Dossier: Montage et mobilité

Monter ses vidéos sur le terrain, dans un café ou en transit dans un aéroport, sans avoir à attendre de retrouver sa salle de montage, est une envie qui n'est pas nouvelle mais qui se démocratise grâce aux évolutions techniques.
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Les solutions les plus simples, qui sont dédiées au grand public, se trouvent sur Smartphones et tablettes. Ceux-ci sont équipés de petites cameras qui capturent images fixes et animées. Les capteurs ne sont pas très grands, mais ils permettent néanmoins d’enregistrer des vidéos au format HD puis de les diffuser très facilement via Youtube, vimeo, etc. grâce à un accès wifi ou un simple réseau 3G. Des adaptateurs permettent également de récupérer sur sa tablette des images tournées avec un caméscope grand public, pour les diffuser avec la même facilité. Il était déjà possible de raccourcir une vidéo directement avec les outils de visionnage ou d’utiliser une application dédiée au montage, comme iMovie sur iPad par exemple. Désormais l’offre se diversifie et les plateformes de diffusion proposent leurs propres outils.

 

En juin dernier, Instagram s’est ouvert à la vidéo, en permettant à ses membres de publier des séquences de moins de quinze secondes, auxquelles il est possible d’ajouter les filtres qui ont fait sa célébrité dans le monde de la photo. Il vient ainsi concurrencer directement Vine, application rachetée par Twitter, avec ses vidéos de six secondes maximum.
Le mois suivant, c’était au tour de Dailymotion de présenter Camera, qui apparaît comme un outil complet pour vidéastes amateurs, qui peuvent filmer, monter et retoucher leurs images avant de les publier sur leur compte, sans limite de durée. Youtube n’est bien sûr pas en reste. Fin 2012, la firme avait lancé Capture, solution rapide de captation, retouche, ajout de musique et publication. En août, c’était au tour de mixbit, qui se concentre sur le montage, de faire son apparition.
La plupart de ces applications sont développées pour iOs, mais certaines sont disponibles aussi sur Androïd.

 

Bien sûr, même si on ne peut qu’être impressionné par les possibilités offertes aujourd’hui aux vidéastes amateurs par un petit Smartphone, ces solutions ne concernent pas encore le milieu professionnel.

  

 

Le tournage en mode fichier impacte les news

Dans le monde du news, la méthode traditionnelle consistait à transporter un magnétoscope de montage portable, sorte de banc trois machines miniature sur lequel on montait les reportages de terrain. Aujourd’hui les caméscopes enregistrant sur cartes ont remplacé ceux sur bandes et les ordinateurs, les magnétoscopes.
Le plus souvent, c’est donc sur un ordinateur portable que sont montés les sujets.

 

Depuis quelques années ils offrent la puissance et la stabilité nécessaires, et les différents logiciels permettent d’opter pour une interface Mac ou PC. Le choix du système d’exploitation se fait sur différents critères : si on privilégie Final Cut Pro, on ira nécessairement sur Mac, mais pour Avid, Adobe ou d’autres logiciels de montage, les deux plateformes conviennent parfaitement.
Certains verront le prix inférieur d’un PC tandis que d’autres seront intéressés par la robustesse du Macbook Pro ou le fait qu’on puisse racheter la même alimentation partout dans le monde, ce qui est plus compliqué pour un PC en raison de la multiplicité des modèles.
Pour ce qui est du logiciel, le monteur qui travaille en solitaire choisira peut-être un Final Cut Pro X, car c’est un outil agréable mais ne dialoguant pas avec d’autres applications, celui qui doit traiter un grand volume de rushes choisira un Adobe Premiere Pro, qui gère en temps réel et sans transcodage la majorité des formats, ou celui qui se fie à la stabilité d’Avid, un Media Composer.

