Il existe différents types de caméras pour tous types de tournages, mais ce qui est sûr, c’est qu’aujourd’hui la crédibilité d’un opérateur de prise de vue ne passe plus par la taille de son équipement. L’époque qui voyait la qualité d’une caméra aller de pair avec son volume est révolue, et ce grâce aux efforts considérables opérés par les fabricants pour optimiser qualité et encombrement. Les clients l’ont bien compris et ne s’étonnent plus de la configuration légère que peut avoir un cadreur, car ils ont remarqué que la qualité d’image n’en pâtissait pas, peut-être même au contraire.
Cette tendance a été initiée par les DSLR qui, avec leurs grands capteurs et leurs optiques, ont révolutionné le rendu visuel des vidéos en offrant une teinte d’image jusqu’alors réservée aux grosses productions à des usages beaucoup plus modestes. Bien qu’encore très utilisés, ils perdent aujourd’hui du terrain face aux appareils hybrides encore plus compacts et sans doute plus adaptés à une utilisation vidéo, du fait notamment de l’absence de miroir. Un bel exemple de ce type d’appareil est le nouveau Fuji XT-3, quatrième de cette génération, dont le test m’a convaincue.
Tout d’abord, vous aurez compris que je suis vraiment adepte de ce type d’ergonomie. Étant d’un gabarit léger et spécialisée dans les tournages sportifs en montagne, les facteurs poids et encombrement sont clés pour moi, car leur économie signifie moins de fatigue et donc davantage de mobilité et d’autonomie sur ce terrain. Ceci dit, ce qui s’applique à un tournage sur un glacier peut l’être tout autant pour une configuration plus urbaine, car un cadreur qui ne subit pas son équipement est un cadreur plus efficace et performant.
On a ici un appareil compact et léger, 540 g, tout en donnant une impression de bonne facture et de robustesse, avec une bonne préhension et un accès facile aux différentes fonctions via les bagues dédiées. On passe ainsi facilement, par exemple, des modes photo à la vidéo en tournant une molette. L’écran tactile orientable de trois pouces est bien lumineux et se complète d’un viseur lui aussi agréable à utiliser, qui garantit une couverture à 100 % de l’image.
Pour avoir testé cet appareil sur le glacier de Tignes par grand froid, je peux vous assurer qu’il est résistant aux températures les plus extrêmes qu’on peut trouver en France et que sa batterie tient bien les chutes du thermomètre.
Pour autant, ces facteurs de dimensions et de poids ne doivent pas trop être privilégiés sur la qualité d’image et la maniabilité de la caméra. C’est là qu’un appareil comme le XT-3 prend tout son intérêt. L’association entre le tout nouveau capteur APS-C X-Trans CMOS 4 de 26 millions de pixels rétro-éclairé et du processeur de traitement d’image X-Processor 4 donne un piqué exceptionnel pour un appareil de cette gamme. Comparativement aux versions précédentes, ce capteur est doté de quatre fois plus de pixels de détection de phase, répartis sur toute sa surface. Le processeur, quant à lui, dispose de quatre CPU pour une vitesse de traitement trois fois plus rapide.
Comment est-ce que cela se traduit ? Par une qualité d’image exceptionnelle, tant en photo qu’en vidéo, du fait d’une très bonne reproduction des couleurs et d’un rapport signal sur bruit élevé, mais aussi par une grande réactivité lors des suivis de sujets en mouvement. Cela signifie que l’on peut se servir de l’autofocus, ce qui n’est pas négligeable dans beaucoup de cas, et qu’il ne pompe pas, même en basse lumière.
J’ai testé cette caméra en mode tout automatique pour voir comment elle se comporte et j’ai été vraiment impressionnée : l’exposition est juste, même dans des univers archi-lumineux comme sur la neige, et surtout elle reste constante, sans ces effets de réajustements continus qui étaient très pénibles sur les DSLR et rendaient les réglages manuels indispensables.
Bien sûr, la qualité de l’objectif qu’on associe au boîtier joue beaucoup dans le rendu visuel, et le 24 mm à F1.4 a bien rempli ses promesses en la matière, avec un piqué impressionnant. Une telle optique est particulièrement efficace en basse lumière, tout comme ce boîtier qui monte à 12 800 Iso et descend jusqu’à 160 Iso pour les cas opposés.
Côté vidéo, les performances sont, là encore, impressionnantes. On tourne en HD jusqu’à 120 images par seconde et en 4K jusqu’à 60 images par seconde, mais surtout à des débits énormes, qui garantissent une grande quantité d’informations enregistrées. Ainsi, dans des codecs H264 ou H265, on peut choisir d’optimiser le poids des fichiers en Long-GOP ou, au contraire, de monter en All Intra jusqu’à 400 Mbit/s en 4K aux cadences « standard » (24p, 25p…) ! Les limites ne sont alors pas celles de l’appareil, mais plutôt des supports. Le XT-3 enregistre sur cartes SDXC dont le débit se limite généralement aux alentours de 300 Mbit/s, mais sont en progrès constant. Et, bien sûr, tout le workflow de postproduction doit suivre, avec des disques durs et des ordinateurs suffisamment rapides pour encaisser de tels débits.
Les choix de taille d’image, cadence et débit étant très faciles à paramétrer, il est aisé d’adapter ces réglages à notre configuration. Il est très étonnant de voir de telles performances dans un appareil de cette gamme, et cela augure de beaux jours pour les productions les plus modestes en même temps qu’un gain de qualité pour toutes les vidéos que l’on consomme.
Fuji met en avant les nombreux filtres proposés par le XT-3 : seize modes de LUT venant rappeler diverses pellicules, Fuji bien sûr, telles que l’Eterna ou la Velvia par exemple, pour donner un cachet particulier aux images et sans doute honorer l’héritage de la marque. Ceci dit, un vidéaste qui anticipe la postproduction de ses images préférera sans doute tourner avec un profil neutre, tel que le HLG (hybrid log gamma) proposé par une mise à jour du firmware, puis appliquer un « look » en phase d’étalonnage. C’est pour cela que cette mise à jour propose aussi d’enregistrer de manière simultanée en F-log et avec une simulation de film pour répondre à toutes les demandes et donner ainsi toutes les options au monteur.
La présence de tous ces filtres laisse toutefois penser que la cible de Fuji pourrait être les gros producteurs de vidéos « brutes » que sont les youtubeurs et instagrameurs, qui peuvent trouver ici un outil facile à utiliser et au rendu hautement qualitatif. Des connexions en bluetooth et wi-fi permettent d’ailleurs de diffuser aisément depuis un smartphone ou une tablette les images filmées avec le Fuji.
Les tarifs du XT-3 peuvent, eux aussi, tout à fait correspondre à cette catégorie de vidéastes, puisque le boîtier nu est sorti à 1499 € TTC, ou en pack à 1899 € TTC avec une optique 18-55 mm F2.8-4.
À un tarif aussi attractif et avec de telles performances, il est certain que le XT-3 va trouver de nombreux acquéreurs chez les vidéastes désireux d’allier compacité et qualités visuelles exceptionnelles. Convaincue par la prise en main que j’en ai eue sur le glacier de Tignes, je l’ai déjà recommandé à de nombreuses personnes.
Article paru pour la première fois dans Mediakwest #30, p.16/17