Le data model du Tour de France

L'été dernier, sur la Grande Boucle, des capteurs utilisés pour la géolocalisation, un Big Data Truck stationné près de la ligne d’arrivée et une plate-forme de type cloud étaient au coeur d'un dispositif déployé depuis quatre ans par Dimension Data... Société sud-africaine qui est aujourd’hui dans le giron du géant japonais NTT.
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Placés sous la selle des quelque 200 concurrents, des capteurs permettent d’avoir diverses informations en temps réel (position GPS, vitesse, puissance développée…) relayées par les motos et les moyens aériens de la production jusqu’au Data Truck. À son bord, grâce à la puissance de calcul nécessaire, ces informations font l’objet d’une première analyse avant d’être diffusées vers les réseaux sociaux via un compte Twitter (@letourdata.com), vers les broadcasters présents sur le Tour et vers une plate-forme de type cloud pour un traitement plus approfondi ; une distribution est également octroyée aux autres parties prenantes (organisateurs, équipes participantes…).

Ici, à la différence d’autres sports, la captation et le traitement sont entièrement automatisés. Même en cas de problème (dérive du capteur…), des systèmes permettent de vérifier la cohérence entre la donnée affichée et l’image. « À raison de quelque 200 positions qui remontent toutes les secondes, ce n’est pas quelque chose qu’on peut faire manuellement, sourit Olivier Grosjeanne. De plus, poursuit le responsable France de Dimension Data, depuis notre arrivée sur le Tour, nous avons une profondeur de données télémétriques qui, combinées à cinq ans de données fournies par l’Union cycliste internationale (UCI) et à d’autres informations (dénivelé, météo…), nous permet aujourd’hui d’alimenter des moteurs d’intelligence artificielle pour établir des prédictions avant le départ de l’étape du jour, du genre : à quel moment tel coureur va passer tel check point ou quel va être le trio de tête à l’arrivée, avec un taux de fiabilité avoisinant les 80 %. »

 

Pour l’heure, ces tests se déroulent hors antenne et s’inscrivent dans le cadre d’une coproduction avec ASO, l’organisateur du Tour, lequel vise par ailleurs à fidéliser, élargir, voire rajeunir son public par le biais d’une plate-forme baptisée FEP (Fan Engagement Platform) et accessible via une API.

« Nous travaillons ensemble de manière extrêmement agile, souligne Olivier Grosjeanne, avant de développer : chaque étape est suivie d’un débriefing, à la fois en interne et avec ASO. Grâce à un retour d’expérience utilisateur ultra rapide et à la faveur du décalage horaire, nos équipes à l’international, surtout notre filiale australienne qui a développé un savoir-faire spécifique dans le traitement de la donnée et sa restitution, ont la capacité de procéder dans la nuit à de petites incrémentations de fonctionnalités, de rendu, etc. qui, après validation, seront intégrées à notre plate-forme avant le départ de l’étape du lendemain. »

 

Des premiers coups de pédale jusqu’à l’arrivée, l’habillage graphique d’une étape se traduit en moyenne par une centaine d’incrustations à l’écran. D’autre part, selon les chiffres de l’édition 2017, celle-ci a généré trois milliards de points de géolocalisation, soit 150 gigaoctets de données.

 

Extrait de l’article paru pour la première fois dans Mediakwest #29, p.82/86. Abonnez-vous à Mediakwest (5 numéros/an + 1 Hors-Série « Guide du tournage ») pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.