Modernisation du système de production, post-production et diffusion de TV5 Monde

Modernisation du système de production, post-production et diffusion de la chaîne francophone
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TV5 Monde est la chaîne mondiale de la culture francophone. Créée en 1984, elle est l’émanation des chaînes généralistes de service public diffusant en langue française : France Télévisions, TF1 (qui l’a quittée en 1987) et la Radio TV Suisse Romande, la RTBF. Elles ont été rejointes ensuite par ARTE, Radio Canada et Télé Québec. En 2013, la chaîne a renouvelé entièrement son système de diffusion : studios et régie finale, salles techniques, automations et supervision technique.

 

TV5 monde est diffusée par satellite, réseaux câblés et émetteurs TNT ou MMDS selon les zones et dessert 200 pays avec un public potentiel de 243 millions de foyers. Son audience hebdomadaire est de l’ordre de 55 millions de téléspectateurs associant des voyageurs, des résidents ou expatriés de langue française. C’est aussi un vecteur pour l’apprentissage du français grâce au sous-titrage dans 12 langues : anglais, allemand, espagnol, portugais, néerlandais, roumain, russe, arabe, japonais, coréen, vietnamien et français. Avec le nombre de versions et les zones desservies, elle constitue le troisième réseau mondial de diffusion TV.

 

Les programmes fournis par les chaînes membres de TV5 Monde, complétés de journaux télévisés et de magazines originaux, sont diffusés au travers de 10 programmes généralistes adaptés à chaque continent et aux bassins linguistiques : Asie et Asie du Sud-Est, Pacifique, États-Unis, Amérique Latine, Afrique, Maghreb-Orient, Brésil, plus un programme européen et un spécifique France Belgique Suisse. Auxquels s’ajoutent une chaîne jeunesse, un canal d’informations et deux Web TV. Au total ce sont 14 programmes déclinés en plusieurs formats selon les zones desservies en HD, en SD 625 et 525 lignes.

 

14 programmes et 21 départs

Dès 1999, TV5 Monde, alors installée dans les locaux de Cognacq Jay Images, avait numérisé sa régie finale avec un système dématérialisé, basé sur un serveur central SGI Origin 2000, associé à un archivage Sony Petasite, et des unités de diffusion GVG Profile, le tout piloté par une automation SGT. Lors du transfert, en 2006, vers l’Avenue de Wagram, le système de diffusion a été réaménagé dans une seconde génération numérique avec des serveurs K2, une externalisation des données pour un plan de sauvegarde et de reprise d’activités avec un archivage actif IBM puis Isilon.

2013 voit le lancement d’une opération de modernisation et d’extension des capacités pour passer à une troisième génération numérique, la V3. La nouvelle régie finale et la salle technique ont été réaménagées sur place, au siège, tout en poursuivant la diffusion lors des travaux. L’objectif est d’intégrer dans un même ensemble de processus automatisés, avec une démarche de type SOA (architecture orientée services), l’acquisition, la post-production, le traffic system, le play out et l’archivage avec une supervision globale. Un second challenge consistait au réaménagement complet de la régie finale, du studio principal et de la salle technique réinstallée dans un volume plus réduit (passage de 150 baies à seulement 64) tout en réalisant une économie d’énergie de 35 à 40 %.

 

Six MAM orchestrés par SYGEPS

Par rapport à une chaîne classique, le volume de données, de transactions et de paramètres est démultiplié car il faut y intégrer la gestion des droits de diffusion, variables selon les pays et le respect du droit à l’image au gré des réglementations locales. Plusieurs MAM ont été mis en place : deux pour les programmes, Louise de PCI pour l’éditorial et SGT pour la technique, un pour la gestion des news (iNews d’Avid), un pour la base de données documentaires, un autre pour la diffusion et enfin un PAM d’Avid pour la post-production (24 postes de montage en réseau). Ces six MAM dialoguent entre eux grâce à SYGEPS : SYstème de GEstion de Process et de Services. Cette nouvelle version regroupe 40 connecteurs logiciels dont 20 nouveaux ont été développés pour la V3. Par ailleurs, toute la partie gestion des droits et de la programmation est assurée grâce au traffic system Louise de Pro Consultant Informatique.

Ce passage à la V3 a permis de remettre à plat toute la modélisation de la production et de la diffusion. De nouveaux processus ont été créés tandis que certains existants, trop lourds, ont été allégés et d’autres ont vu leur champ d’action étendu. Trente processus majeurs ont été définis sur un total de 80 pour l’ensemble de l’activité. Avec toutes les déclinaisons des programmes, ce sont 150 000 workflows techniques exécutés par semaine, qui induisent 105 millions de transactions hebdomadaires.

