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ISE 2015: visioconférence, vers un outil de communication universel

La visioconférence est un outil régulier de communication destiné à faciliter la conduite de réunions à distance. Avec l’arrivée de la HD et de la compression H.264, elle offre des images et des sons de meilleure qualité. Grâce à l’adoption de protocoles standardisés et aux ponts multi-sites, ces outils communiquent plus facilement entre marques concurrentes. La généralisation des caméras sur les portables, les tablettes et les smartphones élargit aussi son usage vers une gamme plus large de terminaux..
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Les systèmes de visioconférence comprennent, au minimum, une caméra vidéo pour filmer les participants, un ou plusieurs écrans LCD pour diffuser les images des interlocuteurs distants, un système de prise de son et un codec de visioconférence. Ce système regroupe toute l’électronique nécessaire au fonctionnement de l’ensemble avec, au minimum, une interface de numérisation vidéo et audio, un module de compression et de décompression pour réduire le débit numérique, une ou plusieurs interfaces réseau (IP ou RNIS pour les modèles plus anciens), des modules de sélection et de gestion des communications. Les constructeurs d’équipements de visioconférence proposent des caméras dédiées à leur système car ils y intègrent des fonctions de contrôle et de télécommande du cadrage. Avec la généralisation de la micro-informatique, ont été ajoutées des entrées sorties VGA et/ou DVI pour transmettre et partager des contenus informatiques.

 

De la salle dédiée au meuble de visioconférence

Dans le passé, l’encombrement des matériels et leur câblage dédié (en particulier la desserte de la ligne Numéris) avaient conduit les utilisateurs à prévoir une salle fixe dédiée à la visioconférence, avec pour conséquence de devoir s’y déplacer pour l’utiliser. Avec la réduction de la taille des codecs et des caméras, l’arrivée des écrans LCD et la transmission en IP, les salles dédiées à la visioconférence se sont transformées petit à petit en meuble de visioconférence, soit mono écran ou bi-écran, pour l’affichage du contenu informatique partagé entre les deux réunions. De nombreux équipements sont encore vendus et utilisés selon cette configuration.

 

Ces dernières années, avec la généralisation des webcams sur les micro-ordinateurs et le développement de services individuels comme Skype, les équipements de visioconférence ont évolué dans deux directions à partir de cette architecture traditionnelle du meuble de visio. D’un côté, une montée en gamme des salles dédiées vers les salles de télé présence et, de l’autre, encore une réduction de la taille des matériels pour transformer le meuble de visio en système totalement portatif associé à un micro-ordinateur.

 

Les salles de télé présence

Avec un système mono caméra, la participation à une visioconférence conduit à un sentiment de frustration dès que la réunion regroupe plus de deux ou trois personnes de chaque côté. À moins de désigner l’un des participants comme réalisateur, la plupart du temps la caméra reste en plan large ou arrive en plan serré sur l’intervenant après un long moment. Les meubles de visioconférence font empirer la situation car ils sont souvent installés dans des salles de réunion inadaptées, table en U, rangées de participants, sans parler de la prise de son. À la fin d’une longue réunion en visioconférence, on ressent l’impression d’être resté sur le pas de la porte pendant tout la cession. Plusieurs constructeurs, tels que Polycom et Cisco, ont choisi de dépasser ces limites et ont proposé un nouvel aménagement : la salle de télé présence. Attention à ce terme employé à tort et à travers dans le discours marketing ou même la désignation d’autres terminaux.

 

Le principe de la salle de télé présence est de filmer les participants avec deux ou trois caméras en plan large fournissant un cadrage panoramique des participants. Les images de ces caméras sont transmises vers l’autre site sur deux ou trois écrans juxtaposés de manière à reconstituer une image en plan large de l’ensemble des participants. La distance entre les participants et les écrans ainsi que les cadrages sont calés de manière à obtenir un affichage de l’autre site à une échelle 1 :1. Ainsi les participants ont l’impression que les interlocuteurs distants sont présents de manière réelle face à eux. Avec des caméras et des écrans HD et une compression H.264, les systèmes de télé présence offrent une qualité d’image et de son avec un réalisme qui renforce cette perception. Pour donner toute latitude de mouvement aux intervenants, Polycom préconise l’installation d’un réseau de microphones en plafond. Avec des traitements audio adéquats (c’est le métier d’origine de Polycom), la restitution sonore et la spatialisation de la position des intervenants apportent encore plus de confort lors des échanges.

 

Ce constructeur pousse encore plus loin la qualité de la communication avec le système RealPresence Immersive Studio équipé de trois écrans UHD 84 pouces affichant des images en 1080p60. Malgré la distance, les interlocuteurs distants sont vraiment présents dans la salle. Il pousse le détail jusqu’à choisir des caméras minuscules pour les placer en triplet devant l’écran central et rester dans l’axe du regard des personnes filmées et éviter un effet « faux jeton » toujours désagréable. Dans un système à trois caméras, trois codecs et surtout un lien à 18 Mb/s sont nécessaires. Il faut donc un accès à internet dimensionné en conséquence.

