Il y a près de cinq ans, un fonds public d’investissement (BPI France), complété notamment par des ressources des régions Bretagne et Île-de-France, permettait de financer un laboratoire technique grandeur nature. De 2012 à 2015, le projet collaboratif 4EVER avait pour but de faire avancer les recherches françaises sur la norme HEVC et sur le format UHD-TV. Depuis 2016, neuf partenaires industriels et académiques français (liste en fin d’article) ont poursuivi le projet rebaptisé 4EVER-2.
« Le projet 4EVER-2 cherche à apporter une réelle amélioration de la qualité d’expérience vidéo. L’idée est de permettre à tous de profiter, à la maison, au cinéma ou en mobilité, d’une qualité d’expérience réellement accrue, tout en maîtrisant l’impact sur la chaîne technique de production et de diffusion », résume Maryline Clare-Charrier responsable du projet chez Orange Lab.
Le consortium mettra fin à ses activités en juin prochain et reviendra sur les résultats de ses différentes expériences à l’occasion du rendez-vous sur l’innovation numérique, Futur en Seine, qui se déroulera à Paris (à la Villette) du 8 au 18 de ce même mois. 4-EVER 1 et 2 ont largement utilisé le sport comme terrain de jeu pour le développement de L’UHD et de ses variantes.
1 000 lux sur la glace de Cergy-Pontoise
Le 9 avril dernier, la Fédération française de hockey sur glace organisait un match amical France-Suisse en amont des prochains championnats du monde, qui se dérouleront en mai 2017 à Paris et à Cologne. Non retransmise par une chaîne de télévision, cette rencontre pouvait servir de base à une nouvelle production test pour le consortium.
« Le hockey nous a semblé être vraiment une belle opportunité pour démontrer le véritable apport du HFR. En effet, les déplacements des joueurs sur la glace sont très rapides et le palet est parfois très peu visible sur une production traditionnelle », explique Ephrem Garreau, responsable d’exploitation chez AMP Visual TV.
Le car Millenium Signature 12 officiait pour l’opération. Six caméras Sony 4300 étaient réparties autour de la patinoire en mode HD 100P. En effet, si un test en 4K 100p semblait possible, il ne permettait cependant pas de tester l’intégralité du workflow, compte tenu des problématiques de débits liés à la transmission satellite, qui demeurent encore aujourd’hui dans ce format.
« Afin de pouvoir comparer les résultats, nous avions placé côte à côte une caméra en 100P et une autre en 50i. Avec ce test, nous souhaitions surtout démontrer que les déplacements des hockeyeurs et du palet dans un cadre fixe, mais aussi dans un mouvement caméra panoramique sont plus fluides et plus détaillés en HD-HFR qu’en HD classique. Pour la lumière nous avons constaté que 1 000 lux répartis uniformément sur la glace étaient nécessaires pour un bon rendu. Il faudrait voir ce que la production donnerait en cas de présence de panneaux de sponsors à Led au bord du terrain. Dans ce cas nous aurions sans doute quelques paramétrages supplémentaires à faire, en termes de fréquences », poursuit Ephrem Garreau.
L’ensemble du workflow était paramétré en 100p (caméras, mélangeurs, serveurs, ralentis EVS…), pourtant, en régie, seul le moniteur programme était dans ce format.
« Aujourd’hui nous ne disposons que d’une version prototype software d’un moniteur LG-E7 capable d’afficher une image HFR 100p. Mais prochainement le marché va se développer. En tout cas l’expérience prouve bien que le HFR a réellement un intérêt. La 4K HFR devrait assurément être un vecteur de développement dans un avenir proche, en même temps que le High Dynamic Range », analyse Maryline Clare-Charrier.
Un son Dolby 4C
Sur cette opération, sont essentiellement intervenues les équipes techniques de France Télévisions et Orange Labs (configuration du HFR et de l’audio immersif), AMP Visual TV (moyens de production TV), Ateme (encodeur HEVC), TeamCast (modulateur DVB-S2) et Globecast (diffusion satellite).
L’audio est également un véritable enjeu de développement pour les nouveaux formats, avec par exemple une immersion toujours plus importante du spectateur au cœur de l’action sportive. Avec la capacité qu’a l’AC-4 Dolby de transporter des pistes et des objets audio, les diffuseurs peuvent proposer au téléspectateur une expérience auditive personnalisée, comme le choix des commentaires en différentes langues.
« Pour cette expérimentation, le contenu était encodé en multicanal 5.1 avec l’encodeur Dolby AC-4 audio. Même si nous avons exploité des micros traditionnels, pour la première fois nous avons réalisé un encodage AC-4 audio de bout en bout de la chaîne », conclut Ephrem Garreau.
Les 9 membres du consortium 4EVER-2
Orange, AMP Visual TV, Ateme, France Télévisions, Globecast, Highlands Technologies Solutions, l’Insa de Rennes, TeamCast et Télécom ParisTech.
* Article paru pour la première fois dans Mediakwest #22, p.60. Abonnez-vous à Mediakwest (5 nos/an + 1 Hors série « Guide du tournage) pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur totalité.