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Motion designer… Et si c’était vous ?

À la frontière entre la technique et l’artistique, le métier de motion designer ne connaît pas la crise, comme l’a expliqué Sébastien Gaillard lors d’un Talk sur la Satis TV.
Motion Designer, un métier qui ne connaît pas la crise © Stephane ChungMotion Designer, un métier qui ne connaît pas la crise © Stephane Chung

Sébastien Gaillard est responsable pédagogique au sein de l’Ina pour les formations professionnelles en montage, postproduction et motion design.

 

Moovee : Il y a des aspects à la fois méconnus, mal connus, voire inconnus en ce qui concerne le motion design. C’est un métier que nous disons « en tension », c’est à dire avec plus d’offres que de demandes ?

Sébastien Gaillard : C’est exactement comme cela que nous l’analysons, quand nous voyons le nombre d’offres d’emplois dans de nombreux secteurs. Le métier du motion design a connu énormément d’évolutions en simultané sur un lapse de temps très court. Elles ont complètement bouleversé les attentes que nous pouvions avoir autour du profil du motion designer. Aujourd’hui, il y a énormément d’offres d’emplois, y compris en CDI, ce qui est aussi une des nouveautés.

Historiquement, le métier de motion designer se faisait en freelance, mais ces dernières années une grande démocratisation de la puissance des machines a aussi élargi la demande. Tout le hardware, qui permet d’exercer les métiers de la 2D ou du graphisme, est devenu plus accessible. Les logiciels sont également devenus plus faciles d’accès à des professionnels de l’audiovisuel qui commençaient à se mettre au graphisme. Tout cela a amené une démocratisation du métier.

D’un métier très axé cinéma/télévision, le motion design s’est répandu dans les nouveaux secteurs de l’audiovisuel et des médias, comme les médias sociaux, le digital learning ou le marketing digital qui font un usage extrêmement intensif de l’animation qu’elle soit 2D ou 3D (par exemple pour rendre accessibles des données pédagogiques, des données statistiques etc.).

 

Caricaturalement, un motion designer était quelqu’un qui maîtrisait After Effects. Mais aujourd’hui, ce n’est plus cela… 

C’est vrai. La maîtrise d’After Effects, ou d’un logiciel d’animation 2D quel qu’il soit, reste très importante chez le motion designer. Mais si, par exemple, nous prenons notre diplôme de motion designer à l’Ina, qui existe soit via l’enseignement supérieur à Ina Sup, soit dans le cadre d’une reconversion professionnelle, nous l’avons axé sur une spécialisation 3D.

Un logiciel comme Cinéma 4D fait partie des nouveaux visages du métier de motion design. Il suffit d’aller sur des grands événements de l’image (comme le Satis) ou internationaux (comme l’IBC) pour se rendre compte à quel point, autour de ce logiciel, il y a de vraies attentes dans la création du motion design. C’est donc un métier technico-artistique. Quand nous parlons de la technique c’est donc toujours corrélé à des fondamentaux artistiques du graphisme. Les productions que nous allons faire mêlent donc de la production 2D et 3D.

 

Quelles sont les compétences nécessaires pour pouvoir faire cette formation ?

Il va y avoir les compétences en prérequis, mais aussi les bonnes prédispositions d’apprentissage dans lesquelles il faut s’inscrire pendant la formation afin d’acquérir les compétences nécessaires au métier aujourd’hui et que nous avons distribué dans ce que nous appelons « les blocs de compétences » de la formation et du diplôme.

Déjà, il est évident qu’avoir de bons fondamentaux sur After Effects reste important, ainsi que sur les bases du graphisme, la composition de l’image, la typographie, la couleur… les grands classiques pour aller vers ce métier.

Mais il va falloir aussi s’inscrire dans une vraie méthodologie de travail, dans un studio par exemple ou dans une équipe d’e-learning. Pour cela, la pré-production est très importante, c’est une méthodologie à part entière dans notre formation. C’est donc aussi savoir exprimer ses idées avec un mood board et un story board, avoir une bonne idée du temps de travail que va nécessiter l’idée que nous sommes en train de soumettre. Notre formation se centre sur de nombreux projets qui permettent donc de se mettre en situation pour les apprentissages.

Souvent, nous allons attendre du motion designer, qu’il soit freelance ou qu’il soit dans une équipe, d’être en capacité de commercialiser le projet de motion design. Il faut donc être en capacité de gérer le client. Cela nécessite un certain nombre de compétences, y compris dans une vulgarisation de son propre métier, c’est à dire rendre accessible aux clients, en quittant son vocabulaire très technique et très pointu, la création que l’on vise, l’interprétation de sa demande.

Cela a aussi pour but de ne pas se lancer trop tôt en production si finalement cela ne correspondait pas aux attentes du client, et bien dimensionner le temps de travail et les techniques de création vers lesquelles s’orienter. De ce fait, les étudiants ou personnes en reconversion professionnelle vont devoir pitcher leur projet devant des équipes à différents temps de l’exercice qui peut durer une à deux semaines pendant lesquels il y a un cahier des charges à respecter, une idée à défendre et à commercialiser.

 

Cela casse aussi un peu l’image d’un travailleur indépendant, dans sa bulle qui n’aurait pas d’interactivité avec d’autres collaborateurs, d’autres parties de l’équipe technique ou même d’un client final. Est-ce que c’est aussi une personne qui doit avoir une sensibilité au niveau du son ?