 

L’emplacement des participants par rapport aux caméras, leur position et l’aménagement général du système suivent des règles précises. Le fournisseur du système procède donc à l’installation à la fois des équipements mais aussi du mobilier, des tables et des sièges dans un local vide. Le coût total d’un système de télé présence est élevé mais Brice Niger, responsable du marché immersif pour l’Europe du Sud chez Polycom, remarque : « Ce type de salle de télé présence est destiné à la gestion de crise et aux réunions du top management. Pour un groupe de dimension internationale, quand on totalise les frais de déplacement et le temps perdu dans les vols internationaux, une salle de télé présence est amortie au bout de 10 réunions internationales avec leurs principaux dirigeants ».

 

Des systèmes portatifs

À l’autre extrémité des catalogues, les constructeurs conçoivent des systèmes légers avec des caméras miniatures et des codecs de taille réduite, comme le Cisco Quick Set C20, le Lifesize Icon ou le Polycom RealPresence Group 300 pour des petits groupes de deux à cinq personnes réunis autour d’une table. Le traitement de l’image vidéo et du son exige encore des processeurs dédiés pour obtenir une bonne qualité et une latence réduite. Une unité électronique de traitement est donc nécessaire. Polycom a mis au point la gamme CX avec une tête de caméra panoramique avec les microphones à la base, que l’on place au milieu de la table. Ce système compatible Lync se raccorde au port USB d’un micro-ordinateur portable. Logitech fait de même avec les systèmes ConferenceCam. L’unité de traitement avec ses périphériques, caméra sur tourelle et pupitre micros profite du micro-ordinateur pour faire le lien avec le réseau local de l’entreprise. Lors du choix d’un tel matériel, il faut bien vérifier sa compatibilité avec les protocoles habituels de la visioconférence : SIP et H.323 et la reconnaissance des services de communication unifiée comme Lync de Microsoft, Jabber de Cisco ou Vidyo pour être compatible avec les infrastructures de l’entreprise.

 

Pour l’utilisateur individuel, tous les constructeurs proposent des terminaux dédiés incorporant une caméra et l’électronique, l’écran étant soit intégré soit externe via un port HDMI. Mais cela encombre encore un peu le bureau avec un autre terminal dédié. Il existe aussi des solutions associant la téléphonie SIP et la visioconférence avec des postes téléphoniques dotés d’écran et de caméras. Enfin, pour l’utilisateur nomade, soit il profite des outils de communication unifiée comme Lync de Microsoft ou Jabber de Cisco sur son micro-ordinateur ou sa tablette et installés par la DSI de son entreprise. S’il travaille dans une TPE ou comme indépendant, il lui est plus difficile d’accéder à ce type de services et d’infrastructure. Pour participer ponctuellement à une visioconférence, il pourra télécharger le logiciel correspondant à l’architecture choisie par ses interlocuteurs et s’y raccorder ponctuellement. Cela exige quelques petites manipulations préalables. Il est évident que la visioconférence d’entreprise ne profite pas encore d’un outil généralisé et universel comme la téléphonie traditionnelle ou même Skype devenue un standard de facto au niveau du grand public. À signaler aussi des plug-in à intégrer dans la plupart des navigateurs Web, la connexion sur le réseau de visioconférence se faisant via un lien envoyé par e-mail.

 

Dialoguer avec les terminaux mobiles

Cette communication entre des terminaux de nature et de caractéristiques différentes implique la mise en place de ponts (ou MCU) et d’outils de conversion. Chez tous les constructeurs, les codecs de visioconférence d’un certain niveau intègrent en base des fonctions de ponts multi-sites pour quatre à huit liaisons distantes. Pour des conférences avec un plus grand nombre de participants, une infrastructure centrale dédiée est nécessaire avec des outils de management, des systèmes d’enregistrement vidéo et audio des réunions et si nécessaires des systèmes de conversion de formats et de protocoles. Les systèmes récents de visioconférence sont basés sur des protocoles de plus en plus ouverts : H.264 pour la compression vidéo, SIP et H.323 pour l’échange entre postes, TIP pour la télé présence… Mais pour les fonctions d’annuaire et d’agenda, chaque acteur pousse son système propriétaire : Lync pour Microsoft, Jabber pour Cisco, Vidyo, ou Lifesize UVC…

 

Les infrastructures nécessaires à ces échanges se justifient dans le cadre de grandes entreprises qui ont les ressources techniques et les moyens pour les mettre en place. Mais une tendance se dessine avec l’externalisation vers des plateformes managées par des prestataires. D’autant qu’ils peuvent fonctionner en mode virtualisé sur des fermes de serveurs.

L’étape suivante, ce sont des services fonctionnant en mode totalement virtualisé dans le cloud avec des applications distribuées en S.A.S. (Software As Services). Plusieurs offres de ce type apparaissent sur le marché comme Zoom, BlueJeans, Vidyo, Fuze ou Webex de Cisco. La montée en puissance des terminaux aussi bien PC, que smartphones ou tablettes conduit à un transfert dans le cloud des outils de traitement et de communication. Comme dans d’autres secteurs de l’informatique, le hardware spécifique dédié laissera bientôt la place à du hardware banalisé et à des outils entièrement logiciels répartis dans le cloud.