Nous avons testé la caméra Canon EOS C200

La famille EOS s’est agrandie il y a quelques mois avec une caméra polyvalente capable de filmer en UHD/50p sur de simples cartes SD en MP4, mais aussi de tourner en 4K au format Cinema Raw Light développé par Canon sur carte C-Fast 2.0, et bénéficier d’une image 4K sans compromis. Nous avons pu tester la C200 en configuration interview lors des dernières Rencontres cinématographiques de Dijon, organisées par l’ARP.*
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Tester une caméra en situation permet de se rendre compte de ses points forts, de ses éventuelles faiblesses, mais surtout de valider ses usages. La Canon EOS Cinema C200 est très séduisante ; elle reste compacte, mais gagne en créativité. Elle cache son jeu avec un capteur 4K Super 35 mm et une large latitude d’exposition que nous avons appréciée.

Cette caméra marque une nouvelle étape dans la gamme EOS Cinema. Sortie cet été, elle trouve sa place sur différents marchés, car elle peut être utilisée dans des modes manuels, semi-automatiques ou automatiques. Ce qui validera ses utilisations dépendra également du choix des optiques.

Canon a mis dans cette caméra toute sa maîtrise de la chimie numérique en termes de contrôle de l’image avec une dynamique très étendue : jusqu’à 13 diaphs de dynamique avec le Canon Log3, ou le Wide DR (plage ISO de 100 à 102 400). Cette dynamique permet à la caméra d’être à l’aise dans les basses et hautes lumières.

La caméra possède cinq filtres gris neutres qui permettent d’atténuer la luminosité sans avoir à fermer le diaphragme et garder sa profondeur de champ. Les professionnels qui choisissent ce type de caméra veulent justement travailler sur la profondeur de l’image, comme ils peuvent le faire sur un DSLR.

 

Concernant l’ergonomie, les inconditionnels de Canon et des modèles EOS Cinema, EOS C100 et EOS C300, ne seront pas perdus. Si la forme et les fonctions semblent identiques, cette caméra offre beaucoup plus.

Tout d’abord, la Canon EOS C200 est le premier modèle compatible avec le format d’enregistrement Cinema Raw Light, qui offre les capacités du Raw, mais avec un poids de fichier plus léger (dans un ratio de 1 à 3 à 1 à 5), permettant un enregistrement sur une carte CFast 2.0. Elle est munie d’un capteur CMOS 4K Super 35 mm et d’un processeur Dual Digic DV6 qui permet l’encodage en temps réel en Cinema Raw Light en 4K DCI 50p. Ce capteur est le même que celui qui équipe le modèle C 300 Mark II.

Cette caméra étant polyvalente, elle peut enregistrer en UHD à 150 Mbps sur C-Fast 2.0 ou en Full GD à 35 Mbps sur carte SD. L’enregistrement se fait en 4.2.0 8 bits. Il est même possible d’enregistrer en HD à 120 i/s.

 

Dans le cadre de ce tournage, nous avions mis en place un plateau avec quatre projecteurs (deux panneaux Led et deux fresnels Led), mais nous avons également tourné sur un balcon avec le ciel bleu et lumineux en arrière-plan. La caméra, grâce à sa plage dynamique, encaisse les différences de lumière. L’équilibrage se fera lors de l’étalonnage et plusieurs fabricants supportent le format Cinema Raw Light.

Plusieurs essais ont été faits en mode automatique ou manuel. Nous avions la chance de bénéficier d’une optique exceptionnelle Canon 18-80 mm avec zoom asservi. L’autofocus est impressionnant ; il bénéficie de la technologie AF CMOS Double Pixel et surtout il est possible de contrôler le point via l’écran tactile. Il suffit de faire glisser au doigt l’icône sur la partie de l’image sur laquelle on souhaite faire le point.

La C200 autorisant une très large profondeur de champ, cette aide de mise au point est extrêmement pratique, notamment pour une prise de vues en 4K. Il est également possible d’activer la détection de visage avec priorité aux visages et la restriction aux visages uniquement.

