Aja, c’est dans la boîte !

Aja a présenté, durant l’IBC 2022, une « boîte magique » ColorBox dotée de capacités avancées de traitement algorithmique et Lut pour fournir des conversions d’espace colorimétrique (extrait du Mediakwest #49).
ColorBox, une boîte magique pour faire des conversions d’espace colorimétrique. © DR

 

Idéale pour la diffusion et les événements en direct, la production et la postproduction en plateau, ColorBox permet une gamme de conversions HDR et SDR. Entretien avec Nick Rashby, président d’Aja Video Systems.

 

Quoi de neuf sur le stand d’Aja ?

Nick Rashby : Nous présentons cette année la nouvelle ColorBox, un appareil compact servant à la conversion des couleurs et à la gestion des Lut pour des workflows jusqu’à 4K en 12 bits. ColorBox bénéficie de nombreuses intégrations très poussées avec les plates-formes de nos partenaires, qui permettent la création de workflows novateurs.

 

Nick Rashby, président d’Aja Video Systems. © DR

Ce boîtier contient un mélange de vos technologies et de celles de Colorfront ?

Oui, il inclut la technologie de Colorfront et nous avons également intégré un nouveau pipeline de couleurs mis au point par Aja, des Lut BBC HLG et NBCU, et même une toute nouvelle technologie de Cromorama, l’entreprise à l’origine des Lut NBCU. Il s’agit d’Orion-Convert et sa particularité est de faire des calculs en virgule flottante, ce qui élimine les erreurs d’interpolation que l’on observerait avec d’autres types de conversion. Nous avons donc une série de technologies intégrées et tout un univers de partenaires grâce à qui nous pouvons proposer des fonctions de commande par voie matérielle (SKAARHOJ, CyanView) ou logicielle (Assimilate, Pomfort).

 

Il s’agit donc avant tout d’un outil dédié à la production ?

C’est certainement la vocation principale de ColorBox, oui : la production sur plateau et en direct. Cela étant dit, elle peut également être utilisée dans des workflows de postproduction très puissants ainsi que dans des salles de projection, des concerts et bien plus encore.

 

En termes d’usages, ColorBox est-elle destinée au cinéma, au broadcast… ?

Elle est conçue autant pour l’un que pour l’autre ! Sur un plateau de tournage, si vous avez par exemple une Arri Alexa 35, votre coloriste peut commencer ses ajustements en temps réel, de manière non destructive. Vous pouvez ainsi prévisualiser vos images en utilisant soit l’interface offerte par le boîtier, soit les logiciels dont vous êtes déjà équipé : Assimilate, Pomfort, etc.

Du côté broadcast, un exemple d’utilisation pourrait être une rencontre sportive filmée par des caméras de différents constructeurs utilisant différentes normes (HLG, PQ, HDR, SDR…), tandis que votre mélangeur fonctionne en HLG : avec une ColorBox pour chaque caméra, toutes vos données sont dans le même espace de couleurs. De même, en sortie, si vous devez envoyer différentes données à différentes destinations, ColorBox peut également réaliser ces conversions. Des workflows de broadcast très puissants peuvent donc être créés, et nous avons conçu le boîtier de manière à en faire tenir quatre côte-à côte dans un rack standard. C’est appréciable dans les cars-régie, les flypacks ou les équipements mobiles sur un plateau de tournage.

 

Quels sont les profils de vos clients ? Loueurs, ingénieurs vision, directeurs photo ?

Tous, je l’espère ! La bonne nouvelle, c’est que ColorBox a été proposée à la vente dès l’annonce de sa sortie, et nous avons d’ores et déjà reçu une commande très importante d’un loueur français pour ses caméras RED et Arri, ainsi que des commandes de loueurs du monde entier. ColorBox suscite également un grand intérêt auprès des ingénieurs vision, des installations de projection ou encore des studios de postproduction.

 

S’agit-il d’un produit unique ou prévoyez-vous d’en faire une gamme ?

Nous avons une feuille de route pour l’ajout de nouvelles fonctions à ColorBox, car son architecture rend possible une modularité basée sur des licences. L’appareil est livré par défaut avec des pipelines Aja et Colorfront, ainsi qu’une Lut NBCU, mais il intègre également la fonction Orion-Convert et une Lut BBU. Cependant, ces dernières déclenchent l’ajout d’un filigrane sur les images. L’utilisateur peut ainsi les tester et, si elles lui conviennent, il peut payer quelques centaines d’euros pour avoir des images sans filigrane. C’est un modèle économique que nous prévoyons de développer à l’avenir, et nous avons eu lors de ce salon des conversations qui nous font également réfléchir à la possibilité de proposer différentes versions de ColorBox.

 

Pour vous, Aja est-elle une entreprise de matériel ou de logiciels ?

Les deux. Nous avons commencé par fabriquer d’humbles boîtiers de conversion et n’imaginions pas proposer des logiciels, mais aujourd’hui nous avons des logiciels très puissants tels que l’analyseur d’images HDR intégré à ColorBox, ou encore les logiciels de nos produits de projection et de conversion, les logiciels qui accompagnent nos cartes d’E/S Kona, le logiciel de gestion de données Diskover Media Edition, et plus encore. En fait, notre priorité est de mettre au point des solutions répondant parfaitement aux attentes de nos clients, qu’il s’agisse de matériel, de logiciels ou d’une combinaison des deux.

 

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Envisagez-vous de rendre vos logiciels accessibles via le cloud ?

Certains de nos produits s’intègrent à merveille dans un workflow dans le cloud, comme le logiciel Diskover Media Edition, capable de détecter des instances de stockage sur site ou dans le cloud. Le logiciel lui-même peut être instancé dans le cloud et après de nombreuses discussions avec des clients, nous étudions la possibilité d’étendre cela à d’autres de nos solutions. C’est certainement l’une de nos pistes de développement envisagées.

 

Comment voyez-vous l’avenir de l’entreprise dans quatre ou cinq ans ?

Nous appartenons toujours à la famille qui nous a fondés et nous n’avons aucune intention de changer cela. Nous continuons d’embaucher de nouveaux talents, nous développer, et nous voulons avant tout inventer de nouvelles solutions et prendre du plaisir à travailler ensemble. Notre CEO, Dave Sampson, nous a rejoints il y a trois ans et il maintient le cap tout en trouvant des moyens de compléter notre cœur de métier : d’ici cinq ou dix ans, nous espérons simplement être encore présents et encore meilleurs !

 

Extrait de notre compte-rendu de l’IBC 2022 paru pour la première fois dans Mediakwest #49 p. 40-86