C’est exactement cela, le son est l’une des transversalités que nous pouvons imaginer dans le profil du motion designer aujourd’hui. C’est une de nos approches éditoriales dans la vision que nous avons du métier. Mon collègue Stéphane Chung, qui a créé cette formation de motion designer, a intégré un partenariat dans le scénario pédagogique avec le groupe de recherche musicale de l’Ina, le GRM.

Les GRM Tools sont des plugins qui sont au cœur de la création du sound design. Tous ces sons qui accompagnent énormément une création de motion design, sont créés par des sound designers qui la plupart du temps utilisent les GRM Tools.

Le fait que le motion designer soit initié à ces outils, puisse être dans la proposition, lui permet certes d’en réaliser dans ces projets mais aussi et surtout d’être en capacité d’un dialogue assez enrichi avec les professionnels qui vont entrer en co-création avec lui. Le sound design est très important aujourd’hui pour donner la rythmique d’une animation, pour l’influencer, les deux doivent être dans une interaction d’influences au service de la création.

 

Sur le Satis, nous sommes très sensibles aux innovations technologiques, nous voyons la puissance des machines ou des cartes graphiques qui ne cessent d’être exponentielle. Nous parlons aussi beaucoup de studios virtuels associés à des murs Led avec du temps réel. Est-ce que là aussi, le motion designer peut avoir accès à ces innovations, à ces technologies et s’en servir comme outil ?

Ce qui est assez fort dans ce métier, ce sont les transversalités. Nous pouvons même imaginer qu’aujourd’hui des personnes qui se forment en motion design, puissent demain par leur sensibilité, aller vers du cinéma d’animation ou encore vers de la 3D temps réel qui est en train de se dessiner.

Nous suivons en permanence ces évolutions technologiques pour faire évoluer nos formations : la 3D en temps réel dont nous sommes en train de parler aujourd’hui, se dessinaient moins fortement il y a trois ans. Maintenant c’est une vraie réalité simplement en changeant les cartes graphiques sur les ordinateurs de nos salles.

Pour cette formation, nous sommes sur un groupe de huit personnes dans un esprit studio. L’organisation dans la salle se fait par pôles de quatre créatifs en simultané. Ces workstations extrêmement puissantes permettent ainsi d’aller vers le temps réel.

Si nous parlons de SMODE par exemple, les étudiants de précédentes promotions ont pu gérer de la vidéo mapping pendant les lives des concerts de musiques électroniques du Festival Inasound.

Les horizons n’arrêtent pas de s’ouvrir et parfois ce sont les éditeurs de logiciel eux-mêmes qui, par leur partenariats, renforcement, ou croissance externe via le rachat d’autres sociétés, dessinent de nouvelles perspectives.

Je pense à tout ce qu’il se passe autour de Maxon aujourd’hui. Ce qui était hier des moteurs de rendu du jeu vidéo devient aujourd’hui des moteurs de création audiovisuelle à part entière pour le temps réel. Tout cela est vraiment en train d’arriver. Notre but est de former les professionnels en capacité de se poser les bonnes questions, qui appréhendent les outils en s’appropriant ces innovations et nouvelles technologies.

Nous ne sommes pas sur un socle théorique qui se suffit à lui-même, l’idée c’est de former des professionnels actifs sur leurs veilles technologiques, qu’ils s’approprient les outils et s’inscrivent dans les nouveaux horizons qui se dessinent [vous pouvez aussi continuer à lire Moovee pour cela !, Ndlr].

 

En conclusion, c’est un métier où l’on trouve un emploi facilement. Pouvez-vous donner quelques informations pratiques sur la durée de la formation, combien de formations par an l’Ina propose ? Est-ce qu’il y a des modules différents ?

Pour revenir sur quelques grands chiffres de la formation à l’Ina, il y a l’enseignement supérieur avec ce que nous appelons Ina Sup qui représente quinze diplômes qui vont du BTS jusqu’au Master. Pour Motion Designer, c’est sous la forme de l’alternance que ce diplôme de niveau Bac+3 se présente. Cela se concentre sur une année scolaire avec environ 500 heures de formation sur l’année en question.

Et puis il y a la formation professionnelle, soit avec des formations courtes pour compléter ses compétences, soit la reconversion qui condense le même temps d’enseignement du diplôme Motion Designer mais cette fois sur quatre mois intensifs !

Pour se préparer à ces formations, l’idéal est de venir sur nos journées portes ouvertes, mais j’invite aussi les personnes que cela intéresse à bien lire nos fiches de formation et les prérequis, et à entrer très vite en contact avec nos équipes.

Nous accompagnons les projets pendant toute la pédagogie mais aussi en amont, par exemple sur toutes les aides au financement pour la formation professionnelle, on peut vite se noyer dans tous les statuts extrêmement variés qui donnent accès à des droits d’une grande diversité. Notre équipe est complètement dédiée à ces accompagnements.

 

Retrouvez toutes les informations sur le site de l’Ina 

 

Article paru pour la première fois dans Moovee #6, p.53/55. Abonnez-vous à Moovee (6 numéros/an) pour accéder, dès leur sortie, à nos articles dans leur intégralité.