La société Nomalab a été créée par Jean Gaillard et Sébastien Crème. Les deux fondateurs ont plusieurs points communs : ils ont notamment travaillé, il y a une dizaine d’années, chez Mikros Image et ont toujours été, à différents niveaux, impliqués dans le processus de R&D autour de la dématérialisation, la protection et la sécurisation des contenus audiovisuels.
Précédemment, Jean Gaillard dirigeait IMD France ; il a été à l’origine de la dématérialisation de la publicité TV et des vidéomusiques. Sébastien Crème était responsable de la scalabilité chez Craft.ai. Il est l’un des meilleurs spécialistes des architectures web & cloud et a piloté la transformation digitale de très grandes entreprises.
Des fondamentaux qui sont au cœur du développement de la nouvelle structure Nomalab, qui peut se traduire par « No Machine Lab ». Nomalab a reçu le soutien de RIAM. Les fondateurs sont lauréats du Réseau Entreprendre 92. De bons auspices pour entreprendre une aventure comme celle-ci.
Les écosystèmes des contenus audiovisuels sont bouleversés par la délinéarisation, la multiplication des canaux de diffusion et la diversité des sources de programmes. Nomalab offre toutes les fonctions d’un labo à partir du master et propose ses services dématérialisés dans le cloud. Pour y accéder, un simple navigateur web est nécessaire aux clients. Les services proposés vont de la gestion des stocks, des livrables, en passant par le contrôle qualité, la fabrication des fichiers pivots…
Nomalab centralise également tous les éléments autour du master ; cela peut être les images d’illustration, les fiches techniques, les bandes annonces, les posters, les contrats de cession.
Jean Gaillard, directeur associé de Nomalab, indique : « Quand les chaînes se sont mises à accepter les fichiers RT040, elles ont interrogé les principaux laboratoires, mais aussi les postproducteurs, les producteurs équipés. Il en résulte une hétérogénéité dans les offres de PAD Fichier. Les laboratoires ayant pignon sur rue sont capables de produire des masters dématérialisés avec une certaine garantie dans la régularité des travaux, mais le coût des équipements et la faiblesse des infrastructures de nombreuses sociétés freinent les investissements pour les structures plus fragiles. Il y a une dichotomie entre les équipements des chaînes, qui peuvent se permettre d’investir par exemple dans un outil de vérification comme Baton, et les laboratoires qui n’en sont pas équipés. Notre but est donc d’offrir une prestation haute couture, mais pour un prix de prêt à porter. Nos processus de fabrication obéissent avant tout au principe d’immutabilité qui est essentiel pour l’industrialisation et pour une gestion efficace de la qualité, mais trop souvent négligé. Pour la vérification de la qualité technique nous utilisons notamment Baton afin de parler le même langage que les grands diffuseurs, complété par des composants développés par nous pour permettre la scalabilité et l’industrialisation. Nous développons les autres composants à partir de l’état de l’art Open Source, auquel nous contribuons ».
Des services pour deux marchés
Dans les premiers services que va proposer Nomalab, figure « Padok » qui est destiné aux chaînes de télévision. Cela peut intéresser les chaînes qui n’ont pas encore passé le pas de la dématérialisation, ou qui peuvent être en surcharge de travail, ou encore qui veulent confier une catégorie de programmes à Nomalab. Nomalab « Padok » leur permet de gérer de manière ouverte, en toute sécurité et en toute fiabilité, la réception de fichiers provenant de leurs fournisseurs de programmes ou des prestataires de ces derniers, dans toute leur diversité.
Le service inclut notamment : la plate-forme web sécurisée « Padok » pour la collecte des fichiers et de l’ensemble du matériel lié à la livraison des programmes ; la vérification des fichiers vis-à-vis des spécifications précises du diffuseur ; les interfaces permettant la validation et l’enrichissement des livraisons entrantes pour toutes les équipes concernées ; les API permettant l’intégration avec les SI diffuseurs.
L’autre service que souhaite proposer la société se nomme Nomalab « Laab » ; il est destiné aux producteurs, distributeurs, ayants droit de catalogues. Nomalab Laab donne une vue contenu-centrique sur l’ensemble de leurs programmes pour le pilotage logistique complet de la vie de ces programmes, à partir du master. Le service comprend notamment : le stockage structuré de l’ensemble du matériel master ; la gestion des versions ; la création et la livraison des livrables fichiers certifiés ; la publication et le partage avant-vente.
« Nous livrons un master PAD et les métadonnées associées. Il est possible également d’avoir une vérification qualité “humaine” optionnelle », souligne Jean Gaillard. L’outil est relativement simple, ce qui implique un développement conséquent en amont. Le travail se fait sous forme d’événements, ce qui facilite la remontée d’accidents. Il est possible de mettre en place un nouveau scénario de livraison pour un client en quelques secondes. Si un producteur veut, par exemple, envoyer un programme à une chaîne, sur la plate-forme, il renseigne l’ID du programme fourni par la chaîne. Il reçoit un mail avec un lien qui lui permet d’uploader un fichier MXF et un XML MetaPad. L’offre est innovante et en phase avec les problématiques des professionnels de l’audiovisuel.
La société Nomalab, qui compte six personnes, s’est constituée sur fonds propres et a cinq Business Angels au capital ; elle devrait rapidement embaucher de nouveaux talents au vu des premiers projets.
*Article paru pour la première fois dans Mediakwest #20, p.62. Abonnez-vous à Mediakwest (5 nos/an + 1 Hors série « Guide du tournage) pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur totalité.
