Interview de Patrick COCQUET, Délégué Général de CAP DIGITAL

« Le pôle de compétitivité CAP DIGITAL a été lancé en 2006,  suite à une réponse à un appel à projet du gouvernement, au cours de l’année 2005. La sélection du dossier, qui s’appelait à l’époque IMVM (Image Multimédia Vie Numérique), a été faite en 2005. Cette association de loi 1901 a réellement démarré son activité début mars 2006, j ‘y ai pris mes fonctions à ce moment-là… » Patrick Cocquet.
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De quel univers êtes-vous issu ?

Je suis ingénieur de formation, issu de l’Ecole Centrale. Et, j’ai effectué une bonne partie de ma carrière chez Dassault Electronique. J’avais en charge les études dans le domaine des réseaux embarqués (ceux du Rafale, à titre d’exemple). Mes fonctions m’ont amené, naturellement, vers la coopération internationale sur des actions de standardisation et de normalisation de ces systèmes…D’ailleurs, Internet commençait à prendre de l’ampleur. Cela m’a conduit à développer,  au sein de ce groupe, de nombreuses technologies liées à Internet. Et, j’y suis resté jusqu’à fin 1999 !  C’est en 2000, que j’ai créé une start-up  6WIND dont la vocation reste, toujours, de commercialiser des logiciels réseaux…

 

Qui vous a contacté pour prendre en charge ce pôle de compétitivité unique dans le domaine du numérique ?

Ce sont les pères du projet qui m’ont contacté. En particulier à l’époque : Francis Jutand, Serge Fdida et, le premier Président de CAP DIGITAL qui était Jean-Pierre Cottet. C’est vrai qu’ils m’ont convaincu à un moment où je ressentais l’envie de faire autre chose…Comme une époque charnière ; je m’interrogeais, alors, sur la transmission de mon expérience professionnelle avec cette notion essentielle pour moi,  d’utilité pour le futur !

J’ai trouvé le projet de CAP DIGITAL très intéressant car visionnaire sur le numérique et de plus, en phase avec mon envie de transmettre. Je l’ai intégré, un peu finalement, avec l’idée d’une nouvelle start-up à faire grandir ! Ma première société m’a permis de me rendre compte que j’aimais particulièrement cet esprit de création de société : savant mélange d’innovation et de R & D (Recherche et Développement). Cet attrait pour l’entreprenariat m’a, à l’évidence, persuadé de m’investir dans ce magnifique projet qu’était déjà CAP DIGITAL…

 

CAP DIGITAL est considéré comme une très belle réussite, vous en avez conscience ?

C’est vrai que dix ans après, c’est un très beau succès ! Nous arrivons, en 2015, à comptabiliser près de 1000 structures-membres. L’équipe rassemble, aujourd’hui, 30 collaborateurs permanents. Nous avons créé “Futur en Seine” qui est devenu le plus gros festival européen sur le numérique. Les équipes de CAP DIGITAL ont développé des activités qui permettent aux entreprises d’accélérer, de croître, de trouver des capitaux … Et je dois reconnaître que nous avons réussi à fonder une très belle machine pour dynamiser l’économie numérique en Ile-de-France !

 

Quel était l’objectif initial de CAP DIGITAL ?

L’ambition était plus restreinte que ce que nous avons aujourd’hui ! Le périmètre du pôle initial était assez centré sur les contenus, les médias, les jeux vidéo et l’éducation numérique avec une aide à l’innovation et à la R & D. Au fur et à mesure du développement d’Internet, nous avons élargi notre socle d’actions… Il y a dix ans, nous ne parlions pas de l’e-santé, de l’e-tourisme, de smart cities…

Aujourd’hui, CAP DIGITAL est présent sur 8 marchés principaux : Commerce et Distribution, Communication et Publicité,  Education et Formation, Entreprise et Etat, Maison Ville Transport,  Médias réseaux sociaux et services de télécommunications, Santé et Bien-Etre, et Tourisme.

 

CAP DIGITAL est unique en Ile-de-France ?

Il y a sept pôles de compétitivité en Ile-de-France, chacun d’entre eux  a son propre domaine d’activités. Sur le numérique, CAP DIGITAL, est vraiment le pôle de référence. Et nous créons les liens avec les « capitaux » (investisseurs, Business Angels, fonds privés ou publics) nécessaires pour les entreprises en France et pour l’International.

Notre grand festival, Futur en Seine, a démarré très vite au cours de l’année 2009. Initialement prévu tous les deux ans,  et tenant compte de la rapidité de l’évolution d’Internet :  il est devenu annuel à partir de 2011.

 

Quelle est la mission principale de votre pôle de compétitivité ?

Sa mission première est de connecter tous les acteurs : start-ups, entreprises plus historiques, grands groupes, chercheurs, investisseurs…Et je pense, qu’aucune autre structure, ne permet cette mise en contact de profils qualifiés aussi divers !

Je dis souvent quenous sommes dans une économie, celle du numérique, en constante ébullition. Le rôle de CAP DIGITAL est de réussir à canaliser les forces, de créer des synergies et, d’accompagner le développement de projets. Il s’agit de partage d’ambitions, dont celle de gagner des marchés !

 

Qu’est-ce qu’un pôle de compétitivité pour vous ?

C’est très difficile de donner une juste définition en une phrase ; un pôle de compétitivité répond à un grand nombre d’attentes et de besoins…

Ce que je retiens, c’est que nous sommes une structure créée pour accélérer la croissance des entreprises en  privilégiant, l’innovation et la création de liens, avec en particulier les acteurs de la recherche publique ! Cela couvre de nombreuses actions…

Pour répondre concrètement à votre question nous éditons, un guide annuel des services aux adhérents ; son objectif : décrire simplement ce que le pôle peut apporter en particulier à l’entreprise pour son développement. Et chaque entreprise est un cas particulier !  Cela nous amène à établir, des échanges personnalisés, avec chacune d’entre elles ; identifier les besoins nous permet de proposer les actions appropriées à l’accélération de leur développement.

