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Les 10 commandements du mapping

Mapping, projection architecturale ou projection illusionniste comme ont dit au Québec. Autant d’expressions pour désigner une seule et même technique de projection vidéo. Très en vogue ces dernières années, le mapping vidéo est devenu incontournable pour les évènements municipaux, les commémorations et la publicité. Des villes comme Chartres (Chartres en lumière) ou Lyon (Fête des lumières) lui ont même dédié un évènement.
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Si des chercheurs américains expérimentent le mapping vidéo à la fin des années 90, il faut attendre 2007 pour que les premiers Français suivent le pas. Des collectifs d’artistes comme antiVJ ou 1024 Architecture font figure de pionniers en la matière alors que les logiciels de déformation vidéo n’existent pas encore et que les vidéoprojecteurs prennent autant de place qu’une table de salon. Aujourd’hui, la taille des vidéoprojecteurs a diminué de moitié tandis que leur luminosité est beaucoup plus puissante. La vidéo, libérée de son écran rectangulaire, est désormais au service de l’illusion.

 


À travers 10 étapes, découvrez comment est réalisée la mise en place d’une projection mapping.

 

1. Trouver le bâtiment, l’objet idéal (Le bâtiment ou l’objet idéal tu trouveras)

Dans l’absolu, tout bâtiment et tout objet peut être « mappé » : mairie, cathédrale, véhicules, sculptures… Petit conseil : préférez des surfaces claires et non brillantes. Dans notre exemple, nous allons décrire le process de création d’un mapping sur un bâtiment.

 

2. Choisir les emplacements du matériel de projection

La bonne position du matériel de projection est primordiale dans le mapping. En règle générale, essayez toujours de vous placer au centre du bâtiment. Il faut bien sûr prendre en compte les obstacles éventuels (lampadaire, arbres, panneaux…) dans votre emplacement. Le recul sera défini en fonction de l’objectif du vidéoprojecteur. Comme en photographie, il existe une multitude d’objectifs pour agrandir ou réduire votre image. Prenons un objectif de ratio 1, pour un bâtiment de 20 m de large : il faut environ 20 m de recul.

 

Si vous n’avez pas assez de recul, il faut envisager une projection avec plusieurs vidéoprojecteurs, ou un objectif large. Pour la hauteur, montez aussi haut que possible pour passer au-dessus du public (ou des parapluies en cas de mauvais temps).

 

3. Prendre le cliché référence

La photographie du bâtiment choisi doit être prise à l’emplacement exact où sera projetée votre vidéo. Ce cliché sera votre image de référence à partir de laquelle vous créerez toutes les séquences qui composeront votre projection. Toutefois, attention à l’objectif utilisé pour la photo : évitez les objectifs fisheye. Les lignes qui composent votre bâtiment doivent rester droites.

 

4. Préparer la photo référence

Avant de commencer à créer, il faut épurer votre bâtiment. C’est-à-dire « gommer » tous les éléments qui ne vous serviront pas : drapeaux, pots de fleurs, affiches…

 

5. La création

La création est liée à l’histoire que vous souhaitez raconter. Il y a tout de même quelques figures incontournables que vous pouvez réaliser : recréer les ombres, faire des habillages, détruire le bâtiment…

 

Selon les besoins de votre mapping, vous pouvez travailler directement sur la photo du bâtiment avec des outils traditionnels de compositing (After Effects / Motion / Nuke…). Cependant, si vous souhaitez recréer des ombres, vous serez obligé de faire une représentation 3D de la façade à l’aide d’un logiciel de modélisation (3DS Max, Cinema 4D, Blender…).

 

6. Le choix du matériel

Concernant le vidéoprojecteur, il y a deux éléments importants à prendre en compte. Le premier, c’est l’intensité du flux lumineux : les lumens. Il faut une puissance minimum pour assurer la bonne qualité de la projection. Les plus lumineux sont à 20 000 lumens et vous pouvez cumuler plusieurs vidéoprojecteurs. En effet, certains modèles incorporent nativement la superposition des images pour doubler la luminosité. Le deuxième élément indispensable : l’objectif. Les objectifs larges permettent de réduire la distance de projection mais diminuent également la luminosité de celle-ci.

 

Enfin pour la diffusion, un ordinateur avec plusieurs sorties vidéo est nécessaire si vous utilisez plusieurs vidéoprojecteurs. Dans le cas où vous êtes limité en sorties vidéo, il existe la solution Datapath qui permet de découper une image en deux, trois ou quatre écrans.

 

7. Le choix des logiciels

Les logiciels de mapping vous permettront de caler, au pixel près, votre vidéo sur la surface du bâtiment. Les plus performants, Madmapper ou encore Resolume, opèrent une déformation en perspective des quatre coins de l’image. Ils déforment également l’intérieur d’une image pour caler les parties les plus en relief de votre bâtiment.

 

8. Le calage

Une fois le logiciel sélectionné, il faut maintenant caler votre séquence à l’aide de la photo de référence. Si votre calage est décalé, votre bâtiment paraîtra flou. Le calage est terminé lorsque le bâtiment projeté sur lui-même est net.

 

9. La projection

La projection peut enfin démarrer. La pollution lumineuse autour de votre bâtiment doit être la plus faible possible pour assurer une illusion optimale. Le public doit également être à une distance minimum pour apprécier le spectacle.

 

10. La captation

On peut considérer qu’un mapping vidéo a deux vies. La première, c’est sa projection et la deuxième c’est sa diffusion sur Internet. La quantité de travail pour une vidéo de 10 min en moyenne justifie à elle seule cette seconde vie.