est choisi par le Comité directeur de la FIAF sur la base d’une présélection de candidatures proposées par les membres du personnel de toutes les archives affiliées à la FIAF à travers le monde.

 

Né en 1930 à Paris, de double nationalité franco-suisse, Jean-Luc Godard est l’un des plus éminents cinéastes mondiaux et l’un des derniers représentants encore vivants de la Nouvelle Vague. Tout au long de sa carrière, il a expérimenté de nouvelles façons de raconter des histoires et de réaliser des films qui ont influencé de nombreux jeunes cinéastes.

Frédéric Maire, President de la FIAF, directeur de la Cinémathèque Suisse et ancien directeur du Festival de Locarno, a développé la décision d’attribuer le prix de la FIAF à Jean-Luc Godard: “La créativité de Jean-Luc Godard est profondément enracinée dans sa vaste connaissance de l’histoire du cinéma et dans ses années en tant que critique de cinéma dans les Cahiers du Cinéma. Il compte parmi les fils spirituels de la Cinémathèque française et d’Henri Langlois, qu’il a soutenu sans faille dans les moments difficiles qui ont suivi Mai 1968.

Jean-Luc Godard s’est depuis toujours intéressé de près aux techniques de réalisation, des caméras légères aux appareils numériques les plus modernes, en passant par le développement de petites caméras 35mm avec Jean-Pierre Beauviala (Aaton), poussant dans ses derniers retranchements l’utilisation de la vidéo, de la 3D numérique (dans Adieu au langage) ou du son en 7.1 (dans Le Livre d’image). Au début des années 1970, il fut également l’un des premiers cinéastes français, avec Carole Roussopoulos, à explorer les possibilités du système vidéo portable Sony.

Après être retourné vivre dans son pays natal, la Suisse, au milieu des années 70, s’installant non loin de Lausanne, il renoua avec la Cinémathèque suisse et son directeur, Freddy Buache. Certains de ses films, à compter des années 1980, furent tournés en partie dans les locaux et/ou avec le soutien de la Cinémathèque suisse. Il a toujours soutenu la Cinémathèque lorsqu’elle en avait besoin, et réalisa le fameux court-métrage Lettre à Freddy Buache lorsqu’on lui demanda un film sur la ville de Lausanne. Enfin, il fut l’un des principaux invités du Congrès de la FIAF à Lausanne en 1979, qui célébrait le 50e anniversaire du célèbre Congrès international du cinéma indépendant de La Sarraz (1929). À travers son œuvre, il a toujours manifesté sa sensibilité et son intérêt pour le travail, les missions et les objectifs des archives du film, raisons pour lesquelles la FIAF a décidé de décerné le Prix FIAF 2019 à Jean-Luc Godard à l’occasion de son 75e congrès, le troisième organisé à Lausanne après ceux de 1954 et 1979.”

La majeure partie de son travail est reliée à l’histoire du cinéma et parsemée d’hommage à ses grands classiques, à l’instar de la présence de Fritz Lang dans son propre rôle de cinéaste en plein tournage dans Le Mépris ou de la brève apparition de Samuel Fuller dans Pierrot le Fou. Il lui a consacré sa série Histoire(s) du cinéma, encensée par la critique, ainsi que son dernier film en date, Le Livre d’image, qui lui a valu en 2018 une Palme d’Or spéciale au Festival de Cannes.

 

La FIAF, Fédération internationale des archives du film, est une organisation internationale dévolue à la préservation et à l’accès au patrimoine cinématographique mondial. Fondée en juin 1938 par quatre institutions fondatrices (le British Film Institute à Londres, la Cinémathèque française à Paris, le MoMA à New York et la Reichsfilmarchiv à Berlin), la FIAF regroupe actuellement 166 institutions dans 75 pays, ce qui témoigne de l’intérêt croissant porté au patrimoine cinématographique à l’échelle mondiale. La FIAF promeut la solidarité, l’échange et la coopération entre les cinémathèques et les archives du film les plus importantes du monde. La mission de la FIAF inclut la sauvegarde, la collecte, la préservation, la projection et la promotion des films, valorisés à la fois comme œuvres d’art et de culture et comme documents historiques.

La FIAF a rédigé et s’efforce de faire respecter un code d’éthique de la préservation des films, ainsi que des normes dans tous les domaines du travail des archives du film ; elle encourage la création d’archives d’images en mouvement dans les pays qui en sont dépourvus, et la collecte et la préservation des documents relatifs au cinéma ; elle cherche à optimiser le contexte juridique dans lequel fonctionnent les archives, assure la disponibilité permanente du contenu des collections au bénéfice des chercheurs et étudiants, développe la coopération entre membres et s’attache à rendre accessibles internationalement tous films et documents.

 

La FIAF supervise également un ambitieux programme de formation et d’aide aux archives, qui organise ou participe à des formations pour les professionnels de l’archivage de films partout dans le monde, et fournit une assistance aux archives en difficulté.

Elle publie la revue semestrielle Journal of Film Preservation (lieu essentiel de discussions sur les divers aspects théoriques, techniques et historiques de l’activité d’archivage d’images en mouvement), l’Index international des revues sur le cinéma (un outil de recherche qui fait autorité, prisé des chercheurs et universitaires du monde entier) et une multitude d’autres ressources (dont beaucoup sont accessibles au format numérique sur le site Internet de la FIAF) produites par les trois Commissions spécialisées de la FIAF.

La FIAF a noué un partenariat officiel avec l’UNESCO (avec un statut consultatif) et est un membre actif du Conseil de coordination des associations d’archives audiovisuelles (CCAAA), qui représente les intérêts des organisations professionnelles d’archives du monde entier s’intéressant aux supports audiovisuels, et coordonne les célébrations de la Journée mondiale du patrimoine audiovisuel qui a lieu chaque année le 27 octobre.