La gamme URSA Mini est disponible en deux versions de capteur 4K ou 4,6 K et à chaque fois avec un choix de deux montures EF ou PL. Le capteur 4,6 K encaisse très bien les différences de contrastes avec une échelle de dynamique de 15 stops (et 12 stops pour le modèle 4K). Physiquement, les deux caméras sont totalement identiques. En termes de capteur, celui de l’URSA Mini 4,6 K est environ 15 % plus large que celui du modèle 4K. Nous sommes dans une taille identique au capteur de la caméra Canon C 300 Mark II. Le capteur de taille Super 35 fait 25,34 x 14,25 mm.
Lors de la prise en main, nous avions une optique Canon 30/105 T2.8. Toute caméra étant aujourd’hui upgradable, nous avons fait la mise à jour du firmware avant de tourner nos premières images. La caméra URSA Mini est un bloc qu’il faut accessoiriser pour qu’elle soit utilisable et, dans le cas présent, nous avions l’ensemble des accessoires proposés par Blackmagic (crosse d’épaule, viseur supplémentaire).
Mise à jour du firmware
Nous avons fait la mise à jour du firmware pour bénéficier des nouvelles fonctionnalités de la caméra, un bénéfice immédiatement perceptible dans les accès aux réglages. L’Operating System a été entièrement revu.
Cette mise à jour rend l’interface plus conviviale et simple d’emploi. Les fonctions les plus importantes sont accessibles d’un simple clic sur l’écran tactile, que ce soit les réglages d’enregistrement image et son, le monitoring, les paramétrages de la caméra, la sauvegarde de presets et de Luts. Chacun de ces cinq menus fonctionne comme une application indépendante ; cela donne une plus grande stabilité logicielle et surtout simplifiera les mises à jour de chacun de ces menus dans le futur. L’ensemble des réglages est complet, mais également simple.
Nous ne ferons pas la liste, mais parmi les réglages les plus emblématiques, notamment dans une utilisation « cinéma », il est possible d’émuler la caméra en fonction de Luts, par exemple la caméra peut avoir le look & feel d’une émulation de pellicule argentique.
Les Luts sont très utiles lorsque vous filmez en Raw ou en mode Film (Dynamic range). En Raw, l’image dans le viseur ou l’écran est plate, et en utilisant les Luts il est possible, pour le réalisateur et le directeur de la photographie, de se faire une idée du rendu de l’image finale après étalonnage. Il est possible d’appliquer des Luts 3D différentes sur l’écran latéral tactile, sur le viseur (option) et sur la sortie SDI (33 points de précision). Il est également possible de mémoriser douze presets personnalisés. Ces réglages peuvent être mémorisés sur les cartes Compact Flash et dupliqués sur d’autres caméras.
Il est possible de bénéficier sur l’écran de contrôle de l’ensemble des fonctions de contrôle (fréquence image, diaphragme, shutter angle, balance des blancs, ISO, niveaux audio, capacité des cartes…). L’écran est de très bonne qualité et plutôt grand – là encore il suffit de cliquer ou plus exactement de tapoter (« tap » en anglais) sur l’icône de la fonction pour la modifier. Par exemple, un tapotement sur la fonction balance des blancs et le mode réglage apparaît pour corriger la balance, et ainsi de suite pour tous les réglages. C’est très intuitif et rapide, plus la peine de passer par de nombreux menus et sous-menus pour accéder aux fonctions de réglages.
La gestion des métadonnées est également plutôt performante. Il suffit de balayer du doigt l’écran comme on le ferait avec un smartphone pour accéder au « Digital Slate ». Ce « bloc-note » numérique permet d’y noter les infos comme la focale de l’optique, la scène, de dire si la prise est bonne. À chaque enregistrement, la caméra incrémente le numéro de la prise – plus besoin d’entrer manuellement les informations. Le numéro de bobine (réel) sera incrémenté également automatiquement à chaque formatage de carte. Les informations sur l’optique seront récupérées si l’optique dispose de la fonction – sinon il faudra entrer manuellement les données.
Cette fonction de « clap numérique » est très pratique – ce serait une bonne idée d’externaliser cette application, pour qu’une scripte puisse y accéder sur un iPad (qui se synchroniserait avec la caméra). Toutes les informations sont sauvegardées avec les fichiers et sont disponibles en postproduction lors de montage ou d’étalonnage avec DaVinci.
