Film France à Cannes : pour une valorisation des dispositifs incitatifs

À quelques jours de l'ouverture du Festival international du Film de Cannes, du 16 au 27 mai, nous avons rencontré Patrick Lamassoure, délégué général de Film France. Il évoque le dispositif mis en place ainsi que les grands chantiers de 2012.
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À Cannes, Film France est installé au Village International situé sur le Pantiero. Quelles sont les nouveautés pour l’édition 2012 ?

Patrick Lamassoure : Cette année encore, nous reconduisons notre présence avec les représentants de l’intégralité des fonds d’aide, la plupart des bureaux et commissions du film. Certains organismes, comme la Réunion des Musées Nationaux (RMN), reviennent comme l’an passé sur le site, de même que la FICAM. Les associations professionnelles sont naturellement invitées à occuper les lieux car nous souhaitons que le stand de Film France soit un lieu d’échanges. Nous devrions également avoir la présence de représentants de plusieurs ministères ou d’établissements publics qui désirent, eux aussi, valoriser leurs biens immatériels. Un nom aussi prestigieux que la Sorbonne, par exemple, est largement connu hors de nos frontières et en assurer la promotion participe à notre politique d’accueil, en soulignant la grande diversité et la facilité d’usage des décors français.

Y a-t-il des rendez-vous phares durant cette Quinzaine ?

Patrick Lamassoure : Nous avons toujours des sessions de présentation autour des membres du réseau Film France mais, à cela, il convient d’ajouter cette année trois événements.
Tout d’abord, le 17 mai, en marge du festival itinérant franco-chinois, nous avons fait un partenariat avec le CNC et Unifrance, autour des Rencontres Franco-Chinoises. L’idée est de mettre en relation des coproducteurs des deux pays afin qu’ils puissent développer des projets communs, dans l’optique de l’accord de coproduction signé en 2010. À ce titre, nous avons lancé un appel à projets aux producteurs français et espérons obtenir de belles rencontres, suivies de projets.
Le lendemain, le 18 mai, à 10h45, le CNC et Film France organisent une session intitulée « Producing in France » dont l’objectif est de présenter dans le détail le dispositif d’incitations fiscales mis en place pour attirer les tournages étrangers – Crédit d’impôt International (C2I ou TRIP) et la coproduction. La présentation se fera à l’hôtel Majestic et nous y attendons 200 personnes environ.

Vous lanceriez également un label Film France ?

Patrick Lamassoure : En effet, nous voudrions initier ce label, intitulé tout simplement Film France Lab, portant sur des projets étrangers en cours de développement. Chaque année, nous recevons à Film France un millier de sollicitations de productions étrangères. 10% d’entre elles nécessitent un suivi plus conséquent. Et sur ces 100 projets, plus avancés dirons-nous, il y en une petite quantité, pas plus de 5, qui implique un accompagnement « cousu main ». Dans ces cas, notre équipe vient en aide pour construire avec la production le développement du projet et, ainsi, en espérer la concrétisation et le tournage en France.
Avec ce label, nous pensons que ces projets pourraient dorénavant avoir une meilleure lisibilité face à des interlocuteurs nationaux ; ce qui s’avèrerait un atout pour leur faisabilité. Mais rien n’est encore formalisé à l’heure où je vous parle…

Vous évoquiez le C2I précédemment. Ne voit-on pas un tassement des projets soumis ?

Patrick Lamassoure : Si l’on regarde le détail des chiffres, entre 2009 et 2011, on note que ce sont les longs métrages qui enregistrent une baisse des projets déposés. La série télévisée est, pour sa part, plutôt en croissance – le dernier exemple en date est la signature de la saison 2 de Death in Paradise produite par la BBC et tournée à la Réunion. L’animation demeure à un bon niveau, entre les trois longs métrages produits par Illumination MacGuff qui ont tous bénéficié du crédit d’impôt international, ou encore les projets d’Action Synthèse. Enfin, côté VFX, BUF parvient tout de même à réaliser 3 à 4 projets par an.
Je préfère donc ne pas parler de tassement ou d’essoufflement mais plutôt pointer la question du plafonnement du C2I.
Si l’on veut que cela reparte comme au démarrage du dispositif, il faut adapter l’outil à la concurrence qui, en deux ans, a su évoluer. Nous sommes à un tournant du dispositif dans le cadre de son prolongement sur la période 2013/2017. Il faut donc s’y atteler pour retrouver le niveau d’il y a deux ans.

Par s’y atteler, vous voulez parler de négociation en vue de son augmentation, du plafond notamment ?

Patrick Lamassoure : Oui, nous sommes à 160 M€ de dépenses enregistrées sur 3 ans. C’est bien, sans conteste, mais c’était la fourchette basse de ce que nous avions envisagé.
Nous allons essayer de défendre l’idée que la simple reconduction à l’identique n’est pas suffisante. Pour demeurer compétitif, nous aussi devons évoluer et, partant, améliorer cette incitation.
Pour l’instant, tout est figé du fait des élections présidentielles mais pour arriver à Bruxelles avec un projet remanié, les concertations devront démarrer cet été.