Pour ceux qui veulent utiliser la caméra en mode portée, il sera plus intéressant d’utiliser le viseur V70 qui équipe sa grande sœur C700. En termes de réglages, les menus sont très complets, et même si l’écran est tactile, ils se font via le mini joystick de l’écran et ils ne permettent pas de faire les réglages.

 

La caméra peut donc servir pour du documentaire, de la fiction – en 4K ou UHD – qui nécessitent une image exigeante, mais également pour des usages plus simples avec un enregistrement en MP4. Lorsque l’enregistrement se fait sur les cartes SD, il est possible de bénéficier de toutes les possibilités de pré-enregistrement, enregistrement sur deux cartes en simultané, enregistrement relais… Il est possible d’enregistrer les images en Raw sur la carte C-Fast et des proxys de très bonne qualité MP4.

Le format Cinema Raw Light développé par Canon est adopté par plusieurs éditeurs de logiciels de montage et d’étalonnage. En conséquence, les opérations de montage et d’étalonnage des fichiers vidéo Cinema Raw Light sont possibles avec DaVinci Resolve de Blackmagic Design. Le montage peut être effectué dans Media Composer d’Avid Technology en utilisant le plug-in Canon Raw pour Avid Media Access. Ce format peut également être géré par l’application Canon Cinema Raw Development. En termes de capacité en Cinema Raw Light, une carte de 128 Go enregistre 15 minutes de contenu.

 

Ergonomie

Comme évoqué précédemment le « form factor » de la caméra est le même que sur les modèles C100, et C300. La connectique est très complète, avec une sortie 3G/HD-SDI,

Pour l’audio, la caméra bénéficie de deux entrées XLR, mais également d’une entrée 3,5 mm qui peut s’avérer très pratique pour des microphones cravate ou milieu de gamme. Une sortie HDMI 2.0 (résolution maxi 3 840 x 2 160). La caméra comprend une connectivité wi-fi et Ethernet pour le contrôle à distance et le transfert de fichiers.

La sortie SDI est limitée au 2K et la sortie HDMI fonctionne en UHD 4.2.2 8 bit. Le codec XAVC sera disponible durant le courant de l’année 2018. La caméra est légère, elle pèse 1,4 kg et, selon les optiques, elle pourra être utilisée avec un stabilisateur, un drone.

Petit bémol, un codec qui reste en 8 bits, alors que d’autres modèles proposent le 10 et 12 bits. Toutefois, Canon ne veut pas non plus empiéter sur le modèle C300 Mark II, mais peut se faire concurrencer par des modèles DSLR d’autres fabricants.

La Canon EOS C200 est une très bonne caméra, elle séduira les « Pro Canon », ceux qui veulent une caméra hybride pour des projets 4K, UHD ou HD. Il est intéressant de pouvoir bénéficier des capacités de traitement lors de l’étalonnage. Nous avons été séduits par cette polyvalence, la puissance de l’autofocus et la large palette de réglage sur l’image.

 

CARACTÉRISTIQUES

• Capteur CMOS Super 35 mm de 9,84 millions de pixels

• Rapport signal/bruit de 53 dB en mode 50 Hz

• En UHD à 25 P, sensibilité de base ISO 800 avec fonction Canon Log 3 (plage dynamique de 1 600 %) sortie HDMI

• Plage dynamique de 15 diaphs en Cinema Raw Ligh et de 13 diaphs en MP4/Canon Log 3

• Filtre ND : 2, 4, 6, 8, 10 diaphs

• Mise au point : manuel ou automatique via autofocus RC-V100 (télécommande filaire)

• Contrôle diaph : manuel ou automatique RC-V 100

• 4K : 4 096 x 2 160

• UHD : 3 840 x 2 160

• Cinema Raw Light : Format Raw avec des fichiers plus légers

• MP4 : Codec performant pour des workflows productifs

• Cinema Raw Light (CFast 2.0) MP4 XF-AVC (carte SD)

• Tarif à titre indicatif : caméra sans accessoires, ni optiques : 7 500 € HT

 

* Article paru pour la première fois dans Mediakwest #24, p. 30-32Abonnez-vous à Mediakwest (5 nos/an + 1 Hors série « Guide du tournage) pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.