L’AW-UE160 couronne quinze ans de PTZ chez Panasonic

En mars 2008, Panasonic dévoilait l’AW-HE100, sa première caméra broadcast PTZ « tout-en-un ». La sortie de la nouvelle AW-UE160 vient célébrer quinze années d’innovations sur ces caméras robotisées devenues les best-sellers de la branche vidéo pro du fabricant japonais. Voyons comment ce nouveau modèle répond aux nouveaux besoins du marché.
Audrey Allaire, responsable technique, et Guillaume Briot, responsable marketing chez Panasonic Connect, explorent les fonctionnalités du tout premier prototype d’AW-UE160 en France. © Luc Bara

 

Jusqu’à l’arrivée de l’AW-HE100, les systèmes de caméras robotisées étaient composés d’éléments séparés : tourelle d’un côté, caméra box de l’autre et optique interchangeable. L’idée et le succès de la caméra PTZ fut d’intégrer tous ces éléments en un seul bloc compact et léger afin de faciliter l’intégration et les prestations. Chez Panasonic Connect, à Gennevilliers, un des tout premiers modèles de l’AW-UE160 est en cours d’évaluation avant sa sortie prévue vers mars 2023. Accompagné de l’équipe Panasonic Broadcast France, Guilhem Krier, responsable du développement pour l’Europe, présente ce nouveau produit.

 

La Panasonic AW-UE160 © DR

Dans quel contexte arrive cette nouvelle UE160 ?

Guilhem Krier : Nous fêtons en 2023 les quinze ans de notre première caméra PTZ la HE100, et la UE160 sort pour cette date anniversaire, comme un nouveau flagship. En quinze ans, Panasonic a vendu plus de 250 000 unités de PTZ dans le monde. Aussi, plus de quatre ans se sont écoulés depuis la sortie du modèle précédent, la UE150, en décembre 2018. Cette UE150 est aujourd’hui le standard du marché avec environ 70 à 85 % de part de marché en Europe selon les chiffres de Future Source. Elle trouve sa place surtout sur la location et l’événementiel, mais elle est aussi très utilisée en télé-réalité, dans le corporate, les auditoriums et bien sûr dans les studios avec notamment une percée dans les studios VR, grâce au support du protocole freeD.

Malgré son positionnement haut de gamme (ndlr : le prix de la caméra sera replacé de 11 500 euros à 9 900 euros en avril) c’est notre bestseller, et étonnamment, elle se vend mieux que les petites caméras de la gamme. Pour autant, les utilisateurs nous attendaient sur un certain nombre de points à améliorer. Avec la nouvelle UE160, l’idée n’était pas de révolutionner le concept de la caméra PTZ, mais d’étendre les possibilités d’utilisation et de répondre à des requêtes des utilisateurs. La UE150 n’est pas remplacée, elle reste à notre catalogue et la UE160 vient se positionner au-dessus à un tarif légèrement supérieur de 13 300 euros (prix public HT).

 

L’AW-HE100 fut la première caméra PTZ « tout-en-un » de Panasonic, sortie en mars 2008. © DR

Si la UE150 semble donner satisfaction, qu’est-ce la UE160 peut apporter de plus ?

Plusieurs choses. Nous étions très attendus sur l’autofocus car c’est une des rares fonctionnalités qui nous manquait vraiment. Nous avons développé un nouvel autofocus hybride à détection de phase. C’est une technologie utilisée également sur le dernier boîtier Lumix S5II. Nous comblons ainsi notre retard sur certains concurrents. Ce nouvel autofocus est tout simplement hyper rapide et améliore la reconnaissance du sujet.

Une autre demande était de pouvoir mélanger plus facilement des caméras PTZ avec des caméras de plateau, ce qui était difficile dans les environnements sombres. Nous avons donc amélioré le capteur de la UE160. C’est le même type de capteur 1” UHD que la UE150 mais c’est une version améliorée qui présente une sensibilité supérieure : F14 à 2 000 lux. L’idée est d’avoir une caméra PTZ vraiment proche de notre caméra de plateau UC4000 pour pouvoir matcher les deux facilement. De plus, un filtre passe-bas anti-moiré a été intégré entre l’optique et le capteur. C’est particulièrement intéressant car ces caméras sont souvent amenées à filmer des écrans Led sur des événements live et les problèmes d’aliasing sont fréquents. Aussi, la latence de la UE160 est plus faible que sur la UE150, et c’est un point toujours important pour les utilisations en direct. Également, la partie IT et workflow a été sensiblement améliorée.

La UE160 est la première PTZ à être capable de produire un flux ST2110. Cette fonctionnalité sera débloquée avec une option logicielle qui sera disponible dès la sortie de la caméra et au tarif de 1 500 euros. Aussi une des demandes récurrentes était d’avoir de Full NDI et non plus seulement le NDI HX ou HX2 comme sur la UE150. La qualité du NDI HX et surtout la latence n’était parfois pas acceptée. Aussi le support du NDI HX3 est en cours de développement chez nous et sera disponible ultérieurement avec une mise à jour de firmware.

 

Et concernant la connectique et l’ergonomie ?

