Dossier SIMESITEM 2015: en route vers la muséographie numérique globale !

Le Salon International des Musées et des Lieux de Cultures et des Techniques Muséographiques est désormais une manifestation bien ancrée dans le paysage muséographique français. Le SIMESITEM a réussi à faire la synthèse entre la scénographie traditionnelle des musées et les nouveaux modes d’expression numériques de la médiation culturelle, que ce soient les bornes interactives, les reconstitutions en 3D et en réalité augmentée ou les applications mobiles.
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Avec la multiplication des mises en lumières de sites et bâtiments historiques un peu partout dans les grandes villes, le mapping vidéo faisait partie des technologies tenant le haut du pavé de ce salon avec de nombreux spécialistes un peu partout en France, comme la société ID Scènes qui a officié récemment à Montpellier ou le scénographe Dominik Barbier qui montrait sur son stand une épure de sa technique de mapping vidéo des sculptures particulièrement réaliste.

 

Mélange bigarré, le SIMESITEM offre l’occasion de voir se mêler dans les allées des artistes scénographes indépendants de renommée et des sociétés importantes spécialisées dans l’intégration audiovisuelle comme Axians ou Vidélio-IEC. Au détour d’un stand, on pouvait ainsi découvrir un collectif de TPE parisien tourné vers les dispositifs muséographiques comme Mosquito spécialisée dans le design interactif qui montrait un dispositif simple mais efficace basé sur une dalle tactile de grande taille posée horizontalement et dont les vidéos pédagogiques se lançaient grâce au déplacement de palets en bois dotés de puces RFID.

 

La stéréoscopie et la réalité augmentée à l’ordre du jour

Sur le stand de Mosquito comme sur près d’une dizaine d’autres, il était également possible de découvrir quelques exemplaires de lunettes Oculus Rift ou de dispositifs de Réalité Virtuelle équivalents basés sur des Smartphones qui distillaient des visites immersives à base d’images stéréoscopiques. Cela faisait dire à certains qu’à terme ces nouvelles interfaces de Réalité Virtuelle offriront des débouchés aux images stéréoscopiques par ailleurs en berne dans l’univers de la télévision.

 

Intéressante à ce titre la présence cette année de la société Flying S3D, spécialiste de la postproduction relief pour le cinéma et la télévision était présente. Flying S3D venait promouvoir via une projection publique une série documentaire « Jour de Guerre Reliefs 1914-18 » diffusée sur France 2 en fin d’année 2014 et dont la base documentaire est une collection de photographies en relief sur plaques de verres datant de la Première Guerre mondiale. La qualité de conservation de ces photographies a permis au réalisateur Michel Blustein de créer de véritables scénarii plongeant le téléspectateur durant 50 épisodes de 1‘30 dans le quotidien parfois cru de la Grande Guerre au travers de quelques clichés scénarisés et ponctués par la voix de l’écrivain Alexis Jenni, Prix Goncourt 2011.

 

En dehors de toute scénarisation définie, le terrain des images immersives dédiées à la muséographie était aussi largement occupé cette année par la Réalité Augmentée présente sur nombre de stands proposant des applications mobiles destinées aux tablettes. D’aucun attend beaucoup aussi de nouvelles interfaces sous forme de lunettes toujours plus performantes comme celles sans fil HoloLens de Microsoft.

 

Grand spécialiste reconnu internationalement de la Réalité Augmentée, la société rennaise Artefacto montrait « Up Visit », un usage très instinctif de la Réalité Augmentée via un cube en carton ou un catalogue de musée qui sert de base à la représentation en images de synthèses d’objets patrimoniaux incrustés dans les images réelles provenant d’une caméra d’Ipad. De même, Artefacto est une des rares sociétés à maîtriser parfaitement la reconstruction en image de synthèse sur une tablette mobile d’un monument disparu en tenant compte de la géolocalisation en temps réel de l’utilisateur.

 

Le Cloud computing et la réalité augmentée en poupe

L’image de synthèse appliquée aux objets muséographiques est aussi devenu l’apanage du cloud computing. Le jeune projet Culture3DCloud (C3DC) qui réunit des instituts culturels (RMN, INHA, CMN), des laboratoires de recherche (MAP, Institut Mines Télécom) ainsi que des entreprises spécialisées dans la numérisation 3D (Réciproque, Beingenious) présentait en effet à l’occasion du SIMESIEM sa plateforme de numérisation 3D, de conservation et de diffusion du patrimoine culturel basée sur le Cloud Computing. C3DC vise avec le Cloud à mettre la captation d’images de synthèse dans les mains de photographes professionnels et amateurs et la distribution entre celles des agences et banques d’images. Soutenu par l’Etat français dans le cadre des Investissements d’Avenir, C3DC avait d’ailleurs déjà montré en 2014 une application Ipad impressionnante au travers du « Musée Invisible d’Alexandre Lenoir ».

 

Continuité d’expérience entre application mobile et scénographie

Mazedia, éditeur d’applications web et mobiles mettait en avant quant à lui lors d’une conférence très populaire sa vision de l’évolution de l’usage des dispositifs numériques à l’intérieur des musées. Selon Vincent Roirand, son Pdg, les applications mobiles dans les lieux culturels sont de plus en plus liées à la scénographie du lieu de visite lui-même. Elles se doivent désormais de récupérer des informations sur l’environnement direct du visiteur via les capteurs, afin d’assurer une réelle continuité de l’expérience entre applications mobiles et scénographie. Dans les années à venir, Vincent Roirand voit même s’imposer la nécessité d’une continuité d’expérience au-delà du musée dans l’amont et l’aval des visites. « La question de l’interconnexion des bases de données entre les musées et les autres lieux touristiques d’une ville va se poser de manière toujours plus cruciale, de même que l’analyse des retours d’usage des visiteurs afin de personnaliser le contenu patrimonial poussé vers le visiteur. Pour ce faire, il faudra combler le déficit de moyens dont nous disposons aujourd’hui pour mesurer le niveau d’engagement des visiteurs ». Ainsi, Mazedia n’hésite pas désormais dans ses prestations, comme le site web du musée des Confluences à Lyon, à utiliser les stratégies « virales » en faisant appel à des contributeurs extérieurs au monde des conservateurs de collections pour valoriser une exposition temporaire. « Il faut désacraliser le propos muséographique », concluait Vincent Roirand.

 

Dans le registre de la valorisation des collections sur le web, il était intéressant également de constater sur cette 19ème édition du SIMESITEM que le Big Data tenait le devant de la scène à l’occasion d’une conférence très pédagogique et très suivie pilotée par un spécialiste du domaine, Christophe Cousin, professeur à l’ESSCA, membre de l’alliance Big Data et co-président du Club Big Data-Smart Data de l’Adetem. De même, dans le registre de la valorisation des collections patrimoniales sur le web on constatait au travers du témoignage de Philippe Bergeret, le responsable des Systèmes d’Information du Musée du Quai Branly que l’indexation et la valorisation des catalogues d’archives textes, photos et audiovisuelles ne faisaient plus qu’un aujourd’hui au travers par exemple de Framework respectant les métiers de chacun et ouverts plus directement vers le web comme la solution Mnesys éditée par la société Naoned. Le choc de simplification du numérique aurait donc fini par atteindre l’archivage patrimoniale…