 

Existe-t-il une condition pour devenir adhérent de CAP DIGITAL ?

Oui, la condition c’est de développer de l’innovation de produits ou de services dans les domaines du numérique.  

CAP DIGITAL s’intéresse aux entreprises existantes (nous ne soutenons pas la création d’entreprise)  qui ont un potentiel de croissance et, qui souhaitent accélérer leur développement ! Notre volonté est de créer de la richesse et des emplois …Nous pouvons, aussi, accueillir des sociétés de 20 ans d’existence et, dont le besoin est de passer au numérique. Nos entreprises adhérentes sont à  50% des start-ups ; l’autre moitié est composée d’entreprises plus matures.

 

Est-il difficile de devenir membre de CAP DIGITAL ?

La sélection à l’entrée est relativement souple ; notre objectif est de tester les entreprises sur leur réelle volonté de se développer, et sur leur positionnement numérique. L’entretien d’entrée au pôle vise à déterminer ce que recherche précisément l’entreprise : dans quel réseau rentrer,  pour quels marchés et types de contacts, quelle est sa capacité à pénétrer dans le marché national et international, quels sont ses besoins en financements…De nombreuses questions sont donc ainsi abordées avec le dirigeant  afin d’adapter l’accompagnement qui lui est le plus approprié.

Les services proposés par CAP DIGITAL sont des leviers de croissance pour les entreprises ! Et nous en accompagnons certaines à l’international par la création de filiales. Notre service « Fast Track », est conçu pour l’accélération des entreprises numériques à très fort potentiel.

 

Peut-on obtenir un label de CAP DIGITAL ?

Oui, nous labellisons des projets. Ces labels, validés par notre réseau d’experts, ouvrent l’obtention de financements publics (CAP DIGITAL ne finance pas directement les projets). A un deuxième niveau, nous avons la possibilité grâce à notre réseau d’experts, de labéliser l’entreprise avec le label EIP (Entreprise Innovante du Pôle), lorsqu’elle est  jugée apte à une levée de fonds.

 

Un projet  développé par CAP DIGITAL vous a-t-il particulièrement séduit ?

Ils sont nombreux, l’un des premiers du pôle portait d’ailleurs sur les technologies du film d’animation,avec Mac Guff. D’ailleurs,Mac Guff est toujours membre de CAP DIGITAL et  maintient une relation forte avec nôtre pôle de compétitivité. Je précise, aussi,  que l’adhésion au pôle est une relation sur la durée ! Nos experts et membres donnent de leur temps sur de nombreux  services proposés. A titre d’exemple, tous les ans durant cette période de l’année, nous réunissons des experts pour partager leurs visions des tendances sur les divers marchés adressés par Cap Digital. Le document qui en ressort est un cahier de tendances  des Marchés et Leviers ; il  est publié  pour nos Rencontres Cap digital du second semestre.  

 

Quels sont les partenaires qui vous soutiennent ?

Nous sommes soutenus par la Région Ile-de-France,la Direccte Ile-de-France,la ville de Paris, la Seine-Saint-Denis, le Val d’Oise, le Val de Marne, la Seine et Marne et travaillons en relation avec plusieurs ministères, la BPI, la Coface, l’INPI, Business France…

Nous travaillons également en liaison avec de nombreuses structures professionnelles, des incubateurs, des accélérateurs…

 

Existent-ils des structures équivalentes à CAP DIGITAL en Europe ?

Curieusement, je trouve qu’il n’y a pas d’équivalent en Europe à CAP DIGITAL  Certes, les clusters existent mais, souvent avec des compétences plus restreintes qu’un pôle de compétitivité ! CAP DIGITAL est une marque déposée…

 

Est-il facile, selon vous, de créer une société sans capitaux  en France ?

Je pense, en fait, que cela n’a jamais été aussi simple. Un étudiant, jeune diplômé en France,  peut bénéficier d’aides à cette création, sans pour autant avoir des capitaux ! Les pépites, créées dans les universités, ont pour objectif de stimuler la création d’entreprises. Je pense, néanmoins, que nous avons beaucoup à améliorer au niveau de l’innovation sur les marchés publics. Concernant la phase de l’accélération (et de la prise des marchés au niveau international) : elle me semble la plus délicate, à ce jour, pour les entreprises en France.

 

Quels sont les projets du pôle que vous pouvez évoquer ?

Nous travaillons à la création d’une structure européenne « READIUM Europe ». Son objectif est de développer des codes et outils de développement pour le livre numérique, en association avec les principaux éditeurs ! En septembre, Educalab, notre laboratoire d’éducation au numérique (et par le numérique), est effectif.  Nous travaillons, aussi, à un Lab des médias du futur qui permettra de tester ce qu’il y a de mieux en termes de technologies  pour cette industrie.

 

Quel est finalement votre principal objectif ?

Mon ambition est de contribuer aux développements d’outils, de méthodes, de lieux… qui rendent plus innovante et performante l’économie française.

 

Vous avez une philosophie de vie ?

Ma philosophie de vie est la transparence et le bonheur avec des choses simples. J’ai la chance d’avoir une femme qui m’accompagne depuis 35 ans, et aussi, des enfants. Cet équilibre est essentiel à la performance dans ma surcharge de travail ! Je veille, aussi, à l’équilibre et au bien-être des salariés de la structure.

 

Quel type de manager êtes-vous ?

Pour ce qui me concerne, j’applique le management par l’exemple…