Accessoires indispensables
La caméra URSA Mini, pour être totalement opérationnelle, nécessite, comme toutes les caméras cinéma, quelques accessoires. Blackmagic en propose trois, à commencer par un viseur vidéo, qui sera intéressant voire nécessaire pour une utilisation à l’épaule. Le Blackmagic URSA Viewfinder comprend un écran de résolution HD de 1920 x 1080, ce qui est très utile pour faire précisément le point ; l’image est excellente. Le viseur peut être ajusté pour l’œil gauche ou droit, en le faisant coulisser, ce qui est extrêmement pratique. Il est doté d’un capteur qui coupe l’écran latéral Oled, préservant ainsi sa durée de vie.
Autre accessoire nécessaire, le Shoulder Mount Kit, permet d’utiliser la caméra sur l’épaule et de fixer rapidement la caméra sur un trépied. Toutefois, soyons réalistes : lorsque la caméra URSA Mini est utilisée avec une optique PL, le poids est conséquent et il est difficile de la porter à l’épaule. En l’occurrence, pour ce test, nous avions un zoom Canon 30/105. Ce kit Shoulder est également livré avec une poignée qui se fixe sur le dessus de la caméra pour faciliter son transport.
La caméra URSA mini existe en version PL ou EF. Le choix de l’URSA Mini PL est intéressant quand on veut donner un look cinématographique à ses images. Il existe une large variété d’optiques (zoom, grand angle, focale fixe, optique à décentrement, téléscope…). Si vous n’avez pas du tout comme projet ce genre d’images, alors optez pour le modèle EF, moins cher.
Une caméra polyvalente
La caméra URSA peut se transformer en caméra de plateau en lui associant le viseur Blackmagic URSA Studio – ce qui permet de bénéficier d’une caméra grand capteur en mode broadcast. Ce viseur dispose des fonctions de talkback pour communiquer avec le réalisateur en régie, de tally et de mode remote.
L’écran de 7 pouces est lumineux et les réglages se font aisément via les trois boutons sur le côté (luminosité, contraste, et peaking). L’écran est tactile.
La caméra possède une entrée REF In, ce qui permet de synchroniser une ou plusieurs caméras à un signal de référence, notamment pour des opérations de multi-caméras connectées à un mélangeur en SDI. La caméra possède également une entrée et une sortie Timecode pour récupérer les données de Timecode ou asservir la caméra à un timecode externe comme un clap électronique.
La caméra URSA est intéressante pour des loueurs ou des producteurs indépendants qui travaillent sur plusieurs secteurs comme la fiction, le court-métrage, le corporate ou le documentaire. La caméra en monture PL peut être équipée d’optiques cinéma et peut, via l’adaptateur B4, utiliser des optiques broadcast. Il est possible de faire du tournage multi-caméra.
Enregistrement
La caméra Blackmagic URSA Mini est capable d’enregistrer via différents codecs et résolutions. Cela va du CinemaDNG Raw 12 bits à un Apple ProRes Proxy et, entre les deux, de nombreuses variantes pour enregistrer en 4K, UHD, HD à différents débits.
Selon le choix du réglage, il sera possible d’enregistrer également à différentes cadences d’images. Sur une carte CFast 2.0 à une cadence de 25 i/s il sera possible en 4K Raw d’enregistrer 18 minutes d’images, la durée sera de 69 minutes en ProRes 422. Pour une image HD, la durée passe à 279 minutes en ProRes 422. Il y a deux ports cartes CFast 2.0 qui permettent d’enregistrer de manière très souple jusqu’à des débits de 350 MB/s. Lorsqu’une carte est pleine, la seconde prend le relais.
Lors de notre tournage, nous enregistrions sur le port 2 de la caméra et nous avons mis une carte dans le port 1, et du coup l’enregistrement s’est fait sur la carte 1. Nous nous sommes aperçus de cela après le tournage. Soit c’est une mauvaise manipulation de notre part, soit un bug de la caméra. Si tel est le cas, c’est assez gênant, voire dangereux dans la gestion de ses rushes, avec des risques d’effacement inopinés.
La lecture des clips est simple – il suffit de presser la touche lecture – attention à régler la vitesse de lecture avec la même cadence d’enregistrement. Par exemple, si vous avez enregistré à 60 i/s et que la cadence de lecture est à 25 i/s, vous aurez un ralenti en lecture ! En 4K, la cadence d’image maximum est 60 i/s et elle est de 120 i/s en HD.