 

Une fois le choix du système effectué, la première étape concerne l’acquisition et la sécurisation des rushes, autrement appelée ingestion. Elle est essentielle et doit être pratiquée avec beaucoup de rigueur. Ce n’est pas parce que l’on travaille à l’arrière d’une voiture que l’on doit négliger la qualité de nos vidéos ni leur conservation.
Les cartes sont destinées à être formatées puis réutilisées, donc il est important de s’assurer que les rushes ont au préalable été correctement copiés sur un autre support, de manière sûre et sans perte de qualité.
Pour cela, il faut disposer de disques durs, le mieux étant d’avoir plus d’un support pour s’assurer une sauvegarde en cas de problème sur l’un d’eux, ce qui arrive malheureusement assez fréquemment, surtout en déplacement. Si sa capacité le permet, le disque interne de l’ordinateur peut remplir ce rôle. Il suffit alors d’un disque externe pour dupliquer les médias de sorte à avoir un secours et disposer d’un ghost de son système en cas de perte ou de destruction de l’ordinateur. Mieux vaut privilégier un 2,5″ auto-alimenté pour le côté pratique et une connexion rapide, USB3 ou Thunderbolt. Si le disque de montage doit être externe, il faudra aussi faire attention à sa vitesse de rotation et opter pour un 7200t/mn ou choisir un disque SSD. Le LaCie Rugged est conçu pour cette utilisation mobile.

 

 

Gérer ses médias

Le transfert des médias peut alors se faire, soit en branchant le caméscope à l’ordinateur, soit avec un lecteur de cartes adapté au format de celles-ci. La manipulation peut être effectuée soit par l’explorateur ou le finder, à condition de copier l’intégralité de la structure de la carte, qui comprend des métadonnées en plus des seuls fichiers vidéo, soit à l’aide d’un logiciel dédié. Par exemple Adobe Prelude, qui permet de visionner le contenu de la carte, même lorsqu’il s’agit de fichiers à structure complexe, de sélectionner les clips et de les transférer vers une ou plusieurs destinations. Il est possible en même temps de procéder à un transcodage des rushes qui est nécessaire si on monte avec Avid, qui réclame du mxf, ou Final Cut Pro, qui utilise de l’Apple ProRes, mais inutile si on choisit Premiere Pro qui fonctionne en natif avec la majorité des formats.

 

Le montage peut alors se faire en local, dans des conditions proches de celles d’une salle de montage classique. Quelques petits accessoires peuvent s’avérer utiles : un casque fermé, qui viendra isoler le monteur des bruits alentours et lui assurer un minimum de discrétion, un pare-soleil pour écran d’ordinateur en cas de travail en extérieur, ainsi qu’un micro s’il souhaite enregistrer un commentaire. Dans ce dernier cas, mieux vaut ne pas s’encombrer d’une carte son externe et privilégier un micro USB, par exemple le modèle Samson C01U, ou un simple câble USB-XLR qui permet d’utiliser le micro de la camera ou du journaliste, sans doute un Sennheiser MD21 ou un LEM D021B.

 

Les exports seront faits sur le disque dur de l’ordinateur ou par un report sur carte, puis le fichier sera envoyé sur un serveur ftp via une connexion Wi-Fi ou directement sur une plateforme de diffusion comme Youtube ou Dailymotion.
Cette méthode classique, mais nécessitant un matériel limité et relativement léger, est donc parfaitement adaptée au montage de reportages télévisés de terrain, quand les équipes sont en déplacement, mais aussi à toutes les situations où un montage doit être effectué rapidement, sur les lieux mêmes du tournage. Lors de la captation d’événements sportifs outdoor, par exemple, les monteurs sont au plus près des cameramen, de sorte à récupérer le plus rapidement possible leurs cartes mémoires et à créer l’ours au fur et à mesure que se déroule la compétition. Ils travaillent donc de la façon décrite précédemment.

 

Une autre méthode consiste à travailler de manière collaborative, sur un serveur commun, à condition que la société pour laquelle on travaille en soit équipée. En fonction des types de serveurs, une simple connexion Ethernet LAN/WAN, voire Wi-Fi, pourra suffire, les deux étant accessibles dans une grande proportion d’hôtels. Toutefois, la lecture des rushes depuis un serveur, que ce soit en proxy ou en streaming selon les systèmes, nécessite un réseau stable et une bande passante relativement importante, ce qui n’est pas toujours le cas en déplacement. Cette méthode paraît donc encore un peu hasardeuse dans le cas d’un montage « sur le terrain»

 

En fonction de ses contraintes techniques et du type de prestations, il est donc possible de se créer une station de montage légère, mobile, mais aussi fiable et efficace, afin d’effectuer un montage pendant un déplacement ou de se placer au plus près du tournage.