La diffusion des programmes est assurée par un ensemble de 19 serveurs Harris (3 844 heures de contenus cumulés au format HD avec un encodage en XDCAMHD50 à 57,5 Mb/s.) et 80 codecs dont les sorties sont traitées par des mélangeurs de continuité Pressmaster de Miranda avec des moteurs de rendu graphique PixelPower et un sous-tirage traité par Screen Subtitling, l’ensemble étant piloté grâce à l’automation Veda de SGT.

 

Imaginer de nouvelles interfaces de supervision

La nouvelle régie finale, aménagée par Preview, regroupe les écrans de contrôle (mosaïques intégrées à la grille Evertz) et les pupitres de commandes avec un opérateur par groupe de quatre départs et un chef de chaîne, garant de la continuité éditoriale. Il assure également la coordination avec les deux plateaux de direct. Le plateau principal sert à la réalisation d’un journal télévisé quotidien de 64 minutes diffusé à 18 heures, auquel s’ajoutent 10 flashs d’infos et sept autres JT. TV5 Monde produit, en outre, un journal économique, un journal dédié à l’Afrique et rediffuse après adaptation quatre journaux quotidiens des chaînes partenaires. Au total, ce sont plus de 100 JT qui sont déclinés et diffusés par semaine. Ils sont préparés à partir de 60 postes de travail fonctionnant avec iNews d’Avid et gérés grâce au système Mosart de Vizrt.

Jean-Pierre Verines, directeur des Systèmes d’Information et des Technologies, a souhaité faire évoluer les modes d’affichage des écrans de supervision. D’habitude, les mosaïques affichent la diffusion le long de la chaîne de transmission avec des alarmes affichées lors d’un défaut sur le live. Il est indispensable d’anticiper les problèmes avant qu’ils ne surviennent à l’antenne. Dans la V3 du système de diffusion, les équipes de TV5 Monde ont imaginé un nouveau mode d’affichage reprenant le principe de la time-line et rendant compte de l’état des prochains éléments à diffuser. Un défaut éventuel sera affiché avec un pavé coloré selon sa nature et un niveau d’urgence pour y pallier. L’opérateur, prévenu à l’avance, intervient en fonction du degré d’urgence. On retrouve le même souhait d’anticiper les problèmes avec une édition automatique des tickets de maintenance lors du constat de défauts ou de valeurs anormales sur des matériels. Le contrôle de qualité des fichiers vidéo est assuré par le système Baton d’Interra Systems, celui des signaux de diffusion par des sondes Miranda et celui des sous-titres par un ensemble Ninsight, tous pilotés par le SYGEPS.

 

Le NOC : Network Operations Center

L’un des éléments importants du projet concerne le NOC, installé dans un local où, au milieu de moniteurs vidéo et informatiques, six écrans 65 pouces affichent des synoptiques complets des infrastructures avec retour en temps réel de toutes les données récupérées par le SYGEPS. L’un est affecté aux réseaux informatiques (12 routeurs, 63 switchs et 150 Vlans), le second à une carte mondiale des points de réception réels de TV5 Monde avec l’état des signaux renvoyés grâce à des sondes Miranda, et le troisième à la supervision des équipements de la salle technique (600 points de mesure et 5 000 services supervisés). Les autres affichent les états des différents sous ensembles : post-production, machines virtuelles, plateforme d’encodage et de multiplexage, chaînes de traitement et serveurs de base de données. Un premier NOC est installé au siège à Paris tandis qu’un second se trouve à Hong Kong. Jean-Pierre Verines explique ce choix : « C’est l’Asie qui est le moteur technologique. Ils expriment des demandes de déclinaisons thématiques et des extensions variées et hétérogènes. Nous avons besoin d’être réactifs et nous prévoyons de nous développer là-bas en y installant entre autres les équipements de redondance et de PRA (plan de reprise des activités) ».

Les études du projet V3 de régie finale ont démarré en septembre 2011, avec une mise à l’antenne en juillet 2013. 220 hommes-mois d’ingénierie ont été nécessaires sous la conduite et le suivi de projet de la DSIT. Une centaine d’intervenants ont participé au projet. Le cœur du SYGEPS a été mis au point par RS2I. Les installations techniques vidéo (plateaux, régies, salle technique) ont été déployées par Preview tandis que ACSI2 a développé les outils informatiques et a préparé la modélisation de processus et que CRT Informatique prenait en charge la partie réseaux et supervision.