Il y a quelques nouveautés comme des prises audio XLR sur la caméra ou encore le 120p. La caméra peut délivrer deux flux 60p simultanément sur deux sorties SDI et rentrer dans un EVS, Simplylive ou autre pour faire des ralentis. Concernant l’ergonomie, on trouve des petites améliorations comme un tally à l’arrière de la caméra, ou encore l’intégration des ventilateurs sur les côtés, protégés par des ouïes, alors que le gros ventilateur à l’arrière de la UE150 pouvait être exposé à des projections d’eau par exemple.

 

La connectique enrichie de l’AW-UE160 (à droite) comparée à celle de l’AW-UE150 (à gauche). © Luc Bara

 

Y a-t-il encore des marchés à conquérir pour les caméras PTZ ?

Les trois environnements dans lesquels les PTZ sont déjà bien implantées sont le studio/broadcast, la production et l’événement live. Je pense que le sport est un des derniers marchés que nous visons. Les PTZ sont peu utilisées dans le sport, notamment lorsqu’il y a des cadreurs qui suivent les joueurs avec les caméras, ce paramètre humain est difficile à reproduire avec une PTZ. Cependant avec la UE160, nous commençons à attaquer ce marché. L’idée n’est pas d’aller sur des matchs de foot de ligue 1, mais de proposer des solutions plus low cost, par exemple avec Simplylive ou Newtek. Pour du sport comme le handball ou le basket où les caméras sont plus proches du terrain, nous avons maintenant des niveaux de zoom suffisants, un autofocus rapide et des possibilités de ralenti x2 grâce au 120p, qui peut aussi donner un ralenti x4 tout à fait correct avec une interpolation. Et bien sûr le full NDI peut être un atout sur ce marché.

Nous sommes sur un marché qui continue à grossir tous les ans. Il s’est beaucoup développé dans la période Covid avec les besoins de streaming et de production déportée. Ce qui est marquant c’est que la caméra PTZ – notamment à partir de HE120 et surtout les UE150 –  est affichée sur les plateaux. Ces caméras ne sont plus cachées à l’antenne, non seulement elles s’intègrent bien au décor mais en plus certains programmes sont fiers de la montrer parfois au centre du plateau. Dernièrement, sur un clip publicitaire de Zara pour un lancement de gamme, on peut voir des mannequins tourner autour d’une PTZ Panasonic montrée ostensiblement. Ici la caméra participe clairement à la narration.

 

Comment se compose l’offre actuelle de caméras PTZ Panasonic ?

Les produits d’entrée de gamme, UE4, UE20, UE40 et UE50 sont très utilisés en corporate et pour l’éducation. Nous avons un point charnière autour de la UE80 qui sépare l’entrée de gamme « entry range » du « mid range ». La UE80 est une caméra qui intègre la 4K et le NDI mais qui garde le facteur de forme des caméras entrée de gamme de type « dôme ». Au-dessus de la UE80, on rentre dans le broadcast et la vidéo pro avec le UE100, UE150, UE160 et la PTZ outdoor HR140. Toutes ces caméras sont pilotées par le pupitre de commande RP150. L’offre de Panasonic inclut aussi tout un écosystème avec des solutions robotiques pour des mouvements de caméra : le pied élévateur Panapod, le bras robotisé KST-CamBot pour l’automatisation de mouvements de caméra précis et trackés, notamment pour le studio XR, ou encore le chariot dolly Tecnoopoint avec ses rails de travelling et sa télécommande.

Enfin, nous avons tout un ensemble de logiciels gratuits ou payants. Le PTZ Control Center permettra de piloter et monitorer plusieurs caméras PTZ simultanément avec un enregistrement de vignettes pour chaque preset. Ce soft est aussi utile pour envoyer la même configuration à plusieurs caméras instantanément, ce qui permet de gagner beaucoup de temps et de précision et prestation. Le PTZ Virtual USB Driver est une solution pour se servir d’une caméra PTZ comme d’une webcam pour les Zoom, Teams et autres solutions de visioconférence de plus en plus utilisées.

Panasonic n’avait pas la réputation d’avoir des interfaces très « user friendly » alors un effort a été apporté sur cet aspect. Un mode « nuit » (fond noir) permet une utilisation plus confortable dans les régies. L’interface Web, hébergée par la caméra, montre une ergonomie qui a beaucoup évolué ces dernières années avec notamment des pages de réglages beaucoup plus ergonomiques et colorées. Le logiciel SF100 permet de faire de l’auto-tracking, très indiqué pour le marché de l’éducation et le logiciel SF300 permet le pilotage simultané de plusieurs caméras comme pourrait le faire un Crestron. Enfin, le soft Easy IP Setup est l’outil permettant de configurer rapidement un réseau de caméra.

 

Que peut-on attendre de Panasonic dans une avenir proche ?

Pour la première fois Panasonic va pouvoir construire un système « glass to glass » [ndlr : du verre de l’optique de la caméra au verre de l’optique du projecteur ou de l’écran TV]. Nous avons aujourd’hui notre mélangeur Kairos qui est entièrement 2110, des caméras de plateau qui peuvent être 2110, maintenant des PTZ en 2110 grâce à la UE160 et nous avons en préparation, des projecteurs qui seront 2110. Dans peu de temps, en 2023, nous aurons la chaîne complète, de la caméra PTZ au projecteur, entièrement et nativement en 2110 : une solution « glass to glass » pour le marché du ST2110.

 

Article paru pour la première fois dans Mediakwest #51, p. 20-22