Les médias d’Altice intègrent le Quadran

C’est dimanche 7 octobre à 6 heures du matin qu’a été lancée la première matinale de BFMTV en direct du studio 2 ; la chaîne d’info en continu tournait alors la page de la rue Oradour-sur-Glane. Moins de trois mois après le lancement du bouquet de chaînes RMC Sport, toutes les activités radio et télé du groupe Altice, regroupées sous la marque RMC, commencent à rejoindre leur nouveau terrain de jeu. Coût de l’investissement : 35 millions d’euros.
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« Ici, nous bénéficions d’un outil exceptionnel », s’est réjoui Alain Weill, lors de la visite des nouveaux studios des médias audiovisuels d’Altice, revenant sur le chemin parcouru en 18 ans.

« Il est le symbole du regroupement entre le groupe Altice et NextRadioTV, mais aussi de la convergence réussie entre les médias et les télécoms en France », a repris le président-directeur général d’Altice France (SFR, BFM TV, RMC), un mouvement enclenché aux USA.

L’emménagement dans ce bâtiment, l’un des quatre composants de l’Altice Campus réalisé par le cabinet d’architecte Wilmote & Associés, est l’aboutissement d’un projet débuté en 2015, peu après le rapprochement entre NextradioTV et Altice. « Dans cet immeuble, unique au monde, sont regroupés tous les médias et tous les collaborateurs en charge des contenus chez SFR », a-t-il précisé.

Cinq matinales seront réalisées en direct chaque jour. Sept studios (deux encore en chantier), flanqués de leur régie technique, se répartissent de part et d’autre d’un couloir, « la rue des studios ». Entre le plus grand, le studio 1, permettant d’accueillir un public de 200 spectateurs, et les studios 6 et 7, de plus petite capacité, le 3 a été pensé pour conserver le ton radio de RMC. Mais pas question de radio filmée ou de télé parlée. Après l’arrivée de BFMTV, ce sera le 22 octobre au tour de BFM Business de s’installer. Au total, le bâtiment accueillera les 13 chaînes et les deux radios du groupe.

 

 

Une régie « flux » et « coordination » centralisée

Au premier étage, une grande régie divisée en deux parties accueille le pool de « trafic, émission, réception des flux » et le pool « coordination » permettant de faire la mise en place des duplex de RMC Sport, BFM Paris, puis, au prochain trimestre de BFM Business, les affectations dans les régies. Ainsi, c’en est fini des coordinateurs éparpillés dans chaque régie : ce regroupement dans un pool permet une économie technique, humaine. Ils sont dorénavant polyvalents, pilotant des directs pour toutes les chaînes hors BFMTV. Ils tournent de 5 h 30 à 0 h 30, 7 jours/7. Côté automatisation, des efforts ont notamment été réalisés sur les inserts sons.

Seule BFMTV conserve un coordinateur de direct dédié (en régie 2, au rez-de-chaussée). Dans le pool trafic sont gérés tous les flux arrivant pour le groupe (News et Sport). Quelque 90 ingests permettent de les enregistrer, avant qu’ils ne soient mis à disposition, répartis par des techniciens, dans sept postes identiques sous la direction d’un superviseur. Le trafic son est géré dans une petite régie attenante ; celle-ci s’occupe aussi des 24 cabines d’enregistrement permettant de commenter les matches.

Pour la partie satellite, 80 IRD peuvent descendre des flux. Le pool est équipé d’une quarantaine d’arrivées de fibre, seize canaux Aviwest. Une des révolutions dans cette régie se nomme Cerebrum (développé par Axon pour Altice) une tablette permettant de commander les IRD par une seule interface. Celle-ci a été appliquée pour chaque métier : le trafic, la régie de production, le son…

 

 

Virtuel et réalité augmentée dans les studios

Côté équipement, tous les studios sont équipés de caméras Sony UHD (de 8 à 10), avec des optiques UHD Fujinon. L’une des particularités de ces nouvelles installations est l’utilisation du virtuel et de la réalité augmentée qui offrent à la production interne des plateaux la possibilité de varier les décors… « Pour la Ligue des champions, sur ce fond vert, nous projetons des images si fines qu’on ne peut pas voir si elles sont réelles ou virtuelles », explique François Pesenti.

Pour modéliser ces décors virtuels, Altice a choisi une société belge, Dreamwall. Sa particularité est de travailler avec un moteur graphique surtout utilisé dans le jeu vidéo, Unreal 2.

« L’idée est de recréer une scène graphique comme dans un jeu vidéo sur fond vert, d’y installer des éléments réels afin de mixer réel et virtuel, et après nous modélisons un environnement original, que ce soit pour le basket, la Ligue des champions, etc. », explique Pierre Froger, responsable de la production interne pour le sport de RMC.

Dreamwall travaille en outre avec une autre société belge, Keywall, qui fabrique graphiquement le décor. Ils modélisent ainsi les décors dessinés par un chef décorateur, qui sont ensuite intégrés par leur partenaire. Cela permet aux clients, Altice en l’occurrence, d’avoir une solution « clé-en main ».

Ensuite, il a fallu investir dans un moteur graphique de rendu et un système de tracking « zero density » par caméra pour le broadcast. Huit machines ont été acquises pour ces nouveaux studios (entre 20 000 et 50 000 euros). À cela s’ajoute une caméra sur une grue tractée [Technocrane T22 (studio 1), Technocrane T15 (studio 3)], permettant de se déplacer dans le décor virtuel sans rupture de rendu.

« On peut aussi tourner la caméra à 360 ° et créer des masques virtuels ». Un seul plateau peut potentiellement contenir plusieurs décors. Actuellement, six ont été imaginés, dont un facilement modulable. La seule contrainte est que la base des caméras ne doit pas bouger d’un pouce puisqu’elles ont été configurées par Dreamwall. Les huit moteurs sont montés en pool dans la baie technique située au sous-sol, et le pivot d’un studio à l’autre ne prend pas plus d’une demi-heure de réglage.

 

 

Article paru pour la première fois dans Mediakwest #29, p.26. Abonnez-vous à Mediakwest (5 numéros/an + 1 Hors-Série « Guide du tournage ») pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.