En termes de qualité d’image, la caméra URSA Mini 4,6K a plus de sensibilité que sa petite sœur (ISO 1600 contre 800) ; malgré tout, il y a du bruit qui apparaît dans les basses lumières. Il est donc préférable de surexposer légèrement avec un réglage à 800 ou 1 600 ISO. D’ailleurs Blackmagic recommande de filmer en 800 ISO avec la 4,6K, en Raw et ensuite de développer les fichiers Raw dans le DaVinci Resolve avec le Gamma 4,6K.
L’enregistrement en Raw peut être tentant, mais il faut le réserver pour des projets «cinématographiques » ; cela permettra d’avoir plus de profondeur dans les couleurs. Pour des projets « plus vidéo » le ProRes sera largement suffisant.
Pour la partie audio, comme pour les autres réglages, on procède via l’écran tactile (Slate Menu) ou en accès direct en touchant les vumètres. Pour un ingénieur du son, c’est un peu perturbant de ne pas avoir de boutons rotatifs sur la caméra ; donc cela retire l’option d’un réglage instantané du fait qu’il faut repasser par l’écran. Les entrées microphones XLR sont sur le dessus de la caméra, à l’arrière ; au début, c’est déroutant, mais en fait c’est plus pratique que sur les autres caméras. La caméra est dotée d’un microphone interne stéréo. Les entrées XLR sont switchables en alimentation Phantom 48V.
La caméra possède une entrée-sortie en 12G SDI 422 10 bit et une sortie SDI qui servira pour le viseur externe. Elle est équipée d’une sortie 12 V pour le viseur externe, d’une prise Lanc qui sera utile pour connecter une télécommande de report. La sortie 12G-SDI est capable de transférer des images UHD à 60 i/s sur un seul câble. La technologie est rétro-compatible et peut fonctionner avec des équipements HD ou UHD.
Conclusion
La caméra URSA Mini est plus agréable à utiliser que le modèle précédent. L’ergonomie est mieux pensée – l’écran latéral notamment, même s’il est plus petit que sur le modèle URSA, est plus pratique et la mise à jour de l’OS rend la caméra plus intuitive. La qualité des images est réellement intéressante, il y a une richesse colorimétrique et les images sont naturelles. La caméra est compacte, mais un peu lourde ; il faut prendre ses précautions sur des tournages en basse lumière. Toutefois, la caméra a une superbe dynamique et elle est très polyvalente.
PRIX CATALOGUE
• URSA Mini 4,6 K PL : 5 495 $
• Blackmagic URSA Viewfinder : 1 495 $
• Blackmagic URSA Studio Viewfinder : 1 795 $
• Blackmagic URSA Mini B4 Mount (pour adapter des optiques broadcast sur une caméra URSA Mini en monture PL) : 295 $
• Blackmagic URSA Mini Shoulder Kit : 395 $
CARACTÉRISTIQUES
Capteur
• 25,34 mm x 14,25 mm (Super35)
Resolutions
• 4608 x 2592
• 4096 x 2304 (4K 16:9)
• 4608 x 1920 (4K 2.4:1)
• 4096 x 2160 (4K DCI)
• 3840 x 2160 (Ultra HD)
• 3072 x 2560 (3K Anamorphic)
• 2048 x 1152 (2K 16:9)
• 2048 x1080 (2K DCI) • 1920 x 1080
Stockage pour 30 im/s
• 4608 x 2592
CinemaDNG Raw – 513MB/s
CinemaDNG Raw 3:1 – 180 MB/s
CinemaDNG Raw 4:1 – 135 MB/s
• 3840 x 2160
Apple ProRes 444 XQ – 250 MB/s
Apple ProRes 444 – 165 MB/s
Apple ProRes 422 HQ – 110 MB/s
Apple ProRes 422 – 73.6 MB/s
Apple ProRes 422 LT – 51 MB/s
Apple ProRes Proxy – 22.4 MB/s
• 1920 x 1080
Apple ProRes 444 XQ – 62.5 MB/s
Apple ProRes 444 – 41.25 MB/s
Apple ProRes 422 HQ – 27.5 MB/s
Apple ProRes 422 – 18.4 MB/s
Apple ProRes 422 LT – 12.75 MB/s
Apple ProRes Proxy – 5.6 MB/s
Optique Canon 30/105 et accessoires prêtés par Start Image ; éclairages Led prêtés par Acc&Led
* Article paru pour la première fois dans Mediakwest #20, p.24-26. Abonnez-vous à Mediakwest (5 nos/an + 1 Hors série « Guide du tournage) pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur totalité.