La Première Fois est avant tout une affaire de bénévoles et de passionnés. « Nous proposons une programmation de qualité », glisse Lola Contal, une des organisatrices, membre de l’association, les Films du Gabian. Mais attention, ici, pas de grosse tête ou d’ego démesuré.
Ce festival et l’association ont été montés par une promotion du master Métiers du film documentaire de la faculté d’Aix-en-Provence qui depuis est basé à Marseille. « Ces étudiants se sont rendu compte qu’il n’y avait pas de créneau pour montrer leurs films et ont ainsi créé le festival. C’est ainsi qu’est né La Première Fois, pour montrer aussi les premiers films d’autres créateurs », explique-t-elle.
Le festival a pris de l’ampleur et une équipe s’est constituée autour d’un salarié, qui a permis la création de l’atelier d’écriture Premier Jet. Lors du festival, au cours d’une journée de travail, deux jeunes auteurs de documentaires présentent leur projet à des professionnels et des partenaires qui peuvent donner des coups de pouce (lieux de tournage, résidence, etc.). La Vie adulte, de Jean-Baptiste Mees, a ainsi pu trouver un producteur, tout comme Chaque mur est une porte, d’Elitza Gueorguieva. « Ensuite, nous leur faisons une place pendant le festival et les diffusons », ajoute Lola Contal.
350 films reçus
« Petit à petit, le festival s’est professionnalisé et il y a trois ans, cette équipe a décidé de passer le relais à une nouvelle génération. Avec mes collègues, nous étions déjà liés au festival. J’ai aussi fait ce master et j’étais bénévole depuis plusieurs années », détaille-t-elle. Depuis trois ans, cette nouvelle équipe commence déjà à penser aussi à laisser la place. « Nous n’avons pas envie d’être un festival dirigé par une personnalité, souvent masculine d’ailleurs, qui tient les rênes et ne veut plus les lâcher. Il n’y a pas de président d’ailleurs et nous commençons à réfléchir à transmettre ce festival, petit à petit pour faire d’autres choses », sourit-elle.
La sélection se fait après un appel à premiers films documentaires, ouvert du 15 août au 15 octobre chaque année. « Nous sommes un peu larges, et nous ne considérons pas le film de fin d’études comme le premier d’un réalisateur », déclare la jeune femme. Cette année, une quinzaine de films a été choisie sur les 350 reçus, la majorité faisant plus d’une heure, mais le format n’est pas le plus important pour être montré à La Première Fois. Deux films se déroulent en Chine, un en Grèce, un en Tunisie et un en Colombie. Tous sont accompagnés d’un débat par le réalisateur ou un membre de l’équipe.
« Nous sommes attachés à ces rencontres, chaque film est suivi par une discussion. Nous essayons d’avoir des films venant du monde entier. Nous envoyons l’appel à films dans des écoles en Russie, en Pologne, etc. Le festival n’est pas compétitif et n’a pas de thème, ce n’est pas dans notre esprit. Nos projections se font dans des petites salles de cinquante places, notamment au Vidéodrome 2. Nous trouvons que ce serait ridicule de donner des prix, vu que nous n’avons pas d’argent », précise-t-elle.
Mais le soir de la clôture, un prix est décerné par un tirage au sort dans un chapeau ! « Ce qui fait notre spécificité est que notre public a entre 20 et 40 ans. Même nos partenaires, comme la Région Sud, nous suivent grâce à cela. On fait partie de cette tranche d’âge et c’est notre réseau. C’est pour cela que la transmission à de plus jeunes organisateurs est importante », convient-elle.
Cette année, l’invitée d’honneur est Alessandra Celesia (Anatomie d’un miracle), dont les films ont été projetés à la Baleine, salle de Shellac. Parmi les nouveautés, le festival a proposé deux jours de projections au sein de la Structure d’Accompagnement à la Sortie (SAS) de la prison des Baumettes, où une salle de cinéma vient d’ouvrir dans le studio Image et Mouvement, portée par l’association Lieux Fictifs. Côté soutien financier, le festival est bien aidé par la Région Sud, France Bleu et les médias locaux, et un tout petit peu par la ville de Marseille.